Retour dans le calme [FINI]

[ HJ ~> Cela ne te dérange pas que je te réponde ? Si tu voulais quelqu'un d'autre, dis le moi et je supprimerais mon poste ^^ ]

Après le bal, Daphné avait fait de son mieux pour ne pas croiser Raphaël. Elle se voulait forte pour ne pas être sous son emprise mais en y réfléchissant bien, n'était-ce pas elle qui était restée accrocher à lui durant ces deux années d'absence ?
Elle avait toujours rêvé de le revoir et s'était imaginée de bien grands nombres scénarios. Pourtant, il était revenu comme si rien ne s'était passé, comme si il avait toujours été présent. Quel garçon rustre ! N'avait-il jamais pu penser un seul instant combien de larmes avaient coulé sur les joues de la jeune Vert et Argent ?
Elle s'était refermée d'avantage sur elle-même en deuxième année, l'attendant en vain. Personne ne lui avait parlé, personne ne la voyait... tout était devenu vide et froid. Seule la mélancolie enlaçait avec puissance le corps dépourvu de la Quatrième année.
Seulement, après avoir été lâche et de s'être fait manipuler par le jeune homme, ne devait-elle pas faire face ?
Elle en avait tellement rêvé qu'à présent, elle se rendait compte à qu'elle point elle avait pu être dépendante de lui. Mais comment cela se faisait-il ?

Elle repensa quelques instants au moment où elle réalisait, le soir du bal, que Raphaël était bel et bien présent.
Elle n'avait pu empêcher de laisser passer un regard surprit et elle s'en voulait réellement. Que lui avait-il fait pour qu'elle soit aussi sensible ? Ce n'était pourtant pas son genre de se laisser aussi facilement aller !
Et puis, pourquoi avait-il fallu qu'elle accepte de danser avec lui alors qu'il avait strictement refusé de venir le soir du bal ? C'était pour lui montrer à quel point il avait du pouvoir sur elle ? Si tel était le cas, il avait réussi, ça s'en était certain.
La Vert et Argent n'avait donc t-elle pas assez de cran pour se refuser à lui et de rester avec le Poufsouffle. Elle n'avait plus du tout honte d'être au bras du blondinet. Pourquoi ? Parce que ça avait été le premier avec qui au final elle s'entendait plutôt bien. D'accord, ils se chamaillaient comme de bons ennemis mais ne ressentaient-ils pas au fond d'eux une sorte de sympathie pour l'un et l'autre ?
Depuis la disparition de Raphaël, Daphné s'était énormément recroquevillée sur elle-même, au point de disparaître une année entière de la vision des gens.

Et se fut en troisième année que seul, MacMillan, ouvrit les yeux pour la voir. Elle en avait été peut-être touchée et c'était sans doute toutes ses raisons qui avait fait qu'elle s'était retrouvée comme étant sa cavalière officielle.
Certes, devant les Serpentard, Ernie MacMillan passait pour un idiot qui avait forcé Daphné d'aller au bal avec lui sous peine d'être un enquiquineur né toute l'année. Et c'était donc en conclusion, une pauvre Daphné qui avait accepté pour avoir la paix.
Seulement, entre ce que pensaient les gens et ce qui se passaient réellement dans l'esprit de la jeune fille étaient totalement différents. Même si elle ne l'admettrait jamais, au fond elle, elle respectait ce jeune homme qui lui avait tenu tête jusqu'au bout à sa table. En y repensant, c'était plutôt marrant de voir à quel point il avait du répondant pour un Jaune et Noir. Et cette histoire de confiture meilleure à la table des Poufsouffle que de celle de Serpentard, n'avait-il pas trouvé mieux comme prétexte pour l'embêter ?
Que devait-elle donc faire avec lui ? Le retrouver après un cours pour s'excuser de son comportement ? Jamais. Daphné n'était pas de ce genre là, et puis cela montrerait sa faiblesse pour Raphaël, non ?!

Elle se dirigeait lentement vers sa Salle Commune, ne prenant pas garde à savoir si elle connaissait des gens. De toute manière, en dehors de Raphaël, de Diabalzane, d'Ernie et de Tracey, personne ne lui adressait la parole, ni même ne la voyait.
Son regard vert restait fixé droit devant-elle ne cherchant aucunement à éviter les gens ou non. Elle était de Serpentard et donc avait le droit au respect le plus total.
D'ailleurs ce fut étrange de voir qu'elle n'eut aucune rencontre physique avec qui que ce soit. Aussi bien des Serpentard que des autres maisons de bas étage.
La brunette dit le mot de passe puis entra par le trou et rejoignit les élèves de sa maison dans la Salle Commune. Elle se dirigea sans même prêter attention à Raphaël, qu'elle n'avait pas vu au passage, vers les Dortoirs des Filles.
Glissant sa main dans son sac qu'elle avait dans l'autre pour chercher son calepin de poème, elle trébucha sur le pied de quelqu'un et se retint de tomber de justesse grâce à son équilibre. Elle détourna la tête avec mépris pour dévisager la personne qui avait osé faire ça et se retint d'être surprise en découvrant qu'il s'agissait de Raphaël. Elle se redressa et le contempla avec impassibilité, voyant qu'elle devait lui faire face et non continuer à le fuir. Mais alors, pourquoi elle n'arrivait toujours pas à parler ?

[hs: non au contraire, j'espérais que ce soit toi! ^^]

Il fallait qu'il lui explique, qui lui dise ce qu'il lui été arrivé, ce qui avait bouleversé sa vie et l'avait retenu deux années éloigné de Poudlard.
Mais comment faire? Pourrait-il avouer à celle qu'il aimait ce qui s'était réellement produit?
Elle s'en voudrait et Raphaël ne voulait pas qu'elle soit tourmentée par son calvaire.
Pendant ces deux dernières années, Raphaël avait souffert physiquement et moralement. Il avait appris à se blinder et surtout, il s'était grandement amélioré dans sa pratique de l'occlumancie et de la légilimancie. Il avait du se barricader de toute façon contre les attaques incessantes de son père.

