Petit exercice parfaitement interdit (Parvati).

Ce matin-là, quand Susan avait consulté – presque machinalement – son fabuleux galion spécial «Membre de l’AD» (aha, tout le monde ne l’a pas celui-là ! On le jalouse ! On se l’arrache même !), elle avait eu l’immense plaisir de constater qu’une nouvelle réunion était prévue pour le soir même. Une nouvelle réunion ? Oh Merlin ! Mais elle n’avait pas du tout travaillé son stupéfix depuis la dernières séance (bizarrement, Susan n’était pas une adepte de l’agression d’élèves dans les couloirs, même pour un but aussi noble que celui de servir l’AD) et, pour être honnête, ses performances en la matière laissaient encore à désirer. Or, Susan avait très envie de progresser.

Songeuse, elle était descendue petit déjeuner dans la Grande Salle, où une foule d’élèves bruyants se pressait déjà. A qui demander de l’aide ? Hannah voudrait probablement terminer son devoir de potions avant d’aller à la réunion : Rogue lui avait tellement remonté les bretelles lors du dernier cours qu’elle en était encore toute traumatisée. Ernie devait aider une première année à faire sa dissertation de botanique et Zacharias n’était pas plus doué qu’elle pour lancer un Stupéfix. Avec un profond soupir, Susan avait lancé un coup d’œil en direction de la table des Gryffondor où Parvati se versait consciencieusement un verre de jus de citrouille.

Parvati ! La voilà, la solution ! Ni une, ni deux (et je ne dirais pas «ni trois». Oups ! Trop tard !), Susan avait tiré de son sac de cours une feuille de parchemin sur laquelle elle avait griffonné quelques mots avant de la plier en corbeau. Après avoir vérifié qu’Ombrage n’était pas à la table des professeurs, Susan avait tapoté le corbeau du bout de sa baguette pour l’envoyer voler jusqu’à la Gryffondor qui, en le dépliant (oui, parce que Parvati était une fille intelligente, elle devait bien avoir eu l’idée de déplier le corbeau, quand même !), avait pu lire un message rédigé en ces termes :

«Coucou Parvati !
Est-ce que tu pourrais m’aider un petit peu pour le Stupéfix avant la réunion de ce-que-tu-sais ce soir ? Une petite heure avant, ça t’irait ? Parce que je ne suis pas au point du tout et ça m’inquiète ! D’ici là, bon jus de citrouille ! Susan»

Et voilà où elle en était, à présent. Entrée dans la salle sur Demande quelques minutes auparavant, la Poufsouffle y avait retrouvé le décor que la pièce semblait réserver à l’AD. Dans un coin, un automate mangemort attendait patiemment qu’on lui lance un sort (profitons-en, parce que les vrais, eux, attendent rarement patiemment qu’on les massacre). Bien décidée à maîtriser son Stupéfix aussi rapidement que possible, Susan résolut de s’exercer un peu avant l’arrivée de Parvati.

Se dirigeant d’un pas déterminé (et certainement un peu ridicule), vers l’automate, Susan brandit sa baguette avec raideur et, accomplissant un petit moulinet du poignet, prononça d’une voix fluette :

- Stupéfix !

Ce qui ne parut pas faire plus d’effet à l’automate que si elle venait de donner un coup de pied à un mur. Mais stupéfier une matière morte n’était peut-être pas une bonne idée, en fait. Comment vérifier le résultat du sort, hein ?

*Bouh ! Je n’y arriverai jamais !* songea Susan un brin découragée, en laissant retomber son bras.

(549 mots)

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Si Susan n'avait pas eu la bonne idée de lui envoyer le petit mot, Parvati n'aurait sans doute pas réalisé qu'une séance de l'A.D l'attendait le soir-même... Un peu distraite ces temps ci, elle ne pensait pas toujours à regarder son faux Gallion et comptait la plupart du temps sur sa soeur Padma pour lui rappeler les dates très importantes de leurs entrevues ultra-supra-giga secrètes. Umpf, mais madame Padma devait être trop occupée avec son petit poste de préfète pour se souvenir de ça... Umpfff!

