30 Baiser - Défi Opalyne :) TERMINE

La cours était des plus difficiles d’accès pour les roturiers. Mais quelques un savaient se faire remarquer et entrer dans cet univers si fermé, sélectif et lumineux… Emeric était l’un d’eux. Sans doute n’aurait-il jamais pu rejoindre la cour et ses festivités sans sa beauté époustouflante. Mais le fait est qu’il possédait un tel charme qu’aucune personne ne pouvait lui résister. De simple roturier, il était devenu un des courtisans les plus prisés et les plus réputés. Il ne lui avait même pas fallu un an pour atteindre ce stade… Parmi ses relations se comptaient de nombreuses femmes. Parmi elles, se tenait Opalyne. Une jeune roturière qui avait pu entrer dans la cour grâce à sa grâce et à son incroyable don pour la manipulation. Très vite, elle s’était rapprochée d’Emeric. Tous deux avaient les même desseins : être plus important que n’importe quel autre courtisan. Et ce n’était qu’en faisant équipe qu’ils pouvaient avoir la meilleure influence possible et quelle équipe, ils formaient… Si Opalyne n’avait pas le charme du jeune homme, elle demeurait un atout indéniable. Car en plus d’être gracieuse, elle était d’une discrétion inégalable et avait déjà vu beaucoup trop de sang couler pour avoir peur de quoique ce soit. C’était là, sa force ultime.

Ce soir là, mes festivités se déroulaient dans l’immense salle de bal. Il faisait chaud, les chandelles éclairaient largement la salle, accrochées aux murs, reposant sur les tables… Les danses s’enchaînaient. Le prince héritier, Nicolas, était assis sur le trône et observait la salle, assis. Emeric était le plus demandé, comme toujours. Opalyne quant à elle, n’était pas encore arrivée. Elle avait été choisie par Lady Caroline pour l’aider à choisir sa tenue, sa coiffure et ses bijoux de la soirée. C’était là un très grand honneur que d’assister la jeune femme, et Opalyne le savait parfaitement. Lorsqu’elles entrèrent, Lady caroline marchait en tête. Suivaient Lady Lana, la meilleure amie de Caroline, puis, derrière elles, Opalyne. Si elle n’avait nul titre, sa prestance et sa grâce savaient éclipser aisément les deux Lady qui la précédaient. Opalyne portait une robe pourtant extrêmement simple, peu de bijoux, par rapport à ses deux aînées, mais elle avait un tel port altier, de tels yeux bleus… Elle savait se déplacer en attirant les regards sur elle, et sur elle seule. La tête haute, un visage enfantin qui transpirait l’innocence, elle savait parfaitement caché son petit jeu. Personne ne pouvait savoir quelle créature se cachait derrière ce masque de douceur.

Caroline rejoignit Nicolas, marchant avec grâce. Lana, quant à elle, rejoignait son cavalier : Joseph, le frère cadet de Nicolas. Opalyne marchait avec assurance. Tant de simplicité, après les nombreux effets de ses deux compagnes offrait une vision des plus charmantes. Emeric, qui n’avait rien raté de l’entrée de sa jeune complice ne pouvait cacher son sourire. Il invita d’ailleurs Opalyne à danser avec lui, ce qui ne pouvait choquer personne, puisque tous les courtisans se connaissaient entre eux… Bien que chacun ignora à quel point ces deux là pouvaient être proches…

Alors qu’ils dansaient, Emeric chuchotait ses remarques et observations de début de soirée à l’oreille d’Opalyne, tandis qu’elle-même informait son complice sur ses propres connaissances acquises durant les heures passées avec Lady Caroline. C’est ainsi que tous deux surent qu’il y avait quelques vagues dans le couple formé par la Lady et le prince héritier. Que ce dernier avait regardé plus de temps que nécessaire la gracieuse rouquine faire son entrée à la suite des deux Lady et qu’ils avaient une chance, ce soir, de monter en grade d’avantage encore…

Quand la danse prit fin, Nicolas saluait élégamment sa cavalière, tandis qu’Emeric lâchait la main d’Opalyne. Ils avaient confiance l’un en l’autre et le plan qu’ils venaient de peaufiner pouvait être extrêmement bénéfique… Emeric s’en alla, et arrivé à hauteur du couple de la soirée, s’inclina bien bas :

« Mon Prince… Accepteriez-vous de me céder la main de votre compagne le temps d’une danse ? »

Bien contre lui, le regard de Nicolas se porta sur la rouquine demeurait en retrait et dont il avait remarqué l’entrée, peu de temps auparavant. Se tournant vers sa compagne, il s’inclina doucement :

« Lady ? »

Cette dernière (qui ne pouvait résister au charme d’Emeric comme tant d’autres) hocha délicatement la tête.

« C’est avec grand plaisir, Emeric… Mais mon prince, peut-être pourriez vous accorder une danse à ma compagne de ce soir… »

Haussant la voix, Caroline s’adressa à la jeune fille en retrait :

« Opalyne ? Venez donc… »

S’exécutant en silence, la rouquine salua d’abord la lady d’une douce révérence puis plus bas, s’inclina devant le prince :

« Mes seigneurs… »

Caroline présenta sa suivante au prince et suivit Emeric pour cette danse. Nicolas prit doucement la main de la jeune fille rousse qui avait attiré son regard dès le début de la soirée. Il fut des plus enchanté en découvrant qu’il avait à son bras une danseuse plus gracieuse encore qu’un cygne et plus légère qu’un chat. Elle était rapide, délicate et extrêmement précise dans chacune de ses gestes. Il était des plus charmé.


……………..