Il venait parfois le voir en plein milieu de la nuit et l'agresser psychiquement sans que Raphaël sache comment il pouvait s'en sortir. Il était devenu insomniaque. il craignait de s'endormir de peur de ne pas être prêt pour repousser son père. Pour ne pas s'endormir, il buvait des potions concoctées à l'abri de la suveillance parentale, dans la plus grande discrétion. A force d'en prendre il était tout le temps éveillé mais la fatigue était toujours présente et s'accumulait. Un beau jour il était tombé comme une masse en plein milieu du salon alors qu'il parlait à sa mère et avait du être transporté d'urgence à Sainte Mangouste. Il y était resté 2 semaines. Pendant ces deux dernières années, se furent les plus reposantes de toute sa vie.

Il avait été puni d'une manière si cruelle que Raphaël n'aurait pas cru cela possible. Il avait subit le sortilège Doloris à plusieurs reprises. A chaque fois que son père entrait dans son esprit sans qu'il ne puisse le repousser et voit les images qui lui avait valu sa souffrance, il reçevait son châtiment. Raphaël avait beaucoup souffert.
Le plus difficile fut de voir sa mère impuissante devant les actes de son mari. Elle ne pouvait se mettre entre eux, surtout pour une telle histoire. Elle avait vraiment essayé de parler à son époux, mais sans aucun résultat. Elle n'admettait pas le comportement que son fils avait eu à Poudlard durant sa première année, mais elle considérait cela comme une erreur de jeunesse. Elle lui avait pardonné. Mais son père, aucunement! Il était entré dans une rage folle quand il avait appris la nouvelle.

Son père avait même envisagé de prévenir le père de la jeune fille rien que pour punir Raphaël. Sachant les répercussions horribles, voir mortelles que Daphnée aurait subi, il avait supplié son père de ne rien dire. Ce dernier avait accepté à une seule condition: s'il ne voulait pas que le père de la jeune fille soit avertit des faits, il devait resté ici au manoir, loin de Poudlard pendant un temps indéterminé et subir les fondres de son père.
Raphaël savait ce que cela impliquait, mais il avait accepté et protégé ainsi celle qu'il aimait.
Combien de fois avait-il retenu ses cris et les avait transformé en gémissements pour ne pas montrer sa faiblesse devant son père.

Il avait envers son père aujourd'hui une profonde haine. Lui qu'il respectait et admirait depuis son plus jeune âge était devenu un ennemi, une personne haïe. Comment avait-il osé faire cela à son fils, le traiter comme un chien? Eloigné de ses amis, de celle qu'il aimait.
Jamais il n'en avait voulu à celle qui l'empêchait d'en finir avec la vie. Elle était sa lumière au bout du tunnel, son souffle de vie. Il ne l'oubliait pas même si son père avait eu recours à tous les moyens pour essayer de l'effacer de ses souvenirs. Raphaël avait protégé du mieux qui le pouvait cette partie de son esprit.

Durant 2 années, il avait eu un précepteur privé pour lui faire suivre le même enseignement qu'à Poudlard afin de ne pas rester inculte et pouvoir réintégrer la fameuse école de sorcellerie dès que son père le jugerait opportun. Potions, DCFM, Sortilèges et Enchantements, Botanique, Soins aux créatures magiques, même enseignement de la magie noire, tout y était passé.

Avant de revenir à Poudlard, son père l'avait testé psychiquement pour voir s'il restait la moindre portion de sentiment pour Elle. Raphaël était devenu imbattable sur ce sujet et il avait passé le test haut la main.

De retour à Poudlard, Raphaël était plus sombre qu'avant, il avait grandit et sa silhouette s'était affinée. Il avait les traits plus masculins et plus durs aussi. Son regard aussi avait changé. La pointe de malice qu'il pouvait avoir deux ans auparavant avait disparu. Son regard gris-vert était aussi glacial que la banquise du pôle. Il lui arrivait aussi d'avoir l'air absent, le regard lointain, comme si le monde n'existait plus. Durant ces moments-là, des scènes désagréables au possible le hantait. Il avait les capacités à présent de les mettre dans un coin de son esprit et de les oublier, mais vivre une telle expérience sur une si longue période laissait des séquelles.

Aujourd'hui, depuis son retour à Poudlard voilà tout juste 3 semaines, il n'avait cessé de pensé à Elle. Son coeur était fermé peut-être, mais les sentiments étaient encore là, attendant le bon moment pour se déclarer et s'épanouir. La scène dans la salle sur demande repassait dans son esprit et lui indiquait qu'il n'avait pas rêvé.
Durant ses duex années de captivité, il s'était même demandé s'il n'avait pas rêvé ce regard vert-noisettes, ces cheveux noirs de jais, cette silhouette parfaite, ce sourire qui lui avait fait exploser le coeur.
Les supplices causées par son père lui montrait que non.

N'était-il pas libre de son destin? Ne pouvait-il pas aimé qui il voulait? Pas dans son monde! Son monde c'était les convenances, la froideur, les mondanités, l'apparence et les mariages organisés. Raphaël faisait partit de ce monde depuis toujours et il en était fièr, mais pour le mariage arrangé, il n'avait jamais été vraiment d'accord. Dans son milieu, on ne parle pas ouvertement de ce sujet, excepté le jour où l'on vous annonce que vous êtes fiancé à monsieur X ou mlle X, fils ou fille de monsieur X.

Raphaël avait toujours nourri au fond de lui l'espoir de se marier sans que ses parents n'interviennent. Il ne faisait plus d'illusion à présent. Mais ce n'était pas pour autant qu'il se laisserait faire.
Aujourd'hui, il s'était endurci et le côté dur qu'il avait à présent était dû au travail de son père.

