Fichus dortoirs communs [PV : Frédérique]

La journée touchait à sa fin et le jeune Daniel était déjà parti dans son dortoir pour y lire un peu avant de se coucher. Il s’était rapidement mis en pyjama et s’était glissé entre les draps de son lit avec son bouquin de potion et commença à lire avidement le sujet de la leçon de demain.

Si il aimait autant les potions c’était car il sentait que le professeur Rogue étaient un adepte de magie noire et qu’il pouvait lui en apprendre beaucoup sur le sujet. Ainsi, même si son directeur de maison semblait bien apprécier ses élèves (cf. les points donnés en plus lors des cours de potion), Daniel faisait son maximum pour faire bonne impression auprès du professeur.

C'était donc à moitié par intérêt et à moitié pour préparer son cours du lendemain que le rouquin prit son livre et commença à le feuilleter. Cependant, un problème arriva lorsque ses camarades de chambre se lancèrent dans une grande discussion à voix haute dans le dortoir.
Daniel étant quelqu'un qui n'aimait ni la compagnie, ni le bruit, se redressa aussitôt et tira les rideaux de son lit à baldaquin afin de se retrouver plus au calme pour lire. ¤ C’te poisse, ils peuvent pas discuter en bas ? ¤ Se plaquant les mains sur ses oreilles dans l’espoir d’atténuer un peu les voix des autres garçons, le Serpentard tâcha de continuer sa lecture, mais sans grand succès.

Lorsqu’il en eut marre d’essayer, il tira violemment les rideaux et sauta hors de son lit tout en regardant les autres garçons d’un air rageur.

“Merlin, vous pouvez pas faire moins de bruit ?”

Il saisit son livre et le leva au dessus de sa tête pour faire mine de taper un des garçons avec mais finalement il se contenta de leur passer sous le nez et de se diriger, pieds nus et en pyjama dans la salle commune.

Une fois sur place, il constata que celle-ci était déjà presque déserte et il en profita pour s'installer à la place la plus proche du feu de cheminée. Il tira le fauteuil encore un peu plus près de l'âtre et s'y recroquevilla, en boule avec son livre entre les bras. Malgré la présence du feu, il ne faisait pas très chaud et déjà Daniel regrettait de ne pas avoir pris de couverture avec lui.

¤ Alors, où j’en étais moi… Ah oui, chapitre 5… ¤

Tournant fébrilement les pages, Daniel commença à frissonner, mais il préférait crever plutôt que de retourner tout de suite dans le dortoir car il avait froid.

Frédérique venait de passer à Poudlard sa première journée. Malgré tout, elle avait eu de l’appréhension. Elle n’était pas allée à l’école avant, ayant eu de la chance d’avoir suivi des leçons avec divers professeurs qui s’étaient mis à la retraite mais qui n’avait pas réussi à arrêter le monde de l’enseignement. Elle avait déjà d’énormes connaissances pour une enfant de son age, mais par-dessus tout, elle adorait toujours apprendre plus. C’était pour cela qu’elle avait accueilli avec beaucoup de joie son entrée dans cette école que ses parents n’avaient jamais cessé de donner des louanges.
En fait, ce n’était ni les cours, ni l’école qui lui donne cette appréhension, mais les élèves. Elle n’avait eu comme camarade… personne. Elle connaissait des jeunes de son age, mais elle n’avait lié d’amitié avec aucun d’entre eux. Fred était solitaire, et guère sociable. Elle avait toujours préféré avoir le nez dans ses livres, ou l’esprit dans les airs.

Mais sa première journée s’était terminée sans trop de souci. Les répartitions, l’accueil, quelques mots à des élèves qui l’avaient salué et féliciter. Elle était fière d’avoir été choisi pour être à Serpentard. Elle avait lu tant de chose au sujet de cette maison. Mais elle ne savait pas comment réagiraient ses parents. Mal, sans nul doute, mais ils finiraient par l’accepter. L’un à Gryffondor, une maison de coq d’après ce qu’elle avait pu en voir. Et l’autre à Serdaigle, ces intello prétention à se croire les meilleurs. Non, elle était vraiment satisfaite de sa maison aux magnifiques couleurs vertes.