Aussi, lorsque que Parvati déplia le petit corbeau (oui-oui, elle l'a déplié!) après avoir écarté brusquement son jus de citrouille, elle fut envahi par un sentiment de gratitude à l'égard de Susan. Dans un premier temps - et alors que certains Gryffondor regardaient d'un air étonné le papier qu'elle tenait entre les doigts - elle eut l'envie de se retourner vers elle pour lui clamer haut sa réponse, mais s'interrompit en plein mouvement. Comme si c'était prudent de faire ça! Non, mais voyons, Parvati, un peu de bon sens!

Le dos bien droit, rangeant précautionneusement le corbeau enchanté dans sa poche, Parvati eut un petit sourire entendu adressé au mur en face d'elle mais elle fit un geste étrange... La main dans le dos, elle leva le pouce en direction de la table des Poufsouffle, juste l'espace de quelques secondes, avant de yeuter d'un air tendu la table des professeurs. Pour la Gryffondor, la proposition de Susan était d'ores et déjà acceptée. Elle n'avait pas eu l'occasion de pratiquer non plus depuis la dernière séance, et même si elle n'avait pas trop de difficultés avec le Stupéfix, elle espérait que Harry ne remarque pas son manque d'entraînement... Et puis si elle pouvait aider Susan, elle ne crachait pas dessus non plus!

Une heure donc avant la séance de l'A.D programmé sur son faux Gallion qu'elle avait finalement examiné, Parvati se rendit dans le fameux couloir du Septième Etage, alors désert. Jetant de petits coups d'oeil suspicieux autour d'elle, elle passa trois fois devant le mur lisse en se répétant mentalement "Je veux rentrer dans la salle de l'A.D, je veux rentrer dans la salle de l'A.D....". Après trois passages, une lourde porte était apparue sur le mur et Parvati rentra dans la salle.

- " Coucou, Susan!" claironna-t-elle une fois la porte refermée, déroulant son écharpe violette de son cou. "Désolée du retard, je suis tombée sur Rusard..."

La jeune fille eut une moue dépitée qui signifiait clairement que le concierge lui avait tenu la jambe près de dix minutes, "mais bon, enfin, tu sais ce que c'est, pas vrai"? Après un petit soupir presque concaincant, Parvati frappa dans ses mains, un sourire éclatant aux lèvres.

- " Donc, donc, donc... Le Stupéfix, c'est bien ça?" questionna-t-il d'une voix enjouée, bien qu'elle sut la réponse d'avance et qu'elle ne donna de toute façon pas le temps de répondre à Susan. "Je suis sûre qu'en une heure, ça ira."

Elle s'avança vers la partie de la pièce occupée par les automats (bleurg, plus vrais que nature, ces horreurs!) et où Susan se trouvait, baguette en main. A son tour, Parvati leva le bras, visant l'endroit où aurait du se trouver le coeur du Mangemort, un petit sourire sadique aux lèvres.

- " C'est tout simple, mais je suppose qu'il faut un petit soupçon de.... Hmmm, de hargne, tu comprends?" continua-t-elle en papillonnant légèrement, comme si elle était en train de s'imaginer l'image absurde d'une Susan Bones hargneuse. "Imagine toi que c'est un vrai Mangemort que tu as en face de toi... Au fait!"

Brusquement, Parvati pivota vers Susan et le mouvement de son bras faillit l'éborgner ("Ouppsss, désolééée Susan!!").

- " Peut-être que l'effet ne se voit pas bien sur les mannequins... Tu veux essayer sur moi? Avec des coussins, il ne devrait pas y avoir de problème, hein?"

Bien sûr que non, il n'y aurait pas de problème... Il fallait avoir confiance en Susan, pas vrai? Avec des coussins.... ha ha ha... ha...