Raphaël pensait à tout cela quand quelqu'un passa devant lui et trébucha sur l'un de ses pieds. Il sortit de ses songes et s'apprêta à renvoyer la personne avec perte et fracas, mais ses traits se figèrent quand il apperçu la personne en question. Ses lèvres se pinçèrent et un léger tremblement traversa tout son bras droit. Ce court moment de faiblesse passé, il observa plus attentivement Daphnée.

Ils avaient dansé ensemble la vieille, et c'était le plus beau moment depuis 2 ans qu'il vivait. Il l'avait observé à la dérobé ce soir là, comme pour se demander s'il ne rêvait pas. Il l'avait tellement imaginé et rêvé qu'à présent la voir en vrai paraissait iréel. Voilà pourquoi personne d'autre que lui ne pouvait danser avec Daphnée.

Elle était là et se tenait pas très loin de lui. Elle ne disait rien. Lui non plus. Il craignait de lui révéler ce qu'il s'était produit. Il avait peur pour elle. Peur qu'elle s'en veuille, qu'elle soit horrifiée. Raphaël ne voulait pas cela. Il se montrerait égoïste de lui révéler la vérité mais d'un autre côté, Raph avait sentit qu'elle lui en voulait. Et il n'avait pas à être surpris. Que croyait-il? Qu'après deux ans sans aucune nouvelle elle serait souriante et charmante?! Il avait bien essayé de la contacter, mais son père surveillait le moindre de ses messages et tout ceux destinés à Daphnée étaient détruit et lui valait une correction. Il avait compris très vite qu'il ne fallait pas insister.

Que pouvait-il dire? Raphaël était tiraillé entre deux sentiments. Il voulait qu'elle comprenne que ce n'était pas de sa faute, qu'il avait tenté de lui écrire...sans succès hélas!
Elle était belle! C'était la première chose à laquelle il avait pensé en la voyant lors de son retour...plus belle que dans ses souvenirs.

Toujours muette, Daphnée ne parlait pas. que pouvait-elle penser en ce moment? Raphaël était à présent déterminé. Il la fixa droit dans les yeux et s'adressa à elle.

"Daphnée, il faut que je t'avoue quelque chose!" d'une voix parfaitement calme et posée.

Il savait à présent vers quoi il s'embarquait. Il avait encore les moyens de revenir en arrière mais le pourrait-il? Daphnée pourrait-elle comprendre ce qu'il avait enduré? Qu'il avait préféré subir plutôt qu'il ne lui arrive quelque chose? Il l'espérait. Il ne montrait rien.

"Assis-toi s'il te plaît!" lui demanda-t-il d'une voix ferme mais douce à la fois.

Son père avait peut-être eu des effets négatifs sur lui, mais face à Daphnée, il ne pouvait se montrer dur.
Il sortit sa baguette, lança un sort vers l'assistance derrière eux qui étudiait et parlait pour ne pas être entendu. La conversation se devait d'être discrète.

"C'est très important!" dit'il d'une voix grave.

[ HJ ~> roooh tu es choupinet ]


Daphné regardait toujours avec insistance le jeune homme qui avait réussi, dans le passé, à briser la carapace de l'adolescente pour la comprendre. Certes, il était le seul et l'unique à avoir découvert tout cela et malgré tout, il ne connaissait qu'un quart de sa vie. Comment aurait-elle pu lui dire combien de coups de fouet sans raison avait-elle reçu ? Comment lui expliquer que son grand frère de huit ans de plus qu'elle avait été assassinée par sa propre peur pour avoir voulu la protéger. Etait-elle donc toujours la personne fautive du malheur des gens qu'elle aime ?
C'était pour cette raison qu'elle ne devait plus aimer. Et le plus tôt serait le mieux ! Mais comment pouvait-elle oublier Raphaël, alors qu'il se trouvait à quelques centimètres à peine d'elle ? Avec tous les efforts qu'elle avait donné pour le laisser de côté, même après l'idée qu'il soit mort lui était impossible et elle ressentait toujours autant de sentiments à son égard. Mais lui, était-ce réciproque ?

Il prit alors la parole, lui précisant qu'il avait quelque chose d'important à lui dire. Elle le regardait toujours avec indifférence mais obéit immédiatement quand celui-ci lui demanda de s'asseoir. Comment avait-elle pu se laisser aussi facilement manipuler ? Peut-être parce que son coeur réagissait avant sa raison. Elle détourna son visage fin et planta son regard impartial dans celui profond de son camarade, n'arrivant toujours pas à omettre un son.
Elle glissa ses doigts effilés dans ses cheveux les recoiffant avec douceur et grâce, les relevant avant de les attacher dans un chignon.
Son regard était toujours aussi pénétrant et imperturbable, ne pouvant se détacher du jeune homme de Serpentard.
Que voulait-il lui dire ? Ses raisons pour lesquelles il l'avait abandonné sans nouvelle aucune ?
Il avait peut-être ses raisons après tout mais n'était-ce pas une raison pour le dire au moins dans une lettre ? Avait-il déjà une future fiancée qu'il avait dû rencontré et donc abandonner Daphné sans explication aucune ?

La seule chose à laquelle elle avait envie en ce moment était qu'il la prenne dans les bras pour lui dire que plus jamais il ne la laisserait tomber. Que plus jamais elle ne sera seule. Qu'il sera toujours là. Qu'il l'aimait !!
Pourtant elle n'était pas du genre démonstrative sauf le soir où il avait tout découvert dans la Salle sur Demande. D'ailleurs jamais elle n'avait été comme ça. Seulement, ne pouvait-elle pas être une seule fois humaine dans sa vie et vouloir une dernière fois goûter aux lèvres fines du jeune homme ? Etait-ce un crime de désirer cela seulement pour ressentir toutes les choses qu'elle avait eu le soir dans cette Salle sur Demande ?
Il était vrai que Daphné ne montrait absolument rien mais la faiblesse de son coeur avait prit le dessus dans son âme et Merlin la sauvait à l'idée que personne dans cette salle, en dehors de Raphaël, ne puisse lire dans ses pensées.