Ce soir elle n’avait donc pas trouvé le courage de dormir. Trop d’émotion, trop de chose à penser et mauvaise habitude. En effet, Frédérique était plutôt du genre à ne pas dormir si elle ne s’évader pas un peu à l’extérieur profitant du manteau de la nuit. Mais les préfets lui avaient présenté le règlement. Pourquoi avait-il fallu qu’une telle chose n’existe ?
Mais ils avaient le droit de veiller un peu le soir, tant qu’ils ne quittaient pas la salle commune de leur dortoir. Elle détestait les dortoirs. Plus d’intimité, se mélanger aux autres. Elle trouvait ça désagréable.

C’était pour cela, que ce soir là, elle se trouvait dans la salle commune de Serpentard déserte. Les filles étaient en train de parler garçons. Ce n’était pas un sujet qui l’intéressait et il fallait dire qu’elle n’avait pas été invitée à partager ce sujet. Elle n’était pas du genre à s’incruster.
Frédérique était donc assise dans un de ces fauteuils confortable auprès de la cheminée. Cette douce chaleur lui faisait du bien. Elle avait l’impression de mien se ressourcer ainsi qu’en passant une bonne nuit de sommeil. Mais elle savait qu’elle n’était pas surhumaine et bientôt la fatigue aura réellement raison d’elle.

Elle tenait un livre sur l’histoire de Poudlard qu’elle avait empreinté un peu plus tôt à la bibliothèque. Ce lieu l’avait enchanté. Tous ces ouvrages, toute cette connaissance. Elle avait hâte d’y passer encore plus de temps.
Mais alors qu’elle parcourait les pages consacrées à Serpentard, elle entendit des bruits de pas. Se retournant légèrement, elle vit un garçon arriver. Il ne semblait pas l’avoir aperçu trop occuper à tirer un fauteuil près du feu à ses cotés.

Solitaire mais pas sauvage ni impolie, elle le salua.

« Bonsoir. On ne parvient pas non plus à travailler dans son dortoir ? »

Frédérique n’haussait pas de sourire. Elle attendait plutôt de voir sa réaction. Elle voulait rencontrer d’autres Serpentard et apprendre à connaître plutôt leur expérience. Mais ce garçon ne devait pas être ancien, se disait-elle...

Après avoir changé plusieurs fois de position, Daniel en trouva enfin une qui lui convenait : les jambes ramenées contre son torse et enlacées par son bras gauche, le livre reposant sur l’accoudoir gauche du fauteuil et maintenu en équilibre par la main droite du rouquin. La position était un peu compliquée et malheureusement le Serpentard ne put la garder longtemps car quelqu’un lui parla.

Surpris il tourna la tête et s’aperçut qu’il n’était pas seul dans la pièce. La personne qui venait de lui parler était une fille et il ne l’avait pas vue tout simplement car sa tête ne dépassait pas le dossier de son fauteuil.

Il la regarda un instant, presque d’un air contrarié mais cependant il ne dit rien. Elle avait le droit d’être ici et jusqu’à preuve du contraire, elle avait le droit de lui parler. Elle n’était de plus pas sensée savoir que toute discussion horripilait le rouquin.
Alors qu’il la dévisageait, Daniel laissa retomber une de ses jambes par terre ce qui eu pour effet de faire tomber le livre du fauteuil.

« Mince. »

Se relevant pour ramasser le livre, il regarda de nouveau la fille et se décida enfin à prendre la parole.

« J’ai un dortoir de brailleurs. Je suis plus au calme ici… »

Il n’essaya pas vraiment d’aller plus loin dans la conversation car parler beaucoup n’était pas dans sa nature. Il était plutôt méfiant de premier abord et vraiment pas chaleureux. De plus il n’estimait pas tellement nécessaire de lui retourner la question pour la simple et bonne raison que « l’Histoire de Poudlard » n’était pas au programme.

Attardant un peu son regard sur la couverture du livre de la jeune fille, il se demanda à quel point ce genre de lecture pouvait être intéressante. Est-ce que ça valait vraiment le coup de lire un pavé comme ça pour en apprendre plus sur l’école ? ¤ Bah, y doit y avoir quelques trucs intéressants… Et puis elle ne lit pas tout, c’est pas possible… ¤

Alors qu’il songeait à Poudlard et son histoire, il reprit son livre et tâcha de se replonger dans sa propre lecture : le chapitre 5 de son cours de potions. Cependant la présence d’une autre personne le perturbait un peu et la concentration n’était plus vraiment au rendez-vous.

¤ Elle peut pas partir elle ? Ça serait plus facile si j’étais tout seul. ¤

Ne souhaitant pas changer de place une nouvelle fois, Daniel se força toutefois à rester là et à tolérer la présence de la demoiselle.