Parvati… Brave et courageuse Parvati. Susan était toute émoustillée de reconnaissance à l’idée que la jeune fille ait pu consacrer une heure de son précieux temps à la limace sans talent qu’elle était. Elle aurait bien mérité sa place à Poufsouffle, cette petite ! Toute étourdie de gratitude, Susan adressa un coup d’œil dégoulinant d’affection made in cocker à la Gryffondor (hélas !) avant de couiner d’une voix timide (tout de même, il s’agissait de Parvati Patil, la meilleure amie de Lavande Brown et, par conséquent, une des personnes les plus importantes de l’école !) :

- Salut Parvati… C’est vraiment très gentil de ta part d’être venue… Euh, je peux porter ton sac de cours jusqu’à la fin de l’année pour te dédommager. Ou faire tes dissertations de potions… Ou n’importe quoi d’autre, hein ! Il suffit de demander…

Le pire, c’est que Susan était on ne peut plus sérieuse. Si Parvati lui avait demandé de lécher le bout de ses chaussures en faisant des abdominaux, la Poufsouffle se serait exécutée avec joie. Enfin, avec joie, peut-être pas, mais en tout cas, elle se serait exécutée. Ou elle aurait essayé, du moins. Parce qu’il n’était pas évident que Susan soit capable de faire plus de trois pompes de suite. De toute façon, les jeunes, de nos jours, ce sont tous des mous ! Une bonne guerre, tout ça, tout ça… (ah ben justement, elle arrive, la guerre ! Ingrats qui pensez que Vous-Savez-Qui n’est qu’un vil destructeur alors qu’en réalité, il vient muscler les petits corps malingres des élèves. On devrait lui donner l’ordre de Merlin, tiens !).

*Ooooh ! Et en plus elle a pris le risque d’affronter Rusard à cause de moi… Je suis trop horrible ! Je suis une vilaine égocentrique !* se lamenta la malheureuse Susan en clignant furieusement des yeux pour ne pas se mettre à sangloter comme une parfaite petite écervelée.

Essayant – assez lamentablement, il faut bien l’admettre – de se donner une contenance, la rouquine gratifia Parvati d’un pâle sourire avant de reprendre d’un voix chevrotante qui manquait cruellement de confiance :

- Oui… Oui… C’est euh… C’est bien ça… Le Stupéfix…

A cet instant de la «conversation», la jeune fille piqua du nez en direction de ses souliers (fort jolie au demeurant) tandis que ses joues prenaient une teinte rose des plus délicates. Bouh ! Quelle honte, tout de même : ne pas être capable de maîtriser le Stupéfix ! Parvati était bien gentille, de ne pas se moquer d’elle ! Pour bien montrer à la Sang et Or qu’elle faisait preuve de beaucoup d’attention Susan hocha frénétiquement la tête lorsqu’elle lui expliqua comment lancer son sort sans avoir l’air d’un gentil Bisounours parti cueillir des champignons.

*Bouh de la hargne, bouh ! Je suis un euh… Un Ours, un vilain, très vilain ours affamé… Graou !* tenta-t-elle de se convaincre, sans grande conviction toutefois, d’autant plus que des images de bébés ours polaires gambadant innocemment dans la neige immaculée lui traversaient un peu trop l’esprit pour qu’elle puisse réellement se convaincre de la cruauté de l’ours.

Elle fut cependant détournée de ses pensées très «je m’en irai dormir dans le Paradis Blanc» par la proposition indécente de Parvati.

Comment ? Se servir d’elle comme cobaye ? Mais c’était du suicide ! Fallait-il qu’ils aient un grain, ces Gryffondor ! Susan allait réduire la jolie Parvati en chair à saucisses même pas comestible en l’espace de deux secondes si jamais elle se servait d’elle comme cobaye. Non parce qu’elle réussirait son sort avec brio, mais plutôt, au contraire, parce qu’elle allait provoquer, dans sa grande maladresse (pour ne pas dire autre chose), une réaction magique aussi inconnue que dangereuse. Ce qui n’aurait pas été un mal si Parvati avait été un mangemort, notez, mais comme en l’occurrence elle ne l’était pas… (Quoique, on ne sait jamais, hein ! Montre-nous un peu ton bras, Parvati !).

Effarée, la Poufsouffle écarquilla les yeux d’un air horrifié et secoua la tête avec force avant de bredouiller d’une voix terrorisée :

- Oh non ! Je vais te faire très mal, je vais… Je vais… Je vais faire le cobaye, plutôt !

