Ne me regarde pas -pv-

On ne pouvait pas toujours se résoudre à avoir une vie comme les autres. Tout comme parfois, la route que nous nous étions nous-même tracé pouvait se métamorphoser en véritable enfer et cela, quoi que l'on ne puisse décider de vouloir faire. Enfin bref, si bien sûr, il y avait bien une fille qui trouvait que la vie s'acharnait un peu trop sur elle, c'était bien elle hein. Et il n'y avait pas à chier, c'était super désagréable ! Insupportable, méchant et on en passait des tas et des tas. Soupirant doucement, la jeune fille chercha à comprendre comment est-ce qu'en très peu de temps, elle avait pu se fourrer dans tant d'ennui. Pourquoi est-ce qu'elle songeait à ça ? C'était aussi très simple, vraiment très simple. Se touchant doucement la joue, elle eut un frisson et la douleur lui prit le corps. Comment avait-elle pu être aussi stupide, c'était d'un n'importe quoi... Vraiment. Enfin bon, si elle n'était pas douée pour se sauver la mise elle-même, qui allait bien pouvoir l'aider ? Son frère ? Non, impossible, son fantôme ne pouvait pas le sauver, tout comme son fantôme ne pouvait pas la toucher, ni lui sauver la mise d'une quelconque façon... En définitif, il n'y avait rien qui puisse l'aider, pas un seul instant. Elle se leva doucement, boitant légèrement et tentant bêtement de se rendre dans la cuisine pour y prendre des glaçons. Elle vivait enfin seule, elle était tranquille et puisqu'elle n'avait plus ses parents sur le dos, elle aurait dû être heureuse mais pourtant, elle ne l'était pas, ce n'était pas possible vu l'état dans lequel elle se trouvait.

Elle glissa une mèche de cheveux derrière son oreille, et mit les glaçons dans un sachet avant de les appliquer sur son front. Elle était en piteux état, et avant qu'elle n'aille prendre une douche, elle était couverte de sang. Maintenant, ça allait mieux ou en tout cas, elle était un peu plus fréquentable mais les bleus et les endroits gonflés n'allaient vraiment pas changer grand chose. Elle avait une petite mine et quoi qu'elle puisse en dire, cela ne semblait pas aller en s'arrangeant. Et la douleur... Cette douleur qui semblait incapable de s'arrêter, c'était bien ça le pire oui, bel et bien ça le pire dans tout ça. La douleur qui ne partait pas, la peur qui se lisait dans son regard, les sursauts, lorsqu'on l'effleurait. M'enfin... Elle allait survivre bien sûr, et elle n'allait pas s'arrêter de vivre. Ca passerait, elle en était persuadée et en tout cas, elle comptait bien tout faire pour ça. A quoi bon rester prise dans la peur.

Tout ça s'était passé parce qu'elle avait refusé de laisser passer un garçon dans une file d'attente banale. Et il s'était énervé et s'était mis à la rouer de coup, sans raison. Juste comme ça. Par plaisir. Elle n'avait même pas eu le temps de vraiment voir son visage... Mais elle se souvenait de sa force, uniquement de sa force. Les bleus et les marques finiraient par partir, sa lèvre finirait par cicatrisait et elle avait lancé un sort pour se soigner le nez. Pour autant... Ce n'était vraiment jamais facile, que d'être une fille battue. Et ça faisait mal, oh oui, tellement mal..

S'étirant doucement, elle découvrit une autre douleur au niveau du coude, elle y mit donc un bandage et soupira à nouveau. Décidément...

On frappa alors à sa porte et elle sursauta doucement. Elle avait invité Indiana à lui rendre visite, c'était prévu depuis déjà un bon moment mais en réalité, si elle n'avait pas annulé, c'était parce que le souvenir de cette visite ne lui revenait en tête que maintenant et uniquement maintenant. En clair... Elle allait lui dire qu'elle ne voulait pas le voir...Et avec la tête qu'elle avait, il y avait peu de chance que ça marche... Elle alla lui ouvrir tout de même, tentant de cacher son visage sous ses cheveux, un maximum en tout cas, et sa démarche, en restant accrochée à la porte, tout simplement.  « Bonjour Indiana... Je t'avoue que je... J'avais oublié ta visite, désolée »

« Qui t’as fait ça ? » Pas de bonjour, pas de salutation, rien du tout. Indiana était pour l’heure sous sa forme de fille mais la colère qu’elle irradiait aurait fait peur à n’importe qui. Elle fronçait les sourcils, regardant son amie qui était vraiment dans un piteux état ! Vraiment, quand elle avait quitté les USA pour rejoindre son amie ici, dans la vieille Angleterre, jamais elle n’aurait pensé se retrouver devant un tel spectacle. Elle était même plutôt contente jusqu’à ce que Billie ouvre la porte, après tout, elles étaient très amies toutes les deux et comme elle devait rester quelques jours dans le pays, elle pensait lui proposer des sorties sympas à deux, sachant que quand elle serait sous sa forme de garçon, ça pouvait déraper ! Mais ce n’était pas grave parce qu’ils ne se prenaient pas la tête pour ça tous les deux, ce n’était pas leur genre.

