[THEME - PV - TERMINE] La neige de mon coeur...

Charisma était un peu fatiguée. Elle se demandait si elle ne couvait pas quelque chose, un petit état grippal peut-être ? En plus de ça, la neige commençait à tomber lentement sur Poudlard, annonçant un hiver aussi rigoureux qu’à l’accoutumée. Cela ne dérangeait pas Charisma qui avait l’habitude du froid et ne le craignait pas la chanceuse, ce n’était pas le cas cependant de tous ses camarades dont certains n’étaient pas vraiment enchantés par l’arrivée du froid. La neige en revanche avait meilleure réputation et on entendait dans les couloirs parler de bataille de boule de neige ou de carotte pour le nez d’un bonhomme obèse. La neige était aussi synonyme de l’approche des fêtes, dans moins de deux mois, ce serait noël. Elle savait déjà ce qu’elle allait offrir à Andrew dans la mesure où c’était la même chose chaque année, mais elle ne savait pas du tout ce qu’il en serait d’Enry. Elle avait bien pensé un moment à ne pas lui faire de cadeaux mais cela lui semblait, après réflexion, plutôt impoli… et puis, elle espérait qu’il lui en offre un alors il fallait bien qu’elle s’y mette aussi. Malheureusement, elle ne voyait pas du tout ce qu’un jeune homme de dix-sept ans pouvait bien vouloir pour noël. Croisant Seth Griffins dans les couloirs, elle eut alors une illumination, elle connaissait quelqu’un qui pourrait l’aider, car spécialiste du problème, et c’était sa camarade de dortoir Elyna Artanis !

Se concentrant sur son pouvoir de prémonition, elle demanda aux voix où était sa camarade, ou plutôt, où elle serait dans quelques minutes. « Tu sais que ce n’est pas à ça que ton pouvoir est sensé servir ? » râla la voix, aussi boudeuse qu’à l’ordinaire. Pourtant, ses rapports avec la voix principale s’était un petit peu améliorés dernièrement, en effet, elle était devenue résignée quant au fait qu’effectivement Charisma ne quitterait pas Enry, mais du coup maintenant elle était passée de la hargne à la bouderie. La jeune serdaigle n’y faisait pas attention, après tout, elle n’avait aucune raison de quitter Enry. A un passage dans le dortoir des garçons près, tout allait comme sur des roulettes.

« Montre moi où sera Elyna plutôt que de parler pour ne rien dire ! » Aussitôt demandé, aussitôt fait, Charisma vit que sa camarade de dortoir était dans le parc, en train de revenir d’un entraînement de Quidditch vu sa mise. Parfait. Elle passa sa cape la plus chaude et descendit aussi vite qu’une lady pouvait se le permettre les marches de la tour des Serdaigles pour enfin rejoindre le hall puis le parc. Là, elle sortit, sentant crisser sous ses chaussures la niege. Elle prit d’ailleurs le temps d’observer un instant ce paysage d’un blanc immaculé. Le silence l’accompagnait, comme en résonance avec celui à l’intérieur d’elle, les voix se taisant pour l’instant (peut-être étaient-elles frileuses ?).

La jeune fille avança dans le parc en direction du terrain de quidditch et interpella Elyna qu’elle voyait arriver au loin. « Mademoiselle Artanis ! Mademoiselle ! » Et elle accéléra pour pouvoir la rejoindre à temps, faisant toutefois attention à ne pas tomber car cela glissait par endroit. « Excusez-moi mademoiselle Artanis mais je vous cherchais, j’aurais besoin de vos conseils, vous qui êtes plus experte que moi en la matière. » Au moins tout ça, mais vous savez, lorsque Charisma a une idée dans la tête, elle ne l’a vraiment pas ailleurs.

« Tout va bien, ne vous en faites pas, c’est seulement que j’ai besoin de vos lumières. » Elle réalisa alors qu’elle n’avait pas vraiment procédé dans l’ordre et qu’elle aurait sûrement du commencé par quelques formalités tels que dire bonjour, ce genre de choses, mais en même temps, elle s’étaient vues le matin même au réveil – comme tous les matins en fait – donc la jolie russe considérait qu’en fait c’était superflu, si ce n’est redondant.

