30 Baiser - Défi Opalyne :) TERMINE

Notons le jour J, le jour où nous avons discuté pour la première fois, face à face. Je jour où nous nous sommes rencontrés en chair et en os. Ce sera la base pour tout ce qui va suivre. Et Merlin sait qu’il s’en est passé des choses depuis !

…………………

J + 10 secondes.

Il m’avais suffit de simplement poser mes yeux sur lui pour savoir immédiatement que c’était lui. Non pas à cause de son foulard rouge, qu’il avait malgré tout, mis en évidence, mais plutôt à cause de son regard. Il possédait de beaux yeux noirs qui m’avaient fixé avec calme et compassion à la fois. Nous avions beaucoup échangé de lettres en cinq mois, et j’avais à présent le sentiment qu’il me connaissait mieux que je ne me connaissais moi-même. J’avais peur, soudainement… Son regard, son calme apparemment. Il me déstabilisait totalement. Et si je n’avais pas été tétanisée, je me ferais enfuie, j’aurais transplané et refusé de le revoir. Quitte à déménager pour être introuvable ! Extrême ? Sans nul doute, mais j’étais si seule, si perdue… j’avais franchement peur. Je ne pouvais pas être déçue… Je réalisais à présent tous les espoirs que j’avais fondés dans cette rencontre… Et ça me faisait peur. S’il brisait mes rêves de revivre, alors ce serait la fin. Vraiment.

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J+ 10 minutes.

Nous parlions. Je ne me sentais pas forcément très à l’aise, et pourtant, je n’étais pas aussi à côté de la plaque que je ne le craignais. Il savait parler, il savait se tenir et j’étais très agréablement surprise par ce personnage… Evidemment, dans ses lettres, j’avais rapidement constaté qu’il était très doué dans ses formulations, qu’il était très respectueux et possédait un style d’écriture absolument merveilleux… mais écrire et parler c’était radicalement différent. Et pourtant, il possédait une telle aisance de la langue à l’oral ! Une maîtrise parfaite, sans conteste. Il contrastait radicalement avec toutes les connaissances, tous les amis ou tous les petits amis que j’avais pu avoir par le passé… Et pourtant, je sentais que le courant ne passait pas si mal que ça. Bien au contraire. Et si tout se déroulait de mieux en mieux, au fil du temps, c’était essentiellement grâce à lui. Il avait beaucoup de manières qui m’étaient jusqu’alors inconnues (ou je les avais lu dans des romans d’époque…). C’était aussi déstabilisant que plaisant… Oui, je pouvais l’admettre sans en avoir trop honte… Il était très agréable, sa conversation, sa façon d’être de manière générale… Il était très gentleman et me mis finalement à l’aise. Nous ne nous étendîmes pas sur nos vies respectives, ni sur les échanges que nous avions eu, par écrit, jusqu’alors. Nous parlâmes comme si c’était la première fois (et après tout n’était-ce pas le cas ?). Nous parlâmes de la météo, de notre journée passée, des journées à venir, de quelques projets… de nos activités respectives, plus profondément. Lui-même travaillait dans l’administration depuis quelques temps… moi je travaillais comme journaliste, peu avant que Nicolas ne décède. Après son départ, j’avais arrêté le journalisme, j’avais eu une longue période de dépression, puis j’étais finalement allée de l’avant. Depuis je travaillais à mi temps, des petits boulots pour me faire de l’argent… Et à côté j’écrivais. J’espérais en vivre un jour, tout en sachant que ce défi serait des plus difficiles à relever… Nous finîmes par partir cinq bonnes heures plus tard, alors que le café fermait. Je n’avais, très franchement, pas vu le temps passé. Tout s’était passé tellement vite ! Je n’en revenais pas. Et, encore plus étrange. J’avais passé un très bon moment avec cet homme… Et cela ne m’était plus arrivée depuis la mort de Nicolas.

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J+1.

Nous nous étions dis au revoir, mais je savais que ce n’était pas un adieu. Nous le savions tous deux, en réalité. Le lendemain, je ne le contactais pas, mais pensait de nombreuses fois à notre rencontre de la veille. Il m’avait offert une chose qui n’avait pas de prix… Grâce à notre longue discussion, je venais de retrouver ce que je pensais avoir perdu à jamais : de l’espoir. J’avais envie de sourire. Ca faisait si longtemps que j’avais perdu le sourire ! J’avais envie de chanter, lorsque j’allumais la radio sorcière ce matin là… j’avais envie de danser, de sourire ! Je me sentais vivante, et je n’y croyais pas… J’avais cessé d’y croire depuis si longtemps… Et finalement… j’étais là. Cette femme, heureuse, c’était moi.

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J+5.

Nous nous sommes revus. L’entreprise dans laquelle je travaillais comme guichetière organisait une soirée… Et j’avais proposé à Alexander de m’y accompagnait. Il accepta, et nous nous retrouvâmes devant le café où nous nous étions rencontrés pour la première fois ‘en vrai’. Il était d’une telle élégance ! Rougissant de ma tenue (si simple à côté de lui !) je le rejoignis en de longues enjambées, lui offrant un sourire :

« Bonsoir ! Tu es si élégant ! Ce n’est pas une soirée mondaine, tu sais… »

Nous nous tutoyons depuis quelques temps déjà (par lettres, nous avions finis par prendre cette décision…). La fois où nous nous sommes rencontrés, je l’avais vouvoyer, intimidée. Il était plus âgé que je ne le pensais. Une dizaine d’années de plus que moi, sans doute… Il m’avait alors demandé que l’on garde nos habitudes… On se connaissait trop, à présent pour se vouvoyer. Et je n’avais pu qu’acquiescer. Il m’offrit un sourire et me tendit son bras :

« Je n’ai que des costumes à me mettre de toute façon, et tu es très belle toi aussi. »

Je me doutais qu’il ne le pensait pas forcément, en tout cas, je n’étais guère convaincue (je m’étais tout de même vue dans mon miroir avant de partir !) mais je lui offris un petit sourire crispé. S’il vit mon stress, il ne m’en fit aucunement part, ce dont je lui fus franchement reconnaissante. Nous passâmes une très bonne soirée… je n’en attendais pas moins, bien sûr, mais j’étais quand même toujours agréablement surprise. Comme si, à chaque fois, il me réservait un petit quelque chose, uniquement pour éclairer ma vie… et c’était la plus belle chose qu’on n’ait jamais faite pour depuis bien longtemps. Je le confiai à Alexander alors que nous dansions (il s’était avérait être un excellent danseur !) :

« Depuis son départ je n’avais pas passé d’aussi bonne soirée… »

Le ton était à la confidence et personne d’autre que lui ne pouvait entendre cet aveu. Il arborait un air sérieux, hochant doucement la tête :

« Je suis très honoré alors… »

Il m’offrit un sourire et je le lui rendis. Oui, depuis le décès de Nicolas, j’avais vraiment abonné l’idée de pouvoir un jour encore m’amuser. Et pourtant, Alexander m’ouvrait les yeux sur les miracles de la vie, à l’heure actuelle.