Tandis que la colère grandissait, son cœur commençait à s’emballer très fort et elle sentait qu’elle allait se métamorphoser incessamment sous peu. Jetant un petit coup d’œil derrière elle, elle prit le parti de forcer l’entrée même si Billie ne l’y avait pas invité. Faisant un pas en avant, elle repoussa gentiment son amie tout en la maintenant fermement par la taille car elle semblait chancelante et ferma la porte derrière elle. Laissant éclater son énervement dans l’intérieur de son cœur, elle sentit les battements de son cœur passer le cap fatidique et dans un « pouf » sonore, elle se métamorphosa en homme.

A noter que le bruit de la transformation fut accompagné aussi du craquement de son tee-shirt, heureusement pour le pantalon c’était un de ses pantalons de jogging magique avec un élastique ultra large, il s’était juste transformé en pantacourt sur la version homme. D’habitude, Indiana aurait été très triste pour son tee-shirt – c’est qu’elle en a pas tant que ça des moulants – mais là, il n’y pensait déjà plus. Se baissant, il passa son bras libre au niveau des genoux de la jeune fille et la souleva délicatement, l’emmenant bon gré, mal gré dans ce qui semblait être le salon et l’allongea. Une fois ses bras libérés, il enleva son tee-shirt heureusement qu’elle n’avait pas mis de soutien gorge le matin ! bon pour la poubelle et alla mouillé le tissu (vive le coton, c’est toujours réutilisable) pour ensuite revenir vers son amie et passer de l’eau fraîche sur son visage tuméfié. « Tu as des glaçons ? » Il semblait moins en colère, la transformation le poussait toujours à se calmer parce que contrairement à des personnes normales, Indiana se transformait sous le coup des émotions fortes et il ne pouvait pas faire du zapping d’une forme à l’autre à cause de la fatigue, donc en apparence et au niveau des battements de son cœur, il s’était calmé… mais au niveau émotionnellement, il restait furieux contre celui qui avait fait ça à son amie, plus qu’il l’avait été contre quiconque avant dans sa vie, plus même que contre ceux qui avaient essayé de le tuer à Salem… « Qu’est-ce qu’il s’est passé Billie… Dis moi… » Et cette fois, son ton était pressant et inquiet. Est-ce qu’elle avait seulement été à l’hôpital ? Tant de questions se bousculaient… Mais il ne pouvait pas les poser toutes en même temps, craignant de la fatiguer.

La douleur était forte et insupportable, la jeune Gryffondor aurait volontiers voulu mourir mais elle savait qu'elle n'avait tout simplement pas le droit de penser à ça, ce n'était pas pour elle, non, du tout. Ce n'était pas bon, et puis ça faisait mal. Enfin bon, quoi de plus normal que de souffrir lorsque l'on vient de se prendre tout une série de coup sans même être capable un seul instant de se défendre... C'était là qu'elle se rendait compte qu'elle aurait dû écouter son frère lorsqu'il lui disait de ne pas rester là. Dans son regard bordel, elle avait senti que quelque chose n'allait pas mais elle n'avait rien fait pour que la situation s'arrange et c'était bien dommage. Surtout que ça avait le don de drôlement bien lui prendre la tête.

Indiana ne chercha pas à partir, il ne chercha pas à la laisser alors que c'était la seule chose qui voulait. Pourtant, elle était heureuse de voir ça. Ca pouvait réellement paraître stupide oui. Elle voulait qu'elle reste et en même temps, elle voulait qu'elle parte.  « Je ne sais pas qui m'a fait ça... ». C'était tellement compliqué que oui, ça avait réellement le don de lui prendre la tête. Et la douleur qu'elle était en train de ressentir ne l'aidait carrément pas, donc oui, les choses étaient vraiment compliquées. C'était chiant parfois ! Indiana était en colère et c'était vraiment la première chose que Billie avait pu voir. Et le pire dans tout ça, c'était que ça lui faisait vraiment peur en fin de compte. Elle tremblait légèrement, et sa colère n'aidait en rien. Le pire, c'était qu'elle était parfaitement en mesure de comprendre que toute cette colère ne lui était pas destinée hein... Mais elle ne pouvait pas s'en empêcher non. Parce que c'était par colère que l'autre homme l'avait violentée. Alors en plus, lorsqu'elle devînt Indiana version garçon, elle eut encore plus peur, et cela, vraiment bêtement. Heureusement malgré tout qu'il avait eu le réflexe de fermer la porte avant de se métamorphoser, sinon, c'était bien là que les choses auraient pu devenir compliqué. Billie vivait dans un immeuble moldu. Il la porta alors, et elle manquait tellement de force qu'elle ne put même pas se rebeller contre lui. Elle lui aurait bien dit qu'elle pouvait marcher, mais elle n'en était pas capable non plus.