Elle continuait de le fixer et fit un léger signe de tête positif, lui montrant qu'il pouvait ainsi commencer à parler. Elle le vit faire un sortilège autour d'eux pour que personne n'écoute puis il précisa que c'était très important. Pendant un cours instant la jeune fille laissa un regard déconcerté mais se reprit très vite.
Elle se rapprocha légèrement de lui, ne le laissant que quelques centimètres entre leurs deux visages mais ne prononça aucun mot, prête à l'écouter. Cela dit, il n'était pas forcer de lui expliquer si il n'en avait pas envie et elle accepterait de toute manière quoi qu'il arrive. Elle était encore bien trop sentimentale avec lui pour l'ignorer ou lui en vouloir toute sa vie durant. Pourquoi arrivait-il, même après deux ans, à faire autant d'effet sur Daphné ? Malgré son abandon, la jeune Serpentard ne trouvait pas les moyens de lui en vouloir à part un court instant ni de l'ignorer. Elle voulait tout bonnement retrouver celui qu'elle avait perdu et vivre à ses côtés le plus longtemps, acceptant qu'il puisse y avoir des moments de "bonheur" pour ne pas avoir de regretter si elle le perdait à nouveau. A ce moment précis, elle était tout... sauf une Serpentard comme elle en avait toujours été digne ! Que lui arrivait-il ?

Pourquoi se regard fuyant ? Pourquoi ne la regardait-il pas en face ? Avait-il si honte d'être près d'elle ? Mais si c'était le cas pourquoi l'inviter à s'asseoir près de lui ? Daphné ne savait plus que penser et plus elle essayait de comprendre, plus elle dépérissait à l'idée qu'il la déteste. Etait-ce de sa faute à elle si il était partie durant deux années de Poudlard ? Etait-ce elle la cause de son changement radicale de comportement ? Même si le jeune homme se voulait toujours doux et attentionné comme au bal, il avait été le reste du temps très à l'écart de la jeune fille. Que devait-elle penser ? Voir ? Comprendre ? Elle n'avait que quatorze ans et même si elle avait un âge plus avancé pour comprendre, il fallait qu'on lui explique et non lui laisser l'autre choix que de deviner. Elle se doutait fortement qu'elle était fautive mais de quoi ? D'être tombée amoureuse de lui ? Ou de lui avoir simplement tenue compagnie durant un an ? Il semblait que la première solution soit la plus plausible. Le coeur de la jeune fille se resserra sous cette pensée alors qu'elle cherchait en vain le regard de son Raphaël.

Son ? Quel adjectif possessif que voilà ? Ce n'était pas habituel qu'elle le surnomme dans son esprit ainsi. Même si elle était amoureuse, elle ne l'avait jamais forcé à ce que ses sentiments soient réciproques.
Etait-ce si dure de la prendre dans ses bras pour la consoler et lui dire que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve et que maintenant ils ne seraient plus jamais séparés ? Etait-ce si dure de lui dire "Ne t'inquiètes pas... je suis là... je serais toujours près de toi... je te protègerais" Tant de choses qu'une jeune fille aimerait entendre de la bouche de son petit ami rien que pour se sentir protégée et rassurée.
Daphné avait légèrement détourné la tête pour regarder autour d'elle pour voir que personne ne pouvait écouter leur conversation. Que voulait-il lui dire de si important ? Son absence ? Se justifier pour ne pas lui avoir écrit ? Il n'avait pas à faire ça... elle n'était pas du genre à réclamer des acomptes même si pour ça, elle était malgré tout heureuse de voir qu'il voulait lui expliquer ses raisons.

Ca y est. Il venait de commencer à parler et déjà Daphné sentait son coeur battre la chamade. Elle baissa les yeux, laissant une couleur pourpre sur ses joues apparaître. Il n'avait plus besoin de s'expliquer. Elle lui pardonnait. Elle avait peur. Très peur. Et mal surtout. Très mal. S'en remettrait-elle si elle découvrait réellement que tout était sa faute et qu'il avait été en plus de ça maltraité ? Sans doute jamais... après la mort de son frère, Daphné avait toujours refusé de se donner la possibilité d'être heureuse. Pour elle, tout était sa faute. Et son père la tabassant en lui répétant moult fois qu'elle était seule coupable de la mort de son frère... qu'Hayden aurait toujours été en vie si elle n'avait pas existé. Qu'elle ne méritait pas de vivre pour son crime si abominable.
Daphné releva instinctivement la tête en entendant le fait qu'il avait tenté de lui répondre. Un regard vide mais rempli à la fois d'espoir et de peur. La jeune fille plongeait son regard vert émeraude dans les prunelles de son petit ami.

Elle ne voulait pas le forcer à parler ou à se dévoiler si il ne le souhaitait pas. Il voulait peut-être être sincère mais peu lui importait maintenant car il était là, près d'elle. Elle ferma un instant les yeux, écoutant attentivement les paroles de Raphaël, mais ressentait comme un frisson à l'idée que la voix du jeune homme puisse lui caresser la peau du visage. C'était comme un souffle chaud qui balayait délicatement les mèches brunes de l'adolescente.
Il se mit à parler et parler encore, laissant une Daphné perdue et terriblement mal à l'aise. Elle savait que tout était de sa faute et redoutait du pire... il voulait être franc avec elle mais alors pourquoi lui cacher les sévices qu'un père fait sur son enfant ?! Il avait été certes des plus honnête mais ne manquait-il pas quelque chose ? Avait-il peur de la faire souffrir d'avantage ? Mais le poids du monde était porté sur les frêles épaules de la jouvencelle.
Regardant le jeune garçon avec de multiples sentiments qui traversaient les yeux de la Serpentard, Daphné attendait qu'il ait fini pour s'exprimer. Il lui déclarait de manière détournée son amour pour elle qui était toujours présent et qu'il avait tout fait pour qu'elle reste dans sa mémoire. Il y avait aussi un mariage... qui avait fini par être rompu. Daphné sourit légèrement aux coins des lèvres et s'avança lentement vers Raphaël puis appuya délicatement sa joue contre celle de son ami avant de lui murmurer à l'oreille.