La soirée s’était terminée une heure plus tôt, à peine, lorsqu’on frappa à la porte d’Opalyne. Esquissant un sourire amusé, elle reprit une mine plus sérieuse et laissa le jeune serviteur ouvrir la porte de sa chambrée. Opalyne était assise à sa coiffeuse. Ses longs cheveux roux étaient détachés et tombaient en de souples et délicates boucles sur ses frêles épaules. Relevant la tête, observant le jeune homme qui lui faisait face, elle reconnu sans difficultés son ami d’enfance : Rhys… depuis quand un fossé s’était-il creusé entre eux ? Cela semblait à la fois si lointain et si proche… Sans rien dire, elle attendit qu’il s’exprime. Si il fut décontenancé, il n’en montra rien.

« Le prince t’attend… »

Sans sourire, bien qu’elle jubila intérieurement, la jeune femme se leva et marcha droit vers son ami d’enfance. S’arrêtant à sa hauteur, elle lu dans son regard des milliers de reproches… sa totale désapprobation. Et elle se contenta de chuchoter :

« N’oublie pas que tu es censé me vouvoyer ici, Rhys. »

Elle lui adressa un petit sourire qui était bien difficile à analyse… Amusement ? Défi ? Froideur ? Moquerie ? Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et quitta ses appartements. Le métal froid de la lame appliqué contre sa cuisse. Lorsqu’elle arriva, elle frappa et la porte s’ouvrit devant elle. Il était là… Juste devant elle, s’inclinant cérémonieusement devant lui, elle sentit sa main se poser sous son menton pour le lui relever. C’est alors que les prunelles bleues de la rouquine rencontrèrent celles du seigneur. Il lui sourit, doucement, mais un sourire qui ne savait cacher son désir… Et il la fit entrer, refermant soigneusement la porte derrière elle.

A peine eut-elle franchit le seuil qu’elle sentit les mains (devenues bien plus pressantes) du prince lui enserrer la taille. Il laissa glisser sa bouche vers le cou de la jeune femme, et l’embrassa doucement, avant de la tourner face à lui, avec plus ou moins de brutalité pour l’embrasser sur la bouche, cette fois-ci.


(à suivre)

Il y avait une telle ardeur dans cette étreinte… Un tel désir dans ce baiser… Opalyne savait très bien qu’elle avait plu au prince (sinon il n’aurait ni accepté cette danse, ni laissé Emeric danser avec Caroline… pas plus qu’il n’aurait invité la rouquine dans ses appartements. Or, elle était là, cette nuit.). Nicolas l’embrassait avec de plus en plus d’empressement, tandis que ses mains s’enfouillaient dans les cheveux roux de la jeune femme. Elle avait le souffle coupé. Elle n’avait jamais ressenti pareille passion précédemment et ça lui donnait le tournis. Elle sentait son cœur battre de plus en plus fort… Elle glissa doucement ses fines mains adroites dans les cheveux du prince qui la poussa sur le lit. Elle esquissa un sourire et prit des initiatives cette fois-ci. Stupéfait, le prince eut un mouvement de recul, lorsqu’elle prit les devant et passa par-dessus lui. D’abord fâché, il finit par sourire, et observa la poupée innocente se transformer en femme fatale sous ses yeux.

Un soupire passa entre les lèvres du prince, puis il souleva les jupons de la rouquine et eut un temps d’arrêt devant la lame. Forcément… Personne ne pouvait penser que cette poupée, figure d’innocence et incarnation de pureté (kof kof) se promenait ainsi armée. Doucement, Opalyne, glissa sa main vers l’arme blanche et la jeta loin d’eux, chuchotant doucement au prince :

« On m’a toujours di d’être prudente… »

Nicolas l’observa un instant… Elle était si mince, si fragile… Sans doute ne s’était-elle jamais servie de cette lame… Et au fond, en l’ayant sur elle, sans doute pouvait-elle se protéger de quelques mauvaises rencontres par l’intimidation (car il doutait sincèrement qu’elle sache l’utiliser…). La jeune femme caressa doucement le visage du prince héritier qui chuchota doucement, son regard plongé dans celui de l’élégante jeune femme :

« Caroline ne doit jamais rien savoir… »

Un petit sourire naquit sur les lippes rosées de la damoiselle qui répondit dans un même murmure, tout contre l’oreille de cet homme si haut placé :

« Il est évident qu’elle n’en saura rien. »

Il n’en fallut pas d’avantage pour que les mains, avides, du Prince ne viennent de nouveau remonter ses jupons et les lui retirer rapidement. Opalyne se laissa aller dans cette danse aussi inattendue qu’agréable avec cet homme qu’elle n’aurait jamais pu imaginer approcher sans l’aide d’Emeric… Ils passèrent la nuit ensemble. Nicolas s’avéra être à la fois doux et impatient. Fougueux et délicat… Tout un ensemble d’opposition formaient cet étrange personnage qui était juste là, contre elle. Elle sentait son souffle contre son sein nu, et ses cheveux caressaient ses joues rosies par les ébats précédents. Nicolas leva doucement la tête vers Opalyne, leurs regards s’épousèrent en silence, puis il revint l’embrasser avec beaucoup de douceur, cette fois-ci. La jeune femme frémit à ce contact et soupira de plaisir. Finalement, elle s’endormit contre lui, et il ne tarda guère à la rejoindre dans le doux pays de Morphée, bercé par la respiration régulière de si charmante et étrange jeune femme…


(à suivre...)

