Promenade en famille (PV)

Cela faisait déjà plusieurs semaines que la rentrée avait eu lieu à Poudlard, et, en cette fin septembre, une sortie à Pré-au-Lard avait été annoncée, ce qui avait empli Nina de joie puisque, toute nouvelle troisième année, elle allait enfin pouvoir visiter le seul village entièrement sorcier de Grande Bretagne. Ne vous y trompez pas : ça n’était évidemment pas les aspects culturels de ce lieu si célèbre qui la faisaient rêver, mais bel et bien toutes les possibilités de shopping qu’il offrait qui attiraient la jeune Gryffondor : entre Zonko, Honeydukes, et toutes les autres boutiques, il y avait beaucoup à voir et à dépenser. La demoiselle voulait également faire un tour aux Milles et Unes Symphonies de la Mode, non pour y acheter quelque chose – elle n’avait pas l’argent pour – mais afin d’admirer les quelques vêtements qui, disait-on, étaient mis en exposition pour le plus grand plaisir des jeunes filles. Enfin, tout cela dépendrait bien entendue de Camille, puisque la blonde comptait bien faire cette visite avec son frère. Elle ne comptait pas lui laisser ce choix là, en revanche, même si Estelle serait contente de l’accompagner. Pour la toute première, la famille, c’était quand même ce qui comptait d’abord.

Le grand jour arriva enfin, et toute excitée, Nina fut la première dans le hall à attendre Camille. Il est vrai, me direz vous, qu’ils auraient pu se rejoindre dans la salle commune, puisqu’ils étaient de la même maison, mais non, puisque chacun avait quelque chose à faire avant, donc cela n’imposerait à aucun des jeunes Moreau de remonter jusqu’à la tour de Gryffondor si jamais il se trouvait autre part à l’heure du rendez-vous. Toujours est-il que pour une fois, la blonde était en avance, même si très peu : nombre d’autres élèves étaient déjà là, passant seuls ou à plusieurs devant Rusard qui examinait chaque élève afin de vérifier qu’ils étaient sur sa liste, et avaient donc reçu l’autorisation parentale d’aller à Pré-au-Lard. La lionne se demanda à cette occasion si beaucoup se voyaient refuser ce précieux sésame. Elle n’en voyait pas bien l’intérêt, à vrai dire, même si cela pouvait sans doute servir comme punition. Bref, comme ça ne la concernait pas, a priori, elle s’en fichait. En revanche, elle trépignait d’impatience : pas de temps à perdre, n’est-ce pas ? Passer un week end en dehors du château était très motivant pour elle, d’autant que, par chance, il faisait encore beau. Poudlard et son parc avaient beau être superbes, changer d’air ne pouvait pas lui faire de mal. D’autant qu’elle avait fini tous ses devoirs, ou presque. Camille serait content d’elle ; du moins, elle espérait.

Enfin, avec un grand sourire aux lèvres, elle le vit arriver. Enfin ! Ca n’était pas trop tôt ! Bon, certes, il était l’heure pile à laquelle ils s’étaient donnés rendez-vous, comme d’habitude, et c’était de sa faute à elle, à Nina, si elle était venue trop tôt, mais comme elle n’avait rien à faire juste avant, ça n’était pas comme si c’était bien grave. Bref, une fois que Camille fut à sa hauteur, le jeune blonde prit la parole comme elle savait si bien le faire :

- Alors ? Prêt ? Youhou ! J’espère que papa et maman ne m’ont pas refusé l’autorisation sans me le dire, je n’ai pas envie de prendre la honte devant tout le monde. Tu faisais quoi ?

Tout en parlant, elle se mit en route, se doutant bien que Camille ferait de même : il n’était pas venu jusqu’ici pour rester planté au milieu du hall d’entrée, et lui aussi devait bien avoir envie de visiter Pré-Au-Lard.

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RENTREE

Juste avant de voir Nina, Camille était avec Alix, ils parlaient de leurs vacances, et de leurs rentrées, ainsi bien sûr que de leurs frères et sœurs respectifs et du mariage prochain du cousin d’Alix – une vraie plaie selon la jeune fille qui n’aimait pas la future mariée, enfin pas à ce qu’en avait compris Camille en tout cas -. Cette conversation terminée, Camille se rendit (avec un peu d’avance comme à l’accoutumée) à son rendez-vous avec sa sœur. La seule chose regrettable dans le fait qu’Alix soit sa complice du crime et que, de ce fait, elle soit la seconde fille la plus proche de lui après sa sœur, c’était qu’il ne pouvait pas voir Nina ET Alix en même temps. Ce n’était pas compatible, à son plus grand regret.