Le garçon ne cessait de changer de position. Frédérique, elle, était assise en tailleur dans le gros fauteuil et tenait l’ouvrage sur ses genoux. Ses cheveux tombaient en cascade sur son visage à chaque fois qu’elle baissait la tête pour lire. Elle ne pouvait donc pas lui en vouloir si il ne l’avait pas vu plutôt tout. Justement, elle n’avait rien fait pour qu’on l’aperçoive et elle ne voulait justement pas être spécialement aperçu.
Mais elle fut étonnée de voir qu’en parlant, elle avait surpris le garçon. Elle souleva un sourcil quand son livre tomba au sol. Elle ne s’excuse pas. Il fallait dire que même la grande politesse qu’elle lui avait accordée, celui-ci ne lui avait pas directement adressé la parole. Ça aurait donné la même chose si il avait dit tout ça si il avait été seul ou en présence qu’une autre personne.
En tout cas, il l’avait déjà dévisagé. C’était un bon début, il n’avait pas fait totalement comme si elle n’existait pas. Elle fit donc mine de le dévisager tout autant que lui étonnait qu’on la regarde autant alors qu’à l’ordinaire on ne posait jamais les yeux sur elle.

« J’ai un dortoir de pisseuse, c’est pas mieux pour bouquiner... »

Frédérique vit que le garçon n’était pas enclin à parler, c'était pourquoi elle avait marmonné ses paroles qui pourtant resté audible vu que la salle était silencieuse. Elle n’insista pas. Au moins il savait qu’elle était là. C’était déjà ça pour ne pas qu’on l’accuse d’espionnage. Mais il n’avait rien de chaleureux et elle préféra la compagnie de son livre. Rebaissant la tête pour se replonger dans sa lecture, ses cheveux bruns donc la lumière du feu donné quelques reflets rougeâtre.
Mais elle sentait bien le regard du garçon sur son livre. Elle avait droit de lire ce qu’elle voulait ? Surtout qu’elle avait déjà largement fini ses devoirs qu’elle avait jugé bien trop facile à son goût. Elle adorait en savoir plus sur les Serpentards et les gens importants qui avaient côtoyé cette charmante maison qui était la leur. Des noms semblaient lui parler. Son père avait du lui en parler. Black... Tournant la page il y avait même tout un arbre généalogique. Enfin quelque chose de passionnant ! Du doigt, elle suivait les lignes tout en lisant mentalement chaque nom. Un sourire illumina ses lèvres. Est-ce que son nom fera parti d’un arbre comme celui-ci ? Au fond d’elle, elle l’espérait réellement...

La réplique de la 1ère année et sa remarque sur les « pisseuses » de sa chambre était si semblable à la réponse qu’il avait formulée que la Serpentard donna presque envie à Daniel de sourire. Cependant, étant bougon de nature, il ne montra pas le moindre signe pouvant indiquer à la jeune fille que sa remarque lui avait plu.

¤ Elle promet la maison Serpentard avec des brailleurs et des pisseuses. Déjà qu’il y a Lydia, cette tare en puissance… ¤

Ses yeux s’étaient reposés sur son manuel de potion et parcouraient de nouveau la page, mais sans vraiment parvenir à s’y accrocher. Il observait les lettres sur la page mais ne parvenait plus à lire le moindre mot. A vrai dire, il pensait à Serpentard, aux autres maisons et au peu de gens avec qui il avait eu l’occasion de parler. Il comptait parmi ces personnes 3 Poufsouffle (dont 2 pas intéressantes), 1 Gryffondor odieuse et 1 Serpentard avec qui il avait fait le trajet aller du Poudlard Express.

¤ Jamais parlé avec les Serdaigle… J’me demande comment est leur maison… ¤

Tout en songeant à Poudlard et à ses maisons, son regard avait dérapé vers le feu et s’y était perdu quelques instants. Lorsqu’il s’en rendit compte, il était trop tard pour faire semblant de se replonger passionnément dans son livre.

¤ Un peu nase la leçon 5… J’espère que Rogue expliquera mieux que le bouquin… ¤

Reprenant son livre, il en tourna les pages jusqu’à arriver à la table des matières et il y lut tous les titres de toutes les potions qu’ils pourraient concocter cette année. La liste était longue et certaines potions paraissaient fastidieuses. En tous cas cette table des matières fascina Daniel qui avait hâte d’avancer dans le programme.