Nous rentrâmes en taxi. Il m’accompagna jusque chez moi. Je l’invitais à monter, mais il refusa poliment.

« Je travaille tôt demain… mais je t’appelle et on va organiser un petit quelque chose ! »

Je fronçais les sourcils, intriguée, et il me sourit doucement, m’embrassant sur la joue avant d’ajouter :

« C’est une surprise, tu vas voir ! »

J’eus beau le contempler avec étonnement, il n’ajouta rien de plus concernant ses projets, achevant le tout avec un délicat :

« Bonne nuit, Opalyne. »

Malgré mes protestations, il avait toujours fermement refusé de me nommer, comme tout le monde, par mon surnom. Après moult protestations, j’avais fini par m’y faire… Je lui offris mon sourire et lui retournais le vœu, avant de regarder la voiture s’en aller. Le cœur plus léger, je montais dans mon petit appartement. Je me sentais si vivante ! Le sourire aux lèvres, je me douchais et filais me coucher. Les nouvelles d’Alexander n’allaient pas tarder, j’en étais persuadée.

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J+10.

Ce soir, Alexander voulait me faire rencontré un ami à lui. Il avait prononcé le mot ‘célibataire’ avec dégagement, mais je me doutais bien qu’il avait quelques projets et ça m’angoissait… tendue, j’observais mon reflet. Quoique je fasse de toute façon, je n’aurais jamais le charme qui émane de mon ami… Nous étions si différentes tous les deux ! Je ne comprenais d’ailleurs pas comment nous avions faits pour nous entendre ainsi… était-ce parce que nous étions très intimes, malgré tout ? Sûrement… Je chassais les questions de mon esprit. Je n’avais pas le temps d’y penser tout de suite.

Alexander m’avait précisé que ce serait une soirée ‘décontractée’ mais j’avais fait des efforts malgré tout, et lorsque j’arrivais à destinations, je me félicita intérieurement d’avoir écouter mon instinct. Ils étaient tous très chics… Vraiment. Heureusement, j’avais mis une robe de cocktail noire… Et je ne faisais donc pas tâche au milieu !!! J’avais relevé mes cheveux roux en un joli chignon travaillé. Alexander avait invité quelques amis chez lui pour cette soirée. Il me présenta à ceux déjà présents : un couple, une jeune femme rousse célibataire (dont je retint le prénom : Myrielle) et un autre jeune homme, blond comme les blés : Alexis. Je les saluais, me sentant légèrement décalée. Tous étaient plus âgés que moi, mais ce n’était pas ce qui me dérangeait le plus. Le plus gênant, c’était surtout la très nette différence de milieu sociale qu’il y avait entre nous. Pour parler ‘crûment’ j’étais une roturière égarée dans la noblesse… Et bien que je n’aie pas honte de ma situation, je me sentais tout de même clairement décalée au milieu…

Malgré mes appréhensions, la soirée se passa extrêmement bien. Je m’entendis rapidement avec Alexis. Myrielle avait quelque chose qui me faisait un peu peur. Elle n’avait pas l’air méchant, non, mais elle m’intimidait clairement. Lorsque la soirée prit fin, j’allais rentrer chez moi en taxi. Mais Alexander m’interrompit, Alexis était, d’après mon ami, sur ma route, il prit donc sa propre voiture et m’invita à monter à bord. Nous discutâmes grandement pendant le trajet et lorsque je fus arrivée à destination, il m’adressa un petit sourire en coin, avant de me souhaiter une bonne nuit. Je le lui retournais et il s’en fut à son tour. Pensive, je rentrais chez moi et me douchais avant d’aller me coucher, plus rêveuse encore que cinq jours plus tôt… ma vie changeait soudainement… Et de façon particulièrement agréable.

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J+20.

Je marchai seule dans la rue quand mes prunelles se posèrent sur lui. C’était bien Lui, il n’y avait aucun doute à avoir ! Fin, les cheveux d’un blond de paille… Je croisais ses prunelles bleues et j’en étais persuadée :

« Alexis ! »

Ce fut à son tour de me sourire, l’air ravi.

« Opalyne ! »

Je me retins de grimacer. Alexander m’avait présentée ainsi à ses amis, et je ne m’étais pas sentie la force de leur expliquer à tous que je préférais qu’on m’apelle ‘Lyne’. Alors voilà… Je repris la parole, intriguée :

« Je ne m’y attendais pas ! Que fais-tu ici ? »

Je sortais à peine de mon travail… Et ce n’était pas un quartier dans lequel j’imaginais franchement Alexis se promener… Sa raison, en revanche était presque plus ‘probable’…

« Je voulais te revoir, en fait… »

Je dis bien ‘presque’ parce que j’avais du mal à me dire qu’il avait sérieusement envie de me revoir. Moi ?! C’était plutôt difficile à admettre. J’étais si banale… Je n’en rougis pas moins mais s’il le remarqua, il fit comme si de rien n’était, puisqu’il reprit très naturellement :

« Accepterais-tu un rendez-vous avec moi ? »

Totalement prise au dépourvu, je le complais pendant une durée indéterminée. Et je finis par chuchoter :

« Je… Eu… Oui ? »

J’avais été très tentée de lui demander si il était sérieux… mais à son expression, je devinais que oui… Et c’était sacrément perturbant ! Il me sourit doucement et nous poursuivîmes notre route ensemble. Il me raccompagna chez moi. Nous avions rendez-vous dans 3 heures dans un bar dansant. Je me préparais en conséquent. Et lorsque je le retrouvais sur place, il était éblouissant… je n’aurais pas dû être surprise, et pourtant, je ne pu m’empêcher de l’admirer en silence. Il me rejoignit avec assurance et pendant de longues heures, la piste fut notre terrain de jeu. Il menait extrêmement bien la danse. Et je passai avec lui une soirée absolument formidable. Il me raccompagna chez moi, comme lorsque nous nous étions rencontrés, mais cette fois m’embrassa doucement sur la joue. Rougissante, je lui demandais si nous nous reverrions et il me répondit par l’affirmative, ce qui fit battre mon cœur comme il n’avait plus battu depuis bien longtemps.

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J+30.