Revenons en donc à notre problème du moment, c'est-à-dire les fameux cadeaux de noël. A tout le moins, le cadeau, parce qu’elle essayait surtout d’en trouver un pour son petit ami ! Cela faisait maintenant quelques mois qu’ils étaient ensemble et elle voulait lui offrir quelque chose qui lui fasse plaisir tout en lui faisant un peu penser à elle. Ce n’était pas si simple. Bien entendu, en bonne serdaigle qui se respecte, elle avait pensé à un livre, puis elle avait rejeté cette idée avec force. Déjà, elle ne savait pas exactement le genre de livre que le jeune homme lisait (et c’était un sacré soucis pour ce genre de choix de cadeau) et en plus c’était trop impersonnel. C’était un présent bon pour Andrew, pas pour Enry. Elle voulait marquer le coup, après tout ce n’était pas noël tous les jours et en plus de ça elle n’avait pas souvent l’occasion de se montrer un peu douce ou tendre alors là elle voulait faire un effort… lui prouver, peut-être, qu’elle tenait à lui. Au fond, elle ne savait pas trop non plus ce qu’elle voulait exactement faire passer, mais bon, comme les grandes déclarations ce n’était pas son truc, sûrement qu’elle s’imaginait qu’un cadeau rempli de son amour (et oui, le mot en A) pouvait servir à cet effet.

« Et bien vous avez un petit ami depuis très longtemps, cela fait de vous une experte à mes yeux. » Déjà parce que la durabilité d’une relation était toujours un signe aux yeux de la belle brune. Cela voulait dire que les deux êtres humains avaient trouvé un équilibre, pile celui qu’elle cherchait en ce moment avec Enry. Vous me direz que sans trouver, ça se passait plutôt bien quand même, mais Charisma était une perfectionniste.

« Voyez-vous, je cherche un cadeau de noël pour Enry sauf que je n’ai jamais fait de cadeau à un garçon alors je ne sais pas quoi lui offrir. Surtout que j’aimerais… enfin… j’aimerais que ce soit assez marquant. » Elle ne voyait pas comment le tourner autrement et ça la perturbait beaucoup parce qu’elle n’aimait pas buter sur les mots, mais en même temps, elle était encore loin d’être capable de s’avouer ouvertement amoureuse alors bon… elle devait bien trouver des moyens détournés de l’exprimer. Cela excepté, elle faisait vraiment jeune fille amoureuse avec ses grandes questions existentielles sur un hypothétique cadeau de noël, les joues rougis par le froid, sa cape bien serrée sur ses épaule et son regard azur posé sur sa camarade de chambre. Le parfait portrait du romantisme… d’ailleurs, de fait, son bracelet brillait à son poignet d’un beau rose. Mais elle ne s’en était pas encore rendue compte elle-même ! Elle était bien trop préoccupée par sa question du jour, et s’il y avait bien une chose que Carry n’aimait pas, c’était les questions sans réponse !

Si Elyna avait froid, ce n’était pas vraiment le cas de Charisma. D’une part elle était pleinement obnubilée par son objectif et d’autre part, il ne faisait pas si froid que ça, comparé du moins aux températures qu’elle avait pu connaître lorsqu’elle vivait encore en Russie. Maintenant, elle ne cherchait pas la pneumonie non plus, elle avait donc une cape bien chaude et doublée pour la protéger du léger vent qui faisait voler de ci, de là, la première poudreuse de l’année. D’expérience Charisma savait qu’il neigerait encore de nombreuses fois dans l’année et cela ne l’inquiétait pas vraiment, en revanche elle n’aimait pas trop quand la cour de l’école se transformait en patinoire. Parce que là, voyez-vous, ce ne serait plus vraiment le côté froid qui dominerait, mais le côté glissant et il se trouvait que Carry savait peut-être faire du patin à glace, mais pas avec son sac d’école sur l’épaule, le dit sac étant presque plus lourd qu’elle, elle n’était pas à serdaigle pour rien après tout.

« En savoir un peu plus à propos d’Enry… » Répéta Charisma visiblement un peu perdue. Bon, en fait, ce n’était pas si visible que ça, mais cela s’entendait au son de sa voix. Parce que bien sûr, la reine des glaces au milieu des neiges était tout aussi impassible qu’à son habitude. Elle n’était pas assez proche d’Elyna dans la vie de tous les jours pour être à peu près naturelle avec elle. Elle lui parlait à peu près normalement mais aucune expression ne passait sur ses traits, ni un sourire (même si on pouvait supposer que ça viendrait), ni même un sourcil froncé. Elle ne montrait rien de ce qu’elle pensait… cependant, elle nageait en plein océan d’incertitude. Elle aimait beaucoup Enry, à l’évidence, mais elle ne saurait pas dire ce qu’il aimait faire, puisque lorsqu’ils étaient seuls tous les deux, ils ne faisaient rien d’autre justement que d’être ensemble et de discuter… mais ils parlaient presque toujours des occupations de la vie quotidienne, rien de suffisamment précis pour que les deux filles puissent s’en servir. Cela semblait évident que si ça avait été le cas, elle n’aurait pas eu besoin d’Elyna, non ?

