Une ombre (PV Susan Bones)

Visiblement, elle tenait à mener la danse. Evidement… ELLE était prefette, ELLE détenait les baguettes, ELLE était dans son droit… Pas Siegfried… « L'heure à laquelle toute personne qui n'est pas préfète doit être dans sa salle commune depuis longtemps », ça c’était la petite phrase de trop… La petite phrase qui indiquait une bonne fois pour toute que le jeune serpentard allait au devant de gros ennuis, énormes même. Scrutant une fois de plus l’espace autour d’eux, Siegfried remarqua cette fois qu’en plus d’être complètement obscure, le couloir était aussi parfaitement silencieux… Pas un bruit de pas, pas un chuchotement d’élève, pas un froissement de robes battant l’air des escaliers trop encombrés. Rien… A l’orphelinat, Siegfried savait très bien que lorsqu’il s’aventurait hors des dortoirs alors que les couloirs étaient à ce point désertés, il était passible de se faire sévèrement punir par les adultes si il se faisait prendre. Jamais il n’avait été saisi, jamais il n’avait manqué de malice, ou de discrétion… Jamais il ne s’était montré imprudent… Prudence… C’est la raison pour laquelle il avait choisi de ne pas braver le règlement de poudlard. Trop d’éléments inconnus à prendre en compte, trop de sortilèges…

Ce ne fut que lorsqu’elle lui parla de la remise de rogue qu’il se rappela vaguement avoir trifouillé la serrure… et aussi… Mais non… A ce moment la, ça ressemblait tellement à un rêve, comme si il était en dehors de son propre corps. Et aussi, il lui revint le moment ou Susan l’avait surpris, et ou il avait attaqué… D’autres choses lui revinrent à l’esprit… Non… Il ne se rappelait pas avoir clairement agit, tout était si lointain. Dans ce songe, il devait absolument accéder à cette réserve pour… Pour… Ah, pourquoi ?! Et pourquoi ce rêve n’en était il pas un ?! Aussi loin que remontait sa mémoire, il ne se rappelait pas avoir été somnambule, c’est pourtant la seule idée qu’il eut. De toute façon, somnambule ou pas, il allait avoir du mal à se justifier.

Siegfried : « La réserve de Rogue… La réserve de Rogue… Tout de suite les grands mots… Une des réserves contenant des composants utiles à la réalisation de potions plutôt… Je ne sais pas... Il parait que Rogue y entrepose des bieres-au-beure Anglaises de premières cuvées, de la vraie, de la pure made in taiwan. Enfin… Elle sont pas Anglaises si elles sont made in taïwan… »

Siegfried parlait toujours trop quand il était sous pression, ça lui donnait le temps de réfléchir à un moyen de se tirer des mauvais pas. Dans le cas présent, ses paroles avaient… L’effet d’un ventilateur sur un bloc de glace… Inutile… Pourquoi n’était il pas tombé sur Dawn, elle savait elle, qu’il étais bizarre, elle aurait écouté ses explications illogiques. Il décida de changer de stratégie. Les poufsoufles étaient connus pour leur gentillesse…

Siegfried : « L’humour c’est peut être un peu prématuré… Ecoute, je ne sais pas ce que je faisais la bas… Je te répondrais bien que j’ai voulu voler tout son polynectar pour faire avouer le contenu des sujets d’exam aux professeurs, mais je pense pas que l’explication te conviendrait… Et puis, ça ne serait pas la vérité… »

Pour la première fois de sa vie, il avait décidé de jouer la carte de la sincérité… toute relative bien sure…

Siegfried : « Euh… Baisse donc ta baguette… On n’est pas obligé de se menacer pour parler… Ca me rend nerveux moi… Tu pourrais tout simplement… Me ramener dans mon dortoir, on ne dirait rien à personne, et le jour où je me souviendrais du pourquoi j’ai voulu entrer la bas… Promis, je te le dirais… »

Siegfried n’avait pas du tout la moindre ombre d’espoir que Susan accepte une offre aussi ridicule, mais il n’avait rien trouvé d’autre à dire… Il ne pouvait pas déclarer, ‘je crois que j’ai fait du somnambulisme violent’… Pourtant…

Certes, Susan était une Poufsouffle, douce, humble, timide, compatissante, ouverte d'esprit et tout ce qu'on voulait bien mettre dans cette catégorie, mais elle n'en était pas une potiche pour autant. Et elle avait franchement du mal à se laisser convaincre par les explications sybillines de Siegfried. Pourtant, il avait l'air plutôt sincère. Trop peut-être ? Sans compter que ce serait bien la première fois que Susan entendrait parler d'un élève gambadant dans les couloirs sans savoir parfaitement pourquoi. Il y avait, certes, bien eu cette histoire de possession de la petite Weasley, deux ans auparavant, mais franchement, les chances pour qu'un tel phénomène se reproduise étaient bien maigres, non ? D'ailleurs, ce n'était que des rumeurs, personne ne savait vraiment ce qu'il lui était arrivé, à cette fille ! En tout cas, une chose était certaine, elle avait l'air bien plus malade que ne l'était Siegfrief en cette minute. Sauf qu'avec l'obscurité du couloir, Susan avait, somme toute, bien du mal à voir son rebelle dans les détails. Une remarque qu'elle éloigna cependant soigneusement de son esprit. Pour des raisons pratiques.

