Cours n°1 : Introduction aux forces du Mal.

Mordeus observa avec attention la situation, s’interdisant d’intervenir comme il l’avait fait avec l’élève précédent. La dernière fois, son action s’était avérée payante, le Serdaigle avait accomplit son épreuve, laborieusement certes, mais il l’avait fait tout comme ses camarades avant lui. Cependant, la jeune fille s’ouvrait de plus en plus à la peur à la panique. Elle finit par accomplir la tâche imposée et sortit sa baguette pour en finir une fois pour toute. Cependant, elle avait perdu beaucoup de temps, beaucoup trop. Ces minutes perdues ne l’ont pas été pour tout le monde. L’épouvantard s’était fortifié et son emprise sur l’élève n’avait cessé de croître, l’emmenant peu à peu dans les ténèbres. La sorcière fut brisée avant de lancer le moindre sortilège. Elle perdit tout contrôle, sombrant dans les maléfices que cet être démoniaque lui avait tissé. Il n’était désormais plus qu’à deux doigts de savourer sa première victime. Les premiers symptômes physiques apparaissaient déjà, la jeune fille se noyait dans sa peur, dans ses regrets. Il n’y avait plus qu’une solution, mettre fin à l’exercice.

En un éclair, Mordeus s’empara de sa baguette. L’arme d’ébène lança un violent éclair assourdissant qui flasha l’ensemble de la salle de cours. Les oreilles sifflèrent un instant, suite à ce vacarme qui avait sans doute été entendu à travers tout le couloir. Il n’y avait nulle trace de l’épouvantard, l’être maléfique s’était comme volatilisé. Du moins ce n’était qu’en apparence et le mage le savait pertinemment. Il empoigna fermement le bras de l’élève de sa main libre afin de la relever. Il la redressa, manquant au passage de déchirer la manche de sa robe. Ce fut d’ailleurs ce moment là que choisit l’épouvantard pour repartir à la charge. La jeune fille aux doigts brisés était de retour, comme apparue de nulle part. Le sorcier s’appéta à lancer une nouvelle fois son sortilège, mais la créature le prit de cour en détournant son regard de sa victime et en croisant le sien. Il ne fallut que peu de temps pour que la fillette ne se change en une jeune femme à la robe de sorcier raffinée. Elle pointait une baguette blanche entortillée de lierre dont elle se servait pour balayer l’air afin d’effectuer une révérence, une révérence digne d’un duel. L’épouvantard rompit le silence d’une voix douce, légère et menaçante.

« Cela faisait longtemps Haltalis. Pas trop déçu de me revoir ? »

Le sorcier, dont la baguette restait pointée vers la créature, ne sembla pas réagir. Mordeus semblait pris au jeu de cette créature. Il finit par jurer et grogner quelques mots.

« Tu es censée être morte. »

« Oh tu sais, dit la sorcière avec une insolence marquée. Tu m’as raté deux fois déjà …alors… comment on dit ? Je ne me souviens plus…? Jamais deux sans trois, non?
Elle l’observait d’un air de défit, le sourire aux lèvres.

« Je ne t’ai pas raté j’en suis sur. » Répondit Mordeus avec une assurance terrifiante.

La sorcière ne perdit pas de temps pour répondre.

« Ne fais pas cette tête Haltalis ! On ne me la fait pas à moi. Et puis, tu as quand même tué sept de mes plus proches amis et moi quoi ? Juste cinq ! Bon je te l’accorde, six si on compte la mioche des Tiberford. Il va falloir que je revienne au score mon bon ami et il va falloir … »

Mordeus n’attendit pas qu’elle termine sa phrase. Le sorcier venait de lancer un sort qui n’avait rien à voir avec le Riddikulus enseigné. L’épouvantard fut projeté en arrière droit dans le coffre qui se referma aussitôt. La malle recula sous le choc, rayant le plancher sur plusieurs mètres, avant de percuter une armoire dont la vitrine se brisa, éparpillant une myriade de morceaux de verres. La créature se débattit longuement à l’intérieur : Le coffre tremblait mais restait clos. Le monstre était prisonnier dans sa cage, elle-même verrouillée par une multitude de runes qui apparaissaient au fil des coups de la créature. Le calme finit par s’installer et les runes s’évanouirent, rendant ainsi ce piège à épouvantard l’aspect d’une malle des plus banale.