Une fois cette table lue dans les deux sens, Daniel reposa un instant ses yeux sur la 1ère année et la remarqua complètement plongée dans son livre. Elle avait l’air si fascinée par ce qu’elle regardait que plusieurs questions venaient à l’esprit du rouquin : que lisait-elle ? pourquoi se forcer à lire un manuel qui n’était pas au programme ? qu’est ce qui pouvait bien la faire sourire ?

Après l’avoir regardée avec insistance, il se décida à lui poser juste une simple question avant de se replonger dans sa propre lecture.

« Qu’est ce que tu lis ? »

Il avait vu le titre de l’ouvrage, mais il espérait qu’elle pourrait lui en dire plus (d’où le manque de précision de la question). Ses yeux bleus restèrent rivés sur la jeune fille tandis que ses doigts s'étaient occuper de tourner les pages de son manuel par centaines. Si la fille ne voulait pas lui répondre, cela ne le surprendrait pas (il en avait l’habitude) et pourrait illico se replonger dans la lecture d’une nouvelle recette sans perdre de temps. En attendant, il la fixa un instant, s’efforçant d'afficher un visage un poil aimable. Il s’était rendu compte depuis le début de l’année que si l’agressivité de Lydia avait des effets positifs sur son entourage, bizarrement sa propre agressivité n’en avait pas tellement.

¤ Est-ce qu’un livre sur l’Histoire de Poudlard parlerait de magie noire ? Ça ça pourrait être vraiment fascinant… ¤

[540 mots]

&&&

Frédérique aurait donné beaucoup pour boire quelque chose. Elle commençait à avoir soif. Elle pensait à ce délicieux jus de citrouille. Frais de préférence. En plus avec la cheminée ça aurait bien donné. Et des cookies. Lire et grignoter, elle adorait ça. A quoi ça servirait de manger sinon ?
Alors qu’elle ne regardait plus son livre, elle se rendit compte que le garçon ne faisait déjà plus attention à elle. Il fallait dire qu’elle ne bougeait pas de son fauteuil et qu’elle ne faisait rien pour qu’on la remarque. Elle n’était pas de ce genre là à se faire remarquer. Et puis elle ne savait pas ce qu’il avait pensé de ses propos, mais au moins elle avait répondu au moins à ceux du garçon. C’était quoi son nom au fait ? Elle l’ignorait mais elle ne le lui demanda pas. Si il voulait le lui donner, il le lui donnera. Mais si il ne le faisait pas, elle n’avait pas envie de s’en formaliser. En fait, si ils ne s’adressaient jamais plus la parole, elle n’en aurait pas une larme. Ça solitude ne l’avait jamais déplu, au contraire, ça la rassurait. Elle pouvait ainsi penser et faire ce qui lui plaisait sans jugement.

Frédérique reporta son attention sur son livre. Elle se remit à lire toujours tout ce qui pouvait se rapporter à sa maison mais surtout à son histoire. Elle repéra une note au coin du livre. Une note qui n’avait sans doute pas été faite à l’impression de l’ouvrage. "Encore plus machiavélique qu'il n'est séduisant, il n'a jamais proféré une seule parole sans quelques projets malhonnêtes. De tout ce qu'il a conquis il n'en est pas qui en ait à s'en plaindre. Fuyez-le à tout prix..." Elle haussa un sourcil. Elle adorait. Elle s’en délecta. Mais de quoi ça se référençait au juste. A Serpentard ? Un héritier ? Etait-ce de la main d’un autre Serpentard fan de cette maison, ou d’une autre maison qui les détestait ? Elle ignorait tout ça mais elle aurait donné beaucoup pour savoir. Les livres sont vraiment passionnants. On y découvrait des choses toujours plus intéressantes.
En parlant de livre, elle entendit son voisin feuilleter rapidement son propre livre. Potions si elle avait bien lu. Elle l’avait déjà entièrement lu juste avant de rentrer à Poudlard peu après avoir acheté tout son matériel nécessaire à cette première année d’étude. Mais elle ne se préoccupa pas plus de ce que faisait le garçon, trop préoccupée pas ce qu’elle lisait sur son propre livre.