Elle écarquilla les yeux d'un air de chouette indécise, à la plaisanterie du jeune garçon, oscillant entre franche exaspération et amusement. Bon, au moins il n'avait pas l'air de vouloir reprendre le jeu (charmant au demeurant) de la course poursuite. Mais méfiance ! Ce n'était peut-être qu'une ruse destinée à endormir sa méfiance. Ce qui serait typique de Serpentard. Car comme tout un chacun le sait, Serpentard, rime avec roublard, pour ne pas dire autre chose.
Heureusement pour elle, elle n'eut pas à trancher car déjà Siegfried avait la présence d'esprit de poursuivre. Sans parvenir à rallier la jeune fille à son parti. Ne baissant pas sa baguette, elle enchaîna d'un ton détaché :

- C'est un peu simple, tu ne crois pas ? "Oh ! Là j'ai oublié, mais juré, quand je retrouve, je te fais signe, hein !". Je ne suis pas certaine d'être aussi conciliante que ça, en fait. Sans compter que tu as tout de même cherché à m'agresser, alors tu m'excuseras, mais j'ai du mal à être coulante.

Aucune trace d'animosité ou d'ironie se dissimulait dans sa voix. Susan était, pour ainsi dire, incapable d'ironie. Seulement elle préférait se montrer honnête et loyale envers la tâche que l'administration lui avait confié... Et pourtant, Merlin seul savait à quel point elle avait sommeil !
Peut-être ferait-elle mieux de le conduire chez Chourave, en fait ? Ce serait certainement le plus simple...

Patatra ! Elle avait utilisé le mot agresser. Ca aussi ça faisait parti du rêve qu’il avait vécu. Si elle l’avait mieux connu, elle aurait trouvé étrange que Siegfried cherche à lui jeter un sortilège. Apres tout, le jeune garçon était volontier impulsif, bagarreur, mais pas méchant pour deux sous. Bon, il était vrai qu’une fois, par orgueil, et par colère, il avait déballé sa frustration sur sa camarade Wendy Scott, elle aussi poufsoufle. Mais il avait à l’époque agit sur un coup de tête, suite à une attaque mal jaugée de la part de la jeune fille durant un duel organisé. Depuis cet incident, de nombreuses semaines avaient passé, et Siegfried avait fini par estimer qu’il avait sa part de tord dans ce qui lui était arrivé ce jour la. Il n’avait jamais cherché cependant à faire des excuses à Wendy Scott. Il ne fallait pas encore trop lui en demander, pas encore…
Il y avait néanmoins une différence entre réagir sous l’influence d’une impulsion, et chercher à se défaire violement d’une prefette malchanceuse. Dans le premier cas, on était excusable, dans le second, l’acte était inacceptable aux yeux de n’importe qui de censé… Siegfried était un serpentard, mais il était incroyablement censé…

Siegfried : « Oh, agressée… Agressée...… Encore des grands mots… Moi j’estime qu’a partir du moment où il y a de la casse, oui, à ce moment la, le terme ‘agressée’ n'est pas excessif, mais visiblement, tu as l’air en pleine forme… »

Comme pour ponctuer la stupidité de ses propos, leurs deux visages furent déformés par un bâillement long, et intense comme un jour sans pain. Ils étaient fatigués, la journée qui suivrait serait certainement très dure à passer. Dans l’immédiat, il fallait désamorcer la rancœur de Susan. Personne n’aimait se faire attaquer, mais Siegfried se jugeait innocent… Ou du moins, irresponsable…

Siegfried : « Si tu me disais d’abord ce que je t’ai fait ? Je veux dire… Quelle formule ai-je prononcé déjà ? »

Elle ne répondit pas, elle concevait probablement ses propos comme un tissus de mensonge et de malice. Siegfried payait la son appartenance à serpentard.

Siegfried : « Je t’assure que je ne m’en rappel pas, au risque de passer pour un idiot, je crois que je suis… Soudainement frappé d’amnésie. »

Il était surtout devenu un danger public oui ! Siegfried était déjà un amnésique, il avait oublié tout ce qu’il avait vécu avant ses 8 ans. Mais depuis, il n’avait jamais eu de moment d’absence comme celui la. Dans le rêve qu’il avait cru faire, il se voyait bien jeter un sortilège sur Susan, mais il ne se rappelait pas prononcer une formule.
A cet instant précis, on n’aurait pas su dire qui de Siegfried ou de Susan était le plus effrayé…

Effectivement, Susan ne connaissait pas Siegfried, si ce n'était sur le trombinoscope des élèvres fournis aux préfets en début d'année. D'abord parce que c'était un Serpentard, ensuite parce que c'était un première année. Non que Susan eut quelque chose contre les ~~Serpentard~~ premières années, mais il fallait bien admettre que ne pas fréquenter les mêmes classes n'aidait pas à bien se connaître. En tout cas, une chose était sûre, le premier contact ne jouait pas en la faveur de Siegfried, loin s'en faut.
La rouquine écarquilla les yeux d'un air outré passablement comique. Pas agressé ? Pas agressé ? On voyait bien que ce n'était pas lui qui s'était retrouvé à plat ventre sur le carrelage ! Il voulait voir l'état de ses rotules, peut-être ? La Poufsouffle lança un coup d'oeil sarcastique au Serpentard avant de rétorquer d'un ton vif :

- Oh tiens, c'est bizarre, il y a cinq minutes tu avais tout oublié et maintenant, tu soutiens mordicus que tu ne m'as pas agressée ? Reconnaîs que c'est un peu paradoxal.

