Ma déclaration [PV]

Nicolas eut un haussement d'épaule à la française qui signifiait à la fois tout et rien, le genre de ceux qui veulent dire à la fois rien et tout. Nick' était devenu spécialiste de ce genre de mouvements et d'expressions parce qu'après la mort de Marina, il n'avait fallu que quelques mois pour que son silence et son caractère renfermé se transforme en un joyeux je-m'en-foutisme. Ah ça c'était sûr que maintenant ce cher Nick' ne pouvait plus passer pour quelqu'un d'inexpressif, le truc c'est qu'il n'était pas non plus de ceux qui se dévoilent pour autant. En vérité, c'était parfaitement calculé, il ne montrait que ce qu'il voulait bien, et la preuve était qu'avant aujourd'hui, alors qu'il était très ami avec Emma, elle ne s'était pas doutée une seule fois qu'il se scarifiait. Il fallait croire qu'il avait un peu plus de talents que sa mère en comédie !!!

"Et pourtant, il s'en fiche. Enfin, je crois surtout qu'il n'y pense jamais, tout simplement. Il a sa vie après tout." Remarque un peu égoïste peut-êtgre et pas très gentille pour son frère aîné mais le fait est que Nicolas n'avait jamais eu l'impression que Roman prenait la pleine mesure de sa maladie... ce qui l'arrangeait, c'était sûr, mais du coup ce n'était probablement pas Roman qui allait se mettre à stresser pour lui. Emma risquait d'être un peu seule sur ce coup !

Quant au fait qu'il accepte de se faire soigner, soyons bien d'accord, c'était uniquement pour faire plaisir à Emma, il n'avait pas de désir de guérir, sinon ce serait déjà fait son problème étant pour l'essentiel psychologique... Mais il ne voulait pas contrarier sa nouvellement petite amie alors si elle voulait qu'il voit quelqu'un, du moment qu'elle se débrouillait pour ce qui était d'organiser tout, il voulait bien et puis c'est tout. Certainement que son intention était aussi de la rassurer, de la faire se sentir un peu plus en sécurité. Il ne souhaitait pas qu'elle se fasse du mauvais sang pour rien... car bien sûr, il minimisait beaucoup le problème, comme tous ceux qui agissent comme lui. Il se cherchait des excuses... cela lui semblait plus simple à accepter, car lui en avait besoin pour continuer à avancer, comme il l'avait promis à Marina.

"Bien sûr que je m'intéresse à toi pour ton intelligence !" Rit-il et à force de lire des conjugaison fausses, j'ai failli écrire ria "Mais aussi pour ton physique. Pas trop dur d'être parfaite ça va ?" se moqua-t-il gentiment. Il savait à quel point Emma était exigente avec elle-même et lui ça l'amusait. Mais bon, que deviendrait-elle sans lui pour la calmer de temps en temps ? A soln avis, elle finirait par exploser de stress !

Il fut décu qu'ensuite elle perde son sourire, lui qui essayait de la rassurer, aussi évita-t-il de s'enfoncer plus en ne répondant pas. C'était plus sûr. Et pour ce qui était du baiser, il se pencha et l'embrassa à nouveau en guise de réponse, non sans une certaine tendresse d'ailleurs. Lorsqu'il rompit le baiser, il la regarda dans les yeux et ne parla qu'au bout de plusieurs secondes. "Je suis certain que tu ne pourras plus t'en passer..." Et encore une fois, il jeta un coup d'oeil furtif derrière lui. "Tu ne veux pas qu'on aille ailleurs ? On va finir par se faire repérer ici..." Chuchota-t-il pour que personne n'entende.

Emma n'avait pas de frères et sœurs. Elle n'en avait jamais eu, et n'en aurait probablement jamais (encore heureux, manquerait plus que sa mère décide de pondre un gosse maintenant !). Elle avait des cousins, mais ça faisait à présent des années qu'elle ne les avait plus vus, ne leur avait pas adressé la parole. Elle n'avait pour ainsi dire que ses parents, et ses amis. Et quand on connaissait l'état de santé de son père et sa relation avec sa mère, on comprenait très rapidement que désormais il ne lui restait presque plus que ses amis, et Poudlard. Mais souvent, elle s'était demandée à quoi ressemblerait sa vie si jamais elle avait une sœur, ou un frère, quelqu'un d'autre à qui se raccrocher, quelqu'un qui l'aurait aidé à prendre les bonnes décisions, à gérer cette situation familiale intenable. Ce qui était sûr, c'est qu'à chaque fois qu'elle songeait à cette fraternité hypothétique, ce lien ne ressemblait en rien à ce que Nicolas était en train d'évoquer. Une personne de plus complètement indifférente à son triste sort ? Non merci, la liste était déjà suffisamment longue comme ça. « C'est loin d'être une excuse. » commenta-t-elle sans émotion, les sourcils toujours froncés.

Elle lui tira la langue lorsqu'il confirma qu'il ne l'aimait que pour son intelligence. Geste purement puéril mais qui la rendait tellement crédible en cet instant ! Au moins elle n'était pas stupide, c'était le point positif dans tout ça, non ? Elle soupira à la suite des paroles du blondinet, affichant un faux air modeste. « C'est pas évident tous les jours tu sais, il y a tellement d'attentes de la part du petit peuple... Mais je crois m'en sortir plutôt bien. Merci pour le compliment au fait, c'est toujours bon à prendre ! » conclut-elle sur un ton exagérément théâtral. Il n'avait qu'à pas la lancer aussi, s'il se moquait d'elle, forcément il fallait bien qu'elle réponde. C'était vital ! N'empêche qu'une discussion aussi légère contrastait énormément avec le sujet qu'ils avaient abordé un peu plus tôt. Elle aurait d'ailleurs voulu en parler davantage, mais elle sentait bien qu'il en avait déjà coûté à Nick, ne serait-ce que pour lui révéler son secret. Pour les recherches et les inquiétudes, elle verrait donc plus tard, en temps voulu.

Elle aurait aimé que le monde puisse se figer là, maintenant, à cet instant précis où tout semblait aller bien dans le meilleur des mondes. C'était stupide, et irrationnel, mais c'était sincèrement ce qu'elle aurait souhaité. Elle se sentait heureuse, elle n'avait à se soucier de rien (pour l'instant) et c'était juste... Bien. Mais elle savait que ça ne durerait pas, ça ne durait jamais. C'était pour ça qu'il aurait fallu que le temps s'arrête. « Oui, allons autre part. » acquiesça-t-elle en sortant de sa rêverie. Elle jeta un œil à sa montre. L'heure du couvre-feu était déjà passée. « Hm, bon, si jamais on croise un prof ou Rusard on dira que je t'emmène à l'infirmerie parce que tu te sens nauséeux, ça devrait faire l'affaire. Enfin, le mieux, ce serait qu'on ne croise personne. » déclara-t-elle en éloignant de son esprit la petite voix qui lui soufflait que mentir et enfreindre le règlement, c'était mal. Qui plus est ce n'était même pas son soir de ronde, mais bon, elle aviserait. Pour une fois dans sa vie, elle avait bien le droit de dépasser un tout petit peu les limites, non ?

[Terminé pour Emma]