- Merlin soit loué, tu es sain et sauf. Merci d'être là.

Ses lèvres frôlèrent la joue et les lèvres du jeune homme puis elle se recula à nouveau pour reprendre sa distance. Que devait-elle faire ? Ignorer les non-dits de Raphaël ou s'éloigner de lui pour qu'il ne souffre plus jamais ? Mais si il l'aimait, ne serait-ce pas terrible d'être loin d'elle ? Tout était si compliqué... que faire ? Daphné le regardait d'un air déboussolé alors qu'à son habitude, seul un regard vide et inexpressif ornait ses yeux.
Elle prit la main du Vert et Argent et la serra avec douceur dans les siennes, détachant son regard pour le poser sur celles-ci. Elle ne savait toujours pas quoi faire et même si il lui cachait à vie, elle avait cela sur la conscience. Elle savait que sans lui, elle était destinée à la mort. Mais rester avec elle, le conduisait lui à la mort.
Il valait mieux se séparer dès à présent. C'était la meilleure conclusion que la jeune fille s'était trouvée. Mais pour la première fois depuis la mort de son frère, des larmes vinrent sans qu'elle ne puisse les contrôler, aux coins de ses yeux. Ce n'était pas normal alors qu'il y avait du monde et Daphné baissait les yeux pour les cacher du mieux qu'elle le pouvait...

Raphaël avait ses yeux fixés sur ceux de Daphnée. Il pouvait y lire tellement...parfois trop...Il y avait un lien entre eux...un lien très fort malgré les mois qui les avaient séparés, il ressentait toujours cette connection avec elle. Pendant qu'il parlait à Daphnée, il avait du gérer ses émotions, mais aussi celles de Daphnée. Il avait déjà eu beaucoup de mal à mettre les siennes de côté pour avoir un discours sensé et posé. Il fallut prendre sûr lui et se maîtriser du mieux qu'il le pouvait pour ne pas se laisser envahir par les émotions de Daphnée qui étaient particulièrement intenses. Il ressentait des frustrations chez elle, les questions multiples qu'elle se posait, ou bien encore le flots de pensées qui pouvaient l'assaillir.

Tout était dans le regard et les émotions! Il aurait pu facilement fermer son esprit s'il n'avait justement, au même moment, des difficultés. La conversation était bien trop intense et il n'était pas à la hauteur des grands légilimens et occlumens du monde de la sorcellerie pour pouvoir totalement tout contrôler. Il était encore jeune! Jeune peut-être, mais grâce ou à cause de son père, il avait vraiment un bon niveau. Ces dons lui permettraient en tout cas d'arriver à ses fins dans la haute société puisqu'il connaîtrait alors les envies et les ambitions de ses interlocuteurs. Néanmoins, en ce moment-même, il n'avait aucunement envie de se servir de ses capacités sur Daphnée.

Ses pensées cafouillaient parfois et il ne savait plus quoi dire. Qui aurait pu croire que se serait aussi dur? Il se surprit à entendre le terme de la possession dans les pensées de Daphnée et il lui fallut quelques minutes pour percuter. Avait-il bien compris? Rien n'était moins sûr! Il avait à peine commencer à parler que le coeur de Daphnée battant la chamade se répercutant dans sa tête. Ne pas se laisser déconcentrer, il le fallait! Mais ce n'était très facile quand on avait une aussi belle jeune fille face à soi et qu'elle vous regardait, vous dévorait des yeux. Elle avait baissé les yeux quand il avait commencé à parler et il avait pu remarqué que ses joues s'étaient légèrement empourprées. Cela le renforça dans son courage, et en voyant les jolies rougeurs qui étaient apparues sur ses joues, son coeur fit un bond. Semblait-il possible qu'elle est encore des sentiments pour lui? Il l'espérait sincèrement!

Au fur et à mesure du flots de ses paroles, il ressentait chez Daphnée une peur qu'il ne comprennait pas. Pourquoi avait-elle peur? Il avait beau essayer de trouver une réponse, il n'y arrivais pas. Cela l'inquiétait beaucoup et il n'avait pas l'esprit tranquille. La peine s'insinuait aussi en lui. Il inclina la tête, préoccupé par ce qu'il perçevait chez sa dulcinée. Elle venait de quoi cette peur? De lui? Avait-il dit quelque chose qu'il n'aurait pas dû? Il avait beau essayer de se remémorer ses propos, il ne voyait pas ce qui aurait pu la blesser. C'est alors qu'une image ou plutôt un flot d'images lui arrivèrent de pleins fouet. Il resta muet, le souffle coupé par ce qu'il venait de voir. Il avait écarquillé les yeux légèrement assez sous l'effet de la surprise et il resta figé quelques longues secondes avant de reprendre contact avec la réalité. Ainsi, il venait de voir une bribe de ce qu'avait pu vivre sa belle durant son absence...à cause de lui! Il en était certain et le coeur de Raphaël se serra si violemment qu'il cru qu'il allait mourir.

Alors qu'il lui parlait du fait qu'il avait tenté de la contacter, Daphnée releva la tête. Cela rassura Raphaël qui continua. Néanmoins, le regard de Daphnée, bien que vide, était rempli d'espoir et...de peur! Toujours cette peur qui lui faisait mal. Il aurait tellement voulu la consoler, la protéger et lui dire qu'elle ne devait plus avoir peur de qui que se soit et qu'il serait toujours là pour elle. Il le ferait, c'était une promesse qu'il se faisait à lui-même mais aussi à Daphnée. Mais pour le moment, il devait continuer sur sa lançée au risque de ne plus en avoir le courage après.