De manière étonnante, Alix était en avance, il arriva donc après elle. Il aurait pu s’en étonner, il trouva juste que c’était une bonne chose. Restait néanmoins à espérer qu’elle avait terminé ses devoirs, lui c’était son cas, il faut dire qu’il avait une vie bien moins trépidante que sa sœur aînée (de quelques mois) vu qu’il avait aussi de manière proportionnel bien moins d’amis. Lui il se contentait de Lorenzo et d’Alix, il n’avait pas le sentiment d’avoir besoin d’autres personnes du moment qu’à côté de ça il avait sa déesse personnel (donc depuis mon dernier poste, on est d’accord, c’est toujours Nina évidemment).

« Totalement prêt. » Répondit-il à la première exclamation de Nina. Pour tout dire, il avait même pris son porte monnaie au cas où il aurait trouvé quelque chose d’intéressant à Pré-au-lard… des sucreries peut-être ? Parce qu’on peut être froid et aimer le sucre hein, c’était loin d’être incompatible.

« Peu de chance que les parents nous interdisent de sortie alors que Hugh lui l’a obtenu l’an passé. » Même si au niveau scolaire Hugh était entre ses deux cadets, il était moins sérieux que Camille mais plus que Nina. Au fond, il avait aussi plus d’amis que Camille et moins que Nina, à croire que ce genre de choses allaient ensemble !

« J’étais avec quelqu’un. » Répondit-il simplement, peu adepte du mensonge (en fait, il n’aimait même pas du tout ça). Cela dit, il ne savait pas trop ce qu’il pourrait ajouter si elle lui demandait de qui il s’agissait exactement. Sûrement qu’il allait inventer, ou dire qu’il était avec Lorenzo, ou… heu… bah, il verrait le moment venu, pour l’instant, il était largement temps de commencer à se diriger à Pré-au-lard. A eux les bonbons !!!!

Camille lui avait répondu – c’était étonnant – qu’il était prêt. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le jeune homme – et pourtant, il faut le faire ! – bien entendu que non, ça n’était pas étonnant. La seule chose inhabituelle était – je l’ai déjà dit – que Nina soit arrivée avant lui, et le garçon n’avait rien à voir là dedans, puisque c’était de son fait à elle. Vous me suivez toujours ? Parfait, parce que la blonde n’était pas prête à attendre qui que ce soit, maintenant que son frère adoré était là, avec elle, et qu’ils n’avaient plus qu’à passer devant Rusard pour accéder à la liberté, c'est-à-dire en l’occurrence à toute une après-midi pour visiter Pré-Au-Lard, ce dont chaque sorcier qui n’en avait pas eu l’occasion d’y aller avant d’entrer à Poudlard rêvait plus ou moins, parce que la plupart des élèves avaient beau aimer le château, pouvoir en sortir de temps en temps pour se rendre dans un autre espace ne pouvait que leur faire du bien, parce qu’après deux ans passés au collège de sorcellerie, les limites du parc devenaient vite petites, et plus encore pour des hyperactifs qui, à l’image de la jeune lionne, avaient tôt fait de parcourir tout l’espace disponible plutôt que de se terrer dans la bibliothèque pour réviser sous l’œil de faucon de Mrs Pince.

- C’est vrai, mais on ne sait jamais, n’est-ce pas ? Ils pourraient tout aussi bien avoir oublié de le signer, aussi.

Nina appliquait à ses parents ses propres caractéristiques : inattentive en permanence, elle oubliait souvent les choses les plus urgentes pour se concentrer sur quelqu’un qui venait de passer, ou la nouvelle qu’une amie venait de lui apporter, aussi futile soit-elle, et c’est ainsi que souvent ses devoirs passaient à la trappe, jusqu’à ce qu’elle s’en rende compte peu avant d’aller se coucher, voire le lendemain matin, à table, quand Camille lui demandait si elle avait terminé tous ses devoirs. Inutile de dire que ce trait de caractère n’allait pas s’arranger avec la possibilité de sortir à Pré-Au-Lard., si réduites et espacées soient ces week end. Bien entendu, comme vous connaissez la blonde, vous vous doutez qu’elle finira sans doute aussi par se lasser du seul village entièrement sorcier de Grande Bretagne, mais cet état d’excitation devait bien durer un moment, d’autant plus si elle devait faire ces visites avec son frère, dont elle était désormais séparée un jeudi sur deux pour que le jeune homme aille à son option à Taliesin, tandis qu’elle était, entre autres, en cours de soin aux créatures magiques. Si Camille avait essayé de lui expliquer en quoi consistait son don, cela restait un peu obscur pour la blonde qui, n’en possédant pas, ne parvenait pas vraiment à comprendre de quoi il s’agissait. En tout cas, malgré toutes ses craintes, Rusard les laissa passer, malgré tous les mauvais préjugés qu’il pouvait avoir vis-à-vis de la jeune fille :

- Moreau…Moreau…Camille et Nina, allez-y, mais je vous tiens à l’œil.

