1er cours (pour les 1ères années)

Alexander passa la main sur son menton, imitant son père, et pensa tout d'abord à un rasoir, ce devait être l'un des rares instruments moldus à être régulièrement utilisé chez lui... mais cela ne convenait guère... car des rasoirs il y en avait des non électriques. Puis il plissa les yeux, de part ses origines japonaises il savait écrire tout les mots moldus... en hiragana. Et en japonais, mais la transcription ne devrait pas être dur, il suffisait d'en trouver un.

Cependant le contenu même de ce cours l'ennuyait, dans son école primaire on lui avait appris ce qu'était l'électricité, pas comment ça fonctionnait exactement bien sûr, mais dans l'ensemble, comment ça marchait, à quoi ça servait... c'était les leçons de choses.

Il espérait qu'on passerait vite à quelque chose de plus interessant comme le fonctionnement judiciaire ou la politique, des choses qu'on ne voyait pas en primaire même en étant dans une école moldu.

Fatigué il prit la peine de se lever, bien après la question de Parvati, et d'aller écrire au tableau "sèche cheveux", un ustensile bien utile, surtout pour lui qui était très narcissique.

Puis il alla se rasseoir, toujours dans les vapes, et manqua de s'effondrer sur sa chaise... que voulez vous, on ne peut pas tout avoir dans la vie, même lorsqu'on a pour but la perfection.

Susan se mordilla la lèvre inférieure avec nervosité. Elle s'en voulait d'avoir été assez sotte pour ne pas saisir la question de Dukas. En outre, elle venait de donner à la classe entière un aperçu rapide de son ignorance. Il y avait franchement de quoi se cacher sous le bureau.
Pour se donner une contenance, Susan plongea le nez dans ses notes et se fit un devoir de noter mot pour mot les propos de son professeur. Elle obtiendrait peut-être ainsi la rédemption, qui sait ?

Personne de toute évidence. La cervelle d'un professeur restait quelque chose de particulièrement obscur pour toute personne ne se trouvant pas dedans, y compris pour le professeur dépositaire de ladite cervelle. Mais ceci est d'un intérêt plus que réduit. Comme dirait Bergson, il y a les vrais et les faux problèmes, or, si le problème est mal posé, impossible d'y apporter une réponse correcte. La question de l'esprit professoral est un faux problème. En tout cas pour Bergson, mais le pauvre homme - paix à son âme - a sans doute oublié depuis longtemps que lui aussi a été élève un jour et qu'il n'a pas toujours appartenu à la gente philosophique, merci pour nous.

La philosophie est-elle nécessaire à la survie de l'individu ? Le poisson rouge philosophe-t-il ? Et pourquoi est-ce toujours vers deux heures du matin que la muse philosophique vous empêche de dormir ? Autant de questions sans réponse et, à nouveau, sans intérêt.
Philosophie et électricité étaient-elle si éloignées l'une de l'autre ? "Non", répondrait Bergson, déjà prêt à voir de la philosophie partout. "Oui", clamerait Susan, pour qui "philosophie" n'était, du haut de ses onze ans, qu'un mot bien vague et pompeux servant à désigner toutes les questions tordues que les adultes se posent. Comme définition, c'est plutôt mauvais. Qu'importe ! Nul besoin d'être philosophe pour citer des instruments moldus fonctionnant à l'électricité. A l'instar d'Alexander, Susan, jambes tremblantes et mal assurées, se dirigea en rougissant avec la tableau où elle inscrivit :

Photocopieuse.

Engin adulé des instituteurs, professeurs, cadres, élèves devant faire un exposé et autres humains de ce type. Il fallait tout de même reconnaître que c'était bien pratique.

Neville ne dormait, pas, non ! Il avait déjà ses dix heures de sommeil syndicales derrière lui, nul besoin d'en rajouter de nouvelles jusqu'à ce soir. Le jeune garçon était tout simplement trop occupé à noter avec une sagesse toute scolaire les propos de son professeur pour simplement songer à participer.
Tout d'abord étonné quant à l'allure du cours, il avait fini par s'y adapter et même par y trouver un certain plaisir, pour ne pas dire un plaisir certain.