Elle prit le temps de croiser les bras sur la poitrine avant de débite, comme si elle récitait un réglement appris par coeur :

- Il y a agression à partir du moment où un individu lance délibérément un sort nuisible sur un autre individu qui ne lui voulait pas de mal. Quant à ton sort... Je voudrais bien le connaître, justement ! Je doute que tu l'ais appris en cours... Tu es peut-être passé par la réserve de la bibliothèque, en plus ?

Rusard devait avoir une mauvaise influence sur la jeune fille, pour qu'elle en arive à accuser (ou du moins soupçonner), les autres de crimes qu'ils n'avaient pas commis (quand ce n'était pas des faux crimes).

Pour sa part, Susan n'était pas (ou plus) effrayée. Elle était surtout perplexe et en colère. Perplexe parce qu'un élève qui s'acharne à mentir avec un air aussi innocent, c'est tout de même déroutant, en colère parce que mentir à un préfet, c'est quand même très mal !
Finalement, elle reprit d'un ton prudent :

- Bon, voilà ce que nous allons faire, je vais te raccompagner jusqu'à ta salle commune et demain, je ferais un rapport à Rusard, à Chourave et à Rogue, d'accord ? Quant à ta baguette...

Elle parut hésiter un instant. Le plus sage aurait été de la donner à un professeur qui la rendrait au petit chenapan qu'était Siegfried le lendemain, mais Rogue trouverait sûrement le moyen de retirer des points à Susan si elle utilisait ce genre de procédé.

- Je suppose que je peux te la rendre quand nous serons à ta salle commune, conclut-elle avec une résignation quasi-tragique.

Ca n’était pas mal… Pas mal du tout… Tout à fait acceptable même… Mais le jeune serpentard se sentait innocent. Evidement, Susan ne pouvait pas voir la situation de cet œil la. Il aurait fallu se mettre dans la tête de Siegfried pour comprendre ce qui s’était passé. Quoi que… Même Siegfried ne pouvait qu’apporter des suppositions sur ce qui l’avait pousser à agir de la sorte tout à l’heure, sur ce qui l’avait plongé dans cet état de… Somnolence violente… Préférant se résigner à cette issue pour le moins, favorable, Siegfried tenta tout de même une dernière fois de gagner la sympathie contre nature de Susan. Il n’était pas forcement très attaché à l’école, mais poudlard représentait le seul lien qu’il avait pu trouver en liaison avec son passer. Quitter poudlard, c’était rester un orphelin amnésique toute sa vie.

Siegfried : « Ah ben mince, j’avais une autre idée moi ! Je pensais justement qu’on pouvait se passer de faire un rapport aux adultes ! Bon, ok, mes idées lumineuses, je me les garde. Euh… Susan… Si tu fais un rapport, ça va forcement remonter jusqu'à mon tuteur, et si ça remonte jusqu'à lui, je suis pas certain de pouvoir revenir ici l’an prochain. »

Il ne savait pas si sa crainte était justifiée, mais Mc Doyl avait été on ne peut plus clair, de bons résultats, et ne pas faire de vagues… Les résultats avaient suivi, mais pour ce qui était des vagues… Susan fit une moue agacée, visiblement, il n’y aurait pas moyen de couper court à ce rapport. Autant ne pas aggraver son cas pensa t il. Comme il prenait la direction du dortoir, il réalisa que sa manche était devenue humide. La brûlure, elle avait saigné à rendre le tissu tout rouge. Il leva le bras gauche vers la prefette.

Siegfried : « Laisse moi d’abord passer aux sales d’eau. Je ne peux pas retourner au dortoir comme ça. Aller, tu crains rien, je veux juste laver ma peau, la chemise est foutu elle de toute façon. J’ai l’habitude… »

La brûlure saignait déjà moins, mais la douleur se faisait encore sentir. La douleur venait et repartait, toujours… Depuis des années… On aurait pu pense que dans une telle situation, quelqu’un de normal aurait demandé à voir l’infirmière au lieu de se rendre aux toilettes. Mais Siegfried ne supportait ni les médecins, ni les infirmières, ces adultes qui pénétraient votre intimité… Brrr… Non, il préférait régler ses problèmes tout seul.

Siegfried : « Au fait… Pour le…. Le truc, le sortilège que je t’ai lancé, euh… Je me rappel vraiment pas… »

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