Les yeux de sa belle qui le regardait il y a quelques secondes se fermèrent alors. Non! Ils ne devaient pas se fermer, il avait besoin de sa présence, d'avoir un repère. Il se rendait compte alors à cet instant que l'amour le rendait esclave et qu'il n'avait jamais été l'esclave de qui que se soit. Son père n'avait peut-être pas trot sur le fait que ça rendait les hommes faibles! Mais voilà, sans l'amour de Daphnée, il ne serait pas devenu celui qu'il est aujourd'hui. Bien évidemment il restait ce jeune Serpentard hautain, rusé, un poil sadique et un manipulateur invétéré, méprisant ceux qui lui sont inférieurs. Mais d'un autre côté, il avait découvert auprès de Daphnée des sentiments nouveaux qu'il n'avait presque ou jamais ressenti auparavant tels que la patience, l'amour, l'inquiétude, l'attention... Alors son père pouvait avoir son propre point de vu, mais lui, Raphaël, il ne se laisserait pas manipuler et devenir la marionnette de son paternel, au risque de payer très cher sa liberté. Mais peu importe!

Alors qu'il parlait, il sentait qu'elle était perdue et mal à l'aise. Elle se sentait coupable! Il ne fallait pas qu'il la laisse croire ça! C'était LUI qui avait fauté, LUI qui était tombé amoureux et avait décidé de se défaire de l'autorité redoutée de son père. Il n'allait pas la laisser s'enfoncer et se culpabiliser sans rien dire. Il devait réagir! S'il lui cachait les sévices qu'il avait subi, comment Daphnée aurait-elle pu le supporter? Il devait la préserver du mieux qui le pouvait. Elle ne devait plus souffrir à cause de lui. C'était son devoir et il s'y plierai, foi de Gibson!

En tout cas, les yeux de Daphnée étaient comme le reflet de son âme. Il y lisait tous les sentiments qu'elle ressentait et cela lui permettait de mieux la comprendre. Il finit enfin son explication sur le mariage annulé et il cru voir un léger sourire aux coins de ses lèvres. Elle avait sourit! Elle ne lui en voulait pas pour ce mariage...il en était soulagé. C'est alors qu'elle s'avança vers lui, appuyant délicatement sa joue contre la sienne, puis se mit à murmurer à son oreille. Elle le remerciait d'être là. Néanmoins, elle semblait avoir des soupçons puisqu'elle lui disait qu'elle était "soulagée" en quelque sorte qu'il sain et sauf. Aurait-il pu lui laisser entrevoir que durant ces deux années d'absence, sa vie avait éta un véritable calvaire et qu'il avait du subir les humeurs massacrantes de son père? Il espérait que non et pui de toute façon, il ne lui donnerait plus aucune information sur ce qui avait pu se passer ou non chez lui.

En tout cas, ce rapprochement le chamboula. Ses lèvres frôlèrent sa joue ainsi que ses lèvres. Il n'avait pas été aussi proche depuis bien longtemps et il cru que son coeur allait sortir de sa poitrine. Sa respiration s'était ralentie... Son parfum...la douceur de sa peau...ses lèvres frôlants les siennes...Son coeur battait la chamade et il dû se contrôler pour ne pas avoir de geste déplacé du style se jeter sur elle et capturer ses lèvres auxquelles il n'avait pas goûté depuis longtemps...trop longtemps même.
Malgré tout, Raphaël sentait de l'indécision chez Daphnée. Pensait-elle qu'il mentait? Il ne pouvait pas dire le contraire, mais il mentait par omission, pour ne pas qu'elle souffre. Il savait qu'il n'était pas totalement franc, mais à quoi cela lui servirait-il de lui parler de ces choses sordides? Il n'en était pas très fier et ce qu'il avait subi, il n'avait aucunement que cela soit un fardeau pour elle. Elle avait déjà tellement de secrets, de souffrance en elle qu'il ne voulait pas être une source de problème pour elle. Il devrait apprendre à gérer ça tout seul. C'était son secret, son poids à porter. Personne ne pouvait le porter pour lui. Ce serait trop égoïste!

Ce regard déboussolé qu'elle lui lançait le laissait impuissant. Que pouvait-il dire ou faire? C'est alors qu'il sentit les mains de Daphnée prendre les siennes et les serrer avec douceur. Il pressa alors celles de Daphnée tendrement. Cependant, quelque chose le dérangeait...il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond et qui commençait à l'inquiéter grandement. Elle se rapprochait physiquement de lui, mais il avait la désagréable impression qu'elle s'éloignait de lui psychologiquement. Allait-elle lui dire qu'il ne fallait plus rien espérer d'elle, qu'elle a fait une croix sur lui, qu'elle avait un autre garçon dans sa vie et qu'il arrive trop tard? Cette simple pensée le rendait fou. Pourquoi restait-elle silencieuse? Il avait besoin de l'entendre parler, de savoir ce qu'elle pensait de vive-voix. C'est alors que, contre toute attente, des larmes apparurent aux coins de ses yeux. Il resta surpris l'espace d'une seconde avant de se reprendre. Sûrement honteuse qu'on puisse la voir ainsi, elle baissa alors la tête. Son coeur explosa alors.

Sans réfléchir, sans penser à ceux qui étaient dans la salle commune, il se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras, la tête de Daphnée reposant alors sur son torse. Il avait une main derrière son dos et l'autre caressant lentement la tête de la jolie Serpentard. Il ne voulait pas la voir pleurer, surtout à cause de lui. Il s'en voulait réellement. Il la serrait contre son coeur, lui murmurant des paroles réconfortantes.

"Ne pleure pas, ne pleure pas...Pardonne-moi Daphnée...Je ne te quitterai plus jamais, je t'en fais la promesse." dit-il dans un murmure tout en la bercant contre son coeur.

Si un jour on avait dit à Gibson qu'il aurait ce genre de comportement avant son entrée à Poudlard, il aurait rit au nez de la personne...Aujourd'hui, il était différent!