Frédérique avait quitté l’arbre généalogique des Black pour m’intéresser à un passage. Les héritiers de Serpentards. Alors il en restait encore en dehors du Seigneur des Ténèbres ! Elle ne l’aurait jamais imaginé. Mais elle savait qu’elle n’en faisait pas partie. Il se pouvait même qu’elle soit la seule Serpentard de sa famille. La poisse !
Mais elle sentit un regard sur elle. Tentant de ne pas y faire attention, elle continua à lire son passage mais ses joues virèrent au rouge. Elle n’eut d’autres réactions qu’un sursaut quand le garçon lui adressa nouveau la parole.

« Je lis l’histoire des Serpentards. Il y a des anecdotes intéressantes. »

Il la dévisageait avec insistance. Il s’intéressait à ce qu’elle faisait et elle en était fière. Alors pourquoi ne pas en profiter ? Il semblait plus aimable que tout à l’heure et elle ne pouvait pas se montrer désagréable avec lui. Il avait fait un effort quand même !

« Mais ce livre ne donne pas assez de référence sur la Magie Noire. C’est dommage car il y a de bonnes choses. Mais c’est comme si il n’y en avait pas assez ou que c’est incomplet. Tu connais des anecdotes rares sur les Serpentards ? »

Frédérique lui sourit doucement. Elle voulait voir si il méritait sa place à Serpentard. Elle, elle avait travaillé la question des maisons tout l’été précédent sa rentrée depuis qu’elle avait reçu sa lettre d’admission. Et elle avait espéré secrètement être à Serpentard. Elle devait avoir une bonne étoile vu que son désir était devenu réalité. Mais était-ce le cas de ce garçon ?

[691]

&&&

La jeune fille ne devait pas s’attendre à ce que Daniel lui reparle puisqu’elle sursauta lorsque celui-ci ouvrit la bouche. Le Serpentard se soucia cependant peu du sursaut (il l'ignora même complètement). Il était déjà peu habitué à converser alors il ne fallait pas en plus lui demander de s’adapter à son interlocutrice.

Frédérique (l’interlocutrice en question) sursauta donc, mais se lança aussitôt dans la discussion. Elle semblait plutôt contente de ce qu’elle lisait et très encline à en parler puisqu’elle répondit sans hésiter à la question : elle cherchait des infos sur la maison « Serpentard ».

¤ Ah… ¤

Pour le moment Daniel ne s’était pas vraiment intéressé à sa maison. Il fallait dire que de nombreux sorciers de sa famille étaient passés par Serpentard et il avait déjà l’impression d’en connaître beaucoup sur le sujet. Il en savait par exemple beaucoup sur les grands sorciers issus de Serpentard (ainsi que des autres maisons) ainsi que sur certaines coutumes qui avaient été instaurées pour les élèves de Serpentard et qui tendaient aujourd’hui à disparaître.
Serpentard était de loin la maison avec laquelle il était le plus familier, et sa répartition dans cette maison avait été très loin de le surprendre.

¤ Moui, lire sur Serpentard… Beh pourquoi pas… ¤

Il garda le regard posé sur Frédérique tout en se demandant pourquoi elle avait l’air si ravie devant son bouquin et il ne put s’empêcher de penser qu’elle n’était sûrement pas de sang pur. Les familles de sang pur étaient si fières de leur appartenance qu’en général, leurs enfants en savaient beaucoup sur Poudlard avant même leur arrivée au château.

Ce que Daniel recherchait dans ses lectures, c’était plutôt des informations sur les sorciers puissants et plus particulièrement sur les mages noirs. Il était fasciné par la puissance et par la magie noire en général et pour le moment il avait beaucoup de mal à trouver le moindre ouvrage traitant de ces sujets, tabous pour la plupart des sorciers.
Ainsi, quand Frédérique évoqua la magie noire, elle éveilla un intérêt certain dans l’esprit du jeune garçon. Si cette fille en connaissait un tout petit peu sur la magie noire, peut-être pourrait-elle partager ses connaissances, on ne savait jamais…

« C’est dur de trouver un bon ouvrage sur la Magie Noire… Tu en as vu quelques uns ici ? »

Daniel s’efforça de prendre un ton détaché, mais son intérêt se lisait clairement sur son visage. Si il s’avérait que Frédérique s’y connaisse un peu en magie maléfique, Daniel ne tarderait pas à devenir son nouveau meilleur ami. Il était avide de connaissances sur le sujet et était prêt à beaucoup pour progresser dans ce domaine. Même si cela signifiait pour lui, devoir se rapprocher d’une personne (ce qu’il détestait faire par dessus tout).