« Il serait presque plus simple de faire la liste de ce qu’il n’aime pas. » Remarqua Carry, pas du tout cynique avec son petit ami (genre c’est son genre n’est-ce pas ?), juste honnête, elle savait par exemple que Enry détestait la foule et qu’il ne voyait pas l’intérêt d’un sorbet pour se désaltérer. Cela pouvait paraître anodin mais au final c’était ses seules certitudes. Enfin, elle en avait une autre, mais elle ne leur serait pas plus utile, c’était qu’il devait l’aimer au moins un peu elle, ça semblait logique au fond.

« Quant à ce que vous avez offert à Monsieur Griffins, l’idée était sûrement plaisante dans votre genre de couple, mais je serais incapable d’offrir quelque chose d’aussi mièvre – excusez le terme, c’est seulement dans mon caractère -. J’aimerais lui faire passer mes sentiments mais avec une certaine sobriété, parce que nous sommes ainsi tous les deux voyez-vous. » Elle réfléchit un instant, laissant les voix murmurer en solo dans un coin de son esprit, et finit par ajouter « Les cadeaux faits mains ont-ils un certain succès auprès de la gente masculine ? » Certains garçons n’aimaient pas ça parce qu’ils étaient matérialistes, mais elle était presque certaine que ce n’était pas le cas d’Enry donc peut-être quelque chose qu’elle ferait elle-même… après cela ne résolvait pas pleinement la question du « quoi » mais ça pouvait aider à avancer au moins un peu sur le sujet.

Charisma écouta Elyna avec cet air impassible qui ne la quittait presque jamais (du moins en présence de sa camarade de chambre) et elle semblait presque ailleurs en réalité. Elle l’écoutait pourtant avec attention, mais Carry avait un esprit très scientifique, elle décortiquait tous les problèmes avec méthode et elle n’appréciait rien tant que de trouver la solution à un mystère… son mystère du moment était son petit ami. Elle le trouvait toujours fascinant et elle aurait bien aimé savoir ce qu’il avait dans la tête, mais bon, comme elle se confiait assez peu (il fallait au moins qu’il fasse nuit et qu’ils soient dans le lit du jeune homme pour qu’elle se mette à parler d’elle !), elle n’allait sûrement pas lui demander de lui expliquer les tréfonds de son esprit. Ne pas savoir avait aussi un charme certain… même si ça ne l’aidait pas à trouver le cadeau de noël idéal ! Elle ne savait pas assez de choses sur lui, et du coup elle pataugeait dans la semoule là ! Heureusement qu’elle pouvait en discuter avec sa camarade de dortoir, et aussi que Carry n’était pas de ceux qui paniquent. Elle savait qu’elle finirait par trouver et qu’elle avait encore deux mois (pas tout à fait mais voilà quoi), no panic !

« Vous avez sûrement raison, mais je me reproche tout de même un peu de ne pas lui avoir posé plus de questions sur ses goûts. » Parce que c’était son manque de curiosité sur le sujet (inadmissible quand on savait à quel point elle pouvait l’être pour d’autres choses) qu’elle se retrouvait à ne pas savoir quoi choisir. En revanche, là où Elyna avait raison, c’est qu’il l’aimait donc à la limite, ça devrait déjà jouer en sa faveur. Ne disait-on pas que l’amour est aveugle ? Bon, elle n’y croyait pas en fait, mais ça n’avait pas d’importance puisqu’on ne lui demandait pas d’y croire, seulement d’essayer. La confiance c’est la base de tout vous dirait-elle, c’est pourquoi elle ne doute jamais de sa personne, même pas quand on lui dit qu’elle est folle !

« Il n’aime pas la foule, globalement, je dirais qu’il n’aime pas beaucoup autrui en général – c’est bizarre pour un préfet aussi consciencieux d’ailleurs -, il ne doit pas beaucoup aimé les sorbets parce que cet été il ne prenait que de l’eau et heu… pour ce qu’il aime, moi excepté, je sais qu’il aime lire et dormir mais à part ça… Vraiment, c’est très très vague. Ce garçon n’a pas de goût marqué ! » Ce qui pouvait tout aussi bien être une bonne chose puisque cela voulait dire aussi qu’il n’était pas difficile, quelqu’un qui n’aime pas une chose en particulier aime plus ou moins tout, non ? Mais ce raisonnement n’aidait pas beaucoup, c’est pourquoi Charisma repartit directement sur l’idée de quelque chose qu’elle ferait elle-même.