[ Je trouve que cette musique ira parfaitement avec ce poste ~>Musique, maestro ! xD ]

~ Juste une larme, mais la plus belle,
Celle qui s'évade au cour de l'été,
Qu'un revers de la main va chasser,
Une larme confidentielle; ~

Elle ne pouvait plus faire le moindre geste. Son corps totalement secoué par les sanglots, l'adolescente sentait une douleur vive s'insinuer en elle, au plus profond. Ses mains se contractaient légèrement alors que sa tête restait baissé, les larmes lui brûlant les yeux. Elle ne devait pas pleurer. Elle ne le pouvait pas. Elle n'en avait pas le droit.
Alors qu'elle tentait dans un effort surhumain de ne pas en laisser échapper une, elle sentit les bras chaleureux de Raphaël l'attirer contre lui. Ecarquillant ses yeux émeraude, Daphné ne pu rien faire et laissa sa tête tomber sur le torse du jeune Serpentard. Sous le choc, une larme se libéra de la seule barrière qu'était son oeil. Cette larme qui était née dans son regard, se plongeant dans un vaste univers mais de courte vie, caressant la joue de la jeune fille pour enfin s'éteindre contre ses fines lèvres. Une seconde suivit, et ce fut la derrière, parcourant le même chemin que sa soeur, délivrant son existence salé le long d'un visage brûlé par celle-ci avant de choir et de s'évanouir dans le creux du cou de la brunette.



Les cheveux de la jolie Vert et Argent vinrent se placer avec grâce le long de ses joues, alors que celle-ci ne daignait toujours pas relever sa tête. Daphné déglutissait avec difficulté alors que l'une des mains de Raphaël lui caressait lentement la tête, glissant ses doigts effilés dans la chevelure foncée. Elle ne savait que dire mais surtout que faire. Son regard était perdu dans la couleur sombre de la robe de sorcier de son ami alors qu'elle l'avait agrippé, resserrant ses doigts fins entre le tissu. Elle se raccrochait tant bien que mal au jeune homme, comme si, il allait évanouir dans la noirceur de la Salle Commune des Serpentard. D'ailleurs dans cet l'instant, c'était comme si les deux adolescents étaient seuls, qu'ils s'étaient éloignés loin de tout comme par magie, et pourtant si présent dans cette pièce.
Elle fera les yeux quelques secondes pour mieux se concentrer puis tout en prenant une grande inspiration, la jeune fille releva son regard vide, refusant catégoriquement de laisser une quelconque trace de ce passage d'émotion.

Juste une larme, mais la plus chaude,
Celle qui embrase le cour,
En apaisant la rancoeur,
Une larme émeraude;

Les mots, que lui confiait Raphaël, apaisaient la Vert et Argent lentement. Il ne fallait jamais promettre une telle chose, surtout quand on n’était pas capable de la tenir. Certes le Serpentard ne voulait que réconforter la brunette, mais ce n'était pas une raison de lui mentir. Elle l'avait bien compris ce mensonge le jour où elle perdit Hayden à jamais. Bien que gravé dans son coeur, son grand frère restera pour toujours un être cher pour l'adolescente. Pourquoi l'avait-il abandonné ? Elle ne pourrait pas répondre bien qu'elle se doute de plus en plus à un "sacrifice" qu'autre chose. Mais était-ce la bonne solution ? Et si cela Daphné avait prit sa vraie place, c'est à dire celle où se trouvait depuis un moment son frère adoré ? Pourrait-elle avouer qu'elle serait plus heureuse si elle y avait été ? Pourrait-elle, maintenant, s'imaginer sans Raphaël ? Peut-être que son frère avait été bon et merveilleux pour laisser le rêve à sa petite soeur de trouver une personne qui saurait l'aimer comme personne ?



Et sans pouvoir réfléchir plus, Daphné retira lentement sa tête d'entre les bras de son prince et se rapprocha de Raphaël avant de déposer délicatement ses lèvres rosies contre les siennes. Elle ferma instinctivement les yeux, goûtant avec douceur celles qu'elle avait, il y a longtemps, eu déjà droit. Son baiser fut fragile et tendre à la fois. Elle ouvrit les yeux puis se retira lentement, appréciant jusqu'à la dernière seconde ses lèvres. Daphné en avait tant rêvé. Elle avait péché en cette instant mais peu lui importait, tant qu'elle était près de lui, avec lui. Ne voulant pas attirer d'avantage d'ennui à son Serpentard, la jolie brune se releva du canapé aux couleurs de Serpentard et regarda une dernière fois le brun ténébreux. Ses pensées étaient claires. Elle savait qu'il ne lui avouait pas tout. Mais tant pis. Elle respecterait le silence de Raphaël même si elle savait au plus profond d'elle ce qui lui cachait. Elle glissa avec délicatesse sur la joue de son aimé et laissa apparaître un très léger sourire aux coins de ses lèvres pour le rassurer. Elle l'aimait. N'était-ce pas ça le principal ?


FAIT 929

~ Des vérités,
Celles que l’on contourne pour ne pas blesser,
Ne pas mentir, pour ne pas vraiment dire.
Des vérités,
Que l’on préfère derrière des portes closes,
Que l’on adoucit pour les sentir moins criantes. ~

Un son l’interpella alors, et Daphné se détourna pour voir ce qui se passait. Raphaël s’était levé à son tour. Mais étrangement, un voile de détresse passa dans le regard de l’adolescent, laissant une Serpentard dans le doute. Que se passait-il ? Y avait il un problème ? Avait-elle fait quelque chose qui ne fallait pas ? Elle ne pu s’empêcher d’écarquiller les yeux quand la main de Raphaël s’empara la sienne, une étrange sensation se faisant ressentir. Plongeant son regard vert noisette, la jolie brune ne comprenait pas réellement pourquoi il faisait ça. Il semblait comme perdu, relâchant avec douceur la main de la jeune fille. Daphné le dévisageait toujours, le voyant comme couler. Elle se sentait comme impuissante… avait-il eu envie de lui dire toute la vérité ? Ne pouvant comprendre ce qu'elle représentait aux yeux du jeune brun, Daphné ne pensait qu'à ce qu'il avait envie de lui dire mais était comme bloqué. Ne voulant pas le forcer à quoi que ce soit, la jeune adolescente s'était donc relevée, pour ne pas lui causer de problème. Alors comment s'imaginer ce à quoi il pensait ?

