Qu'est-ce qu'un baiser ? [PV]

Charisma regardait d’un air vague Enry lorsqu’elle n’observait pas un point invisible sur le mur. Lorsqu’il lui dit qu’il n’avait pas l’impression de souffrir de solitude, elle soupira pourtant, elle l’enviait alors… car elle-même n’était pas de ces natures qui savent apprécier la bonne compagnie (encore qu’elle jugea sa compagnie agréable pour le moment et qu’il ne semble pas la juger à sa juste mesure) tout en sachant rester seule quand c’était nécessaire, le tout sans souffrir. Le silence l’oppressait, la solitude lui faisait peur… Elle s’accrochait comme elle pouvait aux autres, tout en refusant de leur faire confiance, c’était très compliqué de vivre dans cet entre deux, elle était constamment sous pression… ce qui expliquait, en parti, le fait qu’elle cherche autant à s’évader en fractionnant son esprit. La voix était la parti de Carry qui lui rappelait constamment que les autres ne pouvaient que lui faire du mal tandis que la conscience que Charisma appelait la sienne n’était que désir d’apprendre à connaître le monde mais aussi ses habitants. L’un n’existait pas sans l’autre, mais c’était pour se protéger qu’elle en avait fait deux parties distinctes d’elle-même. Parler avec elle-même comblait les silences et lui permettait de ne jamais oublier qu’au final, on est tout seul.

« Vy schastlivyĭ…vous avez de la chance. Moi, quand je suis seule, j’ai l’impression de cesser d’exister. » Comme cependant, il était assez rare dans ces cas là que la voix se taise, ça arrivait très peu. Pas assez pour qu’elle se colle aux basques des premiers venus en tout cas, les voix étaient sa petite barrière de sécurité personnelle… mais elles semblaient étrangement silencieuses quand Enry étaient là. Peut-être parce qu’il n’était pas dangereux. Il avait l’air d’être un peu comme elle par certains côtés, il ne cherchait pas d’attachement, il n’en avait même pas envie, du coup, pas besoin de garde fou, non ? Ou peut-être que si, mais les voix n’étaient omniscientes que pour des choses très concrètes et sur des durées très courtes.

« J’en prends bonne note, merci. » Mais elle doutait sincèrement que la première personne à qui elle irait taper la discut’ parce qu’elle se sentirait mal soit Enry, encore moins après ce qui s’était passé ce matin. Cependant, elle était trop polie pour le dire tout haut et ça partait vraisemblablement d’une bonne intention, elle garda donc pour elle ses idées ainsi que son masque d’impassibilité.

« Je ne vois pas ce que vous voulez dire par là, je ne suis pas solitaire. Beaucoup de gens ne m’aiment pas, mais j’ai aussi des personnes très fidèles autour de moi. » Elle faisait bien sûr référence à sa Cour dont Damon faisait parti, ainsi que Gaël et dans une moindre mesure quelques autres. Tous des élèves qui étaient impressionnés par la force de caractère de Carry, ses idées originales et, accessoirement, son joli minois angélique. Qui pouvait réellement pensé qu’elle cachait tant de noirceur derrière ses jolies yeux bleus hein ? Personne à Poudlard en tout cas, même pas ceux qui la trouvaient hautaine, folle et imbuvable. Et pourtant… la tête de Carry était remplie d’images funestes, de désir de vengeance et encore beaucoup d’autres choses du même genre, elle le cachait bien, c’est tout.

Elle allait ajouter quelque chose quand elle se stoppa en plein élan, immobile comme les pierres. Elle fit un signe à Enry, pour qu’il ne pose pas de question, et sembla encore plus ailleurs qu’à son habitude. Quand elle revint à la réalité, elle sursauta et, contre toute attente, se colla à Enry. Au même moment, une carafe d’eau vola suite à un sort raté et atterrit juste là où était Carry la seconde d’avant, se brisant en morceau. Elle lâcha aussitôt Enry et se leva, puisque sa place était légèrement encombrée. « Décidément, ce n’est pas mon jour. » Commenta-t-elle non sans une pointe de contrariété. Heureusement qu’elle avait ses prémonitions… malheureusement, ça n’avait pas empêché qu’un bout de verre l’atteigne et elle regardait l’éraflure sur sa main d’un air perplexe. Elle avait sauté du côté d’Enry parce que ça semblait plus intelligent que de sauter sur le voisin de l’autre côté qui était occupé ailleurs mais prise de scrupule, elle avait gardé quelques centimètres de séparation… simple pudeur de sa part, mais maintenant elle avait mal. Et elle était vexée parce qu’elle savait pertinemment que si elle n’avait pas réagi comme une idiote au moment en reculant un peu une fois le premier réflexe passé, le verre ne l’aurait jamais atteint.