Certes, jamais, ô grand jamais, Neville Londubat n'oserait balancer un "Je t'emmerde" bien senti à un enquiquineur de première mais il devait reconnaître, en son âme et conscience, que c'est pour cette solution qu'il opterait s'il était dans l'obligation de se montrer bas et vulgaire. En effet, lorsqu'un être malveillant vous embête, son intention est justement de vous taper sur les nerfs or, le "tu m'emmerdes" lui signale justement qu'il a atteint son but. Ce qui ne peut que lui faire plaisir. La seconde option est plus froide et détachée... Mais reste tout de même très malpolie.
Charmant débat, vraiment, qui avait très certainement sa place au congrès mondial de la philosophie, dans la section "Philosophie et autrui", dans la partie "Pourquoi autrui et moi ne pouvons pas nous voir ?" ou encore "Comment dire à autrui que vous ne l'aimez pas ?".
Ah ! Les relations humaines, de vraies petites merveilles ! "Je t'aime, moi non plus", comme dirait l'autre, un coup ça va, un coup ça ne va plus... Il y avait de quoi perdre patience...

Et sa tête aussi ! C'était une des raisons pour lesquelles Neville évitait soigneusement ses semblables. Pas de relation, pas de problème... Mais quel ennui en contrepartie ! Nulle oreille attentive pour vous écouter vous lamenter sur le triste sort de votre paire de chaussettes favorie, hélas trouée depuis ce matin ! Nulle main consolatrice pour vous dire que "Oui, Machin est vraiment odieux d'avoir dit ça sur toi" ! Et surtout, surtout, nul potin croustillant dont raffole la gente humaine et qui fait le lit des magazines les plus inintéressants et vils de la création, mais auxquels notre curiosité malsaine lance tout de même un coup d'oeil, soit disant pour mieux critiquer.

Ah ! La critique ! Quelle arme fabuleuse ! Une plume bien acérée peut faire plus de mal qu'un coup de pied mal placé. Les journalistes les plus doués ne pouvaient-ils pas faire et défaire les réputations ? Ridiculiser les Grands et monter les petits ? Au XIXème siècle et en France, si !
Mais Neville était anglais. Un anglais pur et dur, dont les seules connaissances en matière de culture française se résumaient à la phrase "Parlez-vous anglais" et à la lecture attentive du Petit Prince. Tout ce joyeux débat lui passait donc joyeusement au-dessus de la cervelle.

Cervelle qui, pour l'heure, tentait vainement de rassembler ses quelques bribes d'informations en matière de culture moldue.
Finalement, et dans un élan de courage suicidaire, il finit par quitter sa place, un air terrifié plaqué sur le visage, le genre d'expression qu'adoptent tout un chacun s'apprêtant à être dévoré par une bête féroce.
Arrivé au tableau, il inscrivit d'une main tremblante :

Train Grande Vitesse.

Finalement, sa culture française pouvait s'enorgueillir de compter un troisième élèment, le TGV, méconnu des anglais, au service ferroviaire plus que défectueux, et ne parlons pas des heures de retard sur les lignes ni des trains qui se coupent en deux sans prévenir personne, vous envoyant ainsi au fin fond de l'Ecosse alors que vous étiez attendu à Londres. Je parle en connaissance de cause.

Léa bougea son épaule un petit peu pour que Clément cesse avec sa plume, son doigt sur la bouche, elle lui fit signe de ne pas parler mais son sourire la trahit car elle lui dit quand même un ‘bonjour toi’ très discret.

Elle écouta ce que le prof commença à enseigner mais elle ne voyait pas trop le but des ‘tu m’emmerdes’ et ‘je t’emmerde’. N’écoutant qu’à moitié, elle regardait son cours en poussant un petit soupire, elle ne voyait pas trop au le prof voulait en venir, elle connaissait déjà tout ce dont il parlait.

Il en vint à l’électricité qu’Alexander expliqua sans se tromper d’une seule ligne. Le professeur leur demanda ensuite de noter au tableau des appareils fonctionnant à l’électricité et qu’il avait le droit de se lever le noter au tableur.

Pour se dégourdir un peu, elle se leva, se dirigea vers le tableur, prit une craie et écrivit : « Ordinateur » et retourna à sa place.