Une ombre (PV Susan Bones)

(Un post un peu spécial, convenu, et entendu aimablement avec Susan Bone. Sujet susceptible d’être modifié voir annulé si des excès sont commis. Le but doit rester de faire une histoire intéressante, et amusante dans l’esprit HP : Siegfried Léthé)

Une ombre, un souffle, un courant d’air silencieux, voila la chose qui se déplace dans les couloirs de poudlard à une heure avancée de la nuit. Les préfets veillent et pourtant, l’ombre se faufile sans peine. Je jouant de leur attention, détournant les sortilèges de surveillance… L’ombre reste invisible aux yeux de tous. Au détour d’un couloir, l’ombre se colle contre un pilier pour rester hors de vue. Un rayon de lune passe par un vitrail et éclaire un instant un morceau du visage encapuchonné de l’ombre. Un morceau de visage de Siegfried. C’est le visage de Siegfried, la taille de Siegfried, le corps de Siegfried, mais ça n’est pas Siegfried. Le jeune 1ere année n’aurait pas pu se faufiler jusque la sans se faire repérer malgré toute son adresse. Les sortilèges, et l’attention des préfets sont plus affûtés que ses ruses et ses malices. Le rayon de lune s’estompe, masqué par le passage d’un nuage, et l’ombre poursuit son chemin.
L’ombre avance toujours sans bruit, faisant parfois presque corps avec les pierres du château. Les pas qui l’emmènent sont rapides et assurés. Ce sont les pas d’une personne sachant parfaitement où elle veut aller. Le corps de Siegfried continue sa progression nocturne sans heurt. Quiconque l’aurait croisé l’aurait tout de suite reconnu malgré la cape noire qui le couvre. Un physique si mince, une peau pale, et un bras gauche qui saigne… Oui, il n’y aurait aucun doute pour personne… On reconnaissait bien Siegfried à ces signes distinctifs. Cependant… Si on observait ses yeux… On se rendrait compte… Quelque chose n’est pas normale… Le fait même qu’il soit dans les couloirs à cette heure ci n’est pas normal. Le fait qu’il soit arrivé jusqu’au laboratoire de rogue n’est pas normal.

Il s’arête devant la porte, et l’examine rapidement. Le laboratoire de rogue… Rogue l’orgueilleux, Rogue le ténébreux, le sombre professeur de poudlard… La porte est bien verrouillée, et renforcée. Les mains de Siegfried s’attache alors à faire s’ouvrir cette porte. Les protections magiques et mécaniques sont nombreuses, mais ses mains savent quoi faire, à condition qu’on leur donne un peu d’attention. Une attention qui n’est plus portée sur les préfets et leur surveillance.

C’est ce qui ferra échouer l’opération de ce soir.

Ah ! Quoi de plus beau qu'un préfet en plein travail ? Que sa mine concentrée, sa baguette prête à l'action, son pas assuré, tel le digne représentant de l'autorité qui lui a été confiée par les responsables de l'institution qu'il sert, conscient de l'importance de sa tâche ?
Et en cette heure tardive, Susan Bones, étrange préfète mais préfète tout de même (du moins, jusqu'à ce que Dumbledore, réalisant la grossière erreur - sans doute la faute à un excès de bonbons au citron - qu'est la nomination de Susan lui retire son badge et ses droits pour les donner à Hannah, par exemple), effectuait son devoir. Rôdant dans les couloirs selon un plan complexe établi par le cerveau non moins complexe de Rusard (deux heures de réunion dans son bureau, avec des schémas tordus et des cris de guerre éraillés du genre "Sus aux chenapans", qui osera encore dire qu'être préfet est une gratification ?), la jeune fille pestait intérieurement contre le concierge. Comme si les élèves étaient du genre à sortir la nuit ! Depuis qu'elle occupait cette (noble) fonction, Susan n'avait jamais eu à interpeller un élève échappé du dortoir. Même pas un somnambule. Les rondes de nuit, elle commençait à les trouver bougrement inutiles. Ou alors c'était elle qui attirait les promenades nocturnes ennuyeuses : les autres préfets avaient parfois affaire à des Gryffondor rebelles. A croire que les Gryffondors la craignaient. Ce qui n'était pas très logique. C'était pendant ses rondes à elle, que tout le monde devrait en profiter pour sortir !