Enfin, ils étaient hors du château et de ses limites, ils pouvaient aller où ils voulaient à Pré-Au-Lard, et comme Nina était un poil polis, elle comptait demander à son frère où il désirait se rendre, à défaut d’essayer d’en savoir plus – pour le moment du moins – sur la personne avec qui il se trouvait auparavant : sans doute lui aurait-il dit s’il avait été avec Estelle ou Maybel – hypothèse peu probable, mais sait-on jamais ? – et c’était donc qu’elle devait ne pas connaître la personne en question, même si elle finirait bien par le savoir un jour, quand elle se serait décidée à poser la question, mais pour le moment elle s’en fichait un peu, et voulait simplement profiter de cette sortie à Pré-Au-Lard, le temps de l’inquisition viendrait un peu plus tard, quand ils seraient rentrés, si jamais elle y pensait encore, ce qui n’était pas certain, malgré tout l’intérêt que Nina pouvait porter à Camille et à ce qu’il faisait : la joie de découvrir le village dont elle n’avait jusqu’à maintenant vu que la gare pouvait lui faire oublier tout cela. C’est qu’entre Honeyducke, la Maison Hurlante et Zonko, il y avait beaucoup à voir, ici.

- Alors, Monsieur, où va-t-on ? Je te suis !

Camille avait intérêt à profiter de cette opportunité, qui ne se représenterait pas souvent : Nina avait plus l’habitude que les autres fassent ce qu’elle désirait que l’inverse, c’était indéniable, même si avec son frère elle était en général un peu plus flexible ; d’autant plus qu’elle n’avait pas toujours le choix.

Camille sourit à la réflexion sur leurs parents de Nina. C’est vrai qu’il imaginait très bien leur mère oublier de signer un papier, pour ça Nina était sa digne fille ! D’ailleurs, la ressemblance entre la mère et la sœur de Camille était flagrante, si ce n’est que Nina était nettement plus solide psychologiquement, plus comme leur père de ce côté-là, et elle était aussi probablement plus courageuse puisque leur mère avait été à Poufsouffle quand elle était plus jeune, et elle avait toujours été plutôt mauvaise à l’école, ce qui faisait qu’elle travaillait comme institutrice et avait une baguette surtout pour faire joli (elle était pourtant la fille de sorcier sur les deux parents !!!), et Papa Moreau avait été à Gryffondor et il était chercheur en botanique magique, un chercheur plutôt doué d’ailleurs. Camille et lui avaient souvent de longues conversations sur les plantes dans leur petite serre quand ils étaient chez eux en vacances. Camille était très fier d’avoir un papa aussi intelligent et plein de confiance (même si c’était un grand étourdi, trait de famille il faut croire). Par contre, Camille se demandait quand même comment c’était possible qu’il soit aussi fort en magie en étant fils de moldu. L’esprit terre à terre du jeune homme ayant bien du mal à admettre que la magie ne soit pas quelque chose que l’on puisse soupeser et juger scientifiquement !

« Vrai. Maman en serait tout à fait capable. Mais papa ne nous aurait pas oublié. » Du moins l’espérait-il ! Songeant un instant à sa mère, il grimaça, chose qui pouvait sembler étonnante sur le visage d’un jeune garçon aussi inexpressif, mais en réalité, Camille n’était pas vraiment inexpressif, il considérait juste les autres êtres comme des insectes qui n’avaient pas besoin de savoir ce qu’il pensait ! Ors sa sœur adorée n’entrait pas dans cette catégorie (elle avait dépassé le stade de l’humanité voyons !) donc avec elle, il paraissait presque normal (sérieux, peu bavard, mais normal). « Tu as reçu une lettre des parents d’ailleurs ? J’ai reçu celle de maman, Tony lui a jeté de la craie pendant un cours ~~sentez le vécu~~. Quand on rentre, je l’accroche à un portemanteau pour lui apprendre à vivre à ce déchet de l’espèce humaine. » Camille n’était pas violent en général mais ceux qui l’avaient connu avant Poudlard (Nina au moins dirons nous) savaient qu’il ne fallait pas trop le chercher non plus. Et jeter de la craie sur sa mère était considéré comme un péché capital. Le petit Tony, huit ans au moment où on écrit, presque neuf quand les enfants Moreau retourneraient dans leur petit village, n’avait qu’à bien se tenir !

Pendant qu’ils discutaient, ils arrivèrent devant la grille et Rusard les laissa passer tous les deux (manquerait plus que ça tiens !), suite à quoi Nina lui demanda ce qu’il voulait faire en premier. Bonne question, mais meilleure à son sens que si elle s’était intéressée à sa vie. En général il se vexait quand Nina semblait se moquer de ce qu’il pouvait faire, mais là ça l’arrangeait vraiment… il ne savait pas trop pourquoi il ne voulait pas que Nina sache qu’il voyait Alix… après tout, le vrai problème c’était Martin, non ? Et pourtant, il n’en avait pas envie, c’est tout.

