Un frère et sa soeur |PV|

Âge : 35 ans [16/05/80]

Qu'est-ce qu'Agapanthe venait donc faire là ? Et puis qui était donc cette Agapanthe en fin de compte ? Surement Roze, la nouvelle conquête de notre cher Edouard... Anabelle non plus ne la portait pas dans son coeur apparement. Très bien, voilà qui faisait pencher la balance du bon côté pour Quentin. Plus qu'un membre à ralier à leur cause et on aurait une égalité parfaite dans la famille. Edward étant bien entendu du côté de sa petite amie et quand à Izzie, en temps que parfaite Serdaigle qu'elle était, ne pouvait que louer ce couple. Quentin ignorait en revanche si Chris et Vicky était de son avis et il s'empresserait d'ailleurs de le leur demander.

Maudite Syanura qui venait s'incruster dans la ville Montgomerienne, mais de quel droit ? Comment pouvait elle briser une famille aussi aisement ? C'était sûrement une Gryffondor refoulée sans aucun doute... Quentin ne s'en préoccupa néamoins pas. Il avait d'autres chats à fouetter, et dans ce cas là, à acheter. Quentin regarda sa soeur quand celle ci fit la remarque sur le chat rouquin et le posa ensuite, visiblement deçu qu'il ne lui plaise pas. Une tentative de plus qui tombait à l'eau. Décidemment, Ana devait avoir décidé de ruiner tout les plans de son ainé aujourd'hui...

Peut être pas en fin de compte... Ana s'approcha ensuite de la cage remplie de chats et en sortit un. Tient donc! Etait elle interessée par un éventuel chaton ? Il semblerrait bien... Mais ne surtout pas crier victoire Quentin! Sa jeune soeur avait pris la facheuse manie de le rembarer quand il allait parvenir à ses fins. Au moins là son oiseau de malheur ne lui soufflait rien. Peut être bien qu'il avait fini par partir en fin de compte, qui sait... Se rendant compte qu'il n'avait aucune chance sur le lien fraternel qui unissait ces deux êtres. Et il avait raison. Rien ne sert de pioupiouter Gorgeous, Quentin gagne et toi tu perds.

Anabelle fit remarquer à Quentin que le chaton boitait. Super, le seul qui lui plaisait était obsolète. On été bon pour les pigeons maintenant... Comment ça ? Elle a bien dit Pauvre petite bête ? Non! ( Si si elle l'a dit!) Merlin dites moi que c'était un rêve! Anabelle éprouvait de la compassion pour ce petit chaton, c'était un pas extraordinaire pour le Serpentard, lui qui s'essuyait des refus depuis une demi-heure. Maintenant, Quentin sentait que Anabelle et lui pouvait partager un animal de compagnie, tout n'était qu'une question de mots et d'influence. Il fallait que le jeune homme s'y prenne avec parcimonie (parciqui ?) et tout ses mots auraient une influence, une influence qu'il espérait positive sur la fillette.

« En effet tu as raison. On ne peut décemment pas le laisser avec des animaux qui ne l'aime pas, ça serait trop cruel... Tu penses qu'on devrait le prendre avec nous ? » C'était une question assez risquée, Quentin en avait conscience et c'est pour cela qu'il avait essayé de toucher la conscience de sa soeur avec ses précédents mots. Tout en regardant l'animal, Quentin se rendit compte qu'il était réellement attachant. Lui non plus ne voulait pas s'en séparer. Le chaton exerçait une véritable attraction sur Quentin et celui ne se sentait pas capable de le laisser là. Il espérait de tout coeur que sa soeur ressentait la même chose...

La petite Ana avait repris le chaton et entreprenait à présent de lui chatouiller le ventre d'un index rêveur. Gorgeous, lui, frôlait la crise d'apoplexie. Si les moineaux avait pu pleurer ou s'arracher les plumes (voire les deux), le malheureux Gorgeous serait déjà aussi humide que la forêt équatoriale et aussi chause que la forêt amazonienne après le passage des tronçonneuses.
Mais, hélas, hélas pour le pauvre Gorgeous, le chaton, tout boiteux fusse-t-il comportait l'avantage non négligeable d'être réellement caressable. Car après tout, un moineau imaginaire n'était pas bien doux. Même pour Anabelle.