~ Celles qu’on affronte pas, qu’on bafouille, qu’on n’ose.

- Raphaël... Murmura-t-elle tout en fermant quelques secondes ses yeux.

Et puis…

Sa main était lentement revenue à sa place originale, celle qui se trouvait le long de son corps. Le silence était comme apparu à cet instant précis alors que Raphaël semblait d'avantage perdu.
Elle le regardait d'un air désespéré, essayant de comprendre son geste. Ses gestes en réalité. La laissait-il partir ? A jamais ? N'était ce qu'un au revoir ? Que devait-elle comprendre ? Ne pouvant plus bougé, la jeune fille n'était pas entièrement face au Vert et Argent. Ses pieds étaient toujours en direction opposée à Raphaël, mais son bassin et le haut de son corps s'étaient détournés vers lui. Les bras toujours le long de son corps fin, la jeune fille ne savait plus que penser. Pourquoi avait-il prit sa main pour la relâcher avec tant de... tristesse. N'était-ce pas de la mélancolie que l'on pouvait ressentir auprès de l'adolescent ? Daphné le regardait avec intensité, le regard perdu dans les prunelles du jeune homme. Elle ne savait que faire. Encore moins quoi savoir dire. Elle sentait un poids le poser sur ses épaules... que se passait-il donc ? L'avait-elle blessé ?

Celles qu’on reçoit en pleine face un jour, tremblantes.~

Elle avait pour ce jeune Serpentard un amour passionné, irraisonné. Il avait été sa lumière au bout du tunnel, elle n'avait pas le droit de le laisser seul. Il glissa avec lenteur et douceur sa main dans la sienne, laissant une jeune fille totalement perdue. Ne venait-il pas de la... laisser ? Lui avait-il donné le droit de fuir ? De ne pas vouloir comprendre la vérité ? Daphné allait sans doute s'effondrer en entendant celle-ci, mais en même temps, elle s'en doutait au plus profond d'elle-même. Elle n'avait que trop bien connu les blessures physique et morale d'un père violent. Comment pourrait-elle oublier un jour ce qu'on appelle l'humiliation ?! Et cette peur de désobéir ?! Malgré tout, à Poudlard, elle le désobéissait sans cesse, toujours dans la crainte qu'il apparaisse un jour.
Elle sentit une pression sur sa main, ce qui la fit revenir à la réalité, regardant Raphaël avec douceur. Qu'avait-il de si douloureux à dire pour qu'il reste à ce point silencieux ? Il semblait que les secondes soient des heures...

~ Des vérités,
Qui te restent au bord des lèvres,
Quand elle t’appelle « mon ami ».
Des vérités,
Qui n’iront plus se blottir,
Pour la protéger de tes histoires. ~

Contre toute attente, Raphaël l'attira contre lui. Leurs corps se frôlèrent alors qu'un courant électrique passait dans celui de l'adolescente. Elle n'eut pas le temps de rétorquer, laissant juste un regard interrogateur se poser dans celui du jeune homme avant qu'il ne se penche vers elle pour s'emparer de ses lèvres. Ne pouvant retenir sa surprise, Daphné s'empourpra légèrement, fermant les yeux en sentant le baiser qui devenait plus passionné de son Vert et Argent.
La main de la brunette retomba à nouveau le long de son corps alors que la jeune fille sentait les mains de son petit ami se poser sur son visage, glissant lentement vers son cou.
Ne pouvant résister plus longtemps à ce baiser, Daphné remonta ses mains le long de son corps, les laissant se poser sur la taille de Raphaël.
Quand leur baiser se termina, la jeune Serpentard releva la tête, ouvrant les yeux, un regard ampli d'étincelles, le souffle court. Elle lui demandait dans ce regard pourquoi mais n'eut pas le temps de dire un mot qu'il frôla, du bout des lèvres, sa joue, ce qui eut pour finalité un grand frisson qui parcouru le corps de la demoiselle. Avait-il fait exprès de lui rendre ce supplice exquis ?

~ De ton vide martyr,
De ce que tu préfères ne pas voir.
Mais…
Pour d’autres vérités,
Qu’à toi-même tu mens,
Qui te perdront,
Avant même que tu t’en sois aperçu… ~

Je t'aime. ... reste. Je t'aime... je t'aime... je t'aime...

La voix douce et grave de Raphaël faisait frémir la jeune adolescente qui se blottit dans ses bras. Elle ne pouvait résister. Elle ne pouvait pas le laisser. Comment avait-elle pu penser une seule seconde l'abandonner. Elle voulait le protéger. Mais comment devait-elle faire ? Elle restait statique, le regard vide d'expression. Elle ne pouvait absolument plus rien montrer tellement les sentiments fluaient dans son esprit. Elle avait à la fois honte d'avoir laissé Raphaël, triste de se dire qu'il allait sans doute souffrir encore par sa faute, et heureuse qu'il l'aime tant. L'amour était-il donc le plus fort là dedans ? Mais était-ce la bonne solution que de rester dans les bras du jeune homme dont on était amoureux, sachant malgré tout qu'il allait souffrir ?
Ne pouvant plus rien faire, Daphné resserra d'avantage son étreinte alors qu'elle enfouit son visage dans le cou de ce dernier. Elle ne pouvait plus lâcher prise, le tenant comme si c'était au péril de sa vie. La brune ne pouvait même plus pleurer, son regard totalement dénué d'émotion. Elle sentait son coeur lui faire mal, comme si celui-ci allait éclater sous la pression de ses sentiments...

- Raphaël... je t'aime... je t'aime tant.

Il était clair... elle ne pouvait le quitter.