« Zonko peut-être ? Je suis sûr que tu y trouveras ton bonheur, et c’est une boutique très réputée. » Pragmatique un jour, pragmatique toujours.

Finalement, Camille confirma ses vues, ce qui n’arrivait pas si souvent que ça, aussi Nina apprécia-t-elle ce moment, même si elle était bien contente que leurs parents n’aient pas oublié de signer les papiers leur autorisant les visites à Pré-Au-Lard. D’ailleurs, se demanda la blonde, pourquoi fallait-il une telle autorisation ? Y avait-il quoi que ce soit de dangereux, dans le seul village entièrement sorcier de Grande Bretagne ? Nina en doutait, sinon il serait interdit, tout comme l’était la forêt qui bordait le parc de Poudlard, dont la demoiselle se demandait toujours l’utilité. Sans doute était-elle là avant le château, sinon il n’y aurait pas eu grand intérêt à planter une forêt dans laquelle les élèves ne pourraient pas aller. Bref, pour une fois, la lionne évita de faire remarquer sa victoire, d’autant qu’il n’y avait pas vraiment eu débat avec son frère.

La mention de la lettre que Camille avait reçue de leurs parents – et du jeune qui avait attaqué leur mère – fit également bouillir Nina, encore plus expressive que son frère, et également bouillante dès lors que l’on s’attaquait aux siens, amis proches – comprendre les Imparfaites – ou famille, cela la mit hors d’elle. Sans se dire qu’il n’y avait plus de respect ou tout autre discours politique – elle était encore trop jeune pour ça – la demoiselle trouvait tout de même que ce gamin avait une attitude culottée et déplacée. Est-ce qu’elle-même lançait des objets sur Rusard ou sur Pince ? Elle ne les aimait pas, certes, mais n’irait sans doute jamais jusqu’à tenter de leur faire du mal, à eux ou au matériel de l’école. Pourtant, il ne lui semblait pas que les jeunes moldus aient une mentalité bien différente que celle des sorciers.

- QUOI ? Tu me préviendras, j’irais avec toi lui mettre une raclée, et il va les bouffer les craies, jusqu’à ce que lui passe l’envie de les jeter sur les gens.

L’imagination de Nina avait en réserve toutes sortes d’autres punitions pour le jeune impertinent, comme par exemple l’attacher sur la place publique afin que tous les passants lui balancent des craies à la figure – il saurait ainsi ce que cela ferait – et évidemment, la lionne comptait être au premier rang. Quant à savoir si ce serait réalisable, il ne devrait pas trop y avoir de problème : le gamin était un gamin, justement, bien plus jeune et moins motivé qu’elle à exercer la vengeance made in Moreau. Ah et oui, Camille lui avait demandé si elle avait reçu une lettre comme lui. Nina se passa la main dans les cheveux.

- Euh…c’est bien possible, je me souviens effectivement d’une enveloppe avec l’écriture de maman, mais comme j’étais en retard, j’ai du la mettre dans un bouquin. Peut être celui d’histoire de la magie, je regarderais en rentrant.

Nina ne précisa pas – ce n’était pas la peine d’en rajouter – que si elle avait mis la lettre dans un de ses bouquins, et particulièrement s’il s’agissait de l’histoire de la magie, c’était pour la lire pendant le cours. Elle imaginait sans peine, cependant, que Camille s’en douterait, il n’était pas vraiment bête, mais au moins elle éviterait de prêter le flanc à deux critiques de suite : l’une pour ne pas avoir ouvert l’enveloppe, l’autre pour avoir reconnu qu’elle n’aurait pas suivi un cours. Bref, du Nina tout craché, pas la peine d’en rajouter, d’autant qu’ils étaient sensés passer un bon moment, n’est-ce pas ?

- Va pour Zonko alors, c’est parti ! J’espère qu’ils ne fouillent pas au retour !

Evidemment, Nina n’avait jamais pris le temps d’apprendre la liste des choses – et particulièrement des farces et attrapes – interdites par le concierge de Poudlard, aussi comptait-elle ramener tout ce qu’elle pouvait, y compris ce qui pourrait servir à nuire à Rusard, ce qui est peut être paradoxal avec ce que j’ai pu dire plus haut ; mais le vieux Cracmol n’avait qu’à pas être aussi antipathique. Et puis, n’exagérons rien, la blonde était loin d’être une peste, surtout comparée à ce qu’il y avait pu y avoir dans l’histoire de Gryffondor.