Il retira son T-shirt déjà déchiré et entreprit de nettoyer de nettoyer sa plaie avec.  « Prends un chiffon... Je peux réparer ton T-shirt... Il y a des glaçons oui, dans le congélateur du frigo ». Heureusement, il semblait moins en colère et ça avait réellement le don de beaucoup l'aider à se calmer. Ca pouvait vraiment paraître stupide, et il n'y avait d'ailleurs même pas un doute à se faire sur le sujet. Non mais c'était vrai quoi, c'était tellement stupide tout ça d'ailleurs... Mais c'était une autre histoire et puis cela n'intéressait personne de toute manière.

Il lui demanda ce qu'il s'était passé et la question lui traversa l'esprit pendant un instant. Après tout, comment est-ce que les choses avaient bien pu en arriver à là ? C'était complètement incompréhensible, c'était comme si elle-même était incapable de savoir comment est-ce que les choses pouvaient bien s'être passer.  « Je ne sais même pas comment ça a commencé... Il... Il voulait me passer devant et j'ai refusé... Et j'ai... J'ai commencé à avoir mal... Et je crois que je... Que je me suis évanouie un bref instant. Quand je me suis relevée il n'était plus là... Des gens étaient penchés sur moi. Et je suis rentrée... ». Oui voilà, rien de plus. Elle ne savait pas ce qu'il avait bien pu arriver à un mec comme lui, et elle ne savait même pas qui il était...

C’était vraiment dommage qu’elle ne sache pas qui avait fait ça parce que Indiana était plutôt bon pour se battre, combinant magie et art martial l’un d’un niveau correct et l’autre d’un niveau très élevé, il s’était toujours bien défendu et bien qu’habituellement plutôt pacifiste, l’envie d’en découdre n’était que plus forte chaque minute qui passait à voir son amie ainsi brisée par les coups. Qui pouvait faire ça à une inconnue et se casser ? Un monstre, ce ne pouvait être que ça...

Pour ce qui était de son tee-shirt, il haussa les épaules d’un air je-m’en-foutiste qui lui ressemblait plutôt dans le sens où Indiana était un peu simplet sur les bords et qu’il ne pouvait juste pas se concentrer sur deux choses à la fois et avouons que là, tout de suite, maintenant, ses fringues c’était le cadet de ses soucis, il s’inquiétait bien plus de la brunette, continuant à se demander s’il ne devrait pas l’emmener à l’hôpital pour qu’on la soigne de manière plus professionnel. Il ne savait pas si elle avait les moyens pour payer/avancer les frais mais lui il pouvait le faire sinon…

« Laisse tomber mon tee-shirt, j’en ai d’autres et puis t’es pas en état de réparer quoi que ce soit. » Il ne la voyait pas faire de la magie dans cet état, ni quoi que ce soit, si ce n’est dormir. Prenant une décision brutale, il sortit son téléphone portable et il tapa rapidement le numéro de ses parents. La communication mit plusieurs minutes à se lancer vu qu’il fallait d’abord se brancher au réseau américain, mais au bout de quelques secondes sa mère décrocha. Il lui expliqua très vite qu’il y avait un problème avec Billie, se contentant de dire qu’elle avait été blessée, et il l’informa (parce qu’il ne comptait pas demander la permission) qu’il comptait rester en Angleterre jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement rétablie. Cela fit un peu râler sa mère mais elle comprit qu’il ne changerait pas d’avis et, comme de toute façon les communications étaient chères, elle le laissa retourner à Billie très rapidement.

Bon. Il fallait qu’il le propose, il ne supportait pas de la voir ainsi… Il se sentirait sûrement mieux une fois qu’il l’aurait dit.