Cela faisait plus de huit mois à présent qu’Opalyne était la maîtresse de l’Héritier. Ils passaient généralement plus de trois nuits par semaine ensemble et trois nuits par semaine, c’est sa peau contre ma peau et je *sort*. Opalyne avait apprit à apprécier l’homme qui se cachait derrière ce masque que portait sans cesse l’homme qui devait être ‘la figure du pays’. Elle avait trouvé une sensibilité que tous ignoraient, une patience incroyable, ainsi qu’une ardeur sans pareille. Elle avait appris à apprécier Nicolas comme il le méritait… Et ce n’était pas du tout pour plaire à Emeric… Les sourcils froncés, ce dernier observait la rouquine avec froideur. Ils se voyaient secrètement, quand ils étaient sûrs que personne ne pourrait les déranger. Généralement, ils se voyaient dans les bois, c’était l’endroit le plus sûr. Lyne était à pied, tandis qu’Emeric portait une tenue de chasse. Il était descendu de sa monture et avait attaché cette dernière à un arbre, afin d’être libre de ses mouvements.

Ses cheveux étaient magnifiques, caressaient par de délicats rayons de soleil. Son regard d’un bleu à toute épreuve était posé sur Opalyne. Baissant ses propres yeux, gênée, elle chuchotait :

« Tu le juges mal… je te le jure… Il n’est pas comme tu crois ! »

Droit, froid, Emeric s’approcha d’Opalyne et la força à lever la tête pour qu’elle ne dévie pas le regard. Elle tressaillis quand il plongea ses prunelles azur dans les siennes. Il était si beau… Elle avait beau savoir que tout ceci n’était que magie, charme et don… Et bien elle ne pouvait pas y résister pour autant…

« N’oublie pas qui tu es, Opalyne. Tu sais, comme moi, que si ton cher prince savait ce que tu es, tu serais pendue haut et court. »

La jeune femme tremblait. Elle se sentait affaiblie par ce regard bleu à vous glacer les sangs… Si Emeric ne ‘lavait pas retenue, sans doute se serait-elle immédiatement effondrée… Serrant la mâchoire, elle répondit avec hésitation, pesant ses mots :

« Je ne suis pas sûre… je… j’ai l’impression qu’il m’aime bien… »

Emeric laissa un rire moqueur passer ses lèvres :

« Ne te moques pas de moi. Tu sais parfaitement quelles sont se spositions sur la magie ! S’il savait ce que nous sommes et quelles sont nos capacités, il nous aurait déjà condamnés à mort depuis des mois, si ce n’est des années ! »

Puis, plus doucement, il glissa sa main sur la joue d’Opalyne et la sentant se détendre sous ses caresse, lui offrit un baiser empli de tendresse. Opalyne ferma les yeux puis se lova contre lui, son cœur battant de peur. Doucement, elle chuchota :

« Qu’allons nous faire ? »

Emeric lui sourit, puis souffla à son oreille :

« Attendons encore… Nous aviserons quand il marquera des positions plus appuyées. Pour l’instant, nous sommes encore saufs… »

Il embrassa doucement la jeune femme, une dernière fois, puis chuchota :

« Et s’il venait à être trop négatif à notre égard… Tu sauras quoi faire. »

La mâchoire serrée, la jeune femme opina, tremblant de peur. Emeric l’abandonna là, remonta à cheval. Elle retourna au palais quant à elle. Ses prunelles azur, plus bleues que le ciel encore vibraient d’une étonnante détermination. Quand elle croisa Rhys, elle ne réagit même pas. C’était comme si plus rien n’existait. Le jeune homme, lui, la suivit des yeux, intrigué. Il avait toujours été très intelligent, mais aussi extrêmement discret. Opalyne l’avait, hélas, oublié…


(à suivre)

Depuis son altercation avec Emeric, Opalyne avait peur… Elle faisait confiance à Nicolas, mais Emeric avait appuyé là où ça faisait mal… La famille royale avait toujours été très méfiante vis-à-vis de la sorcellerie… Et elle n’y avait jamais vraiment réfléchi, jusqu’à ce qu’Emeric en parle ouvertement… Mais ses espoirs, ses rêves… Toute sa vie reposait sur le fait que Nicolas suive les mêmes desseins que son père, ou non… Ce soir, elle passait la nuit avec lui. Il semblait préoccupé… Doucement, elle s’approcha de lui pour l’embrasser sur la tempe, chuchotant d’une voix semblable au murmure du vent :

« Que vous arrive-t-il mon Seigneur ? Vous semblez préoccupés… »

Nicolas la repoussa d’abord. S’asseyant sur le bord du lit, les mains sur les genoux, elle l’observa alors en retrait. Si elle savait bien une chose, c’était qu’il ne fallait jamais se mettre la famille souveraine à dos. Et si elle possédait une situation privilégiée, elle était aussi une cible préférentielle pour subir les foudres du Prince… Elle opta donc pour le silence. Au bout d’une vingtaine de minutes, elle chuchota :

« Souhaitez-vous que je parte, mon Seigneur ? »

Nicolas posa sur elle un regard intrigué, comme s’il avait oublié jusqu’à sa présence dans la chambre. La réponse était éloquente, elle se leva et quitta la pièce en silence. Elle croisa Rhys en chemin. Un instant, elle s’arrêta, ouvrant la bouche pour parler… Puis secoua tristement la tête et poursuivit sa route. Le jeune homme l’observa en silence, attristé. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert depuis si longtemps… Peu après, un chat roux passait dans le couloir. Ses prunelles d’un bleu très étrange pour l’espèce brillaient de détermination. Rhys l’observait, en silence, par le trou de serrure de la pièce avoisinante.

Le chat se dirigea silencieusement vers les appartements royaux et se glissa sur une poutre pour entrer dans la chambre du prince par les toits… Il entendit toute la conversation alors… Il était question d’organiser une nouvelle chasse aux sorciers… la population était trop nombreuse, il fallait agir… Nicolas pariait que c’était un sale coup des sorciers, prêts à tout pour détruire son royaume… le chat demeura silencieux, ses prunelles s’assombrissant… Puis il repartit comme il était venu, en silence.