Bien qu’il aurait préféré parler de magie noire plutôt que de Serpentard, Daniel s’efforça tout de même de répondre aux questions de la miss. ¤ Si je réponds pas à ses questions elle répondra jamais aux miennes. ¤ Il réfléchit un instant à une tournure de phrase un peu aimable et poursuivit.

“Je connais quelques anecdotes… Toute ma famille ou presque vient de Serpentard. Tu veux savoir quoi ?”

Daniel était désormais bien éveillé et avait lentement refermé son livre de potion pour mieux se concentrer sur la conversation.

¤ J’espère qu’elle en sait un peu, elle m’a l’air jeune quand même… ¤

[567 mots]

Sans avoir au préalable répondu à sa propre question, le garçon lui en posa une autre. Il semblait véritablement interessé par sa lecture alors que ça ne semblait pas le cas quelques minutes plus tot. Ce qui enchanta encore plus Frédérique. Elle referma doucement son gros et lourd bouquin avant de redresser ses lunettes qui continuaient à fuir sur le bout de son nez. Elle releva enfin le regard vers le garçon qui la regardait avec insistance. Elle n’avait vraiment pas l’habitude d’une telle attention. Elle avait toujours l’habitude de tout faire discrètement que de se montrer au grand jour lui faisait encore assez peur. Mais elle devait s’y faire, car ce genre de cas risquait de se renouveler souvent. Et ce n’était finalement pas pour lui déplaire.

« Les ouvrages sur la Magie Noire ? Malheureusement, ils ne font pas traîner ça à la bibliothèque à part dans la Réserve. Mais faut déjà avoir la clé, après tu as tout ce que tu veux dans ce domaine. Mais j’ai lu tellement de livres que je peux te dire que tout œuvre en parle tot ou tard. Mais il faudrait rassembler un millier de livre simple pour n’avoir qu’une vingtaine de page intéressante sur le sujet. C’est trop peu.
Des élèves de 5ème, 6ème et 7ème année en possède dans les dortoirs de Serpentard, plus les garçons que les filles. Tu n’en avais jamais aperçu ? Bon c’est plus rare pour les 1ère, 2nd, 3ème et 4ème année. Donc il est assez difficile de s’en approcher. J’ai pas le charme des filles de 15ans et plus pour espérer de séduire quelqu’un et pouvoir m’emparer de tels livres.
Des professeurs en possèdent aussi, mais quand tu sais de qui il s’agit, après il suffit de leur détourner l’attention. Contrairement aux élèves, ils sont si stupides qu’il est simple de les avoir.
Tu as des ouvrages toi ? »

Frédérique se tut enfin pour l’écouter parler. Il disait peu de chose, mais c’était net et percutant. Elle par contre, elle avait tendance à trop parler. Sans doute pour rattraper son mutisme et sa solitude de ces dernières années. Elle baissa doucement le regard, se perdant à la fois dans ses pensées. Le ton du garçon était détaché, elle n’avait toujours pas l’habitude du monde social donc elle ne savait pas vraiment quoi en déduire. Bonne ou mauvaise chose ? Mais dans l’immédiat, elle se devait de lui répondre à nouveau.

« Tu as beaucoup de chance. Ma famille maternelle est de Serdaigle et ma famille paternelle est plutôt de Gryffondor. Je suis devenue la bête noire de la famille, si c’était pas déjà le cas avant. Moi je me sens mieux à Serpentard qu’ailleurs ! On m’aurait déjà changé en statue de sel dans les autres maisons si j’avais parlé de Magie Noire. Ça m’a toujours intéressé mais avec la famille que j’ai, je n’ai jamais eu l’occasion de toucher tout ça de près.
Mais avant d’avoir des anecdotes... tu t’appelles comment ? Je suis Frédérique LeeRoy. »

La jeune fille haussa un sourire, fière de se présenter enfin à quelqu’un. Surtout qu’elle admirait sa manière d’être avant même d’avoir pu le connaître vraiment. Pourra-t-elle un jour lui ressembler ? Elle l’espérait. Elle voulait changer. Elle regrettait l’image qu’elle donnait. Ce n’était pas digne d’une Serpentard, si elle avait bien compris tout ce qu’elle avait lu. Elle voulait être fière de sa maison et que sa maison soit fière d’elle. Elle avait encore du chemin, mais elle avait la volonté de le faire. Il ne manquait plus que la confiance. Mais ça, ça viendra, elle en était sur.

