Cours n°1: Les moldus sont primitifs

Kelly-Jane s’assit à côté d’Ann, sa cousine, et déposa son sac à dos par terre. Le cours venait tout juste de commencer. Elle était entrée dans la classe au moment-même où la cloche sonnait, juste à temps pour ne pas faire perdre de points à Serpentard. À vrai dire, elle ne s’était pas pressée pour arriver au cours d’Étude des Moldus, cours qu’elle détestait de tout son cœur, tout autant qu’elle détestait les Moldus.

La Serpentard avait entendu dire que le professeur d’Étude des Moldus était en réalité un Mangemort. Mais peu importe si les rumeurs étaient vraies ou non, cela n’importait guère à Kelly-Jane. Elle n’avait absolument rien contre les Mangemorts tant que ceux-ci ne l’importunait pas.

Lorsque le professeur le demanda, elle sortit une plume et de l’encre. Simplement à entendre le professeur parler, la jeune fille se dit qu’elle allait peut-être, en fin de compte, aimer ce cours cette année, qui serait sans aucun doute très différent des autres années.

Elle écouta avec attention ce que le professeur disait, tout en guettant les réactions des autres élèves. Plusieurs d’entre eux semblaient plutôt mal à l’aide face au discours tenu par le professeur Carrow, ce qui faisait sourire Kelly-Jane. Jamais elle n’aurait pu croire qu’elle rirait autant durant un cours d’Étude des Moldus.

Ann n’était pas du tout en accord avec ce que le professeur racontait. Comment pouvait-elle dire une chose pareille ? Les Moldus n’étaient pas inférieurs seulement parce qu’ils ne pouvaient pas faire de magie !

La fillette jeta un regard en coin à Kelly-Jane, qui venait tout juste d’arriver. Celle-ci semblait bien s’amuser en constatant les réactions des autres élèves. Comment pouvait-elle agir de la sorte ? Lorsqu’on regardait leurs caractères, il était très difficile de croire que Kelly-Jane était elle étaient de la même famille.

Plus le professeur parlait, et plus Ann était mal à l’aise. Jamais elle ne pourrait endurer ce cours durant une année entière. Certes, la jeune Serpentard n’éprouvait pas une certaine sympathie pour les Moldus mais elle ne les détestait pas non plus.

Lorsque le professeur demanda s’ils avaient des questions, Ann s’empressa de lever la main. Elle se demandait si le professeur allait apprécier sa question mais elle préférait prendre une chance plutôt que de garder le silence.
*Professeur, pourquoi dites-vous que les Moldus ne font que des copies de ce que nous faisons ? demanda-t-elle. Après tout, ils ont inventé beaucoup de choses auquel aucun sorcier n’avait jamais pensé auparavant …*
Ann savait que cette question risquait de lui coûter cher mais jamais elle ne la laisserait parler des Moldus de cette façon. Jamais.

Spoiler:

En retard ou pas en retard?!
Comment avait elle pu se perdre encore dans les escaliers ?!!! N’y avait il aucun pacte tacite qui préservait les deuxièmes années et plus de ce bizutage puéril ?!

Le mot d’ordre avait merveilleusement bien circulé pourtant dans les dortoirs : « Tenez vous à carreaux !»
Retard pour un premier jour, et bien évidemment, ce n’était pas le sympathique professeur Flitwick qui l’attendait, ou bien Miss McGonagall, sévère, mais juste… et contre les sévices corporels…

Toute sa famille l’avait bénie à grands renforts de musiques tziganes et de baumes de protection avant sa rentrée car tous savaient que désormais, malgré les apparences, Poudlard était encore un lieu, certes pas des plus joyeux, mais des plus surs.
Pouvait on néanmoins pensé que tout ça serait efficace contre le nouveau professeur d’études des Moldus ?

La porte encore ouverte (par les dieux tziganes, MERCI!) , Katchoo se faufila à l’intérieur de la classe juste avant que Melle Carrow ne la ferme.
Elle se dépêcha de déballer ses affaires, et la joie d’être arrivée sans mal en cours s’effaça rapidement au fur et à mesure que le professeur leur parlait.
Bien sûr, ses parents l’avaient prévenu de ce qui risquait de se passer en cours : désinformation, propagande, racontars, retour des siècles d’évolution plus tard.
La petite avait acquiescé mais n’avait pas vraiment pensé que ça prendrait de telles proportions.