Le chat entra dans la chambre d’Opalyne. Rhys était là… Assit sur le lit, à observer l’animal. Il se transforma sous ses yeux en une femme nue. Cette dernière, aucunement gênée se contentait d’observer le serviteur, son ami d’enfance, en silence. Ce fut lui qui prit la parole en premier :

« Je t’en supplie… Ne fais rien de stupide, Opalyne… »

Et tressaillit, et l’affronta du regard. Elle découvrait le nouveau Rhys… Elle l’avait toujours vu comme son ami d’enfance… ce petit garçon discret, gentil (sans doute trop gentil)… Loyal. Doucement, elle chuchota :

« Tu ne me dénonceras pas ? »

Rhys secoua la tête, d’un air désapprobateur :

« Ne fais pas ça. »

Froidement, elle répliqua :

« Je n’ai pas le choix ! Il nous tuera tous, si je n’agis pas maintenant. Je suis la seule qui peut l’atteindre… Je dois agir avant qu’il ne soit trop tard. »

Le jeune homme s’approcha doucement de son amie d’enfance, lui caressant la joue du bout des doigts :

« Tu te fais manipuler… Tu n’as jamais eu ta place dans ce monde, Opalyne. Tu n’aurais jamais dû jouer ce rôle… Tu as besoin de liberté… Tu as besoin d’air… la vie dans un château n’est pas faîte pour un joli chat comme toi… Tu dois les quitter… Le Prince et ton horrible charmeur… »

Elle tressaillit alors qu’il passait sa main dans ses cheveux roux, tout en continuant à parler :

« Tu dois fuir tant qu’il en est encore temps… cette nuit. »

Les larmes aux yeux, Opalyne secoua la tête, négativement, repoussant son ami.

« Je ne peux pas. »

Elle s’éloigna de lui, s’habillant sous son regard désolé. Une fois parée, elle observa son propre reflet, le souffle court. Doucement, Rhys la rejoignit :

« Je t’en prie… »

Elle avait tellement envie de l’écouter, de fuir cette vie de servitude, d’obligations… Mais elle n’avait pas le droit… Elle avait des responsabilités… Elle chuchota doucement :

« Je partirais après… »

Puis elle déposa ses lèvres sur celles de Rhys… c’était la première fois qu’elle l’embrassait, et elle sentit une onde la traverser, tandis que leurs lèvres se touchaient. Frémissant, elle lui caressa la joue. Elle aurait aimé lui dire à quel point il comptait pour elle… Mais elle garda le silence, et le quitta sans rien ajouter.

(à suivre)

Elle avait laissé Rhys derrière elle. Vêtue d’une robe vaporeuse d’un joli blanc immaculé, Opalyne resserrait son corset. Ses prunelles, dures et remplies d’assurance fixaient son reflet, avec calme. Une dernière inspiration profonde, puis elle tira sur les lacets du corset qui vint serrer taille et poitrine. Puis, elle attacha ses cheveux roux en un chignon simple mais élégant (et surtout pratique) puis cacha sa dague à son endroit habituel, contre sa cuisse. Elle observa son reflet, en silence, puis quitta sa chambre. Elle avait entendu les hommes quitter le prince. Elle savait qu’à présent, il était seul, dans ses appartements. C’était le moment.

La jeune femme marchait dans les couloirs d’un pas calme. Quelques domestiques s’inclinèrent sur son chemin. Rien dans son attitude ne montrait quoique ce soit d’inhabituel. Elle poursuivit son chemin jusqu’aux appartements du Prince. Elle entra sans frapper et le vit immédiatement. Il était allongé, et observait le plafond. Il s’était brusquement redressé en reconnaissant Opalyne. L’air surpris puis furieux, il cracha :

« Que faîtes-vous ici ? »

Sans paraître perturbée, la jeune femme tourna la clé présente dans la serrure avant de faire face au Prince. Une seconde, elle eut son expression habituelle : un joli visage, un petit sourire mutin… D’adorables yeux bleus… Puis tout changea. Ses pupilles se dilatèrent, ses narines frémirent et ses sourcils se froncèrent.

« Mon prince… Nous aurions dû parvenir à une entente… »

Mais c’était trop tard. Il voulait chasser les sorciers ? Soit. S’il voulait la guerre, il l’avait trouvée. Et Opalyne n’allait pas attendre bien sagement qu’on vienne la chercher, des torches à la main. Elle attaquait en première. Et elle visait haut. D’un pas léger et assuré, elle se déplaça dans la chambre. La porte verrouillée derrière elle, faisant toujours face au prince. Les clés étaient toujours dans la serrure. Elle alla s’asseoir sur le bureau du prince qui la dévisageait avec stupeur… Puis la stupéfaction devint dédain… Après tout qu’était-elle, à ses yeux ? Elle n’était qu’une femme… Une maîtresse. Que valait-elle ? Pas grand-chose, très certainement… Si seulement il avait su…

« Vous êtes folle à lier. »

Il s’était levé et avançait vers la porte qu’elle avait verrouillé. Il allait poser sa main sur la clé lorsqu’une poigne de fer le saisit par le col et le rejeta en arrière. Il y avait tant de forces qu’il s’attendait à trouver un homme grand et musclé derrière lui… mais ce n’était qu’elle… Que cette… cette femme. Mais en était-elle vraiment une ? Lorsqu’il la dévisagea il eut un haut le cœur. Elle n’avait rien d’une femme, c’était une sorcière… la voix d’Opalyne siffla :

« On ne bouge pas sans que j’en donne la permission. »

Elle jeta un regard agacé au prince. Elle semblait le réprimander comme une nourrisse gronderait des enfants dont elle a la garde… Cette arrogance fit monter la colère du prince. Opalyne poursuivit.

