Noël en famille (Famille Iverson)

Jane ne répondit rien. Malgré ce que la Serpentard affirmait, la Poufsouffle savait très bien à son expression faciale qu'elle avait pensé à son propre père. À vrai dire, le père de cette dernière n'était vraiment pas ce que l'on pouvait qualifier de père "digne"... La jeune fille n'osa donc rien ajouter, de peur de la blesser. Après tout, ce n'était guère un sujet qu'il fallait prendre à la légère...

Le soir-même, avant d'éteindre les lumières pour la nuit, Jane dit à Ann :
"Ann ? Merci. Merci de m'avoir convaincue de parler à mon père. Merci beaucoup. Tu avais entièrement raison. Il fallait que je sache ..."
Mais la jeune fille avait l'intuition qu'elle n'aurait pas dit la même chose si son père avait affirmé la détester à mort... Mais non. Ce n'était pas le cas présent. Elle avait eut de la chance. Elle n'était pas tombée sur un père comme celui d'Ann, ou encore sur un comme celui de Lea. Personne ne l'avait abandonnée, et personne ne la détestait à un tel point (et non, Millyann et Elly ne comptent pas ! )... Elle avait vraiment beaucoup de chance...

"De rien, Jane."se contenta de répondre la jeune fille.
Elle n'avait rien à ajouter. Elle était contente d'avoir pu aider Jane mais elle ne comprenait pas pourquoi elle ne parvenait même pas à s'aider un peu elle-même. Malgré tout ce qu'elle avait tenté pour régler ses problèmes de famille, aucun n'avait été résolu. Malheureusement ... Tout cela n'avait mené à rien, comme d'habitude ... Au moins, la jeune Poufsouffle, elle, aurait peut-être la chance d'être maintenant un peu mieux dans sa famille ... Et c'était cela l'essentiel. Maintenant, après tout, Ann vivait dans la même famille que cette dernière... Pourtant, ce n'était pas tout à fait ce que la jeune fille aurait elle-même souhaité. Elle n'avait jamais, au grand jamais, voulue être séparée de ses frères ainés. Ils étaient les seuls de sa petite famille à la comprendre, maintenant que leur mère était décédée ...

Ann resta ainsi, pensive, durant plusieurs heures. Lorsqu'elle parvint à s'endormir, l'aube était déjà arrivée...

Le lendemain matin, le jour-même de Noël, Kelly-Jane se sentait morose. Le fait de, pour la toute première fois de sa vie, ne pas être sur la même longueur d'onde que le reste de sa famille la troublait. Cela ne lui était jamais au grand jamais arrivé auparavant. Habituellement, elle comprenait toujours les autres membres de la famille Iverson et inversement mais cette fois, c'était bel et bien différent. Elle avait l'impression que quelque chose avait changé, que quelque chose avait changé en elle, en fait. Mais pourtant, elle n'aurait elle-même sût dire de quoi il s'agissait. Bizarre...

Bref, lorsqu'Elly et Millyann se réveillèrent, ce ne fut pas de tous repos pour l'adolescente. Ces deux dernières étaient visiblement plus heureuses qu'elle que ce soir le jour de Noël, ce qui était tout à fait normal, en vérité... Ayant eut beaucoup de difficulté à les ignorer, Kelly-Jane réussit néanmoins à faire comme si elle dormait toujours. Elle ne souhaitait pas descendre dans le salon avec tous les autres. Elle voulait être seule avec sa solitude ...

Lorsqu'elle se réveilla le lendemain matin, Lea ne fut guère enjouée lorsqu'elle se rendit dans le salon d'un pas traînant. Elle détestait ROYALEMENT ces fameuses fêtes de famille qui la forcaient à socialiser. Habituellement, elle préférait beaucoup rester toute seule dans son coin, dans sa solitude totale, et ne pas être obligée de parler à qui que ce soit. À vrai dire, dans le cas de Lea, c'était peut-être mieux ainsi puisqu'à chaque fois qu'elle faisait un minimum d'efforts pour socialiser un peu, cela s'avérait un échec total. À vrai dire, ce terme-là était peut-être même un peu généreux en soi. Pour tout dire, le mot CATASTROPHE serait peut-être plus approprié dans le cas de la jeune Serpentard de cinquième année. Mais peu importe... Cela ne changeait absolument rien à la vie de Lea puisque de toute façon, elle n'avait aucunement envie d'être le moindrement sociable avec qui que ce soit. Elle se rendit donc au salon, n'affichant que son habituel air peu souriant. En fait, cet air-là, elle l'avait gardé depuis que son père l'avait abandonné sans aucun scrupule, tout juste après la mort de sa mère. Mais cela n'avait rien de tellement étonnant. Sa mère était la seule qui avait réellement voulu d'elle dans la famille. Son père lui, n'avait jamais voulu avoir d'enfants, et surtout pas un qui serait spécialement doué pour contester son autorité...

