Trop chaud dehors... [PV Apophis Sykes]

Un Auror, ça n'avait pas vraiment de vacances, tout le monde savait ça... Mais c'était à croire que les malfrats en prenaient, eux, libérant des vacances salvatrices aux héros du Ministère. Lola ne s'était jamais ennuyée autant depuis des mois, et traîner sur le Chemin de Traverse en quête de divertissement, c'était amusant quelques minutes, pas plus. La chaleur était éprouvante, au dehors, aussi, rayant un nouveau jour de congé sur son emploi du temps mensuel, Lola s'était rendu au Ministère - où il faisait bien frais, soit dit en passant.

Saluant vaguement de la tête quelques visages connus, elle avait écrasé sa cigarette (sale habitude Moldue venant de sa mère...) puis s'était directement rendue au bureau des Aurors, où elle avait tout juste un petit box à elle, qui croulait sous le désordre (papiers, emballages de bonbons, affichettes...).

Personne ne lui dit rien alors qu'elle s'écroulait sur sa chaise, ajustant son pantalon noir légèrement froissé - aussi, elle crut comprendre que les quelques Aurors encore présents, comme elle, ne se rendaient même pas compte qu'elle devait normalement être en congé... C'était vraiment réconfortant de penser que ses collègues faisaient attention à elle...

Distraitement, elle ouvrit un dossier qu'elle avait attrapé sur son tas de papiers, le feuilleta sans vraiment comprendre ce qu'elle lisait. Elle étouffa quelques baillements alors que ses yeux passaient depuis 6 fois sur la même ligne, pensant à autre chose. Blabla, Mercurus Hadbord, triste malfrat, blablablabla, emprisonnement injustifié, blablablabla...

Ennuyée, elle referma brusquement la serviette et se releva, bras croisés sous sa poitrine.

Lola fit quelques pas autour d'elle, dans le bureau des Aurors exceptionnellement calme - le travail ne se tassait vraiment pas sur leurs épaules vacancières. Avisant une table solitaire devant elle, elle haussa les sourcils en songeant que de toute façon, la personne à qui elle appartenait devait être tranquillement chez elle à profiter de sa journée et ne se rendrait jamais compte de son geste.

Sereinement, elle prit place devant le bureau - plus large que le sien! - profitant du confort du fauteuil. En voila un qui était mieux gradé qu'elle... Sans-gêne, elle ouvrit un tiroir au hasard, fouilla dedans quelques instants en ne trouvant que de gros dossiers bien plus épais que les siens. Pff, vraiment plus gradé, celui-là...

Mais soudain, quelque chose attira son regard divinement curieux: une lettre. Une lettre était posée sur le bureau, en évidence, encore fermée, encore cachetée: bien trop tentante. Sans réfléchir, Lola la saisit et lut le nom auquel elle était adressée. Apophis Sykes, Apophis Sykes...
Non... Ca ne lui disait rien!

La lettre ne devait pas être trop importante...

S'enfonçant confortablement dans son siège, croisant ses jambes qu'elle avait posé sur le bureau, Lola commença à décacheter la lettre du bout des doigts, sourire aux lèvres. Dans un crissement significatif, l'enveloppe délivra son contenu, un parchemin brun à l'aspect officiel.

L'Auror Sykes arriva, comme à son habitude, toujours un peu avant les autres. Il faut dire qu'avec cette chaleur étouffante, le soleil tapant à ses fenêtres avait tôt fait de le réveiller... Il avait alors pris une douche, s'était rasé (après une barbe de trois jours...) et avait finalement enfilé ses vêtements : une chemise blanche, une cravate noire serrant légèrement son cou et redressant son col, un pantalon gris anthracite et droit sur des chaussures noires et vernies reluisantes -l'on aurait pu se voir dedans...

Il était donc sortit tout en empoignant une veste de coton gris anthracite et avait soigneusement refermé la porte derrière lui. Arrivé dehors, il avait transplané jusqu'au ministère, section des Aurors. Et, en ne faisant que ces simples choses, il avait déjà commencé à souffrir de la chaleur.

Desserrant légèrement son col de chemise, passant à grands pas à travers les couloirs baignés de lumière et inondés de chaleur, il se dirigeait droit vers son bureau -saluant au passage quelques collègues et connaissances.

A cet instant, un homme sortant d'un bureau annexe et l'aperçevant lui fit signe. Apophis ne le remarqua pas tant concentré par sa course et extrêmement désireux de quitter ces couloirs étouffants. L'homme lui courut après à toute jambe le hélant afin d'attirer son attention.
Finalement, Sykes se tourna et s'arrêta afin de l'attendre.