« Voici le plan de ce premier cours. Nous y verrons à quel point les moldus sont primitifs, et donc qu’ils ne sont pas capables de diriger le monde. Le manque de magie les a obligé à inventer toutes sortes de machines défaillantes et dangereuses, alors que nous pouvons tout faire avec une baguette et une formule. La première partie est consacrée à la honte que constitue l’habitat moldu pour l’humanité, et la seconde en quoi leurs inventions ne sont en fait que des copies de ce que les sorciers font. Des questions ? », conclue melle Carrow

Primitifs ?
Primitifs ? Les Moldus ? Manquant de fantaisie, peut être ! Et encore !... Ils avaient quand même eu Garcimore pour les divertir.
La honte de l’habitat moldu ?
Le sourcil de la petite Poufsouffle se fronça un peu plus.
A croire que Miss Carrow n’était jamais sortie de son trou…
L’espace d’un instant, Katchoo imagina l’habitat typique du Mangemort : sous sol, bougies rouges, tableaux représentant des scènes de torture, pas de fenêtres, ou masquées de gros rideaux en velours types les rideaux de Mére-Grand… pas étonnant que des habitations moldues leur filent des boutons… A côté de leur nid douillet, Versailles devait sembler beaucoup trop éclairé…

Le raisonnement suivi silencieusement son cours sous le crâne blond de la jeune fille et son sang ne finit par faire qu’un tour.
Bien sûr qu’on l’avait amplement prévenue : Elle entendait encore les recommandations des préfets de Poufsouffle le matin même : « Ne jouez pas aux malins en cours, ne les contredisez pas trop, évitez de leur poser des questions et ne répondez que si c’est nécessaire. »

Qu’aurait voulu Dumbledore ?
Que faisait donc le célèbre Harry Potter alors que l’école entière était devenue la plaque tournante de la propagande mangemort ?
La résistance commençait ici.
Dumbledore les aurait voulu vivant, certes, mais pas moutons.
La première à réagir fut une jeune Serdaigle.

« Un point pour les bleus » pensa Katchoo en approuvant les propos de la jeune fille

Ce fut alors une Serpentard qui souleva un autre lièvre, puis encore un bleu...
Il était temps de faire rentrer les jaunes dans le combat.

Avant qu’elle ne s’en rende compte, sa main s’était levée et le regard froid de Melle Carrow était sur elle.

« Aie l’air débile, si elle te croit débile, elle t’épargnera peut être »

- « Dites Professeur, je me demandais… Si nous reconnaissons que l’intelligence, c’est de s’adapter pour survivre, peut on en conclure que malgré leur côté primitif, leur goût abject pour l’architecture et leur côté copieur, les Moldus sont intelligents puisqu’ils se sont adaptés à un monde qui n’était pas fait pour eux ?... », demanda la jeune fille en prenant l'air le plus innocent possible, du style "Ma question est posée en toute bonne foi!"

Lavande venait de rentrer en dernière année, sa dernière année dans son école chérie, et jamais l’ambiance n’avait été aussi morose et inquiétante. Dans la tête de la blondinette, une foule de souvenirs horribles de sa 6ème année se bousculaient et lui pesaient sur le cœur. Le décès d’Albus Dumbledore, celui que tous croyaient indestructible et le seul à avoir jamais fait peur à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom avait créé un remue-ménage sans précédant dans le monde sorcier, et donc à Poudlard.

Ainsi, retourner en ces lieux pourtant familiers et jadis chaleureux ne fut pour une fois pas tellement rassurant. Si l’an passé, Poudlard était encore considéré comme un endroit sûr, cette année les choses avaient bien changées. Les mangemorts avaient pris le contrôle, et à côté d’eux la dangereuse Ombrage avait l’air un docile petit chaton.

C’était donc le moral dans les chaussettes que Lavande se dirigea à son premier cours. Elle était très inquiète par rapport à tout ce qu’il se passait autour d’eux et pour elle aller en cours dans de telles circonstances semblait de la folie douce. Cependant, le diplôme était incontournable et après tout, tous ses amis retournaient à l’école donc, elle n’envisagea pas non plus de boycotter tous les cours de cette année cruciale (youhou, ASPICs).