[606]

&&& Tous

Finalement la demoiselle ne semblait pas tellement s’y connaître en magie noire. De ce que Daniel avait pu comprendre, elle s’intéressait au sujet mais elle était un peu dans le même cas que lui puisqu’elle ne parvenait pas à se procurer d’ouvrage.

¤ Enfin si moi j’en ai un quand même ¤

Fier de posséder ce livre que la miss serait certainement ravie de lire, il se garda bien cependant de dévoiler qu’un tel ouvrage était en sa possession. Effectivement, il n’avait absolument aucune envie de prêter son livre à quelqu’un qui n’avait quasiment rien à lui offrir en échange.

« Non je n’en ai pas. Donc visiblement ils sont tous dans la réserve. »

¤ Ou entre les mains des élèves plus âgés… ¤

Faisant mine de se désintéresser du sujet, Daniel songea cependant à ce que venait de dire la brunette sur leurs aînés de Serpentard. Alors comme ça son interlocutrice avait déjà pensé user de son charme pour subtiliser ces ouvrages à leurs aînés ? Elle avait de l’idée, mais Daniel doute réellement qu’elle puisse arriver à un réel résultat avec un plan aussi peu travaillé.

¤ Moi j’essayerai de le leur piquer… J’ai déjà réussi à voler un truc une fois… Mais à qui les piquer ? Pfff si seulement je pouvais manipuler cette peste de Lydia… Mais pour la manipuler il me faut des connaissances en magie noire… Le serpent se mord la queue… ¤

Sa réponse pour la brunette ayant été très courte, la conversation dévia naturellement sur leurs origines à tous deux. Lui avait révélé ses origines de sang pur, et elle… elle avait des parents qui venaient de Serdaigle et de Gryffondor. ¤ Et alors ? ¤ Ça faisait maintenant un moment qu’ils discutaient et elle se présenta après lui en avoir révélé un peu sur sa vie et sur sa famille. Daniel n’était non seulement pas habitué à ce qu’on lui parle longtemps, mais encore moins à ce qu’on le traite comme un égal. Il n’entretenait en général que des rapports agressifs avec les autres, et il hésita à se présenter à son tour. Après avoir estimé qu’il ne risquait pas grand chose en donnant juste son nom, il se présenta du bout des dents.

“Daniel Sallers.”

Ne sachant trop si il avait envie de faire ami-ami avec Frédérique, il resta un instant silencieux, repensant à leur début de conversation et à ce qu’elle lui avait dit sur les élèves des années supérieures.

¤ J’pourrais peut-être me servir un peu d’elle comme Lydia le fait avec les autres… Elle a pas l’air de se méfier beaucoup des gens. ¤

Relevant les yeux vers la brunette, il se demanda alors si elle avait seulement essayé de fouiller les chambres de ses aînées. Lui pouvait s’occuper des dortoirs des garçons, mais pour celui des filles il allait avoir un peu plus de mal puisque ceux-ci étaient protégés par un enchantement.

Reprenant la parole comme si le sujet « magie noire » n’avait jamais été abandonné, il s’adressa de nouveau à Frédérique en tentant de se montrer un peu moins froid qu’à son habitude.

« Les 5ème années ne sont pas si durs à berner… T’as essayé de fouiller leur chambre en leur absence au moins ? »

¤ Faut que je fasse ça… Puis que je trouve un moyen pour chiper la clé de la réserve… ¤

La réponse du garçon avait était largement plus courte qu’elle ne l’espérait. Si elle voulait en savoir plus sur lui, elle allait avoir beaucoup de mal. On aurait dit qu’il aimait l’écouter mais n’appréciait pas qu’on lui demande de répondre. Elle qui n’avait jamais vraiment eu l’occasion parlé tout au lieu de son enfance, elle se demandait comment des personnes continuer à s’isoler alors qu’on était en communauté. Bon, elle s’isolait aussi, mais elle était ouverte à la conversation quand il le fallait.
Elle trouvait ce nom tout à fait charmant. Mais si ses connaissances étaient bonnes, ce prénom était loin de lui coller à la peau. Séducteur, charmeur, elle ne pouvait se prononcer, elle ne s’intéressait pas à ça. Mais si on devait décrypter son prénom, on disait les Daniel très sociable… comme quoi, les parents avaient de très mauvais choix. Quoi que, elle n’en était qu’à sa première impression sur ce garçon et elle espérait ne pas être au bout de ses peines. Il semblait intriguant mais il donnait aussi l’envie de le fuir. Et plus les choses étaient mystérieuses, plus Frédérique voulait en savoir plus.
Ils parlaient toujours de la réserve et bien entendu ça ne faisait qu’accroître l’envie de la fille d’en savoir plus, d’en voir plus.