Et le petit félin de faire patte douce pour tapoter l'index de la fillette, lui arrachant un sourire angélique. En cette minute précise, il n'y avait pas de petite fille plus heureuse qu'Anabelle dans le monde. Même la fourbe Agave avait été oubliée.
Aussi n'y eut-il rien de très étonnant à ce que la petite Poufsouffle lève des yeux brillants de joie enfantine sur Quentin. Etait-il vraiment d'accord pour adopter le chaton boiteux ? Pourtant, la faiblesse ne faisait pas vraiment partie de ses habitudes. Etonnant.

Elle était toutefois bien trop intelligente pour ne pas pousser cet instant d'attendrissement - car dans sa naïveté, la brave enfant croyait dur comme fer que son frère avait compris les souffrances endurées par le chaton handicapé - à son avantage.
Elle cala le chaton contre sa poitrine et répondit d'une voix flûtée :

- C'est où, pour payer ?

Elle fronça le nez d'un air vaguement dégoûté. Elle détestait l'idée de devoir payer un animal. Est-ce que les humains aimeraient qu'on les vende, eux ? Mais le plus important était de sauver le petit chat. Et payer était certainement le meilleur d'y arriver.

Âge : 35 ans [16/05/80]

Ça, c’était dans la poche. Après maints efforts et refus à son compte, Quentin était enfin parvenu à ses fins. Il aurait volontiers sourit ou même crié victoire mais ça aurait pu, éventuellement, paraître suspect auprès de sa sœur. Il se contenta de se lever de sa place et de prendre le petit chaton des mains d’Anabelle. Pendant que Gorgeous était transporté d’urgence à Ste Mangouste, Quentin était en pleine forme et plus heureux qu’il n’y laissait paraître. Quentin 1 – Gorgeous 0. "L’étape 1" du plan de Quentin était à présent réalisée et la seconde sera beaucoup plus reposante et longue. En gros, le plus dur était fait.

En lisant ces quelques lignes, le lecteur moyen se dit que le Serpentard est un être ignoble et dépourvu d’âme et dans son fort intérieur, le lecteur moyen sait qu’il a raison. Mais le lecteur moyen est un idiot et ne sait pas tout. Car un Serpentard est bel et bien un être intelligent et rusé mais il aussi doté d’une incroyable sensibilité, enfin envers sa famille uniquement. Quentin était donc doté d’une incroyable sensibilité envers sa sœur Anabelle et tout ce petit stratagème n’était en fait qu’un moyen de laisser s’épanouir enfin sa petite sœur.

Quand on connaissait Anabelle Montgomery, on se rendait bien compte qu’elle n’était pas comme toutes les filles de son âge. Et c’était le cas. En effet, hormis le fait qu’Ana était une Montgomery, trait de caractère en soit très glorieux, Ana avait un ami imaginaire qui l’enfermait encore plus dans son petit monde. Ses frères et sœurs ne supportaient pas de la voir ainsi isolée et Quentin faisait parti d’eux. Il se décida donc à intervenir pour mettre fin à cette comédie et enfin percer la bulle dans laquelle sa jeune sœur vivait. Il voulait qu’elle ait des amis qui lui seraient fidèles, comme Raphaël avec lui et qu’elle puisse enfin vivre sa vie comme elle l’entend, pas une vie guidée par un volatile.

Quentin s’était donc dit que le meilleur moyen de "sauver" sa sœur, était dans un premier temps, de l’éloigner de son ami imaginaire justement. Pour cela, rien de mieux qu’un adorable petit animal – réel lui – qui saurait lui apporter l’attention réelle donc elle avait besoin. Elle serait ainsi peut être un peu plus ouverte aux autres… du moins c’était ce qu’espérait Quentin.

Mais la faille dans le plan de Quentin, c’était qu’il avait négligé le côté affectif entre l’animal et lui. Connaissant sa passion pour les animaux, il serait très certainement très enthousiaste au fait d’avoir un petit chaton et il redoutait de se l’accaparer exclusivement. Bien entendu ça aurait quelque peu contrarié le plan initial, qui consistait à acheter un animal à lui ET à Anabelle donc il espérait que le chaton ne lui ferait pas trop les yeux doux. Affaire à suivre…

Le jeune Montgomery se dirigeât donc vers la caisse suivi de près par Ana, et paya l’animal. Il l’échangea contre quelques gallions, technique qu’Anabelle semblait désapprouver au plus haut point. Dans un sens, c’était normal pour une petite fille d’être contre le fait de compenser l’acquisition d’un animal par une somme d’argent. Quentin ne s’en focalisa bien évidemment pas et paya l’animal. La vendeuse le plaça dans une cage, pour le transport sans doute et la donna à Quentin qui la remercia et sortit de la boutique avec Anabelle.