« Ecoute, Billie, on ferait peut-être mieux d’aller voir un médecin pour qu’il te… bah… soigne. Tu ne penses pas ? Mais on peut attendre que tu sois un peu reposée si tu veux. Je vais rester avec toi. » Il lui prit délicatement la main, sans la presser, simplement pour lui montrer qu’il était bel et bien là pour elle. Bien sûr, elle n’avait aucune raison d’en douter puisque ça avait déjà été le cas quelques temps plus tôt mais il tenait à le lui certifier une fois encore, comme un besoin irrépressible, incontrôlable, presque physique… Tant qu’il serait là, plus personne ne l’approcherait sans permission et surtout sans bonnes intentions, il allait la protéger, parce qu’il en avait envie et parce que maintenant il était de manière irrémédiable marqué par l’inquiétude…

Indiana n'avait pas tort. Il y avait fort à parier qu'elle ne soit pas en état de lancer le moindre sortilège avec sa baguette. Bien sûr que ça donnait toujours l'impression d'être facile, mais il fallait une certaine concentration ou en tout cas, un minimum et ce n'était vraiment pas toujours facile. C'était bien dommage d'ailleurs, si on y songeait plus attentivement. Elle était bien plus désolée pour son teeshirt que pour autre chose, alors que c'était bien ridicule, lorsque l'on regardait l'état dans lequel elle se trouvait ! Mais par moment, il était préférable de ne pas penser aux choses qui n'allaient pas. Là, en l'occurrence, le mieux était de se concentrer sur le teeshirt du garçon plutôt que de songer aux nombreuses douleurs qui la prenaient de toute part. Mais en tout cas, si une chose était sûre, c'était bien le fait qu'elle était malgré tout heureuse de le voir ici, en sa compagnie. Il était là pour l'aider, et il semblait vraiment y tenir. Et oui, ça la touchait, c'était même évident. Mais pour autant, c'était une autre histoire, on ne pouvait pas vraiment dire qu'elle soit contente de se retrouver obligée d'être aidée. Mais elle n'était pas capable de mieux, oui, voilà. Elle était trop faible, de toute manière, pour dire quoi que se soit.  « Je pourrais... Peut être.... Le réparer lorsque j'irais mieux. »

Elle l'écouta, un peu en fond, d'une certaine manière puisqu'elle n'arrivait pas à l'entendre vraiment clairement. Elle l'entendit dire à sa mère qu'il comptait rester ici jusqu'à ce qu'elle aille. Bien sûr que si elle avait eu un peu plus de force, la jeune Gryffondor lui aurait gentiment dit qu'il n'avait pas besoin d'aide, c'était aussi simple que ça. La jeune fille était une personne simple, et tranquille aussi. On ne pouvait pas vraiment dire qu'elle soit une personne prise de tête et tout ça. Ce n'était pas son genre. Mais elle n'aimait pas qu'on lui vienne en aide lorsqu'elle était parfaitement capable de se débrouiller seule. Mais là, aujourd'hui, elle était consciente de ne pas le pouvoir. Totalement consciente. Même si elle aurait volontiers voulu tout essayer pour parvenir à se débrouiller, aujourd'hui, elle ne le pouvait pas.  « Tu sais... Tu n'es pas obligé de m'aider de la sorte... Je... Je peux me débrouiller ».

Aller voir un médecin... Si elle allait voir un médecin, il se mettrait à lui poser des questions. Et elle n'avait pas de réponse. Alors elle préférait éviter. On pouvait sans problème se remettre des blessures ou en tout cas, on pouvait sans problème essayer de s'en remettre. Et donc, ce ne devait pas être si compliqué que ça non ? Mais pour autant... La douleur ne semblait pas vouloir la quitter. Pour le moment, elle n'en avait pas la force, ça, elle en était parfaitement consciente. Donc elle ne pourrait pas y aller de suite, mais elle ne perdrait pas un seul instant pour s'y rendre, un peu plus tard, voilà tout.  « Hum, d'accord. Mais pas maintenant, je n'en ai pas la force je crois... ». Non, ce n'était pas qu'elle croyait, parce qu'elle en était totalement certaine. Elle ne pouvait pas bouger d'ici, tout simplement. Elle serra doucement sa main, fermant alors les yeux et sombrant dans un sommeil sans rêve. C'était sans doute préférable, les cauchemars se seraient probablement direct emparés d'elle et on ne pouvait pas vraiment dire que c'était ce qu'elle voulait, donc bon !

Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'elle se tournait doucement, sagement endormie, serrant toujours la main d'Indiana dans la sienne, comme s'il était là pour la protéger.

Indiana était un peu trop obtus pour comprendre pourquoi elle s’accrochait comme ça à cette histoire de tee-shirt, néanmoins, il n’était pas une grosse brute sans cervelle pas totalement donc il ne répliqua rien. Si ça l’amusait de réparer un pauvre tee-shirt quand elle irait mieux, il ne l’en empêcherait pas, ce n’était pas bien important du moment que pour l’instant elle restait immobile et qu’elle se reposait. Dans l’ordre de ses priorités, celle-ci était tout en haut, ensuite, quand elle serait un peu mieux, il l’emmènerait passer quelques examens médicaux à Sainte-Mangouste et ensuite il lui servirait de garde malade jusqu’à ce qu’il soit sûr qu’elle allait parfaitement bien autant physiquement que psychiquement. Parce que quelques blessures, avec la magie, ce serait guéri dès qu’ils iraient à l’hôpital… mais ce genre d’accident ça marquait aussi le cerveau d’images douloureuses, et il n’y avait même pas besoin d’être télépathe pour savoir que Billie n’avait vraiment pas besoin de ça en ce moment. Enfin… au moins il avait bien choisi son jour pour venir en Angleterre.