« On ne peut pourtant pas dire que je n’ai rien fait pour améliorer la situation. J’ai été votre maîtresse, dans l’espoir que vous m’écouteriez lorsque le moment serait venu. Mais pensez-vous, vous n’avez eu que faire de mes propos. Et vous allez en payer le prix. »

Portant sa main à sa cuisse, elle prit son poignard et poursuivit :

« On aurait pu tous vivre en paix, mon Prince… C’était possible… »

Elle s’avança vers lui, et doucement fit glisser la lame contre le torse du seigneur. D’un coup sec, elle fendit la chemise qu’il portait et la lui retira. Un sourire mauvais s’étalait sur son visage, tandis que ses prunelles brillaient de malice et d’amusement. Le félin qui vivait en elle s’était réveillé. Et elle allait jouer avec sa proie… Juste un tout petit peu. Elle caressa le visage du prince, toujours avec sa lame de poignard, et lorsqu’il fit mine de se dérober, elle souffla :

« Chut. Ou j’abîme ce si joli petit minois… »

Elle n’eut cependant que trop peu de temps de jeu, puisque peu après, elle entendit des pas, trop rapides pour être naturels… On venait. Un soupire s’échappa de ses lippes rouges sang, elle soupira :

« Vous auriez pu éviter tout cela… »

Puis elle l’embrassa doucement, sur les lèvres, juste avant de planter le poignard dans le cœur du Prince qui eut un sursaut de surprise. Elle sentit son tout dernier souffle, juste là, dans son coup, alors que le sang coulait sur sa jolie robe blanche… Doucement, elle repoussa le corps et essuya la lame sur sa robe qui était à présent tâchée de sang.

Elle quitta la chambre d’un saut gracieux. Elle grimpa parmi les poutres puis sortit par une petite trappe située dans le plafond. Elle rejoignit ainsi sa chambre. Elle retira sa robe. Les tâches rouges de sang devenaient marrons, puis elle jeta l’habit dans le feu… Des cris lui parvinrent alors… Ils venaient de faire tomber la porte et avaient donc trouver le corps…

(à suivre)

Cela faisait une semaine que le Prince était décédé, assassiné sans que l’arme ni même le coupable du crime ne soient retrouvés. Le corps portaient des marques, mais il était évident que seule le coup porté au cœur avait été mortel… les autres traces étaient bien trop superficielles pour représenter le moindre danger. Les coups avaient sûrement dus être quelque peu douloureux, mais aucunement mortels…

Opalyne continuait à vivre au château comme si de rien n’était. Elle devait voir Emeric dans les bois aujourd’hui. Toute de noir vêtue (comme tous les courtisans et nobles à l’heure actuelle), elle se rendit aux écuries. Elle prit la jument qu’on lui tendait, et accepta l’aide qu’on lui offrit afin de se mettre en selle. Une fois installée, elle fit avancer sa monture au pas, puis quitta la cours principale pour rejoindre, lentement, les bois. Elle y retrouva Emeric, comme convenu. Doucement, elle fit arrêter sa monture à sa hauteur. Emeric avait une situation des plus avantageuses actuellement…

« Lady Caroline n’a d’yeux que pour moi. Et c’est elle qui dirige le Royaume, depuis la mort du Prince. Tu as fait du très beau travail, d’ailleurs, ma chère… »

Esquissant un petit sourire malicieux, Opalyne inclina doucement la tête et laissa Emeric poursuivre.

« On va tout de même avoir un léger problème… »

Ils étaient à pied, ayant laissé leurs montures un peu plus loin. Arquant un sourcil, la rouquine observa Emeric sans voir où était le problème. Tout était parfait… Il n’y aurait plus de chasses aux sorciers ! Doucement, Emeric glissa ses mains à la taille de sa complice et caressa du pousse le dos de la jeune femme, avant de chuchoter :

« Tu ne penses pas ? »

Sans trop comprendre en quoi le fait de se fréquenter pouvait poser problème, la jeune femme ronronna :

« Ca n’a rien de gênant si on continue à se voir… »

Emeric soupira, puis rapprocha soudainement le corps d’Opalyne du sien pour l’embrasser. Ses baisers étaient très différents de ceux que lui donnait Nicolas. Mais l’un comme l’autre, elle les adorait… Nicolas offrait beaucoup de désir, là où Emeric donnait plus de froideur… Mais Opalyne adorait ça… cette sensation qu’elle devait redoubler d’efforts pour le posséder… les manières d’Emeric avaient tendance à lui faire perdre la tête… C’était pour cette unique raison, d’ailleurs, qu’elle ne comprit que trop tard, ce qui se passait… La lame quittant sa ceinture et venant entamer a chère blanche mortellement… Elle en eut le souffle coupé et posa un regard intrigué sur le poignard planté dans son ventre… Levant finalement les yeux vers Emeric, occultant la douleur, elle chuchota, faiblement :

« Pourquoi ? »

Il soupira, l’air désolé (mais Opalyne était loin d’être stupide, elle savait parfaitement qu’il avait tout calculé à l’avance… la haine monta en elle…) ses prunelles bleues se dilatèrent, et elle repoussa avec plus de force que prévu le sorcier… Emeric était un charmeur né… c’était là son don. Là où elle avait tout du chat, il avait la beauté et le charme suprême… Elle ne pouvait le blesser, malgré sa haine à son égard… Elle était perdue… Elle entendit la voix d’Emeric souffler à son oreille, tandis qu’il la plaquait au sol, la maintenant à terre à l’aide du poids de son propre corps :

« Tu as été très utile… Mais soyons réaliste… Quelqu’un va finir par comprendre qui l’a tué. J’ai besoin que tu disparaisses… mais ce fut un plaisir de travailler avec toi… ma petite Opalyne. »

Le souffle court, elle sentait son cœur lâcher, tandis que sa vue se brouillait… Quelle idiote…


(à suivre)

Sans un regard en arrière, Emeric se redressa. Elle n’était pas morte, mais ça ne saurait tarder. Il quitta la sorcière rousse et retrouva sa propre monture. Détachant celle de sa chère complice, il frappa la croupe et regarda la jument s’enfuir, esquissant un petit sourire. Tout se déroulait exactement comme il l’avait prévu.
Le prince était mort, et le travail avait été fait par une petite main. Il avait éliminé la dite petite main et était dans les (très) bonnes grâces de la nouvelle dirigeante… Il allait gouverner.