Le professeur redressa la jeune Serdaigle, tout en essayant de la calmer. Il pointa les deux autre Serdaigles qui étaient déjà passés à l’épreuve et leur ordonna d’une voix sèche d’emmener leur camarade à l’infirmerie avant d’ajouter aux deux Poufsouffles restante que c’était désormais leur tour.

C’est avec une grande impatience qu’Emma s’était préparée pour son cours de Défense contre les Forces du Mal ce matin-là, elle allait enfin apprendre à se défendre, à protéger ceux qu’elles aimait. Elle ne savait pas du tout à quoi ressemblait son professeur, elle n’avait pas pensé à regarder lors de la soirée de sa répartition. Aussi eut-elle un certain choc lorsqu’elle pénétra dans la salle de classe déjà bien remplie, et posa son regard du côté du bureau. Sur le coup, elle se demanda si elle ne s’était pas trompée de salle, le professeur de défense contre les forces du mal ne pouvait pas être ce ... Hm cet être ? Oui cet être encapuchonné, sombre et surtout effrayant. Elle jeta un œil au tableau, non c’était bien ici, pour le meilleur ou pour le pire, elle alla s’asseoir à une place vers le fond de la classe, pas question d’attirer l’attention.

Le discours de Mordeus montrait qu’il savait clairement de quoi il parlait, les forces du mal, les monstres, le mal qui se logeait même au fond de soi ... Mais ce fut particulièrement une phrase qui attira l’attention de la jeune fille « Ce sont des hommes aussi, des sorciers et même des moldus. » Elle eut la vision furtive d’un homme aux vêtements déchirés, au visage couvert de cicatrices, arborant une lueur démente dans ses yeux clairs. Les contours étaient devenus flous avec les années, mais jamais elle ne pourrait l’oublier.
Elle chassa ces pensées de son esprit, tout ça c’était du passé, elle était allée de l’avant, il le fallait. Tout ça c’était fini.

Finalement, après avoir fini son discours franchement effrayant, le professeur interrogea quelques élèves. Emma l’écoutait parler comme captivée, tout en évitant de croiser son regard. Parce que oui, ce qu’il disait était passionnant, mais non, il n’était pas super agréable à regarder. Rien que la vue de son visage suffisait à faire frissonner la fillette. Finalement, Mordeus leur annonça qu’il avait prévu une épreuve pratique pour ce premier cours, et leur demanda de conserver uniquement leurs baguettes. Le pouls de la jeune Serdaigle accéléra aussitôt. Affronter une créature maléfique ? Là ? Maintenant ? Toute impatience avait disparu à présent, ne restait plus que l’appréhension.

Le professeur-terrifiant revînt finalement de la Réserve dans laquelle il avait disparue (Emma avait espéré qu’il n’en ressortirait pas) amenant avec lui trois malles. Après réflexion, la fillette se demanda si tout cela valait vraiment le coup, elle ne se sentait pas capable d’affronter un de ces détraqueurs ou strangulots ou quoi que ce soit d’autre dont ses camarades avaient parlé. Elle était en première année, et savait à peine jeter un sort, et encore. Elle prit une grande inspiration. Non, elle n’allait pas se dégonfler maintenant. Elle avait attendu ce cours depuis bien trop longtemps, quoiqu’il y ait pu avoir dans ces malles, elle ferait de son mieux pour les combattre, il le fallait.