« Si on ne voulait vraiment pas qu’on accède à ces livres, on les aurait mis hors de la réserve. Comme ils y sont, c’est pour qu’ils soient accessible au moins une fois. C’est comme au Ministère… dommage que père ne veuille plus m’y mener... »

Elle parlait plus à elle-même qu’au garçon. Elle était vraiment intriguée par cette pièce et l’envie de voir les ouvrages qu’elle renfermait l’attirait de plus en plus. Elle imaginait tous ces livres enfermaient et qui n’attendaient que des gens comme elle ou Daniel pour les retirer de leur prison et être enfin lu. Pourquoi enfermer des livres ? Ils n’avaient rien de mal dans un livre, ce n’était que leur utilisation quoi pouvait être mal. Mais bien sur, après cela dépendait de la définition du mal que l’on avait. Frédérique n’avait qu’une soif de connaissance qu’elle ne parvenait jamais à combler. Mais elle se demandait pourquoi le garçon, lui, était intéressé par la Magie Noire. Connaissance ou autre chose ? Personnellement, elle optait pour la seconde solution et ça ne fit que renforcer sa curiosité sur Daniel qui ne semblait pas vraiment se dévoiler.

« Toi qui connais mieux Poudlard que moi, as-tu déjà entendu quelqu’un se vantait d’être allé dans cette réserve. Dans tous les cas, je ne pense pas que ça soit impossible d’y entrer. »

Mais le garçon semblait déjà désintéressé du sujet et elle n’insista pas. Elle aurait donné beaucoup pour savoir ce qu’il pensait. Elle avait lu dans une de ses recherches qu’il y avait la possibilité de lire dans les pensées des gens. Mais c’était encore du domaine de la Magie Noire et ça lui donnait une autre raison de connaître ce domaine, la Legilimancie. Quel bel avantage elle pourrait en tirer si elle avait ce don de télépathie ! Mais elle se répéta encore une fois qu’elle ne voulait vraiment approcher toute pratique approfondie en magie qu’en seconde année. En cette première année, elle avait tant à faire qu’elle ne parviendrait jamais à avoir la concentration nécessaire à de telle pratique. Connaissance avant tout !

« Non. Je viens d’en avoir à peine l’idée. Mais je pourrais tenter d’arriver jusqu’à la chambre des Perfects. Dans mon dortoir, tout le monde parle d’elles mais je n’ai encore jamais eu l’occasion de les approcher. Il parait que si on s’y prend bien, on peut devenir leur petite protégée. Si c’est le cas, je pourrais avoir par la suite tout ce que je veux, surtout en Magie Noire. Sinon, je pourrais très bien me glisser dans leur dortoir et voir ce que je pourrais y trouver. Tu as déjà tenté de fouiller dans les dortoirs des garçons ? J’ai cru voir deux lourdaux avec un blondinet intriguant. Je suis sur qu’ils pourraient avoir des livres intéressants. »

Elle citait bien sur Crabe et Goyle, dont elle avait oublié les noms tant ils ne l’intéressaient guère, mais aussi de Malfoy. Elle connaissait son nom. Leurs pères travaillaient ensemble au Ministère, et elle l’avait souvent croisé. Il l’avait de suite grandement impressionné. Elle aurait réellement aimé approcher ce Drago, mais comment faire quand il y avait autour de lui un tel attroupement constant. Il paraissait qu’il était l’élève préféré par excellence de Rogue. Elle le jalousait pour ça. De quel droit pouvait-il avoir un tel privilège ?
Elle parlait, parlait et parlait encore mais le garçon était plus réservé dans ce domaine. On aurait dit qu’il l’analysait sans cesse. Mais elle ne parvenait pas à parler moins. Et si elle le faisait, leur conversation aurait déjà aussi vite tombée qu’elle n’avait commencé. Et pour le moment, elle ne voulait pas lâcher le garçon qui pouvait lui apporter beaucoup. Mais plus ils parlaient, moins il se montrait froid et distant. Avait-elle cassé un peu la glace qui l’entourait en entamant un sujet qui l’intéressait ?

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