Il observa le corps baignant dans une flaque de sang. La poitrine d’Opalyne ne se soulevait plus, ses paupières étaient grandes ouvertes mais ses pupilles de chat ne bougeaient plus. Elle était morte. Satisfait, le sorcier partit, talonnant sa monture.

Une ombre avait tout vu. Il était là, dans la forêt, silencieux, caché derrière les arbres. Depuis le début, Rhys avait eu un mauvais pressentiment. Ce courtisan… cet Emeric… Il était si différent de ceux qui plaisaient à Opalyne d’ordinaire !!! Et sa façon de charmer absolument tout le monde, sans jamais rencontrer la moindre difficulté… Rhys savait qu’Emeric cachait quelque chose de sombre en lui… Il n’avait juste pas su à quel point il était noir… Il assista à la scène en silence… Et lorsque le sorcier fut parti, Rhys sortit de l’ombre et s’avança doucement vers son amie d’enfance. Doucement, il caressa son visage… Elle restait belle, même dans la mort… Ses prunelles azur, ses pupilles de chat…

« Ma petite Lyne… Dans quels ennuis t’es-tu embarquée… »

Il soupira et doucement, déposa ses lèvres sur celles d’Opalyne… Il savait qu’elle n’avait pas mauvais fond, qu’elle avait seulement été manipulée par ce satané courtisan. Emeric méritait le bûcher, oui… mais quand tout le monde réalisera qui il a toujours été… ce sera trop tard… Il était temps de partir, il fallait fuir, et vite. Les mâchoires serrées, Rhys ferma doucement les paupières de la jeune femme rousse, allongée à terre. Le sang ne coulait plus. Elle était parfaitement immobile, et la forêt était étrangement silencieuse.

Rhys vérifia ses quelques affaires. Il n’avait pas beaucoup d’objets en sa possession, mais il avait de quoi tenir un petit moment. Il avait aussi prit quelques affaires d’Opalyne. Elle ne lui en voudrait sûrement pas… Il s’allongea par terre, la tête sur son petit sac et laissa ses prunelles se promener dans le ciel qui commençait à s’assombrir. Lorsque la nuit fut totalement tombée, il n’y avait plus la moindre trace de sang par terre. C’était comme si la terre avait absorbé ce dernier, jusqu’à la dernière goutte. Rhys s’était relevé et prit la parole :

« On va devoir y aller… »

Pas de réponse… Jusqu’à ce qu’un gémissement lui parvienne aux oreilles. Les paupières d’Opalyne s’ouvrirent tout à coup, tandis qu’elle reprenait son premier bol d’air frai, crachant du sang et hoquetant. Rhys lui adressa un petit sourire. Le monde magique n’avait pas de limites…


FIN

Ruby était assise sur le lit de sa sœur. Observant cette dernière tourner et tourner encore et toujours devant son miroir, la blonde se lassa :

« Et sinon, narcisse compte aller à la soirée ou elle préfère se mater jusqu’à ce que le soleil se lève ? »

Haussant un sourcil, sa jumelle, aussi rouquine que Ruby était blonde répliqua dans un soupire :

« Chérie, tu es si pressée que ça de retrouver Em’ ? »

Emeric, ou le tombeur de ces dames… Il avait tellement de conquêtes que tenir le compte précis relevait de la mission impossible… Bon de toute façon, dans le groupe… Et bien ils étaient tous comme ça. Mais Emeric était quand même le champion toutes catégories confondues !

La rouquine mit une dernière touche de rouge à lèvre, et observa son reflet avec satisfaction. Fin prête, elle quitta la maison familiale avec sa sœur. Toutes deux avaient 17 ans et fêteraient bientôt leurs 18 ans. Ca faisait des années qu’elles sortaient le soir avec leurs amis de lycée. Emeric, Caleb, Keith et Alek… Ils étaient tous dans un lycée privé et ultra sélect. Le portefeuille de papa et maman étant très bien fourni, l’entrée dans l’établissement relevait d’un jeu d’enfant pour tous... Ils restaient souvent entre eux, snobant toute personne venant d’un milieu plus modeste… Quelques exceptions mises de côté, évidemment… Et dans ces exceptions se trouvait le petit ami de Lyne :

« Tarek ! »

Le jeune homme adressa un sourire à la rouquine, la prenant par la taille avant de l’embrasser de façon très provocatrice devant tous. Ce qui ne choquait plus personne, de toute façon, avec tout ce que tout le monde faisait, il fallait bien plus qu’un baiser pour les troubler… Entre les pertes de connaissances, les overdoses, les échanges réguliers de tous les couples… Non rien ne choquait plus personne dans cet étrange univers. Le couple continua sa progression et rejoignit enfin le groupe d’amis des jumelles. Tarek n’était pas élève dans leur école. Mais il était quand même proche du groupe pour une toute autre raison que la scolarité… Il fournissait ce petit monde en ‘médocs’ en tous genre… Autant dire qu’il avait à peu près le même statut que Dieu… En mieux.