Un épouvantard. Ils devaient combattre un épouvantard, à peine le professeur eut-il prononcé ce mot qu’Emma décrocha à moitié de ce qu’il disait. Elle savait déjà tout ce qu’il y avait à savoir sur ces créatures. Sa pire peur. Elle frissonna. De quoi parlait le prof ? Un petit jeu ? Riddikulus. Emma tâcha de bien imprimer ces mots dans sa tête, d’abord le puzzle, ensuite le sort, si elle n’avait pas pété un anévrisme avant. A nouveau, elle se demanda quelle forme allait pouvoir prendre l’épouvantard. Quelle était sa pire peur ? L’échec ? Les araignées ? Non rien de tout cela, au fond d’elle, elle savait très bien ce qu’elle craignait le plus. Elle ne pouvait pas faire ça, elle en était incapable. La fillette éprouva soudain le besoin pressant de quitter la pièce, de partir loin de ce professeur effrayant, et de ses épouvantards. Elle en était incapable. Mais elle ne semblait plus avoir de contrôle sur ses jambes, ni sur son corps, tout ce qu’elle pouvait faire c’était regarder les autres élèves passer.

Ethele, puis la préfète de Poufsouffle, un Serdaigle à qui elle n’avait jamais parlé et dont l’épouvantard prit une forme terrifiante, sans que le professeur fasse quoi que ce soit pour l’aider. Après le passage du Serdaigle, elle suivit à peine ce qui se passait, son pouls atteignait probablement des records de vitesse, ses mains tremblaient, et sa vue devenait trouble, car elle savait que bientôt ce serait à son tour.

Elle fut arrachée de ses pensées par l’apparition d’une enfant au visage déformé par la haine, aux yeux rougis, une fillette qui se dirigeait droit vers Blodwyn. La jeune Serdaigle semblait perdre le contrôle, elle était prise de pleurs, et Emma se tourna vers son professeur, qui encore une fois ne faisait rien, rien du tout. Tout à coup, sa camarade sembla reprendre le dessus et se dirigea vers le puzzle qu’elle avait à réaliser. La fillette continuait à brailler, mais Blodwyn continuait son puzzle. Enfin, elle sembla soulagée, arborant un sourire triomphal, elle avait réussi, c’était fini ... Jusqu’à ce que l’épouvantard se transforme à nouveau. Emma sentit son estomac se retourner, ses mains ... Elle détourna les yeux, incapable de regarder ce spectacle horrible plus longtemps. Et c’est là que la première année perdit totalement le contrôle. Emma entendit un bruit mat et se tourna vivement. Blodwyn était à terre, secouée de tremblements, un cri horrible retentit, et enfin le professeur réagit. Ce n’était vraiment pas trop tôt. Mais qu’est-ce qu’il attendait pendant tout ce temps ? songea furieusement Emma. Il envoya l’élève à l’infirmerie accompagnée de deux Aigles, et se tourna à nouveau vers ses élèves. La pensée de la pauvre Serdaigle quitta totalement son esprit, une seule idée lui restait : ça allait bientôt être à son tour.

Pour la jeune Poufsouffle de deuxième année, ce ne serait pas la première fois qu'elle affronterait un Epouvantard, mais bien qu'elle sût parfaitement ce qui allait survenir devant elle a moment où elle approcherait la créature, elle ne pouvait s'empêcher de trembler. Elle avait de nombreux souvenirs qui lui revenaient en mémoire chaque fois qu'elle affrontait ce type de créatures et elle savait pertinemment que ce en quoi se transformait l'Epouvantard était également annonciateur de ce qu'elle entendrait si elle était confrontée à un Détraqueur. La jeune fille avait encore en mémoire les terribles évènements qui donnaient naissance à ses peurs les plus insoupçonnées et c'est tremblante qu'elle s'approcha de la créature.

L'Epouvantard prit alors la forme d'une personne encagoulée qui se tourna vers la tremblante fillette, paraissant en cet instant tout particulièrement vulnérable et fragile. L'individu baissa sa cagoule et Sophie reconnut instantanément le Mangemort qui avait assassiné son grand-père. La pauvre fillette trembla de tous ses membres. Mais soudain, elle se força à penser à une situation fortement humiliante pour ce monstre qui avait osé s'attaquer à sa famille. Elle l'imagina en train de se prendre les pieds dans sa robe et de s'étaler de tout son long et lança un puissant sortilège.

"Riddikulus !"

L'Epouvantard trébucha, s'effondra, et la fillette s'éloigna avant de tomber à genoux sur le sol.