- Tu es contente Ana ?

Il avait demandé ça en connaissant par avance la réponse. Ana rayonnait. Et c’était une chose qu’il n’avait pas vu depuis longtemps. Pour la première fois de ses vacances d’été, Quentin était content. Il était content de passer du temps avec sa sœur et la perspective de partager quelque chose avec elle le réjouissait encore plus. Quentin la regarda donc et remarquait qu’elle regardait à présent la cage avec envie. Quentin ne voulait pas prendre le risque de libérer le chaton tant qu’ils étaient encore sur le chemin de traverse. Avec le monde qu’il y avait, les deux Montgomery auraient eu de la chance s’ils n’avaient pas perdu le chaton. Quentin regarda donc sa jeune sœur sur le devant de la boutique et attendit qu’elle lui réponde…

Ana avait lorgné d'un oeil torve la vendeuse mettre le chaton boiteux dans la petite cage. Une moue boudeuse traversa fugacement son petit visage. Une cage ? Pour quoi faire ? Quentin ou elle auraient bien été capable de tenir le félin dans leurs bras. Ce n'était pas exactement comme s'ils étaient confrontés à un ornithorynque obèse ou à un guépard premier prix de course : l'animal était minuscule et plutôt handicapé.
Toutefois, elle ne pipa mot et se contenta de fixer, d'un air profondément malheureux, la cage dans laquelle le chat cherchait à présent (visiblement en vain) une position un peu confortable. Pauvre petite bête ! Déjà qu'"on" la séparait du reste de sa famille mais en plus "on" trouvait malin de le coller dans un minuscule habitacle. "On" était cruel.

Sautillant derrière son frère, elle quitta à son tour le magasin et s'arrêta un instant sur le seuil, éblouie par le soleil.
Soudain, Gorgeous lui revint à l'esprit. Ecarquillant les yeux d'un air mortifié, Anabelle se mordit machinalement la lèvre inférieur. Mince, Gorgeous ! Où était-il passé ?

Elle savait le moineau plutôt susceptible et porté sur la bouderie, nul doute qu'il devait être là, tout près, à les épier d'un air douloureux.
Passablement affolée à l'idée d'avoir perdu son volatile, Ana fronça les sourcils et plissa les yeux, à sa recherche. Une mission à laquelle elle ne pouvait légitimement pas mêler Quentin. Si, plus jeune, elle avait cherché à convaincre ses aînés de la réalité de Gorgeous, elle avait désormais plutôt tendance à éviter de l'évoquer trop souvent devant eux, sachant d'avance à quel point le moineau les irritait. Pauvres aînés, incapables de voir ce qui était réel ! Of course it's all happening inside your head (...), but why on earth should that mean it's not real ?

La gorge soudain serrée, Ana cligna plusieurs fois des yeux dans un effort surhumain pour retenir ses larmes. Que se passerait-il pour Gorgeous s'il décidait de ne jamais revenir ? Il serait perdu, sans elle ! Et elle sans lui ! Sa lèvre inférieure se mit à trembloter dangereusement tandis qu'elle s'emparait mécaniquement de la main de Quentin, sans écouter sa question.
Finalement, n'y tenant plus, elle leva vers son frère deux grands yeux candides et osa demander dans un souffle grêle :

- Est-ce qu'on peut attendre Gorgeous ? Juste un tout petit peu ? Avec le monde, il doit avoir du mal à nous retrouver...

La brunette se sentit subitement bien petite et bien fragile face à Quentin. Si l'envie lui en prenait, il pouvait parfaitement la prendre sous son bras pour la traîner jusqu'à la maison contre son gré, abandonnant Gorgeous à son triste sort.
A cette pensée, la fillette lâcha la main de son aîné et recula, en chancellant de quelques pas, la mine franchement anxieuse. Elle ne doutait pas un seul instant qu'il ne fusse capable d'un tel geste.