Evidemment, aucuns parents du petit groupe ne savaient (précisément) à quoi leur chère progéniture pouvait occuper leurs soirées… Et du moment qu’ils ne faisaient pas de vague, ils les laissait faire ce que bon leur semblait elle est belle l’éducation…. Ce soir, la soirée avait lieu chez Keith, puisque ses parents étaient partis pour une semaine.

La musique battait avec force, tandis que l’alcool coulait à flot, les joints circulaient et les chambres étaient souvent occupées. C’était la folie. Opalyne avait déjà un peu trop bu. Tarek, lui, était le plus sobre de tous. Forcément, il était le fournisseur, mais il n’en prenait pas. C’était trop facile de tomber dans le piège. Lyne ne consommait pas beaucoup non plus (l’alcool mis de côté bien sûr…) et tant qu’elle ne touchait qu’à ça, il la laissait faire ce qu’elle voulait. C’est ivre morte qu’elle vint se plaquer contre lui :

« Mon Tareeeeek !!!! »

Elle l’embrassa à pleine bouche, tandis qu’il lui caressait les cheveux, souriant doucement :

« J’en connais une qui a un peu trop bu… »

Hurlant de rire, elle secoua la tête :

« Non !!! Pas du tout ! Je suis super clean !!! »

A peine avait-elle proféré ce mensonge qu’elle tangua dangereusement sur ses talons aiguilles et se laissa glisser par terre. Tarek s’agenouilla doucement auprès d’elle. Même si elle aavit bu un peu trop d’alcool, elle n’était vraiment pas dans un état ‘normal’ (aussi saoule soit-elle). Inquiet, il posa sa main sur le front (brûlant) de la rouquine qui fermait les yeux et se pelotonnait contre lui, tremblant de tout son corps.

« Lyne ? Tu as pris quoi ? »

Elle grommela et soupira, mais pas de réponse. La secouant plus fermement, il reprit, la forçant à le regarder dans les yeux. Ses pupilles étaient dilatées. Ca n’augurait rien de bon.

« Lyne, qu’est ce que tu as pris ? »

Soupirant, elle répliqua d’une voix lasse et en articulant mal :

« Roh, ça va… juste des médicaments… c’était pas des trucs forts, tu sais… Mais là je suis surtout fatiguée… »

Doucement, il lui attacha les cheveux avec l’élastique qu’elle porte toujous au poigné et interpella Keith qui passait juste à côté d’eux (et ne s’étonnait pas de les voir par terre… Rien ne peut étonner ici !) :

« Keith ! C’est toi qui lui a filé des médoc ? »

Keith s’arrêta et observa Tarek avant de baisser les yeux vers Lyne. Secouant la tête, il répliqua :

« Non non mec… jcrois que c’est Alek… »

Lyne s’agita et soupira :

« Reste avec moi… »

La mâchoire serrée, Tarek soupira. Il allait commencer par s’occuper d’elle et après, il allait péter le petit minois de ce co**ard de Benson. Keith étant toujours à côté, Tarek reprit :

« Ok, aide moi à la coucher. »

Il la souleva puis ils l’emmenèrent dans une chambre libre où Tarek posa doucement la rouquine sur le lit. Elle tremblait toujours, mais elle avait l’air d’être plutôt stable. Son état n’empirait pas… Et c’était toujours ça. Keith les laissa puis Lyne ouvrit péniblement un œil et souffla :

« Viens avec moi… »

Tarek soupira à son tour. Ciel que la soirée allait être compliquée… ceci di, elle était tellement assommée qu’elle ne devrait pas être trop intenable, aussi se coucha-t-il à côté d’elle, lui caressant doucement les cheveux.

« Ça va aller, je suis là. »

Elle lui sourit et l’embrassa doucement, chuchotant :

« Je t’aime. »

C’était la toute première fois qu’elle le lui disait. Il eut un temps d’arrêt et l’observa, silencieux. Elle s’était endormie… Elle avait quelques spasmes de temps en temps, mais tout commençait à se calmer… Il venait d’être pris de court, là… Il sourit doucement cependant et l’embrassa sur le front. Et bien qu’elle ne puisse pas l’entendre, il répondit :

« Moi aussi. »

Il y avait ce vent qui soulevait ses cheveux roux à intervalles irréguliers. Il y avait l’embrun salle qui nous transportait dans un pays enchanté et nous enveloppé de magie. Je ne pourrais jamais rien oublié. Que ce soit la délicatesse de ses gestes, la douceur de sa peau ou encore l’éclat azur de son regard. Il y avait de l’amour, mais tellement plus que ça encore.

Les vagues nous léchaient les pieds, mon cœur battait plus rapidement encore. Je n’avais d’yeux que pour elle, dans ce paysage d’un autre temps. Il y avait l’océan et nous… la plage et nous… Nous étions seuls au monde. Nous étions dans une bulle, bercés par le bruit des vagues. Ses lèvres rencontrèrent les miennes dans le souffle d’une promesse. Je n’avais jamais été aussi euphorique, aussi heureux et aussi bien de toute ma vie. Jusqu’alors.

Mes doigts caressaient ses boucles de feu, mon regard plongeait dans le sien, puis nous nous jetâmes à l’eau. Grimpant rapidement la petite falaise qui surplombait l’océan, nous ne nous arrêtâmes même pas au sommet. Sans cesser notre course après l’amour, main dans la main, emportés par un même élan, nous sautâmes. La chute fut aussi longue que rapide. C’était comme si la seconde avait duré des heures. Main dans la main, nous étions inséparables. Nous ne formions plus qu’un.