La rouquine se frotta les yeux d'un geste las. Elle commençait sérieusement à être fatiguée et la pensée de son lit douillet, qui l'attendait quelque part dans le château, était plus que tentante. Mais elle avait encore un bon quart d'heure à tirer avant de pouvoir rejoindre le dortoir et, en préfète consciencieuse qu'elle était, elle ne songeait même pas à s'éclipser avant l'heure (ce n'était pas en un quart d'heure que les élèves allaient se mettre à envahir les couloirs, n'est ce pas ?).
Alors qu'elle bifurquait sur sa droite, suivant, sans même y penser, le plan mis en place par Rusard (l'avantage des réunions chez le concierge, était qu'au moins, on en sortait avec une connaissance précise du plan du château !), Susan repéra soudain un mouvement, juste devant elle.
Surprise, elle sortit de sa rêverie ensommeillée et cligna des yeux plusieurs fois de suite, à la manière de l'automobiliste myope au volant de sa voiture, une nuit sans lune, sous une pluie battante, alors les essuis-glaces ne fonctionnent pas et que les phrares viennent de le lâcher. Qui, que, quoi, comment ? Un élève hors de son dortoir ? C'était presque trop beau. Non ! Il s'agissait probablement d'un professeur qui avait oublié quelque chose dans une salle. D'ailleurs, n'était-elle pas dans les quartiers de Rogue ?

Mais la silhouette qu'elle distinguait vaguement était trop petite (et définitivement pas assez noire) pour être le maître des potions et bien trop grande pour être Flitwick. De plus en plus étonnée, (qui osait se rire du réglement ?) et le coeur battant (son premier rebelle, quelle excitation !); Susan s'approcha en silence de l'intrus jusqu'à être suffisamment proche de lui pour le voir nettement. Ce n'est qu'alors qu'elle s'exclama d'un ton autoritaire :

- Hé ! Je peux savoir ce que tu fais là ?

L’ombre se figea… La voie d’une jeune fille s’était fait entendre, une voix mêlée d’excitation, et d’amusement, la voix de quelqu’un qui sursaute de joie devant les cadeaux de noël au pied du sapin. Une voix inoffensive… Poudlard est ainsi faite, les élèves les plus anciens veillent sur les plus jeunes. On les appelle alors les préfets. Ce ne sont pas des policiers, ce ne sont pas des traqueurs surentraînés, ce sont juste des enfants responsables. Comme ils doivent juste veiller sur des enfants plus jeunes qu’eux, ils sont suffisants, mais ce soir, la situation était différente. Susan Bones allait très vite le découvrir.

Tout d’abord immobile, l’ombre esquissa un geste souple du bras droit, et un déclic se fit entendre, la porte était ouverte… Dommage… Cette victoire ne serait jamais exploitable… Une victoire pour qui ? Pour quoi ? La réponse ne sera pas pour ce soir. Cette soirée ne sera qu’une soirée de questions et d’incohérences. En général, les élèves qui se faisaient surprendre dans les couloirs à cette heure de la nuit sursautaient de frayeur, et se confondaient en excuses et explications stupides. Mais pas lui… Il resta de marbre, toujours caché par son capuchon noir, mais sa taille trahissait son age. Un jeune élève, ou alors, un elfe de maison, mais vraiment vraiment grand >.<.

En général, les élèves qui se faisaient surprendre a cette heure de la nuit imploraient les préfets de fermer les yeux sur leurs agissements, mais pas lui… Il se retourna vers elle, calmement, tout en gardant immuablement son visage caché.

En général, les élèves qui se faisaient prendre à cette heure de la nuit se faisaient très dociles, et suivaient les ordres des préfets qui les avaient appréhendé. Mais pas lui… L’utilisation d’un sortilège à l’ encontre d’un préfet était passible de fortes sanctions, voir même l’expulsion. Pourtant, il leva sa baguette vers Susan dans un geste vif, et un éclair de lumière fila droit vers elle. Mais la prefette, loin d’être accablée par la fatigue, se jeta sur le coté, esquivant ainsi le sortilège de… De… Quel sortilège avait il lancé ? Une explosion se fit entendre derrière elle, et elle aperçu une gargouille de pierre qui explosait. Profitant de l’effet de surprise, le jeune sorcier prit al fuite.

Susan se releva rapidement... Cet élève, au vu de sa taille, ne devait pas être plus âgé que 12 ou 13 ans, un troisième année au mieux, et pourtant, il avait lancé un sortilège sans en prononcer la formule…

(HJ : Je place ici le fait incohérent dont j’avais parlé. Je vais faire cavalé un peu ta Susan avant de me faire chopper^^)

Siegfried devait être, en effet, bien loin de la réalité de ce monde, pour penser que la voix de Susan pouvait être excitée et amusée. Ou alors, c'est que la jeune fille avait encore beaucoup à apprendre avant d'obtenir un ton autoritaire digne de ce nom.
De toute façon, la question n'était pas si important que cela puisque, autorité ou non, le jeune Serpentard n'avait, de toute évidence, pas l'intention de se laisser conduire au bureau de Rusard sans opposer de résistance (qu'il était bête ! N'importe qui d'autre aurait pu se douter que Susan préférait mille fois raccompagner elle-même le hors-la-loi jusqu'à son dortoir en lui ôtant quelques points, pour la forme, plutôt que de passer une heure dans le bureau du concierge, à l'écouter déblatérer sur la jeunesse de nos jours, a fortiori alors que l'heure de la fin de sa ronde était toute proche !).