Aujourd’hui, cela faisait 10 mois qu’il était mort… 10 mois qui m’avaient sembler durer 10 ans. Et cette blessure que je pensais ouverte à jamais s’était, contre toute attente refermée. J’étais sortie avec Alexis, ce soir, nous étions allés au restaurant. Je l’invitais à monter avec moi et il accepta, cette fois. Lorsque nous nous embrassâmes, je sentais mon cœur s’arrêter avant de battre follement. Si je m’étais amusais à faire des comptes, j’aurais pu dire qu’il s’agissait du dixième homme que j’embrassais dans ma vie… mais je n’avais franchement pas la tête aux calculs ce soir. Nous ne fîmes que nous embrasser, il finit par rentrer chez lui, quelques heures plus tard. J’étais aux anges. Il me promit de passer me chercher, demain. Et j’avais totalement confiance en sa promesse. Je l’embrassais une dernière fois, et le regardais partir.

Opalyne, plus connue sous le nom de Delya était danseuse au cabaret depuis ses 18 ans. Elle avait travaillé dur pour y parvenir. Elle avait quitté l’école à 16 ans. Elle ne croyait plus à rien et pensait ne plus avoir grand-chose à perdre. Dans ce travail, elle avait trouvé une audace, un clin d’œil et une impertinence plus que séduisants. Elle voulait dire à tous et à toutes ‘allez vous faire fou*re’. Elle vivait sa vie. Sûrement pas comme les autres, mais qu’importe ! Elle vivait, elle était là, debout, et elle était admirée. Elle était désirée.

Delya n’était pas connue sous son vrai nom. Tobias le connaissait bien sûr, mais ‘cétait parce qu’il l’employait. Dans le cabaret, aucun autre employé ne connaissait sa véritable identité. Encore moins les clients ! L’Opalyne avait tellement changée que même ses amis ne pourraient la reconnaître sur scène. De rousse, elle était passée à brune. Elle transpirait la sensualité et possédait l’étrange don d’être détestée par toutes les filles qui croisaient son chemin, et d’attirer tous les hommes tels des aimants.

Sans être particulièrement pulpeuse, elle possédait de jolies formes et surtout de magnifiques yeux d’un bleu opalescent. Elle avait une silhouette fluide et possédait une assurance incroyable. Mais le plus important, ce qui ‘comptai’ c’était sa beauté. Elle était, en effet, absolument magnifique. Tous s’accordaient là-dessus.

Il était 3h du matin lorsqu’elle eut fini sa soirée. Elle quitta sa perruque rousse pour libérer ses cheveux noirs dans son dos. Presque nue, elle se rhabillait dans les coulisses sans parler aux autres filles. Jamais, ces dernières n’avait ne serait-ce que tenter de l’intégrer. Dès le début, elles l’avaient regardé d’un bien mauvais œil. Elle était trop belle et forcément, elles se sentaient en danger. Peu importait. Lyne était habituée à ça depuis trop longtemps pour s’en soucier encore. Depuis qu’elle était en âge d’avoir des amoureux, elle avait été utilisée pour rendre des potentielles petites amies jalouses, mais jamais on ne l’avait voulu pour ‘elle’. Non. Personne ne s’intéressait à autre chose qu’à son physique. Elle avait fini par s’y faire. Elle ne croyait plus en rien, de toute façon.

Une fois changée, elle quitta le cabaret sans un mot pour les filles. Croisant Tobias sur son passage, elle lui offrit un sourire accompagné d’un signe de la main :

« A demain Toby ! »
« A demain, Delya. »

Il lui rendit son sourire, et elle sortit. Dehors, il l’attendait. Elle le rejoignit, et doucement le laissa l’embrasser, déjà lasse. Emeric était sorti avec elle quand ils étaient plus jeunes, puis il l’avait larguée pour une autre. Une de ses premières blessures. Ils s’étaient revus, bien plus tard, et avaient remis le couvert. Elle savait qu’il était fiancé, mais elle s’en fichait. Il avait envie de passer du bon temps avec elle, pourquoi pas ? Ce n’était pas comme si elle croyait encore au grand amour après tout. Ils allèrent à l’hôtel. Chez lui, il y avait sa fiancée, chez elle, c’était hors de question. Il ne l’avait pas reconnue (il fallait dire que l’école datait de plus de 8 ans maintenant…) et elle n’avait pas al moindre intention qu’il la reconnaisse. Pour lui, elle était Dalya et ça s’arrêtait là.

Ils s’amusèrent un peu, beaucoup, passionnément, puis elle l’abandonna pour rentrer chez elle. Fumant une cigarette tout en marchant, elle pensait à l’échec qu’était son existence. Ravalant ses larmes, elle accéléra le pas et s’enferma dans sa chambre avec une bouteille. Demain, elle romprait. Elle mettrait fin à ce semblant de relation qu’elle entretenait avec lui. C’était décidé.

Quand elle sortit, le lendemain soir, après son boulot, il était là. Inspirant un grand coup, elle le rejoignit et le repoussa quand il l’embrassa ;

« Toi et moi c’est fini. »

Il la dévisagea et répliqua, moqueur :

« Mais il n’y a jamais eu de ‘toi et moi’ Delya. »

Soupirant, Lyne haussa les épaules :

« Raison de plus. Vas t’occuper de ta blonde et ne m’approche plus. »

Il demeura silencieux un moment et finalement s’éloigna, l’air de rien. Si lui, ça ne lui faisait rien, elle, ça ne faisait que la briser un peu plus. Pourquoi ? Pourquoi personne ne l’aimait-il ??? Pourquoi s’arrêtait-on sans cesse à son physique ?

-à suivre-

Les jours suivants furent fades, ternes, sans surprise. Lyne, ou plutôt ‘Delya’ se produisait toujours sur scène, offrant des danses incroyables, époustouflantes, mais elle n’avait plus le goût à rien. Même si sa relation avec Emeric était vouée à l’échec et n’était qu’une bien pâle copie d’une véritable ‘relation’ elle lui avait fait un peu de bien… même s’il ne l’aimait pas pour elle, mais seulement pour son physique, elle se sentait d’avantage en vie avec lui que sans lui.

Elle venait de quitter la scène sous des tonnerres d’applaudissements mais el sourire factice qu’elle avait offert à son public s’était évaporé dès que le rideau était retombé. Elle marchait vers les vestiaires peu vêtue mais pas gênée le moins du monde. Elle dansait ainsi depuis si longtemps… La pudeur, elle ne se souvenait même plus d’en avoir ressenti une ombre un jour. Elle croisa Tobias mais passa devant lui, telle une ombre, répondant à peine à son sourire. Elle n’était pas d’humeur. Elle devait sortir. Respirer, vite.

Elle ne cessa pas sa marche une fois arrivée aux vestiaires, se contentant d’accélérer le rythme pour cacher ses larmes. Elle monta rapidement les escaliers menant à l’issue de secours et poussa la porte d’un coup sec, les yeux plein de larmes, la gorge nouée. Elle se mit à pleurer, une fois sa solitude avérée et ne retint plus sa douleur. Elle n’arrivait plus à rêver. Elle n’avait plus le moindre souffle d’espoir. Elle était vidée, seule et brisée.