Lorsque nous rencontrâmes la surface glacée de l’océan, nous ne sursautâmes pas. Nous nous tenions toujours la main, tendis que l’eau glacée nous avalait. Remontant à la surface, tout en nous tenant toujours par la main, nous rîmes, ensemble. Ses bras glissèrent autour de mon cou et nos lèvres se rencontrèrent derechef, porteuse d’une saveur sucrée salée. Mes prunelles ne se lassaient pas de la contempler. Chacune de ses expression étaient magique, son rire, cristallin –qui pourtant pouvait aussi rapidement irrité mes tympans…-, ses yeux rieurs, sa voix, son souffle, la façon qu’elle avait de me toucher, de me promettre, en un seul et unique regard, un amour éternel. Portés par les vagues, nous étions dans notre monde. Pour toujours…

Lorsque nous sortîmes, nous étions frigorifiés. L’air était frais, l’eau glacée et le vent soufflait. Mais rien de tout cela ne comptait. Ce qui importait, c’était que nous étions ensemble. Couverts d’une épaisse couverture, nous étions assis sur la plage, alors que le soleil retombait sur l’océan, dans de magnifiques éclats mordorés. L’un blottit contre l’autre, nous nous tenions chaud. Je fermais les yeux, laissant le bruit des vagues, non loin, me bercer de promesses. Je savais que je l’aimerais toujours. C’était inévitable, c’était écrit. C’était sans nul doute notre destin. Je la rêvais, je la vivais. Elle était mon subconscient et ma vie. Tout pour moi reposait en elle. Si elle n’était plus, alors je n’étais plus non plus. A la manière des couples maudits, je vivais mon amour pour elle avec passion, le sachant aussi dévastateur que ceux que l’on rencontrait régulièrement dans les livres. Mais elle représentait tellement pour moi… je n’avais pas le choix. Je l’aimais et je ne pourrais jamais le changer. Doucement, elle passa sa main dans mes cheveux, et son souffle se fondit dans celui du vent qui devenait de plus en plus fort, ce soir :

« Je t’aimerais toujours. »

Toute histoire a un début et une fin. La notre s’est achevée si prématurément qu’elle ne m’a laissée qu’un arrière goût d’une amertume impitoyable… J’ai continué à rêver à un autre monde, un monde où tu serais encore là, à mes côtés. Mais mes rêves ont été anéantis par la douleur de ton absence, par le manque. Je n’aurais jamais cru pouvoir souffrir autant… Et pourtant, chaque seconde qui passe est pire encore que la précédente. Je te regarde, juste là, devant moi… mais tu n’es plus là. Plus vraiment… Ce n’est que ton corps, mais sans l’âme qui l’habitait, que vaut-il à présent ? Je vais suivre tes conseils. Je vais essayer d’écrire ces lettres… des lettres à la mer. Quelle drôle d’idée tu as eu là, franchement ! Mais mon cœur est tellement brisé, que j’ai besoin de m’exprimer. Je n’ai pas besoin qu’on m’écoute. Non, j’ai seulement besoin de faire sortir cette douleur, cette peine, cette colère qui cohabitent en moi… Je crois qu’il est temps de te dire Adieu, Nicolas…

Un baiser, un ultime et dernier baiser sur ces lèvres désormais sans vie… Et je pars…


Les lettres se sont enchaînées. Chacune reflétant la douleur de cette solitude, la peine et le vide lié à ton départ si brutal. Si inattendu. Toutes furent jetées à la mer, n’attendant nulle autre réponse que le calme et un léger sentiment de bien-être lié à la libération de ces trop sombres sentiments… Le calme accueillait chacun de mes envois. Et jamais, ô grand jamais, je ne me serais attendue à cela… Et pourtant…

La première lettre que je reçu, par la poste et non pas par hiboux (ce qui en soit était plutôt étrange, puisque je ne côtoyais aucun moldu…) était signée : Alexander. Je mis si longtemps à comprendre ce dont il s’agissait ! Ainsi, quelques unes de mes lettres avaient été trouvé ? Elles n’avaient pourtant pas ce but là… pas le moins du monde. Mais je m’étais dit que je devais m’en débarrasser, sans les détruire pour autant… Alors la mer avait semblé être une excellente alternative… J’hésitais un long moment avant de me décider. Je lui répondis. Vraiment. Nos premiers échanges étaient plutôt banals. Nous ne nous étendîmes aucunement sur nos vies respectives, parlant préférentiellement de la pluie et du beau temps… Mais de fil en aiguille, de lettre en lettre, je commençais à vraiment le connaître, ce prénommé Alexander… Et plus le temps passait, plus j’avais envie de le rencontrer… ce que nous finîmes par faire, au bout de 5 mois d’échanges. Je n’avais vu aucune photo de lui et il n’avait vu aucune photo de moi. Nous nous étions donné rendez-vous à Londres, dans un petit café. Nous devions portés, pour l’occasion, un foulard rouge. Pour être sûrs de nous reconnaître. J’aborder donc un foulard rouge, noué autour de mon cou. Je le vis rapidement. Le foulard était accroché à la hanse de son sac. Il était déjà là, quand j’arrivais… Il se leva de sa table, et m’accueillis avec un sourire réservé. Soudainement anxieuse, je lui rendis le sourire et le rejoignais en quelques enjambées qui s’avéraient être réticentes malgré moi. Il décala la chaise face à lui pour que j’y prenne place avant de retourner s’assoire. Ses salutations étaient très distinguées. Tellement que je m’en sentis terriblement gênée… Son baise main, la légère inclinaison de son tronc… tant de choses auxquelles je n’étais pas habituée…

Nous étions face à face, et nous allions parler en vis en vis pour la première depuis 5 mois d’échanges de lettres…