« S’il se contentait de les jeter sur les gens encore… mais sur maman, hors de question. » Leur mère avait encore du être traumatisée tiens ! Elle était hyper sensible alors elle avait du se sentir très mal à l’aise par rapport à ce petit garçon qui lui avait lancé des craies. Et puis, Camille pensait bien que sa mère n’avait rien fait qui mérite un tel traitement, elle était tellement gentille et aimante… trop peut-être vous me direz. A être trop gentil, on se fait manger par les gros poissons, même lorsqu’ils ont seulement huit ans. Enfin, ce n’était pas bien grave puisqu’elle avait ses trois enfants pour la protéger ! Les Moreau étaient réputés dans leur village pour être une sacrée bande de petit polisson mais aussi très doués pour mettre à exécution des vengeances. Un jour un groupe de trois un peu plus vieux qu’eux s’étaient moqués du fait que Camille et Hugh soient des enfants adoptés, les deux frères et Nina avec eux (elle trempaient toujours dans les affaires louches n’est-ce pas ?) leur avaient fait ravaler leurs paroles en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire quidditch ! Camille avait même fait manger de la boue à l’un d’eux. En y repensant, c’était un peu vache, parce qu’il aurait pu tomber malade à cause des germes, mais à l’époque, Camille ne savait même pas ce qu’était un germe ou une bactérie alors…

« Ok, essaie juste de ne pas la lire en cours. » Et toc ! Mais ça aurait pu être pire puisque Camille était très doué pour faire la morale aux autres. Le hic c’est qu’en revanche il acceptait assez mal qu’on la lui fasse à lui ou qu’on essaie de le raisonner. Par exemple, il avait essayé de parler d’Alix et de Nina, et de ses problèmes d’adolescents, avec un ami l’été passé… mais ce que celui-ci lui avait dit ne lui avait pas du tout plu, il n’avait pas été loin d’avoir une réaction aussi butée que celle d’Alix lorsqu’on lui disait qu’elle aurait beau aimé son frère de toute son âme, elle ne pourrait jamais être avec lui. De ce côté-là, Camille se sentait mieux loti que son amie, même s’il portait le même nom que sa sœur, ce n’était pas sa vraie sœur, ça avait quelque chose de plus sain non ? Ou pas remarquez, mais on se rassure comme on peut lorsqu’on a seulement treize ans.

« Au pire je mettrais des trucs sur moi, y’a moins de chance que je me fasse fouiller que toi. » Camille n’étant pas fiché comme trouble-fête, c’est ça de savoir se montrer discret. De fait, ils allèrent à Zonko et en ressortirent les poches pleines. Camille se dit que son argent de poche allait être claqué dans la journée, ce qui était globalement assez malheureux vu qu’il n’en avait pas tant que ça (leurs parents ne roulaient pas sur l’or et ils étaient trois hein !).

« Cabane hurlante ? » Proposa-t-il finalement tout en croisant une fille sur qui il se retourna ostensiblement. Il faudrait qu’il trouve son nom tiens.

Non, non, on vous ne l’a pas changé. C’est juste un garçon quoi… ~~et plus c’est grand plus ça devient bête en plus~~

Nina n’était pas franchement d’accord avec Camille : si leur mère était supérieure à tous les autres, ce qui était une évidence pour la petite blonde, ça n’était pas une raison pour souhaiter que ce gamin stupide qu’était Tony s’en prenne à d’autres ; même si du coup ça n’aurait pas été de leur ressort, et il n’en restait pas moins que cet acte de méchanceté pure ne pouvait pas plaire à la lionne qui, vous le savez bien, était un modèle, un exemple de gentillesse. Jamais, oh grand jamais, elle ne s’en serait prise gratuitement à quelqu’un, simplement pour s’amuser, ce n’était pas la préfète Carter qui allait dire le contraire. Ou peut être que si, justement, ce qui voudrait dire que, grand malheur, la Gryffondor serait, au fond, un être aussi méchant que les Serpentard l’étaient dans les ragots populaires, ou que ce gamin inutile, inconscient et totalement fêlé. Bref, Nina ne pensant nullement à se remettre en question, ne nous embêtons pas avec ça, le tout étant de préciser que la sorcière n’était pas pour le fait que le susnommé élève de sa mère attaque les autres à sa place, même si dans l’absolu, ça n’était pas son problème.

- Il serait un peu moins bête, mais si peu…

La remarque de Camille fit soupirer Nina. Il avait lu dans ses pensées, ou quoi ? Il était vrai que ça n’était si bête, dans la mesure où il serait idiot de se faire confisquer la lettre, et plus encore qu’elle soit lue en classe devant tout le monde. Bref, c’était un coup à finir honteuse et en retenue, sans compter que Camille serait lui aussi concerné et que surement il n’apprécierait pas la chose. Même si la blond savait qu’elle pouvait être discrète, à condition de bien s’y prendre, ce n’était peut être pas la meilleure chose à tenter. Enfin, dans l’immédiat il s’agissait avant tout de rassurer son frère, afin que celui-ci ne la soupçonne pas continuellement d’être en train de parcourir le courrier de leurs parents, alors qu’en fait elle ne faisait que dormir, ce qui n’était certes pas forcément mieux, mais tout à fait différent, notons le !