Oui, voilà la solution ! Il fallait qu’elle serve elle-même de cobaye ! Sauf que dans sa panique, Susan avait omis un tout petit, très léger détail… Parvati n’avait pas besoin de s’exercer au sort, elle, et si Susan jouait les cobaye, elle risquait d’avoir du mal à progresser… Merlin ! Un Serpentard ! Donnez-lui un Serpentard !

(754 mots)

(Ecoute, je reprends ton HJ à mon compte =) Je suis en retard et j'ai tapé mon message dans l'ugence... Bouh, c'est maaaaal !).

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La réponse de Susan fit papillonner Parvati un long moment. L'air suprêmement surpris, la Gryffondor fixa son amie Poufsoufflienne avec un intérêt de plus en plus accentué mais un peu soupçonneux dans le même temps. Elle ne comprenait pas. Non, vraiment, elle ne pouvait pas comprendre ça!

Pourquoi donc Susan voulait-elle qu'elle s'entraîne ELLE pour quelque chose qu'elle avait ELLE, demandé? Parvati, en fait, devinait à peu près les causes qui poussaient Susan à lui proposer ça, mais cet aspect du caractère de la jaune et bronze continuaient de l'étonner, de jour en jour. La pauvre adepte de la maison des blaireaux (ou comment trouver un nouveau substitut des mots "Susan" et "la jeune fille") s'était effrayée de la proposition de Parvati au moment même où elle l'avait lancé. Elle avait certainement peur de lui faire du mal, de rater son coup, de se ridiculiser ou même de la changer en gros rat répugnant (excuse moi, Skiirt), ou quelque chose du même goût. Parvati ne savait même plus si elle devait s'en émouvoir, s'en amuser, s'en lasser... Oh, non, pas s'en lasser. C'était vraiment touchant. D'un regard un peu ému, Parvati le fit comprendre à Susan (ah... en manque de substitut) avant de se tourner vivement vers les mannequins. Bravoure ou folie? Parvati n'avait pas peur que Susan s'entraîne sur elle, tout simplement parce que même si elle ratait son Stupéfix... Que pouvait-on refuser à Susan Bones quans c'était si gentiment demandé.

- " Non-non-non, Susan, tu ne vas pas faire le cobaye." appuya Parvati d'un ton catégorique. "Je veux bien qu'on s'entraîne un peu sur les mannequins, et après tu le lanceras sur moi."

Elle se tourna légèrement vers Susan et lui lança un regard encourageant, mais ferme, comme pour l'empêcher de se défendre une nouvelle fois de s'entraîner sur elle. Après tout, hein, qui c'était le prof, ici? C'était Parvati!

- " Tu vas voir, ce n'est vraiment pas sorcier!" - pause pour les rires - "Ah-aha, enfin si... Mais bon... Haha, voila quoi... Je te montre."

Pas peu fière de son petit jeu de mots improvisés, Parvati releva fermement sa baguette (si fermement, d'ailleurs, qu'on entendit son coude craquer) et la pointa droit devant elle, fixant le mannequin d'un regard de braise. La détermination qui se lisait sur son visage était presque convaincante, comme s'il s'agissait réellement d'un Mangemort en face de lui.

- " Avant tout, évidemment, la concentration... Bien viser... Ce geste... Et... Stupefix!"

Un peu emportée dans son rôle de professeure, Parvati parlait avec engouement et patience (pas qu'elle prenait Susan pour une fille bête, surtout pas, ouh là là), réalisant le geste propre à ce sortilège avec une lenteur toute calculée. Lorsqu'elle prononça l'incantation, elle l'exécuta une nouvelle fois, sa baguette vibrante, et l'éclair rouge fusa vers le mannequin qui s'illumina. Oh, son Stupefix n'était pas le meilleur de tous, elle était encore au stade d'élève de Harry, mais la jeune Parvati se défendait plutôt bien: le sortilège, en plus d'avoir ébranlé et éclairé le mannequin de Mangemort, le fit reculer de quelques mètres. Nul doute que s'il y avait eu à la place d'un gros tas de bois un vrai sorcier, il serait au sol, stupéfixé en un tour de main.