L'homme le salua donc transpirant tant il avait chaud sous son uniforme de la Brigade Magique. Il avait une vingtaine d'années et, contrairement à ses collègues plus âgés, sa cravate était correctement nouée autour de son cou... Certainement un petit nouveau qui venait d'arriver ou un élève en stage.

Il salua l'Auror Sykes comme on lui avait appris à l'école, à la militaire : se tenant droit comme un piquet, l'index levé vers le haut placé sous son menton -un peu à l'image d'un salut en duel. Apophis le lui rendit cordialement, il avait tellement l'habitude qu'on ne fasse que lui serrer la main...

Le jeune homme portait sous son bras un épais et volumineux dossier qu'il lui tendit. Apophis l'inspecta sous toutes les coutures afin d'en lire le nom, sortit sa baguette en voyant qu'il n'était pas inscrit et frappa trois fois dessus en disant "révèle tous tes secrets". Mais le dossier ne parla pas...

Embarrassé, tanguant d'un pied sur l'autre comme si ses chaussures avaient été trop petites, le jeune agent lui répondit :

"C'est que... je viens juste de réunir tous les éléments de ce dossier et que j'ai... bah j'ai... j'ai oublié de noter le nom !".

Sykes arqua un sourcil tout en l'observant sans rien dire, son visage était de marbre.

"C'est pas grave, souffla-t-il, de quoi s'agit-il ? Vous le savez ?".

Heureux de ne pas se faire crier dessus pour l'instant et de pouvoir renseigner un Auror le jeune homme se tint bien droit à nouveau et dit d'une voix claire et forte.

"Il s'agit du dossier Wilton, Auror Sykes !".

Apophis ne put s'empêcher de grimacer, jetant un regard circonspect au dossier qu'il tendit à nouveau au gamin comme s'il lui brûlait les doigts. Il le connaissait celui-là, cette sanglante histoire dont les tueurs restaient toujours insaisissables... Cela faisait trois ans que ses collègues planchaient dessus sans avoir d'autres réponses que "nous ne trouvons aucune trace".

La famille Wilton avait été massacrée par un fou dangereux brandissant fièrement l'insigne et les couleurs du Seigneur des Ténèbres. Personne n'y croyait vraiment et pensait que c'était davantage l'oeuvre d'un cinglé qui cherchait à brouiller les pistes et accuser les Mangemorts... Apophis abondait dans ce sens également bien qu'il restât sceptiques quant à certains éléments d'enquête cherchant à démontrer le contraire...

Le jeune agent se saisit donc du dossier. Pour finir, Apophis l'envoya noter le nom et lui pria de revenir le voir une fois que ceci serait fait. Le saluant une dernière fois comme c'était la coutume, il tourna les talons et se dirigea vers son bureau.
Il n'en revenait pas qu'il fasse aussi chaud... Enfin il espérait que le travail lui ferait un peu oublier cette pensante et cuisante chaleur...

Pressant la poignée de la porte sous sa grosse main moite, il fit basculer cette derrière et entra dans son bureau et, par la même occasion, dans ceux de ses collègues. Cela faisait des années qu'il demandait à en avoir un pour lui seul et ses souhaits n'avaient jamais été exaucés... Qu'à cela ne tienne, il se contentait donc de celui qu'il avait déjà.

Marchant donc en direction de ce dernier il s'arrêta net, frappé de stupeur face à ce qu'il voyait.
Une jeune femme était assise dans son fauteuil -son cher fauteuil en cuir qu'il avait payé une fortune juste pour ne pas avoir mal au dos !- et détenait entre les mains une missive qu'elle avait dû tirer de son tiroir resté ouvert.

La surprise passée son visage arbora une moue mauvaise tandis que ses yeux d'argent lançaient des éclairs. Le visage fermé, il s'approcha de son bureau et lui saisit violemment la lettre des mains.

"Cela ne vous appartient pas, lança-t-il d'un ton froid, que faites-vous à mon bureau ?".

C'était bien la première fois qu'il voyait cette jeune femme. Etait-elle Auror comme lui ou alors venait-elle de la Brigade Magique ou d'un autre bureau annexe ? Finalement, attendait-elle qu'il arrive pour lui dire quelque chose d'important ?

Après tout, peut-être était-elle là pour un motif sérieux, autrement elle ne se serait pas assise à son bureau... Apophis accepta de se montrer magnanime. Devant ses nombreuses possibilités liées à son travail mieux valait être tolérant et patient. Il rétorqua d'une voix nettement plus calme et modérée :

"Que puis-je faire pour vous, mademoiselle ?".

Cette phrase avait été dites presque comme un soupir, un peu comme si l'Auror n'avait su se retenir d'en être exaspéré. A vrai dire et, même si elle pouvait être là pour un motif urgent, il n'appréciait décemment pas que l'on fouille dans ses affaires. Cette donzelle était donc à ses yeux éminamment mal élevée.