- Comme si c’était mon genre ! Non mais vraiment, ça me déçoit que tu penses ça de moi !

Numéro de comédie dont ni Nina, ni Camille n’étaient dupes, le grand sourire de la blonde venant confirmer le ton plaisantin qu’elle avait adopté, espérant par là faire sortir de la tête de Camille cette drôle d’idée De même, la Gryffondor se senti un peu outrée de l’insinuation sin frère, même si elle était parfaitement justifiée, il ne fallait pas compter sur elle pour l’avouer Querelle de gamins ? Oui, sans doute, même si le mot querelle est un peu trop fort, puisqu’il n’y avait nulle animosité entre les deux jeunes Moreau.

- Ce sont les meilleurs nageurs qui se noient ! Et pis d’ailleurs ce n’est pas du tout justifié !

Mais bien sûr, Nina, on y croit tous. L’aller-retour de chez Zonko en tout cas se passe on ne peut mieux, et la blonde était très contente de ses emplettes quand les deux jeunes gens sortirent de la boutique de farce-et-attrape, en espérant qu’il lui resterait assez d’argent pour le reste du week end, et pour les futures sorties. La lionne n’étant cependant pas du genre à prévoir, rien n’était moins sûr. En tout cas, Camille proposa pour la suite de leur aventure la Cabane Hurlante, toujours aussi mystérieuses, ce qu’elle accepta bien volontiers.

- C’est parti mon kiki !

Une chose bien avec Nina, c’était qu’elle était toujours motivée.

Contrairement à sa sœur, Camille n’en avait rien à faire des autres. Si le gamin s’en était pris à quelqu’un d’autre, ça ne lui aurait pas posé plus de problèmes que ça du moment qu’il n’y assistait pas, mais en revanche qu’on s’en prenne à sa mère était un acte qu’il ne tolérait pas, l’une des seules choses en ce bas monde qui puisse le faire sortir de ses gonds… la deuxième dans un certain ordre, la première étant de s’en prendre à Nina qui était encore plus importante pour Camille que leur mère, quand bien même cela ne fut pas toujours très sain (mais au moins il le sait, faute avouée à demi pardonné, hein ?).

« Ta déception n’est pas moins grande que mon outrage ma chère, louper une telle nouvelle est presque un crime, cela dit, j’ai d’autres problèmes plus important en ce moment que ce que tu peux faire en cours. » Le début dit d’un air faussement grandiloquent pour taquiner sa sœur et la fin grommelée vaguement, plus ou moins pour lui, encore qu’il l’eut dit plus ou moins à dessein, parce que c’était vrai tout simplement, et qu’il n’avait jamais vraiment eut de secret avec sa sœur. Finalement, peut-être que ça lui pesait un peu de devoir lui cacher qu’il était ami avec Alix ou qu’il n’avait plus envie d’être son frère, mais c’était un sujet délicat à aborder, c’est pourquoi il n’avait pas vraiment développé, préférant entrer dans Zonko avec Nina, lui rétorquant à la suite « A d’autre ! » parce qu’il savait bien que d’eux deux, celui qui utilisait le plus les farces et attrapes, c’était bien elle. Après, dans la famille, il y avait Hugh aussi qui en tenait une sacrée couche, mais on ne pouvait pas le lui reprocher avec une camarade de bêtise comme Nina. Maintenant, Camille ne savait pas tout, et il était loin d’imaginer que l’année passée ses deux aînés aient fait les quatre cent coups ensemble à son insu.

Après leurs emplettes, ils sortirent et se rendirent à la cabane hurlante, avant ça, Camille s’arrêta pour acheter à un marchand ambulant quelques marrons chauds qu’il partagea avec Nina. Une fois devant la cabane hurlante, Camille apprécia le silence relatif de l’endroit. Il n’y avait aucun autre bruit que celui du vent, les murmures des élèves dans le centre du village n’étant qu’un léger brouhaha, trop lointain pour attirer son oreille. Prenant un nouveau marron, il s’assit sur un banc non loin et resta silencieux. Il n’y avait rien qu’il ait envie de dire qu’il puisse réellement prononcer, il préférait donc profiter d’un moment de calme et de sérénité en compagnie de sa sœur… du moins avant de lâcher quelque chose d’inhabituel chez lui.