Âge : 35 ans [16/05/80]

Sa soeur ne prit pas le temps de répondre. Ana était en réalité occupée à autre chose. Gorgeous avait du migrer vers la Papoisie car il était porté au abonné absent. Ana s'inquiétait vraisemblablement. Elle prit la main de Quentin, les larmes à la limites des yeux et lui demanda s'il était possible d'attendre Gorgeous. Quentin s'arreta et regarda sa soeur. Il était évident qu'ils allait l'attendre. Quentin n'avait pas envie de faire échouer son plan à la dernière seconde en laissant le moineau à son triste sort car ça aurait tout contrarié. Ana aurait été malheureuse et c'était en définitive, l'inverse du plan prévu. Quentin la regarda et dit donc:

- Si tu veux...

Quentin trouva un petit banc vide au bord du chemin et en profita pour poser la cage dessus. Le jeune homme jeta un coup d'oeil à l'intérieur pour voir la santé du felin et le moins que l'on puisse dire était qu'il n'était pas à l'aise à l'intérieur. Quentin se promit de se dépécher pour le laisser gambader dans le manoir car il ne fallait pas oublier que le chaton était blessé. Quentin regardait à présent sa soeur qui scrutait la rue pour voir si Gorgeous réapparaissait. Avec un peu de chance il n'allait pas tarder à venir. Dans le pire des cas, il allait se faire désirer et faire poireauter Quentin un bon quart-d'heure ce qui aurait été particulièrement vexant puisque ce que voulait Gorgeous en réalité, c'était ce qu'Ana voulait.

Les deux Montgomery restèrent stopés plusieurs minutes durant et Ana ne disait rien, Quentin en déduisait donc que le moineau n'avait toujours pas pointé le bout de son bec. Au boût d'un certain temps, Ana sembla plus réjouit et Quentin compris que l'oiseau était revenu. Le Serpentard pris donc la cage du chat et la souleva. De toute manière, si le moineau n'était pas là, Quentin avait un argument de poids pour convaincre Ana. Et de poids l'argument l'était, au sens propre comme au figuré.

Les deux Montgomery s'en allèrent donc vers la cheminée qui les conduisait chez eux. Le bilan de l'après-midi était en réalité plutôt satisfaisant pour Quentin. Les deux frère et soeur avait acheté un animal commun qui leur plaisait à tous deux, et ils allaient en plus de ça s'en occuper tout deux. Quentin était ravi. En plus de ça, il s'était rapproché un peu plus de sa soeur et parvennait à présent à la comprendre mieux, du moins plus qu'avant.

Une fois arrivés devant la cheminée, Quentin laissa Ana passer devant et une fois qu'elle fut entrée dans les flammes, Quentin fit de même avec la cage fermement tenue dans sa main droite. Quentin avait passé une des meilleurs après-midi qu'il lui avait donnée de voir depuis ses débuts de vacances. Il s'en rapellerait ça c'était sur et il savait qu'un lien de plus s'était tissé entre Anabelle et lui. Du moins, il l'espérait plus que tout. Sa soeur avait besoin d'attention et d'affection et ça il l'avait bien compris aujourd'hui. A l'avenir, Quentin ferait plus attention à elle, il se le promettait...

[ Terminé pour Quentin ]

Anabelle avait éprouvé un vif soulagement quand son frère avait accédé à sa requête (à la mode des Pharaons Egyptiens). Elle s’était vraiment attendue à ce que, excédé par son attitude pour le moins puérile – ou, du moins, peu conciliante – dans la ménagerie, il ne soit pas d’humeur à supporter ses jérémiades au sujet de Gorgeous, a fortiori si les jérémiades en questions signifiaient retarder son retour à la maison («Home, Sweet Home» ou, si on a l’esprit un peu tordu : «Home, Caramel Home»). Mais l’esprit trop honnête d’Anabelle ne pouvait, bien entendu, pas deviner que Quentin était tout bonnement trop satisfait d’être parvenu à ses fins pour réellement prêter attention au fait d’avoir à poireauter pour attendre un oiseau imaginaire («L’imagination n’est pas un mensonge !»). A ses yeux, il devait s’agir d’une petite compensation de rien du tout. Un petit pas pour Ana, une grande victoire pour Quentin !