Puisqu’elle n’avait plus de danse à assurer pour ce soir, elle demeura là un long moment. Frigorifiée, elle n’osait pas bouger malgré tout. Pourquoi faire ? Ce n’était pas comme si quelqu’un l’attendait. Elle n’avait rien, ni personne. Elle était seule, et vide. Elle n’avait rien à donner, et ne recevait rien. Elle n’était plus qu’une jolie coquille vide à force d’être attaquée…

Elle ne savait pas depuis quand elle était là, quand la veste de Tobias tomba sur ses épaules. Elle ne pleurait plus depuis un moment déjà, contemplant simplement le mur face à elle, d’un œil vide. Elle ne se retourna pas. Il venait lui demander de partir sûrement. Il devait vouloir fermer, c’était logique. Elle se leva donc et lui rendit sa veste d’un geste plus brusque qu’elle ne le voulait. Il sourit doucement et la suivit dans les vestiaires. Il n’y avait plus personne, bien sûr. Toutes les filles étaient rentrées maintenant. Elle se rhabilla donc, sans prendre la peine de se démaquiller, elle n’en n’avait pas la force. La voix de Tobais s’éleva derrière elle quand elle partait :

« Tu viens à 16h demain. »

C’était tôt. Très tôt, par rapport aux horaires habituelles. Mais Lyne n’était pas en était de répondre, alors protester ? Elle leva la main, indiquant qu’elle avait compris et serait là et partit. Elle prit un taxi et observa la ville filer sous ses yeux. Elle rentra chez elle, et se coucha là, comme ça. Pas douchée, ni même démaquillée. Elle sombra dans un état second qu’elle conserva le lendemain. Elle arriva au cabaret à 16h comme le lui avait demandait Tobias et poussa la porte. Il était là, et l’attendait, visiblement. Il n’y avait personne d’autre.

« Je suis en avance ? »

Pour répéter le mieux était sans nul doute d’être plusieurs, n’est-ce pas ? »

« Pas du tout, tu es à l’heure, on va commencer. »

Arquant les sourcils, Lyne jeta sa veste et son sac sur une chaise, puisque Tobias lui faisait signe de monter sur scène. Elle s’échauffa, s’étira et une bonne quarantaine de minutes plus tard, commença la répétition. Tobias lui montrait les mouvements, et finalement, Lyne cessa de s’entraîner à 18h, quand les autres commençaient à arriver. Elle rejoignit Tobias au bar, buvant un verre d’eau, elle l’interrogea :

« Pourquoi tu fais ça ? Cette répétition… Ca ne rime à rien. »

Il sourit, et répliqua, plongeant ses prunelles étonnamment bleues dans celles de la danseuse :

« Au contraire. Je fais en sorte que ma danseuse la plus talentueuse se relève et me casse la baraque. Tu as des problèmes, je le voie bien, et ça ne me concerne pas. Mais si tu perds ton don, tu ne me serviras plus à rien. Et je ne compte pas me débarrasser de toi, Opalyne. »

Rougissant alors qu’il prononçait son nom ainsi, elle siffla :

« Delya ! »

Tobias secoua doucement la tête.

« Non, ce n’est pas à elle que je m’adresse, mais à Opalyne. Tu sais, tu es unique en ton genre. Tu n’as pas l’air d’en avoir conscience, alors je me permets de te le dire. Tu es talentueuse, forte et absolument magnifique, en plus d’avoir un foutu sale caractère. Tout ça, c’est ce qui t’a permit de venir jusqu’ici, alors j’ai bien l’intention de te laisser étinceler sur le haut du podium encore et encore. »

Lyne eut un moment de réflexion. C’était la première fois depuis si longtemps qu’on lui parlait d’elle et pas de cette image qui lui collait à la peau… Finalement, elle offrit un sourire, un vrai comme elle n’en n’avait plus fait depuis bien longtemps, à Tobias et déposa ses lèvres sur celles du jeune homme, délicatement, dans un souffle :

« Merci. »

La musique débutait, la scène était encore plongée dans le noir. Lentement, la lumière se mit à clignoter de plus en plus intensément tandis qu’une ombre de dessinait. Les jambes de Delya, interminables s’écartaient en un souple grand écart tandis qu’elle tombait à terre. D’un coup, le silence se fit, la musique s’était tue, personne ne parlait. Puis, une explosion. La rousse sulfureuse se redressait soudainement dans un tourbillon musical entourait de rubans noirs. Elle prenait la scène, l’établissement tout entier n’avait plus d’yeux que pour elle. Delya était connue depuis un petit moment maintenant, mais c’était la première fois qu’on voyait une danseuse se présenter seule. Et le spectacle en valait le détour.

La musique était en elle, la danse s’enchaînait des plus naturellement, chaque mouvement semblait être inné et elle emportait le public dans un monde parallèle, dans un univers palpitant et mystérieux à la fois. Ou angoisse, émerveillement et jalousie se côtoyaient furieusement, se menant une guerre impitoyable.

La rouquine finit son enchaînement aussi parfaitement qu’elle l’avait débuté. Tout s’était parfaitement déroulé, et elle se sentait revivre. Sous cette pluie d’applaudissements, elle n’était plus une simple fille mais ‘la’ fille. Celle qui avait un avenir… Elle savait que ça ne changeait rien aux regards qu’on lui portait, mais malgré tout, elle se sentait revivre. Tobias lui avait fait confiance, il lui avait donné une chance, ce qu’on n’avait jamais pris la peine de faire pour elle. C’était suffisant pour elle.

Il était une heure moins le quart quand Lyne eut terminé sa journée. La rouquine s’était rhabillée, elle comptait rentrer chez elle. Mais c’était compté sans l’intervention de Tobias. Ce dernier était là, dehors, devant la voiture qui devait ramener la rouquine chez elle. Elle inclina la tête :

« Tu viens me gronder ou me féliciter ? »

Elle lui offrit un sourire amusé, et il lui répondit de la même façon :

« Ni l’un ni l’autre ! »
« Oh… »

Il aurait quand même pu la féliciter ! Enfin, peu importe. Il reprit la parole rapidement :

« Je pensais te proposer une petite soirée. »

Arquant un sourcil, plutôt étonnée, la rouquine répliqua :

« Quoi ? Toi et moi ? »

Il acquiesça amusé :

« Oui, tout à fait. Tu as peur de moi ? »

Ce fut au tour de la rouquine de s’esclaffer :

« Faudra en faire beaucoup plus si tu veux m’effrayer. »

Il hocha doucement la tête, amusé, puis la danseuse ajouta, quand même :

« Tu me laisses me doucher et me changer ? »
« Pas de soucis. »

Ils partirent donc pour son appartement où elle offrit un verre à Tobias et elle se doucha puis s’habilla.