Tachant de contrôler une colère montante, il posa l'une de ses grosses mains d'ours sur son bureau se penchant ainsi vers la demoiselle pour attendre sa réponse.

Lui esquissant un sourire poli mais tendu, il réitéra sa réponse :

"Puis-je vous aider en quoique ce soit ?".

Ses grands yeux clairs la fixaient sans discontinuer sur ce même visage long aux courbes arrondies tandis que des cheveux blonds et légèrement ondulés encadraient ce même visage juvénile, presque sans âge.

Derrière ce beau costume soigneusement reprisé et repassé se cachait quelqu'un de sang chaud, aux allures de jeune loup contrastant cruellement avec l'apparence formelle des Aurors du ministère. Ses lèvres fines, son étrange petit sourire trahissait une nature trop forte et trop intempestive, un peu comme celle d'un enfant incontrôlable...

Et cet homme, ce garçon, était Auror de profession et se nommait Apophis Sykes. Il avait un grand bureau -peut-être pas pour lui seul- et avait de lourd dossier à sa charge ainsi que des rendez-vous importants comblant son agenda. Les lettres qu'ils reçevaient l'amenaient souvent à se déplacer bien loin de chez lui, revêtant alors un intérêt capital !

Mais qui aurait pu dire qu'à travers ce regard métallique et ce sourire narquois se cachait ce froid et digne représentant du ministère sorcier ?

Saisie par un intense et brûlant sentiment de curiosité, Lola finissait d'ouvrir l'enveloppe, ne pouvant empêcher un petit sourire satisfait de franchir ses lèvres closes. Oh, oh, la lettre avait l'air important... Parfait!

Ses doigts se refermèrent sur le parchemin au moment même où une autre poigne - plus énervée - lui arrachait la lettre des mains. Son sourire s'évanouit automatiquement et elle garda la tête baissée en repliant lentement ses jambes et en les reposant au sol.

"Cela ne vous appartient pas, que faites-vous à mon bureau ?". lança une voix froide et masculine.

Evidemment, elle était tombée sur l'Auror absent de son bureau mais bien au Ministère; ou alors celui qui était en retard pour la première fois de sa vie et qui comptait bien se rattraper; restait aussi cet homme hargneux qui n'aimait pas trop qu'on fouille son courrier...

D'un geste pesant, elle releva le menton vers Apophis, ses cheveux roux dégoulinant sur ses épaules évasées, comme une belle cascade ensoleillée dont on aurait activement ordonné le mouvement. Ses yeux verts n'exprimaient rien sinon un intérêt poli, soulignés par un maquillage discret mais très joli; sa bouche raide aux courbes soignées frémissait à peine au rythme de sa respiration régulière, et en général, son visage avait tout de l'indifférence déplacée.

L'homme - Apophis Sykes, donc - avait l'air en colère, en témoignait cette grimace agressive peinte avec attention sur chacun de ses traits. Il y eut un instant où Lola voulut ouvrir la bouche et dire un mot, mais elle dénota avec un amusement voilé que l'expression de l'Auror se tempérait rapidement. Il devait certainement penser qu'elle avait quelque chose de très important à lui dire, finalement...

"Que puis-je faire pour vous, mademoiselle ?". lui demanda-t-il en un soupir, certainement agacé par sa présence - et comme elle aurait eu envie de répondre d'un ton sec: "MADAME!".

Cette fois ci, les lèvres de Lola s'étirèrent doucement, formant un sourire léger mais assez fort pour découvrir un éclat de ses dents blanches. Et si elle jouait sur ce doute que l'on voyait planer au dessus de cet Apophis? Mais peut-être jouait-il aussi là dessus, lui... Hum... C'était à réfléchir...

Ses sourcils foncés se plièrent brusquement, créant sur son front quelques rides inhabituelles. Lola dévisageait outrageusement le personnage, glissant son regard de braises sur chaque parcelle de sa peau, chaque imperfection - s'il y en avait... - chaque pore, chaque trait... Comme si elle était extérieure à ce qu'il pouvait bien raconter. Son sourire s'élargit, laissant deviner un petit air insolent alors qu'elle continuait son examen. Il semblait jeune mais... Pas tant que ça... Oh, une trentaine d'années... Pas plus. Un regard assez glacial mais un sourire moqueur... Difficile à cerner, celui-là...

"Puis-je vous aider en quoique ce soit ?" répéta-t-il en souriant poliment.