« Tu devrais te regarder avant de parler. » Il avait parlé un peu sèchement mais pas fort. Qu’elle veuille ou non de son aide, elle l’aurait, c’était la seule certitude qu’elle pouvait avoir, il allait la protéger et puis c’est tout ! Billie était son amie, c’était normal…

« D’accord, après alors. » Il repoussa une mèche brune du visage de la jeune fille avec délicatesse tandis qu’il lui laissait sa main tout en la regardant dormir. Il resta ainsi, presque immobile, pendant tout le temps où elle resta plongée dans un sommeil qui jugea réparateur. Bien sûr, après de tels coups, on était encore plus courbaturé au réveil, mais en réalité cela signifiait que le corps commençait à se guérir de lui-même, pour pratiquer depuis longtemps les sports de combat, Indiana le savait parfaitement.

Quand elle commença à remuer, il se pencha sur elle et déposa un baiser léger sur ses lèvres (ce n’est pas comme si c’était le premier) « Tu émerges belle endormie ? » Il lui sourit, toujours au-dessus d’elle. « Tu veux boire un peu ? Après il faudrait vraiment qu’on aille te faire soigner… Comme ça, tu pourras te reposer dans ton lit après. Moi je prendrais le canapé, c’est plus dans l’ordre des choses. » Même s’ils avaient déjà dormis ensemble, ce n’était pas ce qu’il sous entendait par là, mais les invités dorment toujours dans le canapé dans les films non ? En plus il était sous sa forme masculine, donc qui prenait vachement plus de place que la féminine (en toute logique) et il ne voulait pas prendre le risque de la frôler dans la nuit et d’appuyer sur un bleu. Pas folle la guêpe ! Tiens, d’ailleurs, avant de l’embrasser sur les lèvres, il aurait peut-être du vérifier qu’elle ne s’était pas retrouvé un copain, non ? Bwerf, tant pis, il s’en foutait --‘ Indiana ou la réincarnation du je-m’en-foutiste

Se concentrer sur la réparation du Teeshirt d'Indiana, ce n'était pas une façon pour elle de se le mettre à dos ou une connerie de ce genre bien sûr. Ca pouvait paraître stupide bien sûr et de ça, elle n'en doutait pas un seul instant, mais si elle se concentrait sur la réparation du Teeshirt, c'était uniquement pour éviter que l'ombre de l'homme qui l'avait frappé ne continue de planer sur elle. Bien sûr qu'il n'était pas possible d'oublier, bien sûr que c'était totalement impossible. Mais pour autant et bien elle n'y pouvait rien non, elle ne pouvait pas toujours s'en empêcher. L'image de cet homme qui levait sa main sur elle ne cessait pas de la hanter. Elle aurait aimé pouvoir oublier mais non, ce n'était pas possible. Pas tant que la douleur serait aussi forte, pas tant non plus qu'elle serait là, à trembler comme ça. Non, tout ça c'était vraiment trop dur, totalement impossible aussi. On ne pouvait pas toujours agir comme on le voulait et en l'occurrence, là tout de suite, non, elle ne pouvait pas oublier. Elle avait vraiment mal au coeur en faite, comme si quelqu'un semblait se décider à vouloir le lui arracher. Mais elle ne pouvait pas supporter tout ça. Son coeur ne pouvait pas se le permettre. Elle aurait voulu s'excuser auprès d'Indiana. Mais elle ne le pouvait pas, il était certain que, de toute manière, il n'aurait pas accepté la moindre de ses excuses. Parce que dans le fond, elle n'y était pour rien, quand même, si elle était dans cet état.

Billie baissa la tête au moment où le garçon de Taliesin lui dit sèchement de se regarder. Oui bon, d'accord, peut être qu'elle exagérait en disant qu'elle était censée se débrouiller toute seule. C'était comme si elle en était totalement incapable. Ridicule pas vrai ? Parce que mine de rien, bah ouais, d'ordinaire, elle faisait toujours tout pour être capable de se débrouiller toute seule et là, elle en était tout bonnement incapable parc qu'il lui fallait faire beaucoup d'effort, déjà, pour pouvoir être en mesure de marcher. Donc voilà..  « Ne cries pas... S'il te plait ne crie pas. ». Billie n'avait plus de force. Ni physiquement, ni psychiquement. Elle se trouvait même pathétique. Ce n'était pas de sa faute non, mais elle ne parvenait juste pas à se contrôler. Elle avait peur. Comme si le monde entier voulait lui faire du mal. Chose qui n'était pas possible bien sûr ! Et pourtant, c'était réellement de ça qu'elle avait peur.