« On va où ? »
« En boîte, pardi ! »

Marquant une pause, elle ne cacha pas sa surprise :

« Tu veux que je danse encore ? »
« Non, là je veux danser avec toi ! »

Elle demeura silencieuse encore un moment puis haussa les épaules :

« Oh, ben pourquoi pas ! »

Et une fois prête, ils partirent. Tobias choisit la boîte (Lyne ne connaissait pas forcément des coins bien fréquentés, elle…). Ils arrivèrent sur place à deux heures environ et il y avait pas mal d’ambiance. Lyne saisit la main de Tobais sans hésiter, riant :

« Aller montre moi un peu comment tu te débrouilles ! »

Et les musiques s’enchaînèrent, joyeusement. Lyne se sentait revivre… Ou plutôt ‘vivre’ tout simplement. C’était incroyable… Le bonheur, l’impression d’être quelqu’un et pas simplement ‘quelque chose’. Elle n’était plus une décoration, elle était ‘humaine’, elle se sentait importante, au moins pour Tobias, et ça ne lui était jamais arrivé avant… Doucement, elle glissa ses bras autour du cou du jeune homme :

« Merci… »

Il lui avait donné ce dont elle avait besoin. Elle avait le cœur qui battait à tout rompre à présent. Elle était un nouveau né qui découvrait les joies de la vie après la souffrance… C’était donc vrai… Tout le monde avait droit au bonheur ? Ils rentrèrent à cinq heures et demi et Tobias refusa la proposition de Lyne de monter chez elle. Gentleman, il ouvrit la portière de la rouquine, et avant qu’elle ne parte, l’embrassa doucement sur les lèvres :

« Bonne nuit princesse. »

Il lui caressa la joue, tout doucement et elle lui offrit en échange de son baiser un sourire rayonnant. Elle était folle de bonheur.

« Bonne nuit… »

Du haut de ses 15 ans, Opalyne Hummingbird était déjà une grande séductrice. Depuis toute petite elle plaçait la beauté comme la plus grande de toutes ses priorités. Superficielle, elle n’avait d’yeux que pour l’élégance. Et en grandissant elle était devenue tout ce qu’elle avait toujours voulu être : une jeune femme belle, séduisante qui sait plaire en un simple battement de cils.

La rouquine marchait comme un mannequin. Nombreux étaient les regards admiratifs (pour les hommes) et envieux ou jaloux (pour les femmes) qui la suivaient alors qu’elle marchait le long de la piscine de l’hôtel où elle résidait pour la semaine. Ses lunettes de soleil noires placées sur ses yeux, elle pouvait observait sans qu’on le sache et voir tous ces regards suivre sa progression l’enchantait au plus haut point. Fière, elle s’arrêta à sa chaise longue et s’y installa en prenant tout son temps. Ses longues jambes à peine hâlées s’allongeant sur la chaise, ses yeux se refermant derrière ses lunettes de soleil.

Elle faisait ça tous les jours, sans jamais mettre un orteil dans la piscine. Un soir, alors qu’elle rentrait d’une soirée où elle était allée avec d’autres jeunes de bonne famille, elle fut arrêtée par des bras qui l’enlaçaient. Pas plus étonnée que cela, elle tourna son regard d’un bleu azur vers celui qui se permettait une telle familiarité : Caleb. Le Dom Juan par excellence. Elle lui offrit un sourire amusé tandis qu’il lui chuchotait :

« On va à la piscine ? »

Elle accepta sans hésiter et tous deux quittèrent le groupe pour se retrouver seuls au bord de l’eau. Le bras de Caleb entourait la taille d’Opalyne qui marchait avec la même assurance qu’elle affichait continuellement. Alors que Caleb retirait son T-shirt, elle le toisa sans rien dire. Il se mit alors à rire, visiblement amusé par l’expression de la rouquine :

« Ben alors ? Tu ne viens pas. »

Elle grimaça :

« Non, hors de question que j’entre là-dedans. »

Caleb se contenta de rire :

« Ben tu peux bien y mettre les jambes au moins. »

Il enleva son pantalon, il était en caleçon à présent. Lyne haussa les épaules :

« Pas plus alors. »

Et elle alla s’asseoir au bord de la piscine tandis qu’il plongeait avec grâce (pourtant avec ce qu’il avait déjà bu, Lyne se serait plutôt attendu à le voire couler…). Il remonta à la surface et nagea un crawl absolument parfait. Amusée, la rouquine l’observa évoluer sans bouger de son coin. Finalement il la rejoignit et se retint au bord de la piscine, lâchant avec amusement :

« Alors ? »
« Alors quoi ? »

Riant, il répliqua :

« Mon plongeon était pas mal, non ? »
« Bien sûr, approche. »

Il rompit quelque peu la distance qui les séparait et elle l’embrassa avec désir, tout sourire.

« Ca valait bien un baiser. »

Caleb hocha la tête, l’air amusé, toujours :

« Bon tu me rejoins ? »
« Hors de question. »

Le visage de la rouquine s’était immédiatement refermé alors qu’il envisageait cette hypothèse. S’il n’avait pas autant bu il l’aurait peut-être remarqué, mais au lieu de quoi, il insista, pensant qu’elle faisait seulement le jeu de celle qui se fait désirer et il la tira dans l’eau. A peine tombait-elle qu’un hurlement déchirant rompit le silence alentour. Surpris, il la lâcha sous le choc et elle chuta dans l’eau, s’agitant, buvant la tasse et hurlant encore et toujours plus, malgré l’eau qu’elle recrachait. Caleb mit quelques secondes à comprendre ce qu’il se passait. Elle ne savait pas nager. Il essaya de l’attraper, mais elle s’agitait trop, le frappant tout en se débattant dans ces eaux où elle n’avait pas pieds. Ses hurlements commençaient à être étouffés. Elle avait bu trop d’eau. Elle allait finir par se noyer. Caleb lui hurla de se calmer ce qu’elle sembla finalement faire, alors qu’il l’attrapait par la taille et la tirait vers le bord de la piscine. Il la hissa hors de l’eau, la laissant cracher à grandes eaux et pleurer l’eau qu’elle ne crachait pas.

Dire que ce n’était pas tout à fait ce qu’il avait prévu n’était rien de le dire. Il finit par remonter à son tour, s’asseyant à côté d’elle, soufflant un simple :

« Je savais pas… »

Elle se contenta de le fusiller du regard. Dire qu’elle avait l’air furieux n’était pas peu dire. Elle était trempée, ses yeux étaient rougis par l’eau et les larmes qu’elle versait. Et elle toussait encore et encore. Alors qu’il tendait la main vers elle, elle le repoussa sans ménagement, sans réussir à parler cependant, trop occupée à recracher de l’eau et à tousser encore et encore. Il demeura donc immobile à côté d’elle, sans oser la toucher. Finalement, elle parvint à souffler :

« Je veux rentrer. »

Il l’aida à se relever et la raccompagna à sa chambre. Ses jambes tremblaient tellement qu’il se demandait si elle n’allait pas finir par s’écrouler avant d’être parvenus à destination… mais non, elle tint bon. Elle retrouva sa chambre, jetant un regard indescriptible à Caleb et lui fermant la porte au nez. Il ne put s’empêcher de la trouver ch*ante. Elle n’avait qu’à le lui dire aussi ! Comment pouvait-il deviner que la fille qui passe ses journées au bord de la piscine ne sait pas nager ? Sérieusement…

Il retourna dans sa propre chambre, il avait l’impression que les hurlements d’Opalyne résonnaient encore dans sa tête. Il frissonna et fila se doucher. Quelle soirée.