Et quelle opposition ! Pas un simple départ en sprint dans les couloirs, non, un sort je vous prie. Et inconnu au bataillon, en plus ! Si encore ç'avait été un vulgaire "petrificus totalus" ou un simple "lapsus". Mais Monsieur le Serpentard réfractaire au réglement aimait les surprises. Quand le jeune garçon s'était tourné vers elle, la rouquine avait ouvert la bouche, sourcils froncés, visiblement dans le but de le tancer vertement, comme on lui avait appris à le faire (après plusieurs mois de fastidieux exercices devant sa glace, elle parvenait enfin à réprimander les élèves sans devenir rouge de confusion et sans bredouiller de manière inintelligible). Mais elle n'avait pas eu le temps de parler. Le sort avait fusé et elle n'avait pu que se jeter sur le côté, dans un réflexe qui relevait très probablement plus de l'instinct de survie que du mouvement sublime et réfléchi de l'agent secret en pleine mission. Il était trop tard pour réfléchir.

A terre, embrassant furieusement le sol, étalé de tout son long, Susan cligna des yeux et redressa la tête, juste à temps pour voir l'élève prendre la fuir. En grimaçant, elle se releva aussi vite qu'elle le pouvait, tâchant de ne pas trop prêter attention à ses genoux douloureux. Et à son tour, elle prit le pas de course, pestant intérieurement contre sa cape qui la ralentissait dans sa progression.
Elle n'était, au final, guère plus grande que le fuyard, quelques centimètres tout au plus. Ce qui était plutôt handicapant, dans ce genre de situation : ils couraient au même rythme, ou peu s'en faut, et Susan sentait déjà un point de côté lui percer le flanc droit.

- Hé ! Arrête-toi ! Haleta-t-elle, en pure perte.

Prenant un virage sur une jambe, elle clopina maladroitement à travers un couloir désert (bien entendu !) sans prêter attention aux tableaux qui grognaient, mécontents d'être réveillés à cette heure indue.
Finalement, en désespoir de cause, Susan, sans cesser de courir, tâtonna la poche de sa cape et en tira sa baguette. L'autre gus ne lui laissait pas vraiment le choix.
Hélas ! Viser tout en galopant n'était pas chose aisée, surtout quand la cible et elle-même mouvante. Un peu à l'aveugle, elle brandit sa baguette et s'exclama :

- Locomotor Mortis !

Enfer et damnation ! avait certainement pensé Susan, en voyant son jet de lumière se perte dans l'obscurité du couloir sans toucher sa cible. En étouffant un grognement dépité, la rouquine n'avait pu s'empêcher de songer à toutes les délicieuses tortures qu'on pouvait infliger à quelqu'un qui vous obligeait à galoper dans les couloirs, en pleine nuit, après une rude journée de cours. A condition, bien entendu, de rattraper ce quelqu'un. Elle se sentait tellement outrée que pour une fois, même son côté made in Poufsouffle ne protesta pas lorsque l'image du supplice de la goutte traversa son esprit. Elle voulait bien être Blaireau, mais il y avait tout de même des limites à la magnanimité.

Trop occupée par ses pensées de vengeance qui, merci Merlin pour sa pureté d'âme, demeureraient à jamais à l'état d'idées, la Poufsouffle ne réalisa pas immédiatement que le jeune garçon qu'elle poursuivait s'était arrêté et semblait même bien décidé à l'attaquer à nouveau. Susan étouffa un juron que nous ne reproduirons pas ici par respect pour les yeux du lecteur, et freina des quatre fers. L'ennui, quand on essaie de passer de la course folle à l'arrêt sans transition, c'est qu'on obtient souvent des résultats assez mitigés. Susan en fit les frais. Dans un dérapage pas vraiment contrôlé, elle battit des bras tel un pingouin qui glisse sur la banquise et s'aperçoit que "Oups, mince, je vais tomber" avant de s'affaler lourdement - pour la seconde fois de la soirée - à terre. Aïe !

Sa dignité en aurait probablement bien plus souffert que son derrière si l'outrecuidant n'avait pas eu la fabuleuse idée (empathie tardive ?) de s'affaler à son tour, en laissant tomber sa baguette. Susan n'en croyait pas sa chance. Elle rampa, sans prendre la peine de se relever jusqu'à la baguette abandonnée et se jeta dessus. Mieux valait-il désarmer l'adversaire avant que ce soit lui qui ne vous désarme, n'est ce pas ?
La baguette de Siegfried en main, la jeune fille lui attrapa fermement le bras avant de laisser tomber, d'une voix un peu à court de souffle mais très autoritaire :

- Maintenant tu te mets debout et tu me suis !