Oui, après, pour le moment, la jeune fille avait uniquement envie de dormir un peu et cela, uniquement parce que le garçon était là. Avant, elle avait eu beau tout essayer, le sommeil ne semblait pas vouloir d'elle... Disons surtout qu'elle avait eu peur que cet homme ne réapparaisse. Mais non, il fallait y croire, il fallait qu'elle se dise que oui, tout ça, c'était bel et bien fini ! Il fallait qu'elle arrête, mais on ne pouvait pas vraiment dire que c'était le genre de chose bien simple en réalité... Elle sombra dans le sommeil sans même s'en rendre compte, serrant la main du garçon dans la sienne.

Elle émergea vraiment lorsque les lèvres d'Indiana se posèrent sur les siennes. Bien sûr, à cet instant, elle était déjà en train de doucement se réveiller hein ! Mais c'est après le baiser qu'elle se décida enfin à ouvrir les yeux, tout simplement.  « Belle... Oui je dois être canon avec les bleus.. ». Mais sinon, oui, maintenant, elle était déjà un peu plus d'accord pour aller chez le médecin. Surtout qu'il y avait des endroits où elle avait si mal que oui, elle s'inquiétait un peu. Elle avait peur d'être obligée de passer la nuit à Sainte Mangouste aussi. Mais quand il évoqua l'idée qu'il dormirait sur le canapé alors qu'elle dormirait dans le lit, elle paniqua légèrement. Cela voulait dire qu'il ne voulait pas être à ses côtés ? Elle ne doutait pas un seul instant du fait que si elle n'avait pas fait de cauchemars, c'était uniquement parce qu'il était à ses côtés ! Donc elle ne pouvait tout simplement pas supporter l'idée qu'il puisse un seul instant s'éloigner. Mais après, elle ne voulait pas le déranger trop. Après tout, il n'était réellement pas obligé d'être à ses côtés, comme il était en train de le faire.  « D'accord, nous pouvons aller chez le médecin... Mais sinon, je n'ai pas soif non, merci. Et euh... Tu pourras dormir avec moi ? Que je puisse euh.. Sentir ta présence à côté de moi... Ca va me rassurer... ». Au moins, c'était dit.

« D’accord, je ne crie pas… » Lui murmura-t-il gentiment pour la rassurer. Ce qui le chagrinait c’est qu’il n’avait pas eu l’impression de crier mais bon, au fond, elle devait avoir super mal à la tête alors ceci expliquait sûrement cela, il ne voyait pas d’autres raisons à tout ceci. Passant gentiment la main dans ses cheveux sans exercer de pression pour ne pas lui faire de mal (elle semblait si fragile, il craignait que le moindre effleurement ne la brise…), il la regarda ensuite s’endormir avec soulagement, persuadé que le sommeil était le meilleur remède contre ce genre de blessures et contusions en tout genre. Lui était cependant loin du sommeil, bouillonnant d’un profond désir de vengeance et d’une inquiétude sans mesure. Pourtant, il resta parfaitement immobile, incapable de bouger, incapable de faire autre chose que de la regarder dormir, simplement fasciné par ce sommeil. Et quand il finit par la sortir de cet état, c’était presque à regret… mais il fallait bien la soigner, c’était pour l’instant sa priorité numéro un.

« Je ne m’arrête pas aux bleus. » Sourit-il à sa remarque, non sans tendresse. « Je sais ce qui se cache derrière. » Il avait ajouté ces mots en y ajoutant un autre baiser. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait besoin de contact physique, pour se rassurer, pour se dire qu’elle était bien là et qu’elle n’allait pas s’évaporer sous ses yeux. C’était idiot, elle semblait déjà un peu mieux après avoir dormi, bien que toujours dans la douleur, et elle ne mourrait pas, mais ça l’inquiétait quand même, de manière parfaitement irrationnelle. Indiana était un garçon qui, heureusement, ne se prenait pas la tête, aussi il ne s’attarda pas à chercher des raisons à son propre comportement, il considérait à juste titre qu’il avait bien d’autres choses à faire, emmener Billie à l’hôpital entre autre. Il ne comptait pas déroger à cette obligation et il reportait sans vergogne ses propres états d’âmes. Il n’était pas de ceux qui peuvent penser à plusieurs choses en même temps voyez-vous, pensez qu’il est bête si vous le désirez, mais au moins cela lui donnait un sens aigu des priorités.