« Je me débrouille. Mais je me suis surtout laissé dire que mes sentiments passeraient mieux dans quelque chose que je fabrique moi-même, vous ne croyez pas ? » Une idée comme une autre pour la jeune fille qui du coup réfléchit à toutes les possibilités que ça ouvrait. Cela laissait encore pas mal de choix mais cela restreignait aussi suffisamment pour qu’elle puisse envisager quelque chose. Par contre côté sculpture et gravure heu…

« Pas vraiment non, je suis aussi assez mauvaise en dessin. Par contre je sais coudre, filer, tricoter et cuisiner, j’ai reçu une éducation très traditionnelle. » Est-ce que ça allait les avancer de savoir ça ? Bonne question !

Charisma prit une mèche de cheveux châtains autour de son index et le tourna autour d’un air très réfléchi, son bracelet changea de couleur et elle resta silencieuse plusieurs secondes, le temps qu’elle analyse tout ce que pouvait entraîner comme conséquence les paroles d’Elyna. Bien entendu, celle-ci l’avait dit sans malice, mais il en fallait peu pour faire tourner à toute allure le petit cerveau de la demoiselle, elle était après tout une fieffée curieuse et elle adorait tout décortiquer et analyser. Il se trouvait que son sujet d’étude dernièrement était son petit ami, bon, il y avait des jours (la plupart du temps d’ailleurs) où cela ne se voyait pas du tout, mais parfois elle se montrait très curieuse pour peu qu’il ait une réaction qu’elle ne comprenait pas, comme par exemple cette fois là lorsqu’elle avait été dormir dans le dortoir du jeune homme à cause d’un cauchemar.

« Sûrement… j’en découvre d’ailleurs chaque jour. » Mais ce n’était pas encore suffisant pour trouver du premier coup un cadeau de noël valable. Cela dit, était-ce inquiétant au bout de seulement quelques mois de relation ? Probablement pas. « Les garçons trouvent-ils vraiment louche qu’on s’intéresse à leurs goûts ? Moi je trouverais bien que monsieur Stanley me demande ce que j’aime, encore que cela fût une question épineuse. » Parce que comme lui, elle n’était pas spécialement difficile, alors dire une chose en particulier aurait été un peu compliqué, enfin, elle aurait tout de même essayé en tout cas, mais il n’avait rien fait de tel, et elle non plus de fait, cela n’avait pas été les questions qui avaient brûlés ses lèvres… c’est qu’elle en avait tant d’autres avant ça ! Elle avait l’impression parfois qu’elle allait étouffer sous sa propre curiosité, et pourtant, elle se contenait !

« Oui, je trouve que nous allons bien ensemble aussi, mais vous savez, je crois qu’au début je lui faisais un peu peur. » Elle sourit avec une certaine douceur au souvenir de leur début plus que houleux quand elle le détestait parce qu’il était préfet et qu’elle lui faisait un peu peur à parler toute seule. C’était une autre époque et en un an et demi les choses avaient beaucoup changés entre eux, en bien cela dit !

« Un œil, c’est un peu bizarre non ? Surtout qu’en Afrique c’est un symbole de la sexualité et du désir chez la femme… je doute beaucoup qu’il le sache mais nous ne sommes jamais trop prudente avec ce genre de chose. Déjà que je me suis faite avoir une fois, je ne me ferais pas avoir deux. » Pour le coup, la fin de sa diatribe était incompréhensible pour Elyna, mais en réalité ce qui s’était passé c’est qu’elle avait été dormir dans le lit d’Enry sans réfléchir aux conséquences et sans penser une seule seconde qui quiconque (et encore moins Enry) puisse y imaginer ou voir autre chose que ce que c’était, soit un geste parfaitement innocent. Quand elle avait réalisé qu’elle était la seule à ne jamais pensé à ce genre de chose (enfin, pas la seule, mais l’une des rares en couple du moins), elle s’était sentie sacrément bête, et maintenant elle faisait beaucoup plus attention à ce qu’elle faisait ou disait. Non pas que l’idée la dérange, mais elle ne voulait plus se laisser prendre en faute, elle aimait trop tout contrôler pour ça (pauvre Enry, oui, vous l’avez dit XD).

« En revanche, j’aime bien l’idée des petits gâteaux, je suis fort bonne cuisinière vous savez. Mais des cœurs… heu… je pense que ce serait trop oui… encore que, si je faisais toute sorte de motifs, je pourrais glisser quelques cœurs ! Je ferais bien des jolies petits nounours, j’aime beaucoup les peluches savez-vous ? » Elle le savait sûrement puisqu’elles étaient dans le même dortoir, mais passons !