La seule chose qui redonnait un peu de couleurs au teint pâle de Lavande, c’était la perspective de voir se reformer l’AD et à un niveau grandement supérieur ! Pour sûr cette fois, elle serait au cœur des combats (si combat il y avait… et elle n’était pas non plus super pressée ) et se promettait d'en être un des piliers, maintenant qu'Harry et ses deux amis avaient quitté l'école.

Elle traversa les couloirs de son école adorée pour se rendre à son premier cours de l’année, celui d’Etude des Moldus. Une grosse boule de stress s'était formée dans son ventre et elle garda les yeux rivés vers le sol tout en se faufilant dans la salle de classe.La 7ème année s'avança alors discrètement vers la place à côté de Susan où elle s’installa sans un bruit.

Les deux jeunes filles n'eurent pas vraiment l'audace de se donner leurs impressions mutuelles sur leurs rentrées mais échangèrent tout de même un regard très significatif. Le règlement du cours avait annoncé la couleur, pas la peine d’exprimer son opinion sous peine de lourdes sanctions. Lavande l’avait bien compris, mais elle doutait encore de sa capacité à se retenir de parler dire ce qu’elle pensait. Après tout les menaces de torture ne lui faisaient pas peur (douce innocente qui ignore tout du Doloris ). Elle craignait surtout pour ses amis, et pour ces pauvres nés moldus qu’elle connaissait et qui vivaient dans la peur constante de se faire attraper.

Lavande resta les dents bien serrées jusqu’à ce que le cours débute. Elle était d’une grande nervosité et cela se ressentait dans ses gestes. Elle commença à tapoter des ongles sur la table et s’efforça de rester concentrée sur ce simple mouvement. Moins elle écouterait le cours et moins elle risquerait de s’emporter !

Ceci dit les remarques lancées par les plus jeunes élèves la crispèrent davantage. Elle voulait tant leur conseiller de se taire et de se tenir à carreaux. Elle voudrait tant les amener à l’AD et leur apprendre ce qu’il en était vraiment… Son regard resta rivé sur ses ongles parfaitement vernis, mais son attention était - malgré toutes ses résolutions - entièrement aux débats. La boule dans son estomac semblait grossir de secondes en secondes alors qu’elle attendait la réaction de la prof.


[592 mots]

Susan n'avait pu réprimer un frisson d'inquiétude lorsque le professeur Carrow l'avait gratifiée d'un coup d'oeil que la jeune fille qualifiait, en son for intérieur, de féroce, lui laissant à penser - et ce n'était pas là pensée très rassurante - qu'elle voyait parfaitement qui elle était, ou plutôt, de quelle famille elle venait. Or, Susan était bien trop lucide pour ne pas comprendre que les "traîtres à leur sang", comme les mangemorts avaient coutume d'appeler quiconque ne partageant pas, parmi les sangs purs, leurs convictions, étaient aussi mal vus que les nés-moldus. Car, à leurs yeux, la dégradation mentale du sang pur ne pouvait qu'être suivie d'une dégradation physique.
La rouquine piqua donc rapidement (et assez lâchement) du nez en direction de son matériel de cours, comme si elle venait subitement de réaliser à quel point une bête plume de cygne pouvait être un objet fascinant. Elle avait toujours été d'un naturel docile et, quoiqu'elle détestât d'emblée la nouvelle administration de l'école, elle était bien trop sage pour laisser transparaître clairement son opinion sur la question. Mieux valait-il ne pas se faire remarquer. Il y avait des façons bien moins sottes de défier l'autorité que de la défier ouvertement.
D'ailleurs, Alexander et elle avaient longuement sermonné les Poufsouffles sur la nécessité de se tenir officiellement tranquille, le matin même. Quel genre de préfète serait-elle, si elle bafouait ses propres conseils, moins de trois heures plus tard ?
Elle adressa un petit sourire à Lavande, qui venait de se glisser à ses côtés, vraiment heureuse d'avoir son amie près d'elle pour affronter la terrible épreuve à venir, mais elle s'abstint de lui glisser autre chose qu'un inaudible "salut", de peur d'être rabrouée par Alecto.