« Je crois que je vais me chercher une copine. » Rien à voir ni avec le lieu, ni avec le moment, il fallait juste qu’il le dise, c’est tout. Il avait accepté, contrairement à Alix, que son amour pour Nina soit vain. Elle ne l’aimait de toute façon pas de cette manière et il fallait qu’il s’y fasse. Néanmoins, il ne parvenait pas à l’oublier, ayant comme un blocage, peut-être parce qu’elle était trop proche et sûrement aussi parce qu’il ne pourrait jamais cesser de l’aimer complètement… alors voilà, il allait se chercher une fille qu’il pourrait aimer. Il y en avait plein de mignonnes à Poudlard ainsi qu’à Taliesin, ça ne devrait pas être trop difficile d’en trouver une qui convienne. Enfin, si, ce serait difficile d’en aimer une ~~parce que c’était déjà le cas sauf qu’il ne le sait pas encore~~ mais tant qu’il n’essaierait pas de regarder ailleurs, il continuerait à être malheureux, et Camille n’était pas de ceux qui attendent sans rien faire que les choses s’arrangent… il était le maître de son destin, le capitaine de son âme, et il comptait bien le prouver (à Nina, pour commencer).

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- Tant mieux, ça me fera des vacances !

Ne croyez pas, chers lecteurs, que Nina se réjouissait du fait que Camille eut des problèmes qui pouvaient le désintéresser d’elle, mais cette petite attaque, fort gentille au demeurant pour qui la connaissait, n’avait été lancée que pour désarmer toute ambiance un peu morose qui aurait pu s’installer en cette après-midi de septembre, censé du point de vue de la jeune Gryffondor être un jour de fête, dans la mesure où ils découvraient quelque chose de tout à fait nouveau et n’étaient pas forcés de s’enfermer à Poudlard, tout devait donc rester bien. Pour autant, cela ne manqua pas de l’inquiéter, et il fallait que le problème soit bien important pour qu’il puisse détourner son frère d’elle, de même que seul un évènement tout à fait particulier pouvait faire sortir ne serait-ce que cinq minutes l’idée de Camille de la tête de la petite blonde. Sachant bien cependant qu’il ne continuerait pas de suite s’il n’en avait pas envie, et bien que sa remarque put justement l’en dissuader, Nina était donc résolue à attendre que son frère veuille bien lui expliquer, et au pire elle le tannerait par la suite, comme elle en avait déjà fait le projet pour la question précédente. Ce n’était donc pas, encore une fois, que la blonde abandonnât la bataille, mais tout simplement elle la remettait à plus tard, voulant profiter du moment, et ruminer ses questions, parce qu’un débat avec Camille ne s’improvisait pas.

- Faut bien que je m’entraine, tu as déjà fiché en l’air ma réputation auprès des premières années, comme si ça ne suffisait pas que toute la maison me considère comme une fainéante gaffeuse et j’menfoutiste.

Evidemment, Nina n’avait pas été cherché ça toute seule, elle avait tout entendu, parfois même dans la bouche des profs pour ce qui était du dernier mot, et il lui appartenait donc de se racheter une certaine stature auprès des plus jeunes élèves de Gryffondor si elle voulait qu’on la respecte un minimum en tant qu’aînée, le cas étant de toute façon perdu avec tous les anciens, elle en était certaine, ce qui ne lui déplaisait pas par ailleurs. C’était pour cette raison – entre autres – qu’elle avait lancé sa remarque à Camille, sachant bien qu’il la connaissait peut être pas comme lui-même, mais c’était tout comme, et bien mieux que n’importe qui d’autre à Poudlard, y compris Maybel et Estelle, même si la blonde partageait beaucoup avec ses deux amies. Ca n’était tout simplement pas la même chose, mais comme il me semble avoir déjà dit ça, avec le temps j’ai tendance à oublier, je passe sur ce détail, et passe à la prochaine station, en l’occurrence la Cabane Hurlante.

Nina avait beaucoup entendu parlé de cette maison, véritable attraction à Poudlard, que tout le monde devait venir voir au moins une fois, même si quelqu’un lui avait révélé qu’on n’entendait plus rien depuis bien longtemps, à défaut qu’elle sache la vérité, seulement connue de quelques uns dont elle ne faisait pas partie, et la blonde n’avait aucune raison de penser que la légende parlant de fantômes ne soit qu’un mythe destiné à cacher un loup garou il y avait des années de cela, à une époque depuis longtemps révolue, le monde sorcier ayant depuis connu une nouvelle guerre, et s’il n’avait sans doute pas oublié les morts de la première, la seconde était plus fraiche dans les mémoires, particulièrement des plus jeunes. Bref, là n’est pas le sujet : les deux Gryffondor étaient désormais tous deux devant la Cabane, quand Camille alla s’asseoir sur un banc.