Il s’étonna des paroles de Billie mais ne chercha pas plus que pour le reste à aller plus loin, il la regarda et effleura de nouveau son visage du bout des doigts comme dans une caresse toute en mesure avant d’opiner pour toute réponse positive. Le silence s’installa quelques secondes avant qu’il ne reprenne la parole. « Je veux bien, tu sais, mais en fait j’ai peur de te faire mal si je m’endors… sans le vouloir… d’appuyer sur un bleu ou je ne sais quoi… » Il hésita avant d’ajouter avec prudence. « Je ne veux jamais être la cause de ta douleur… » Puis, sans prévenir, parce qu’il se sentait gêné, il se leva et aller chercher un tee-shirt dans son sac, il ne pouvait décemment pas conduire Billie à l’hôpital torse nu après tout. Il s’approcha ensuite de nouveau de la jeune fille. « Tu veux que je t’aide à te préparer ? » Allez savoir pourquoi, il ne se sentait pas aussi à l’aise que d’habitude… pourtant, c’était Billie, sa meilleure pote sur la terre des angles, sa copine quand il était en fille, son éventuelle maîtresse quand il était un garçon… Mais le fait était qu’il n’était pas lui-même et qu’il penserait au pourquoi plus tard, peut-être quand ils rentreraient et qu’elle irait mieux. Oui, il aurait les idées plus claires à ce moment là…

C’est beau de rêver !

Cet homme, celui qui lui avait fait si mal. Il avait crié, pendant un instant, avant de lever la main sur elle et de lui faire comprendre qu'elle avait fait une erreur. Oui, d'accord, okay, elle aurait dû le laisser passer. Oui, maintenant, elle en était pleinement consciente, mais elle n'était pas non plus supposée laisser passer tout le monde devant elle sous peur de se faire violenter hein ! Les choses promettaient à l'avenir, il était évident qu'elle allait s'effacer face aux autres maintenant.. La jeune Billie qui avait un caractère fort allait probablement se métamorphoser en fille invisible, sous peur de se refaire frapper une nouvelle fois. Et oui, elle avait vraiment peur. Très peur même. Baissant la tête, elle sentait aussi qu'elle allait avoir besoin d'aide. Besoin d'aide pour avancer et en réalité, elle ne voulait personne d'autre dans ce rôle qu'Indiana, même si elle n'oserait probablement pas lui demander. Bien sûr, sous son côté garçon, parce qu'il serait bien plus en mesure de la protéger. Mais son côté fille lui ferait aussi du bien... Voilà.  « Merci Indiana ». Puis vînt le moment de la sieste, du repos pour se débarrasser de certaines douleurs.. Mauvaise idée. Non pas que ça lui en donna de nouvelles hein ! Il ne fallait pas pousser. Mais cela ne guérit pas la moindre douleur par contre. Dommage oui, mais elle n'y pouvait rien.

Ne pas s'arrêter aux bleu la fit grimacer. Elle en avait partout. Et le magnifique coquart sur son oeil droit ainsi que sa lèvre péter... Disons que ça n'aidait pas vraiment, oui voilà. Enfin bon, après... Il disait ça pour l'aider, ne serait-ce qu'un peu. Même si non, ça n'aidait pas vraiment, elle n'y pouvait rien si elle avait du mal à croire en tout ça. Un soupire s'échappa doucement de ses lèvres alors qu'elle baisser les yeux.  « Je suis loin d'être belle là... Qu'importe ce qu'il peut bien y avoir derrière les bleus, ils sont là... Et ils sont énormes... Mon visage est immonde... ». Elle avait limite envie de pleurer. D'ordinaires, déjà, elle ne se trouvait pas vraiment belle, mais alors là... C'était pire que tout quoi... Elle l'embrassa. Posant son front sur le sien un bref instant. Elle ne savait pas ce qu'elle aurait fait s'il n'était pas venu lui rendre visite. Elle serait restée là, toute seule. Telle une idiote, oui, voilà.  « Je me sens stupide... Et endolorie en plus de ça. ».

Il avait peur de lui faire mal et en faite, aussi stupide que cela puisse l'être, elle se mit à rougir doucement. Elle ne rougissait jamais en règle général. Et à côté de sa tête, ça devait même pas se voir en faite. Mais elle s'en moquait, oui, voilà. Un soupir, léger oui. Il ne voulait pas être la cause de sa douleur. Elle s'approcha de lui, le prit doucement dans ses bras. Il était important pour elle oui. A un degré qu'elle ignorait, en réalité. Elle ne pouvait pas se passer de lui. Et oui, elle était l'ami d'un et l'amante de l'autre, mais ce n'était pas de ça qu'elle parlait. En faite, elle ne savait même pas de quoi elle parlait vraiment. La seule chose qu'elle savait, c'était qu'il était vraiment très important pour elle. Un jour, elle pourrait peut être le comprendre, oui voilà. Pour l'heure, elle avait surtout besoin de son soutien et de se sentir jolie à ses yeux. Même si là, tout de suite, ce n'était pas évident.