La rouquine en était là de ses pensées lorsque la cloche annonçant le début du cours retentit, dans le couloir. Aussitôt, Susan se redressa machinalement sur sa chaise, retrouvant sans les savoir les vieux réflexes qui l'avaient relativement préservée de l'ire professorale, lorsqu'elle fréquentait les classes de Rogue. Tais-toi. Ne bouge pas. Ne contredis pas.
Très raide, Susan prit sa plume et lança un coup d'oeil alentours pour tenter d'apercevoir un visage connu. L'immense majorité de ses camarades étaient plus jeunes qu'elle mais elle parvint toutefois à en reconnaître trois ou quatre avant que son regard ne croise celui de Zacharias Smith, installé deux tables plus loin, aux côtés d'Ernie MacMillan. Si elle en jugeait par le rictus étrange qui déformait les traits de son ami, Zacharias était loin de se sentir à l'aise. Même le sourire d'Ernie était moins bright que d'habitude, et Susan était prête à jurer qu'il avait omis d'aller se redonner un coup de peigne avant d'aller en cours. Elle se souvint alors que le premier était un sang-mêlé et que la famille du second était au moins autant connu que la sienne pour ses infidélités prétendues à la pureté de son sang. Elle éprouva un élan subit de compassion pour ses deux camarades et se sentit moins seule.

Un peu rassérénée, Susan reporta son attention sur le professeur Carrow, tout en songeant qu'il ne s'agissait, après tout, que d'un mauvais moment à passer. Une toute petite heure et ensuite elle retrouverait le doux confort des cours de sortilèges.
Elle s'accrocha à cette idée et pencha légèrement la tête sur le côté pour mieux suivre le discours de rentrée de Carrow... Qui lui arracha une grimace de désapprobation anxieuse. Hé bien ! Les choses avaient au moins le mérite d'être claires !
Et la suite ne fit qu'accentuer la perplexité horrifiée de la Poufsouffle. Des primitifs, les moldus ? Elle fronça imperceptiblement les sourcils. Quoique sorciers, les parents Bones avaient envoyé leur fille dans une école primaire moldue car ils demeuraient convaincus qu'il était plus que nécessaire de renforcer les liens sorciers/moldus pour que les deux communautés puissent vivre en paix. Or, comment vivre en paix avec des gens que l'on ne comprend pas ? L'ignorance entraînait le mépris, le mépris entraînait la haine et la haine entraînait les mangemorts. Aussi Susan avait-elle été, pour ainsi dire, élevée comme une petite moldue et avait de très bons amis moldus. Le discours d'Alecto à leur sujet la blessait au moins aussi profondément qu'ils les insultaient.

Elle n'était apparemment pas la seule à qui le contenu du cours déplaisait. Les remarques fusaient de toutes parts, avec plus ou moins de subtilité, et Susan haussa un sourcil, effarée devant l'intrépidité de certains nouveaux. Mais enfin ! Leurs préfets ne les avaient-ils pas mis en garde contre les Carrow ? Ne voyaient-ils pas que s'opposer ouvertement à l'un d'eux risquait de leur coûter bien plus cher que quelques points en moins ?
Elle constata toutefois avec une certaine satisfaction que les Poufsouffles, pour leur part, se montraient nettement plus prudents que le reste de la classe. Bien. Le message était au moins passé de ce côté là. Elle lança un coup d'oeil empli de fierté à Katiana qui lui semblait bien plus maligne de sa façon de présenter les choses que tous les autres réunis. Bien. Cette petite avait du cran mais elle n'était pas dénuée d'un certain sens pour autant. Peut-être devrait-elle lui proposer de rejoindre l'AD ? Car, aux dires d'Hannah Abbot, qui avait discuté avec Neville Londubat le matin même, l'Armée risquait de reprendre du service.

La jeune fille prit soigneusement en notes (et bien malgré elle) le plan du cours à venir, soucieuse de ne pas se faire rabrouer par Alecto, et lorgna d'un oeil sidéré Grégory Goyle, qui se dandinait sur sa chaise, au premier rang. Le premier rang ! Goyle ne s'y mettait jamais volontairement ! En fait, la dernière fois que Susan l'avait vu si proche du bureau du professeur, c'était lorsque MacGonagall l'y avait placé d'autorité, deux ans plus tôt, parce qu'il dormait sur sa table au lieu de suivre le cours. Pour l'heure, le jeune homme semblait jubiler. Susan esquissa une moue dégoûtée et gratifia Lavande d'un coup d'oeil significatif. De toute évidence, il y avait quelque chose de pourri, au royaume poudlardien.

(1006 mots, à un né-moldu près).


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