Lyne venait d’avoir 16 ans. La jeune fille était devenue, avec le temps, une danseuse hors pair. Elle s’entraînait énormément aussi, il fallait l’avouer. Son rêve, dans la vie, était de danser dans un cabaret. Elle avait quitté Poudlard après sa 5ème année et travaillait comme serveuse dans un cabaret (où elle espérait bien pouvoir danser un jour !). Elle vivait dans un petit appartement à Londres. Ruby, elle, était toujours chez Ellassandra mais Lyne avait besoin d’indépendance. Elle se sentait étouffer avec ces adultes sur le dos, ce manque total de libertés et cette absence quasi permanente de libre arbitre. Non Ella n’était pas méchante, c’était tout le contraire, même. Mais Lyne était brisée, elle avait besoin de solitude. La gentillesse, les petites attentions… Ces choses là la brisaient d’avantage encore que l’indifférence ou la méchanceté. Alors elle s’était émancipée. Elle ne travaillait pas ce soir. Elle dansait donc dans sa chambre, devant son petit miroir. Ce n’était pas pratique, évidemment, mais elle faisait avec les moyens du bord.

Quand on sonna chez elle, elle jeta un coup d’œil à son horloge. Il était 16h, elle n’attendait personne avant 18h… Elle alla ouvrir, vêtue d’un simple short et d’un petit haut qu’elle prenait pour danser. C’était Arlan… avec deux heures d’avance.

« Eu… On n’avait pas di 18h ? »

Après tout, elle se trompait peut-être, même si elle était plutôt sûre d’elle pour ce coup ! Il fronça les sourcils :

« Ben il est… Oh mince ! Excuse ma montre est tombée en panne visiblement… J’avais 17h45 quand je suis parti… Et il est toujours 17h45… Il est quelle heure ? »

Lyne sourit :

« 16h. C’est pas grave, je ne vais pas te laisser à la porte ! Entre ! »

Il passa donc le seuil et la rouquine saisit l’occasion :

« Ben puisque tu es là, tu peux me dire ce que tu penses de ma chorégraphie s’il te plait ? »

Alors qu’il acceptait, elle le laissa s’asseoir sur le lit (à défaut d’avoir beaucoup de place elle n’avait qu’un lit transformable qui trônait dans son salon et qui actuellement n’avait pas encore retrouvé son apparence de canapé) et mit la musique. La rouquine commença à danser, se concentrant pour être aussi sensuelle que possible. Elle étudiant en même temps les réactions d’Arlan et plus la danse se poursuivait, plus il semblait intéressait (et pas forcément pas la danse). Finalement, elle s’arrêta et lui sourit :

« Alors tu en dis quoi ? »

Il avala sa salive avant de répondre d’une voix peut-être un poil cassée :

« Eu… Ouaou. Tu es géniale, Lyne. »

La rouquine rejeta ses cheveux roux en arrière, ses prunelles riant au compliment :

« Vraiment ? »
« Ouai ! »

Elle lui tendit la main :

« Tu danses ? »

Malgré ses hésitations il finit par la rejoindre et elle n’eut plus qu’un seul but alors : le rendre dingue d’elle. Oui c’était méprisable mais elle s’en fichait. Elle était libre. C’était le principe de sa vie actuelle. Et Arlan était un mec, il était franchement canon donc pourquoi ne pourrait-elle pas s’amuser avec lui ? Surtout qu’ils avaient du temps à tuer avant l’arrivée de Ruby.

Lyne ne recula devant rien. Elle prit les choses en main très rapidement. Elle était clairement aguicheuse, et jouait de ses courbes et de ses mouvements sensuels pour avoir ce qu’elle voulait. Avec le taux hormonal qui saturait l’atmosphère c’était, de toute façon, gagné d’avance. Finalement, elle passa ses mains sous le T shirt d’Arlan et joignit ses lèvres aux siennes. Il ne résista pas plus de quelques secondes. Elle le fit basculer sur son lit canapé et l’embrassa encore et encore, tandis qu’elle lui retirait ses vêtements, un à un. Il ne fut pas longtemps sur la touche, s’occupant de ceux de la rouquine. Elle plaqua son corps contre le sien, tout en l’embrassant encore et encore. Ni l’un ni l’autre n’avait vu le temps passer car lorsque la porte s’ouvrit sur Ruby, ils n’étaient, ni l’un ni l’autre dans une position seyante. La blonde hurla de colère et claqua la porte derrière elle. Lyne s’était immédiatement détachée d’Arlan, elle enfila une tenue pour sortir et se précipita derrière sa sœur. Elle ne savait pas… Elle venait de faire une bourde… Gigantesque… Ce scandale ne s’effacerait jamais de la mémoire de sa sœur, et elle se détestait déjà de lui avoir infliger cela… Si Lyne souhaite avoir une vie scandaleuse, c’était son choix, mais sa sœur n’avait rien demandé, elle…

(Suite)

Lyne s’était rapidement jetée hors de chez elle. Elle laissa Arlan derrière et s’empressa de poursuivre sa sœur. Ruby était déjà loin, mais elle l’avait dans son champ de vision, aussi sprinta-t-elle pour la rattraper. Evidemment, c’était compliqué puisque Ruby avait une bonne foulée quand même, heureusement, Lyne était une sportive professionnelle (bon ok pas encore, pour l’instant elle était serveuse professionnelle mais elle comptait bien être danseuse !). Elle avait donc une excellente condition physique et ne lâcha pas prise une seule seconde. Lyne courrait comme une folle derrière Ruby qui perdait peu à peu de la distance sur sa jumelle rousse. Cette dernière poursuivait donc sa course. Dans tous les cas, Ruby allait sans doute être essoufflée avant elle. Elle était si furieuse, que sa colère, tout en décuplant ses forces devait la fatiguer trois fois plus vite.