Laissant retomber son bras, contemplant le résultat sur un regard un peu fier, Parvati se tourna finalement vers Susan en lui lançant un sourire rayonnant. La Gryffondor était persuadée que l'exercice était à la portée de son amie, car après tout, la jeune fille était travailleuse et intelligente, et elle ne se serait pas engagée dans l'A.D si elle manquait de cran.

- " Voila, ce n'est pas grand chose..." conclut Parvati assez maladroitement et en tâchant d'afficher la plus grande modestie possible. "Donc... Tu... Tu peux le refaire, s'il-te-plaît? Ensuite, tu le feras sur moi, d'accord? Comme ça, on sera certaines de l'effet de ton sort."

Dansant légèrement sur ses pieds, Parvati fit quelques pas en arrière. Elle n'avait pas envie de gêner ou de rendre Susan mal-à-l'aise, mais elle-même l'était un peu. Peut-être que la Poufsouffle la trouvait trop autoritaire? Trop prétentieuse?? Après tout, elle n'arrêtait pas de lui dire que c'était facile, etc, etc, mais peut-être que Susan ne le pensait pas... D'ailleurs, c'était logique que non, sinon elle ne lui aurait pas demandé ça... Gloups... Note à la fille-qui-se-la-joue: arrêter... de se la jouer!

- " Tu sais... Si tu n'y arrives pas..." commença Parvati d'une voix pleine de bon sentiment. "Ce n'est vraiment, vraiment pas grave! Après tout, on est là pour apprendre, pas vrai?"

Pas certaine d'avoir rassuré Susan - et pourtant, c'était vraiment le but, hein - Parvati songea avec un petit brin d'amertume que Harry, lui, saurait tout lui apprendre.







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Parvati était belle. Parvati était fabuleuse. Parvati était douée. C’était du moins ce dont Susan était intimement convaincue. Et comment aurait-elle pu être autre chose que belle, fabuleuse et douée ? Après tout, elle était la meilleure amie de Lavande, la seule, la vraie, l’unique. Il fallait nécessairement qu’elle soit un être supérieur pour avoir une telle chance. Qu’un être aussi parfait daigne s’abaisser au point de filer un coup de baguette à l’insignifiante petite créature qu’elle était laissait Susan pantelante de gratitude. Depuis sa première année, elle avait élevé Parvati et Lavande au rang de véritables reines de la féminité. Dans son esprit, les deux Gryffondor étaient l’incarnation d’un idéal vers lequel elle ne pouvait que tendre sans jamais l’atteindre, sans jamais parvenir à maîtriser ne serait-ce qu’une parcelle de leurs nombreux talents. Cette admiration sans borne expliquait certainement l’attitude de Susan en ce début de cours improvisé : les yeux ronds, visiblement émue, elle donnait l’impression que son cerveau était entré dans la quatrième dimension. Si tant est qu’il ne s’y trouvait pas déjà à la base. Bref, Susan Bones donnait le sentiment qu’elle venait de voir la Vierge en personne, ce lui conférait un air béat pour le moins idiot. Encore un peu et Parvati allait décemment pouvoir s’attendre à ce qu’elle bave sur le carrelage (splic-splic).

Heureusement pour le carrelage et pour l’amour propre de la rouquine, la petite démonstration d’une Parvati au meilleur de sa forme – en même temps comment aurait-il pu en être autrement ? Elle s’appelait Parvati Patil, nom d’un petit bonhomme bedonnant ! – impressionna bien trop Susan pour qu’elle soit en mesure d’ouvrir la bouche. Les yeux ronds comme des soucoupes version Hagrid, la petite Poufsouffle gratifia son professeur désigné volontaire d’un regard franchement admiratif. Holàlà ! Mais comment faisait-elle ? Susan, elle, se sentait tout juste capable de stupéfier un moucheron au crépuscule de sa vie. Elle reporta son attention sur le mannequin qui venait de reculer de plusieurs mètres avec une réelle appréhension. Si elle n’était pas capable d’en faire de même, non seulement Parvati allait la tenir pour la dernière des sottes mais en plus elle risquait de se vexer en estimant que Susan en faisait exprès juste pour lui laisser entendre qu’elle était une mauvaise enseignante. Ce qui n’était absolument pas le cas. Seulement, c’était elle, Susan Bones, qui n’était pas douée, voilà tout.