Ah ben voilà ! C'était bien sa veine, ça ! Non seulement elle tombait sur un rebelle mais en plus il fallait que ce soit un rebelle malade. Il avait un petit côté autiste, ce garçon. Bizarre que personne ne l'ait mise en garde contre lui. Ou alors il se moquait tout simplement d'elle poue essayer d'échapper à une punition bien méritée ?
Suspicieuse, Susan se rapprocha de lui, baguette tendue, prête à faire feu. Il lui sembla, un court instant, que Siegfried marmonnait quelque chose mais, lorsqu'elle se pencha vers lui, elle songea qu'elle avait été abusée par ses sens car le jeune garçon était parfaitement silencieux.
Il n'avait vraiment pas l'air en forme. Finalement, son attitude n'était peut-être pas le fruit d'un esprit machiavélique prêt à tout pour échapper à l'ire de Rusard.
Délicatement, Susan ébaucha un mouvement pour lui toucher l'épaule. Mais elle n'en eu pas le temps. Quand le visage de Siegfried se leva vers elle, Susan écarquilla les yeux d'un air mélangeant appréhension, compassion et candeur. Elle se raidit et serra la main sur sa baguette mais ne recula pas.

Le son de la voix du garçon parut lui rendre l'usage de sa propre parole. Elle le scruta un court instant d'un oeil rêveur. Il était étonnant d'entendre un élève pris en flagrant délit de euh... Hé bien d'escapade nocturne, réclamer sa baguette. Et encore plus de l'entendre prétendre ne pas savoir ce qu'il faisait là. Susan voulait bien croire aux amnésies subites, mais elle ne pouvait tout de même pas concevoir que sa chute ait été suffisamment violente pour lui effacer une partie de la mémoire ! D'ailleurs, sa tête n'avait même pas heurter le sol !
Bien décidée à ne pas se laisser impressionner par le serpentard, elle rangea la baguette de Siegfried dans sa poche intérieure avant de pincer les lèvres :

- Compte là-dessus... Une fois que tu seras dans le bureau de Rogue.

En plus il avait fallu qu'elle se tape un Serpentard ! Pourquoi pas un gentil Serdaigle ou un fripon de Gryffondor ? Il était toujours possible de croire en la justice de MacGonagall et de Flitwick... En celle de Rogue, jamais !

Susan lança un coup d'oeil mi-agacé et mi-impresionné au jeune garçon. Il jouait rudement bien les hébétés, mais il devait vraiment la prendre pour une sotte s'il croyait sincérement qu'elle allait tomber dans le panneau de l'amnésie. Certes, le couloir n'était pas des plus éclairé mais elle avait tout de même bien vu qu'il n'était pas tombé sur la tête. D'ailleurs, même si tel avait été le cas, Susan avait tendance à penser qu'il fallait un peu plus qu'une simple chute d'un petit mètre et des brouettes pour secouer la cervelle à ce point.
La rouquine croisa les bras sur la poitrine et toisa un instant le Serpentard dans une attitude de préfète "à qui on ne la fait pas" légèrement décalée par rapport au caractère angélique et candide de Susan. Encore heureux que Siegfried ne soit pas bien grand ! Parce que sinon, elle aurait eu l'air bien ridicule, à regarder de haut un élève plus grand qu'elle. Déjà qu'elle n'avait pas l'habitude de toiser les gens, alors des grands en plus...

- Tu crois vraiment que je t'aurais galopé après pour une simple histoire de devoir en retard ? Le professeur Rogue doit être largement capable de se dépatouiller tout seul avec ce type de problèmes, rétroqua-t-elle, pince sans rire.

La réponse ne devait certainement pas être de nature à éclairer le pauvre Serpentard. Mais Susan ne se sentait pas d'humeur à jouer les gourdes. Un rôle qu'on lui faisait déjà bien trop souvent tenir à son goût. Et puis, Siegfrid jouait la comédie, n'est ce pas ? Comment pourrait-il en être autrement ? A moins qu'il ne soit possédé par quelque force obscure et terrifiante... Une solution qui restait cependant trop rocambolesque pour que Susan y adhère.
Elle eut un geste légèrement impatient de la main quand il s'enquit de l'heure. Pathétique, vraiment ! D'un ton sec qui ressemblait bien plus à la voix de MacGonagall qu'à la sienne, plutôt fluette et flûtée, elle dit :

- L'heure à laquelle toute personne qui n'est pas préfète doit être dans sa salle commune depuis longtemps. Je peux savoir ce que tu faisais devant la réserve de Rogue ?

Qu'on se le dise, qu'on se le répète, c'était elle qui posait les questions, non mais !