Finalement, elle fut à bout de souffle et cessa de courir. Lyne la rattrapa et chuchota ;

« Ruby… je…. »

Avant même que la blonde n’ouvre la bouche pour lui répondre quoique ce soit, elle gifla furieusement sa sœur qui accusa le coup sans faiblir. Ruby la fusillait d’un regard si noir que Lyne sentait ses forces l’abandonnait d’un coup :

« Je savais pas… Je… Tu ne m’as jamais di que… »
« Que quoi ???? QUOI LYNE ???? Tu as COUCHE avec Arlan ! J’y crois pas… Tu m’as demandé de venir chez toi pour que je vous surprenne ou quoi ? »

Stupéfaite, Lyne bagaya :

« Non… Je ne pourrais jamais te faire ça… Ruby… »

Elle lâcha un rire cruel et fusilla sa sœur du regard, toujours :

« Non mais écoute toi ! TU TE FOUS DE QUI LA ???????? »

Elle reprit sa respiration avant de poursuivre :

« Tu viens de me le faire à l’instant, espèce de sale petite sal*pe ! Alors ne viens pas jouer la carte de la sainte vierge je t’en prie ! »

Ruby était furieuse. Lyne avait honte. Tellement honte. Si elle s’était doutée une seule seconde que sa sœur était sous le charme d’Arlan elle n’aurait jamais touché à ce dernier ! Mais Ruby ne lui avait rien di ! Elle ne pouvait pas savoir !

« Je te jure que je ne savais pas qu’il te plaisait… Tu sais bien que je n’aurais jamais fait sinon ! Je t’aime plus que n’importe qui ! Ruby écoute moi ! »

Sa sœur s’éloignant déjà, rejetant ses explication d’un vague mouvement agacé de la main. Lyne s’empressa de glisser sa main sur l’épaule de Ruby pour la faire pivoter. Elle reçut un nouvelle gifle mais en fit abstraction, pour plaquer ses lèvres sur celles de sa jumelle.

« Je t’aime plus que n’importe qui, tu le sais ! Je ne savais pas ! Je suis tellement désolée… Je t’en prie… »

Ruby la repoussa avec brutalité contre le mur de pierre qui s’élevait juste là où elles se disputaient. Elle partit et quand Lyne tendit la main vers elle, elle siffla, se tournant vers sa jumelle :

« Ne me touche jamais plus. On n’a rien à se dire. Je te hais ! Je vous hais tous les deux ! »

La route pour rejoindre la maison avait semblé durer des heures à Opalyne. Pourtant, elle se déplaçait plus vite que n’importe quel moyen de transport existant sur la planète... Courir, c’était si facile... Elle se déplaçait silencieusement, et plus rapidement encore que la lumière. Mais les kilomètres lui avaient paru durer des années... Alors qu’elle était arrivée en moins de 10 minutes. Utilisé son pouvoir, aussi fortement était risqué, elle le savait. Mais elle avait si peur... Pourquoi n’avaient-ils pas deviné tout cela plus tôt ??? Avant même d’ouvrir la porte, elle savait que c’était trop tard...

Le bain de sang s’était déroulé quelques heures plus tôt. A présent, sa maison n’était plus que ruine et désolation. D’un pas hésitant, profondément perturbée par la scène qui se déroulait sous ses prunelles rouges comme le sang qui avait éclaboussait les murs, la rouquine avançait lentement. Elle ne comprenait pas... Comment tout cela avait-il pu se passer ??? Elle qui avait fait si attention ! Pas assez, oui... Elle avait eu ce moment d’égarement et cela avait coûté les vies de sa maisonnée...

Si elle avait pu pleurer sans doute les larmes auraient-elles glissé sur ses joues. Mais cela faisait quelques années maintenant qu’elle avait perdu cette capacité, en même temps qu’elle avait cessé d’être humaine. La mâchoire crispée, elle avançait toujours, enjambant les cadavres qui jonchaient le sol. Elle n’avait rien sentit arriver avant qu’il ne soit trop tard... Ce n’était qu’une fois le massacre commencé qu’elle avait compris. Mais il était trop tard alors, pour pouvoir intervenir à temps ! Elle ne comprenait pas. Finalement, elle cessa d’avancer lorsqu’elle trouva le message. Il avait été inscrit sur le mur avec le sang de sa famille. Les sourcils froncés, elle lu le message.

Elle l’entendit alors rentrer. Et plus vite que le vent, elle le rejoignit en un simple glissement sur le sol, silencieuse, comme toujours. Tombant dans les bras de son âme soeur, elle chuchota :

« Je viens d’arriver... »

Doucement, Caleb l’embrassa sur le front, chassant les mèches cuivrées de sa fiancée de son visage. Le front plissé, il siffla :

« Ils nous le paieront. »

Opalyne conserva le silence. C’était si... inattendu. Ces meurtres... jamais cela aurait dû se produire ! Ils avaient été dans ce piège et s’étaient rendus compte des choses trop tard... Caleb et elle avaient été entraînés loin d’ici pour qu’ils puissent agir en paix, décimer leur famille sans que les fondateurs puissent ciller. La haine augmentait crescendo dans les veines de la déesse rousse. La mâchoire serrée, elle répondit :

« Je ne veux pas le moindre survivant... »

Ils étaient rentrés à la maison... mais pouvait-on encore parler de maison ? Il n’y avait plus personne, plus rien. Ils avaient tout perdu en quelques minutes à peine. Tous ces meurtres avaient été réalisés avec rapidité, sinon, il n’y aurait pas eu des pertes que dans leur camp. Inspirant profondément, la rousse glissa sa main sur la joue de Caleb et embrassa sauvagement les lèvres de sa moitié. Tant qu’il vivait, elle vivrait, et vice versa. Plus que n’importe qui d’autres, leurs vies dépendaient de l’autre. Le terme de moitié n’était pas exagéré dans ce genre de situations... Doucement, il la porta, la serrant avec puissance contre lui, comme pour s’assurer qu’elle était bel et bien là. Elle accentua l’étreinte, glissant ses bras autour de son cou. Plutôt mourir que de l’abandonner...

Ce soir était leur soir. La vengeance était invitée à la soirée. Et elle était très agressive dans son genre. Caleb et Opalyne n’étaient pas aptes au pardon. Toute leur famille avait été décimée. Leurs enfants, tous ceux qui les avaient rejoint, de leur propre chef, ou non. Tous étaient morts. Assassinés. Et ils allaient les venger. Chacun d’eux. Ils étaient des Dieux vivants (façon de parler). Ils avaient le pouvoir. Et leur ennemi le savait très bien. ? C’était bien pour ça, qu’ils les avaient éloigné de chez eux... Pour tuer leur famille sans encombrement. Mais ils devaient forcément s’attendre au retour de bâton. C’était obligé. C’était pour cette raison que Caleb et Opalyne avaient patienté. Cela faisait deux siècles que leur famille avait été assassinée. Ils en avaient une autre, bien sûr. D’autres les avaient rejoint, avec le temps. Mais ils n’oubliaient pas. Jamais, ils n’oublieraient. Et le pardon n’entrait pas dans leur vocabulaire.