En descendant pour aller rejoindre le reste de la famille, Elena croisa Lea, juste en bas des escaliers. Cette dernière ne semblait pas très bien se porter, vu la tête d'enterrement qu'elle faisait présentement. (Quoi que dans son cas, c'était presque toujours cette tête-là qu'elle affichait, peu importe ce qui lui arrivait.) Aussi, la fillette se surprit à se demander si sa soeur, enfin... sa demie-soeur, vivait parfois quelque chose d'heureux. La jeune fille secoua la tête. Sans doute... Elle s'approcha de l'autre jeune fille et lui demanda :
"Lea? Est-ce que ça va?"
Évidemment, Elena Maxim s'attendait bien au type de réponse que sa soeur allait lui donner. Ce serait sans aucun doute quelque chose de sarcastique du type : Est-ce que j'ai l'air d'aller bien? ou encore Es-tu aveugle, ou quoi? Mais bon ... Avec le temps, Elena avait bien finit par s'habituder à cet air habituel que Lea empruntait avec un peu n'importe qui qu'elle côtoyait. Elle espérait seulement que, comme d'habitude, rien de trop grave ne se soit produit...

Lea se retourna en entendant la voix de sa demie-soeur. Celle-ci s'inquiétait encore visiblement de son état. Pourtant, elle devrait commencer à être habituée, non? C'était toujours et encore le même air que la Serpentarde affichait constamment. Avec le temps, presque plus personne ne lui posait cette question-là, sachant précisément la réponse qu'ils obtiendraient. Mais Elena, elle, continuait toujours de la lui poser, ce qui lui rappelait en fait sa mère. En effet, le caractère d'Elena Maxim Isabell-Ann avait parfois un petit côté comme celui que possédait leur mère. Pour ce qui était du physique, on pouvait plus dire que c'était Lea qui lui ressemblait de ce côté-là. Toutes deux possédaient les mêmes cheveux noirs et les mêmes yeux en forme d'amandes. Mais bon ... Maintenant, ce n'était plus pareille puisque cette dernière n'était plus des leurs ...

L'adolescente se tourna vers sa soeur et lui répondit tout simplement :
"Oui, oui, ça va."
Puis, elle poursuivit son chemin.

En se réveillant ce matin-là, Jane constata avec bonheur que, pour la première fois de toute sa vie, elle était réellement heureuse de passer Noël en compagnie de sa famille. Elle le savait bien, cela était lié à la discussion qu'elle avait eut la veille avec son père, mais qu'importe... Elle était heureuse!... (Et avec sa famille, ce qui était d'autant plus surprenant ...) Telle une fillette de trois ans le matin-même de Noël, elle s'empressa de réveiller Ann, ne sachant trop si elle allait réellement apprécier.
"Ann ! s'exclama Jane. Ann ! C'est Noël !"
Elle soupçonnait le fait que sa cousine puisse douter de sa santé mentale, mais elle s'en fichait. C'était le premier Noël de toute sa vie ou elle n'était pas sans cesse exaspérée par les gestes et les paroles de tous les autres membres de sa famille. Et cela ... Cela ... C'était exceptionnel ... Autant en profiter pendant que ça passait !

Le lendemain matin, Ann fut réveillée de la dernière façon qu'elle aurait souhaité l'être : sa cousine Jane lui criait dans les oreilles, pareil à une enfant de trois (non deux) ans le jour-même de Noël. Il fallait croire que, même en tout ce temps-là, rien n'avait changé... En guise de réponse, elle se contenta d'émettre un grognement, avant de ramener sa couverture sur sa tête. Comme elle aurait souhaité pouvoir dormir plus longtemps... Au moins, quand elle dormait, habituellement, personne ne venait la déranger ... Mais il semblait que cette fois-ci, ça n'allait décidément pas être le cas ...

Voyant que Jane restait toujours là, Ann se tourna vers elle et la regarda droit dans les yeux en grognant :
"Jane, tu as l'air d'une gamine de trois ans le jour de Noël. Calme-toi, sinon, ton coeur va arrêter de battre."
En effet, si ça avait Ann, son coeur aurait probablement déjà fait la grève, tant il n'était pas habitué à vivre de tels moments de joie.

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