Partant cependant du principe, certes exagéré mais somme toute valable, que «tant va la cruche à l’eau qu’elle apprend à nager» (et non «qu’elle se brise». Du moins Susan osait l’espérer), la Poufsouffle hocha la tête d’un air bien plus assuré qu’elle ne l’était en réalité et s’avança à son tour pour se positionner face au mannequin. Concentration, avait dit Parvati. Machinalement, elle fronça les sourcils de manière comique en pinçant le nez avant de fixer le mannequin d’un œil mauvais.

- Bon euh… Si je rate, tu ne m’en voudras pas trop, hein… demanda-t-elle d’une petite voix anxieuse, sans regarder Parvati, je veux dire, je suis vraiment très nulle… expliqua-t-elle d’un ton désespéré.

Sans cesser de contempler le mannequin, elle esquissa un sourire gêné qui tenait plus de la grimace effrayée (*Merlin, elle va me pendre !*) et leva sa baguette d’une main tremblante pour viser le pseudo mangemort (alors comme ça, Celui-qui-fout-les-choquottes recrutait même des bout de bois, maintenant ? Mais à qui peut-on se fier désormais ? La moindre promenade champêtre risquait de devenir un bain de sang… Merlin ! Et si les arbres de la forêt interdite devenaient des mangemorts à leur tour ? Bouh ! Ils étaient tous cuits !) et s’éclaircit discrètement la gorge dans l’espoir de se donner un semblant de contenance, sans s’apercevoir qu’elle imitait ainsi presque à la perfection Dolorès Ombrage.
Finalement – que de suspens ! – Susan respira un grand coup et effectua d’un geste lent mais précis le mouvement de baguette que venait de plus montrer Parvati avant de prononcer en abaissant le poignet d’un geste sec et en prenant soin de détacher toutes les syllabes du sortilège :

- Stu-pé-fix !

Un éclair de lumière rouge – autrement moins brillant que celui de la Gryffondor, certes, mais un éclair tout de même – jaillit de la pointe de la baguette de Susan, qui, toute surprise, manqua de la lâcher. Cependant, elle parvint à se ressaisir juste à temps et raffermit sa prise sur sa baguette pile au moment où le sort atteignait le mannequin au niveau de l’épaule droite. La figure de bois, déstabilisée, effectua une sorte de quart de tour en reculant sur le côté avant de s’immobiliser, à quelques pas de l’endroit où il se trouvait à la base. Ce n’était pas grand-chose en soi, mais le cœur de Susan fit un bond dans sa poitrine et elle se sentit soudain bien plus légère.

- Waouh ! J’ai réussi ! s’exclama-t-elle, à la fois étonnée et heureuse, tu es vraiment une prof géniale ! Merci, merci, merci énormément Parvati…

Elle saisit joyeusement les mains de la jeune fille et les serra un instant avec reconnaissance, un large sourire épanoui sur la figure :

- Pfiou ! poursuivit-elle avec enthousiasme, j’ai bien crû que j’étais une handicapée de la baguette, à un moment donné… Je me voyais déjà obligée de devenir l’assistante de Rusard, tu imagines ? rajouta-t-elle en pouffant de soulagement.

De toute évidence, sa réussite inattendu lui avait fait oublier que 1) son cobaye n’avait été qu’un vulgaire mannequin et que 2) Parvati avait la ferme intention de se transformer elle-même en cobaye, chose qui horrifiait Susan. Un épineux problème qui n’allait certainement pas tarder à revenir au galop maintenant qu’elle avait fait ses preuves sur le mannequin. Et comme il était encore trop tôt pour que les membres de l’Armée arrivent, Susan allait avoir du mal à passer entre les mailles du filet sans vexer Parvati («Je fais un mauvais cobaye, c’est ça ?»). Finalement, elle aurait peut-être mieux fait de manquer son premier sortilège…

(994 mots)

HJ : non, je ne suis pas en retard, c’est une illusion =)

poste compté *et je suis mdr mouarf*