Si les assassins étaient tous décédés à présents, puisqu’ils ne possédaient pas l’immortalité du couple attaqué, leurs descendants étaient plus vivants que jamais. Et ils allaient payer. Le sang allait être versé, ce soir.

Caleb embrassa doucement celle qui était toute sa vie et sa raison de vivre, avec passion. Opalyne lui offrit un sourire entendu, ses dents blanches étincelant légèrement dans la nuit, ses prunelles bleues virant alors au rouge sang. Ils se tinrent par la main jusqu’à leur arrivée sur place. Là, Caleb ouvrit la porte dans une immense explosion. Les fenêtres éclatèrent en morceaux, tandis que le bois s’enflammait sous son regard de braise. Opalyne le suivit sur place, vibrant de rage. Ses cheveux roux semblaient voler autour d’elle. Quand les occupants vinrent dans leur direction, elle siffla de colère et les flammes l’entourèrent alors, dans un halo lumineux, elle projeta le feu sur les ennemis, tandis que Caleb les envoyait avec force se fracassait contre les murs, telles de vulgaires poupées de chiffon.

Leurs enfants avaient été décimés par leurs ancêtres. Ils payaient le prix du massacre causé par leurs parents. Pour des êtres immortels comme Caleb et Opalyne, ce massacre avait du sens. On les avait insulté, on les avait détruits. Ils venaient pour rendre la monnaie. Ils n’étaient pas du genre à ignorer les messages. Et l’insulte qui avait été proférée cette nuit là méritait amplement ce qui se déroulait ce soir-là.

Le sang coulait à flot, les flammes léchaient les corps de victimes agonisantes. Des corps calcinés bougeaient encore à peine, à même le sol. Opalyne se déplaçait comme toujours silencieusement, telle une ombre ensanglantée, sa chevelure cuivrée brillant comme le feu, sa robe blanche tâchée de sang, ses prunelles étincelant, pur reflet ensanglanté. Les crocs d’ivoire sortis, elle sifflait sur cette femme qui se tenait devant elle, implorant sa pitié. Elle n’avait pas besoin de la regarder pour savoir qu’elle attendait un enfant. Elle l’entendait. Ce deuxième coeur qui battait en elle. Elle l’entendait parfaitement. Avançant sa main vers cette femme, elle lui caressa doucement les cheveux et, se penchant, murmura à son oreille :

« Tu mérites plus que quiconque ce qui se produit ce soir. »

Car elle savait qui elle était. C’était la décendante directe de celui qui avait écrit ce mot ensanglanté sur son mur, il y a deux siècles de cela. Elle reconnaissait l’odeur qu’il avait laissée... Et elle méritait de souffrir. Oui, elle allait la faire souffrir, jusqu’à ce qu’elle implore sa pitié. Et alors, elle mourrait. Mais à petit feu. C’était un petit plaisir qu’elle s’offrait.

Les mains de la déesse enflammèrent les joues de sa victime, sans prévenir. Le hurlement déchira le silence depuis peu installé dans la maison dévastée. Riant de plaisir, la rouquine descendit ses mains vers le ventre de la femme, afin de lui arracher son enfant de ses entrailles. Elle voulait la voir souffrir comme elle avait pu souffrir... Elle voulait qu’elle paie ! Mais alors qu’elle arrachait le foetus, un déchirement se produisit en elle. Pleurant pour la première fois, elle sentit les larmes de sang coulaient sur ses joues, et n’eut que le temps de se retourner pour voir son bien aimé tomber, mort, à terre, avant de le rejoindre. Ils étaient deux moitiés. Aucune ne pouvait vivre sans l’autre. Tout s’était enfin terminé.

Opalyne et Tarek étaient installés dans la Salle Commune des Gryffondor, animaient pas un violent débat (enfin violent… On se comprend, aucun n’était sur le point d’arracher la tête de l’autre !). Le débat du jour portait sur les parfums de dragées surprise. Et ni l’un ni l’autre n’avait l’intention de donner raison à son interlocuteur ce qui faisait durer le débat… Encore et encore. Lyne râlait, à grand renfort de soupir, tandis que Tarek soutenait qu’il avait raison sans ciller. Pour la cinquième fois depuis le début du débat (qui soit dit en passant avait débuté depuis un petit moment quand même maintenant), la rouquine s’exclama :

« Non mais Tarek ! Redescends sur Terre ! C’est super logique qu’ils mettent un indice avec la couleur des dragées ! C’est super évident, d’ailleurs !!! Ils ne vont quand même pas faire des dragées orange à la fraise ! »

Plutôt que d’aller dans le sens de la rouquine, le jeune homme soupira et répliqua, ce qu’il répondait depuis un moment maintenant :

« Mais justement, non ! Pas du tout ! Le but des dragées surprises c’est que ce soit une surprise à chaque fois ! Donc c’est hyper logique qu’ils s’amusent à piéger avec les couleurs aussi !!!! Sinon à la longue il n’y aurait plus de surprise du tout !!!! On saurait tous les reconnaître par leur couleur ! »

Sourcils froncés, il dévisageait la rouquine qui ne démordait toujours pas. A ce train là, ils allaient en avoir pour la nuit… Heureusement (pour eux, mais aussi pour tous les Gryffondor qui avaient envie de traîner dans la Salle Commune ce soir là), Joy intervint, arrivant comme une fleur dans le débat :

« Moi un jour j’en ai mangé une rouge qui avait le goût de citron. »

Tarek s’exclama :

« Donc j’ai raison ! »

Opalyne riposta :

« Non pas du tout !!!!! Le rouge c’est une couleur qui ne fait pas peur, pas comme le vert ! Donc ils peuvent mettre n’importe quel parfum comestible en rouge ! »

Tarek sourit, sentant bien que la conviction de la rouquine allait en diminuant à présent :

« N’importe quoi ! »
« Si c’est vrai ! »

Joy sauva de nouveau la situation en tirant sur la manche de sa meilleure amie :

« Lyne… Je sais bien que tu es avec Tarek, mais tu devais m’aider pour choisir ma tenue… »

Semblant revenir d’un lointain voyage, la rouquine jeta un regard à Joy, comme si elle venait de remarquer sa présence. Forcément, parler fringues avec la rouquine limitait immédiatement les risques de prolongation dans les temps de débats :

« HOOOO ! Mais oui c’est vrai !!! Vite, faut qu’on aille voir ça, alors ! »

Puis comme si la ‘dispute’ n’avait jamais eu lieu, la rouquine sourit à tarek, l’embrassant doucement les lèvres :

« On sort toujours ensemble demain soir ? »
« Bien sûr, à demain, Lyne. »

La rouquine lui offrit un large sourire :

« A demain ! Je t’aime ! »
« Moi aussi, je t’aime. »

Il lui sourit et la regarda s’éloigner avec Joy, fatigué soudainement. Ce n’était franchement pas de tout repos de sortir avec cette fille !