Un peu rassurée, Ana trottina à la suite de son frère jusqu’au banc libre.
Elle s’y assit, très raide, et commença à balancer nerveusement ses jambes dans le vide, regardant de tous les côtés, à la recherche de son moineau. Mais la foule était bien trop dense et le soleil bien trop brillant pour qu’elle puisse discerner quoi que ce soit. Pourtant elle le savait, elle le sentait, Gorgeous n’était pas loin. En fait, elle était même prête à parier qu’en cette minute même, il la lorgnait d’un œil rond hésitant. Elle connaissait suffisamment bien le volatile pour se douter qu’il devait avoir à la fois très envie de revenir se blottir contre son cou et un affreux désir de la faire bisquer. Gorgeous était, rappelons-le, un moineau extrêmement susceptible et fier. Ce n’était pas la première fois qu’il boudait et ce ne serait certainement pas la dernière.

Ana poussa un profond soupir et replia les genoux contre sa poitrine d’un air suppliant. Ce n’était pas parce qu’elle venait de récupérer un Chaton de chair et de sang qu’elle n’avait subitement plus besoin de Gorgeous. Chaton avait beau avoir une bonne tête, il ne serait certainement jamais capable de comprendre Ana comme le faisait Gorgeous. Car Ana était Gorgeous et Gorgeous était Ana. Tandis que Chaton, lui, avait une vie propre et indépendante. Le lien qui unissait la fillette à son moineau était très certainement un peu malsain, et contribuait à l’enfermer chaque jour un peu plus dans un univers totalement hermétique où nul autre n’avait sa place. Mais dans son innocence et son aveuglement, la petite Poufsouffle ne s’en rendait, bien entendu, pas compte.

Fronçant le nez, elle regretta de ne pas avoir amené des biscuits. Tout vexé qu’il soit, Gorgeous ne résistait jamais à l’appel irrésistible des biscuits. Elle coula un œil prudent vers Quentin. Qui affichait un air de résignation désolé tellement comique que la brunette faillit en pouffer d’amusement. Elle se contint toutefois, songeant qu’un tel comportement ne l’aiderait pas à faire revenir Gorgeous (et risquait fort de la brouiller avec son frère) et renonça à lui demander s’ils pouvaient aller chercher des biscuits dans une pâtisserie toute proche. Même Anabelle savait quand il fallait s’arrêter. Elle mettait déjà la patience de son frère à rude épreuve, mieux valait-il ne pas en rajouter.

Mais alors, il ne lui restait pas grand-chose pour appâter Gorgeous… Pas grand-chose, sauf de la chance. Car au même moment, à quelques mètres de là, Gorgeous, perché sur un poteau, surveillait avec une méfiance craintive un gros corbeau qui, croyait-il, avait la ferme attention de le boulotter. Le moineau ne se sentait pas très rassuré. Mais sa dignité blessée lui interdisait de retourner auprès d’Anabelle. Pourtant, elle serait certainement capable de le protéger du corbeau. Surtout maintenant qu’il y avait le chat ! Mais hors de question de devoir son salut à un chat ! Peuh ! Il était capable de se débrouiller seul, que croyaient-ils, tous ?

Gorgeous claqua du bec et ébouriffa ses plumes pour effrayer le corbeau. Lequel ne parut franchement pas impressionné par cette démonstration de force. Et maintenant qu’il y pensait, Gorgeous trouvait son adversaire vraiment énorme. Son bec, surtout, était trop acéré pour ne pas être meurtrier.
Alors Gorgeous n’y tint plus. Dans un battement d’aile, il s’enfuit de son poteau et voleta, aussi vite qu’il le pouvait, jusqu’à l’épaule d’Ana, refuge sûr pour le moineau fragile qu’il était.

La fillette ne dit rien, mais sourit, nettement plus sereine. Quentin dut le deviner car il se leva. N’ayant plus aucune raison de rester ici, Ana l’imita. Joyeuse, elle lança un clin d’œil complice à Gorgeous avant de repartir, d’un pas dansant, suivant Quentin à travers la foule. Un bon après-midi, en somme.

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§§§ 778

» Un frère et sa soeur (Pv)
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