- Déjà fatigué ? dit-elle en rigolant, alors qu’elle le suivait, piochant par là elle aussi dans le sac de marrons chauds que son frère avait acheté, et pour lequel elle l’avait remercié, même si je ne l’ai pas précisé auparavant ; Nina savait quand même rester polie.

Et puis soudain, une révélation, neuf mots que la demoiselle ne s’était pas du tout attendue à entendre – du moins pas à ce moment précis – dans la bouche de son frère adoptif, et sur le coup elle fut plutôt abasourdie, et ouvrit simplement la bouche avec un air bête qu’on ne lui voyait prendre que très rarement, étant donné qu’il fallait le faire pour qu’elle ne sache pas quoi dire. Les dix secondes d’ébahissement nécessaire à la compréhension des mots de Camille – elle voulait être sûre de ne pas avoir entendu quelque chose de faux – passées, elle reprit un peu contenance, avant de lâcher un simple et fermé « Ok. », joie et émerveillement disparaissant de son visage, même si la colère n’éclata pas tout de suite, ou du moins, même si elle ne fit pas encore d’autre commentaire, entre autres pour les raisons que j’ai données plus haut. Et puis il fallait qu’elle prenne vraiment la mesure de la déclaration, parce que c’était bien de cela qu’il s’agissait, de Camille.

[821 mots]

Camille ne releva pas la pique de la sœur, il savait bien qu’elle ne le pensait pas et que s’il lui faisait vraiment des vacances, la laissant à son sort, elle serait sûrement aussi triste qu’inquiète. Mais il ne fallait rien exagéré et ce genre de catastrophe n’était pas dans les projets du jeune homme qui avait certes besoin de passer à autre chose, mais pas au point d’en abandonner sa sœur. C’était avec ses sentiments qu’il voulait prendre de la distance, pas avec elle. Cela peut sembler la même chose à un œil non expert, sauf que pour Camille c’était très différent. Nina était sa sœur, il ne pouvait pas l’aimer comme si elle était une fille, elle devait donc redevenir une sœur et juste ça pour lui (à ceci prés qu’il ne l’a sûrement jamais considéré comme sa vraie sœur et que c’est pour ça qu’il est dans la panade maintenant, mais ça, il était loin de le comprendre !), cela dit, leurs rapports de presque jumeau ne devaient pas en être altérés. C’était un point de vu compliqué qui nourrissait le marasme intérieur de Camille ainsi que son silence sur la question, répondre aurait été amorcé une conversation sur le sujet et il était à bien des égards trop tôt pour ça.

« En même temps, tu l’avais un peu cherché. » En effet, le jour de la rentrée, Nina s’était présentée, omettant son frère alors que Haven avait parlé de sa jumelle qui n’était même pas dans la même maison ! Du coup, Camille, un peu vexé, s’était vengé en brossant un portrait réaliste mais un brin moqueur de sa sœur. Ok, pas un brin, très moqueur. En même temps, on ne le dira jamais assez, mais le petit lion était plutôt mauvais dans son genre, ça ne se voyait pas juste parce qu’il ne parlait presque pas, c’est tout !

« Même pas. » Lui fatigué ? Jamais. Un peu las peut-être, mais il ne dormait pas bien dernièrement. On ne vous précise pas pourquoi, n’est-ce pas ? Je suppose que vous le savez déjà ! C’est ensuite qu’il lâcha sa lourde vérité à sa sœur et il observa son visage. Son manque de réaction ne fit cependant que confirmer ce qu’il pensait, à savoir que sa sœur n’éprouvait rien d’autre pour lui qu’un sain amour fraternel et qu’il prenait la bonne décision en tentant de se guérir de ses propres penchants. Lui d’habitude si perspicace, ne se rendit donc pas compte qu’en réalité Nina n’avait pas pris si bien que ça la nouvelle. Il avait bien compris qu’elle avait été surprise, mais il n’avait rien perçu d’autre. De fait, il retourna les yeux vers la cabane hurlante et se désintéressa de ce sujet-ci, s’il lui avait dit, c’était seulement par acquis de conscience, pas besoin de s’étendre. D’ailleurs, que lui aurait-il dit sinon ? Il ne savait même pas, mais il aurait sûrement trouvé. Après tout, il avait treize ans, c’était de son âge de commencer innocemment à s’occuper de la gente féminine, non ?

« Tu crois qu’il y a vraiment des fantômes ? » Demanda-t-il donc tout en enfournant un marron et en reposant son regard clair et pur sur sa sœur. Le truc, c’est qu’il avait l’impression qu’elle n’était plus trop là. Eh, fallait qu’elle s’en remette, il savait qu’elle était surprise, mais tout de même ! Après tout, il n’y avait pas de quoi en faire des chocogrenouilles hein.

Camille et l’empathie, zéro pointé.

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