L'aider à s'habiller ? Elle eut l'envie de lui dire que non, qu'elle allait se débrouiller, mais au moment où elle essayait de retirer le T-shirt qu'elle avait sur elle, la douleur qui se fit ressentir au niveau de ses bras fut si forte qu'elle ne put pas s'en empêcher. Demander de l'aide pour s'habiller était ridicule oui, mais elle n'avait pas le choix en réalité, elle ne pouvait tout simplement pas faire autrement. Elle se tourna vers lui, en larmes. Elle se moquait qu'il la voit en petite tenue, il l'avait vu déjà moins habillé que ça. Même si là, en l'occurrence, les bleus étaient plutôt laids quoi...  « Je crois que oui, j'ai besoin d'aide... »

« Ne t’inquiète pas, quand nous serons passés à l’hôpital, ils auront beaucoup diminuer. C’est le principe du monde sorcier… c’est magique ! » Il déposa des baisers légers sur les endroits de son visage qui n’avaient pas de bleus. Même ainsi, il ne la trouvait pas moche, bon, il n’irait pas jusqu’à dire qu’il trouvait ça séduisant, il n’était pas dingue, ni sadique, mais il préférait voir au-delà de ces marques qui le mettaient en colère pour se concentrer sur la beauté dont elle faisait preuve d’habitude, complètement à son insu. Car il savait qu’elle ne s’aimait pas, il le lisait dans sa tête souvent, mais il s’en moquait, lui il la trouvait belle et il pensait que c’était quand même son avis qui comptait pour lui-même et qu’elle ne pourrait jamais le faire changer d’opinion ! Surtout que des complexes, il en lisait dans pas mal d’esprits, il savait que c’était très rarement fiable. L’une se trouvait grosse alors qu’elle faisait un poids tout à fait dans la norme, l’autre trouvait ses cheveux trop terne et en réalité les abîmait à force de leur faire des shampoings trop fréquents sous prétexte de les rendre plus beaux… Bref, il avait plutôt de l’expérience en la matière, on ne pouvait prétendre le contraire, c’était même pour ça que lui, personnellement, hormis son, hermaphrodisme, il n’avait aucun complexe (et pouvait-on vraiment appeler ça un complexe ?).

« C’est celui qui t’as fait ça qui est stupide, pire que ça même, toi tu es juste la victime. » Il n’avait pas compris de quoi elle parlait, de toute évidence, il faut dire qu’il ne s’était pas branché sur son esprit, le sien étant étrangement un peu trop embrumé, comme légèrement parasité par des sentiments… dont il n’avait, bien sûr, pas encore parfaitement conscience. Mais quelque part, cela venait quand même, parce qu’il sentait bien qu’elle était importante pour lui-même si, comme elle, il ne se l’expliquait pas toujours.

Il vit qu’elle rougissait et il trouva ça mignon, mais il ne dit rien, pas plus que quand elle le prit maladroitement dans ses bras. Encore une fois, il craignait de lui faire mal, aussi évitait-il tout mouvement brusque, jouant la prudence. Il se disait qu’il se sentirait plus à l’aise quand elle aurait reçu des soins, déjà le plus gros aurait disparu et elle aurait des potions pour la douleur… mais pour le moment, lui, avec ses grandes mains et sa carrure, il avait juste l’impression que s’il la serrait trop fort, elle allait se briser.

« Ok, je vais t’aider. On va faire un bras après l’autre, ok ? » Il l’aida à défaire son tee-shirt avec beaucoup de prudence et de lenteur. Si ça n’avait tenu qu’à lui, le tee-shirt il en aurait fait de la bouillie, ça aurait été plus rapide, mais bon, il s’était dit que c’était peut-être un rien expéditif, surtout qu’il avait toujours été nul pour les sorts de réparation.

« Hum… Peut-être qu’une chemise serait mieux, pour qu’ils t’auscultent après, non ? Tu as ta chemise de demi saison d’uniforme quelque part ? Elle serait pas mal, le tissu est bien, il ne te fera pas mal, et on peut laisser les boutons du haut ouvert pour… enfin pour que ça ne te serre pas. » Il soupira et passa la main dans ses cheveux d’un air abattu. « Désolé. Te voir comme ça… ça me rend nerveux, alors je parle trop. » Il s’approcha et passa la main sur sa nuque, amenant ainsi son visage près de son torse. « J’aimerais tellement faire plus… » Mais tout ce qu’il pouvait faire maintenant c’était l’emmener à l’hôpital.