Oui, c'était vrai qu'à cet instant, ils s'accordaient. Chacun d'eux portant un sourire enjôleur mais secret en soi, chacun d'eux amusés (et peut-être dans le fond, encore un peu exaspéré), chacun d'eux attendant de l'autre quelque chose, ils s'accordaient... Juste pendant quelques secondes.

Lola ferma les paupières un moment, laissant admirer à Sykes la couleur mordorée qu'elle y avait déposé ce matin, agrippant fermement les bras du confortable fauteuil de cuir pour se réhausser, frappante dans l'image d'une femme d'affaire Moldue qu'elle s'était efforcée de mystifier - mais de toute façon, Apophis Sykes ne le comprendrait pas. Elle rouvrit les yeux mais ne les porta pas sur l'autre Auror, préférant le couler sur son bureau élégant, l'air suprêmement placide. Oui, elle allait essayer d'abuser un peu de son personnage...

- " Monsieur Sykes..." souffla-t-elle en pianotant sur le bureau, après s'être râclé discrètement la gorge pour éviter à son ton la rudesse de son long silence.

Sa voix s'élevait clairement, comme un son cristallin qui résonnait, et il était difficile de se décidier: était-elle merveilleusement agréable ou absolument insupportable?

Que dire, que dire à présent pour tromper l'Auror fermé? Elle n'avait pas réfléchi à cela, finalement... Bon...

- " Oui, vous pouvez m'aider. Je suis membre du Magenmagot - votre supérieure, donc - et aurais besoin de quelques renseignements pour une prochaine audience. Certains... Dossiers, rapports. On m'a dit qu'ils étaient en votre possession, et comme vous tardiez à venir..." pour la première fois depuis sa prise de parole, Lola braqua son regard émeraude sur celui d'Apophis, très sérieuse tout d'un coup - on aurait dit qu'elle reprochait son retard à Sykes, parfaitement dans son rôle de "chef" qui réprimandait. "... je me suis permise de fouiller. Vous comprenez, n'est-ce pas?"

A nouveau, elle sourit légèrement, s'enfonçant plaisamment dans le fauteuil, savourant la distance moindre qu'il y avait entre eux deux, comme maîtresse des lieux. Elle ne lui avait pas dit son nom; le remarquerait-il? Oui, certainement... Tant pis... Ecartant largement ses mains à plat de chaque côté de sa tête, comme une balance, elle reprit:

- " [color=plum]Evidemment, vous pourriez aussi m'aider en m'apportant une limonade. Glacée. C'est qu'il fait très chaud et le cuir... Vraiment, mauvaise idée pour un fauteuil.[color:5fff=black:5fff]"

L'odieuse pimbèche ! Elle se permettait encore de prendre ses aises, de s'attarder à son bureau comme s'il avait été sien. Jamais, jamais il ne l'aurait permis ! Elle allait rapidement apprendre qu'elle avait fait une grossière erreur et s'asseyant dans son fauteuil et en ouvrant volontairement son courrier.

Provenant du Magenmagot ou pas, il n'avait d'ordre à recevoir d'aucune femme. Aussi longtemps qu'il vivrait jamais une seule femelle ne prendrait le pas sur lui, jamais ! Plutôt mourir... Et ce n'était pas cette menthe-religieuse avec ses grands airs de diva qui y changerait quoique ce soit.

Apophis pinça ses lèvres n'ajoutant rien à ce qu'elle venait de dire, gardant toujours en travers de la gorge cette remarque puante et ridicule "votre supérieure, donc". Dans sa fierté d'homme il en était blessé. Le simple fait qu'une donzelle puisse seulement se sentir meilleure que lui et l'être de par son grade et sa place lui donnait d'insupportable aigreur d'estomac.

Mais cette phrase, si malvenue soit-elle, n'en était pas moins étrange. Pourquoi insistait-elle sur le fait qu'elle était sa supérieure ? Dire qu'elle venait du Magenmagot suffisait amplement pour marquer la très nette différence subsistant entre les deux postes. Qui plus est, les Aurors ne le connaissaient que trop bien ce fossé qui les séparait, et ce depuis des années...
Pourquoi donc lui avait-elle dit cela ? Pour se prouver quelque chose ? Pour lui rappeler qu'elle était "maîtresse" ici ?

Ou tout simplement pour s'en convaincre ? Ou pour le convaincre lui qu'elle ressemblait bien à une noble et digne employée du Magenmagot ?

Apophis fronça alors les sourcils menaçant mais également perplexe. Il préféra la laisser terminer son monologue avant de lui répondre, pesant et analysant chacune de ses paroles, de ses mots.

"...Certains... Dossiers, rapports. On m'a dit qu'ils étaient en votre possession, et comme vous tardiez à venir...".

Il leva un sourcil laissant se dessiner sur son visage un joli petit sourire.

"... je me suis permise de fouiller. Vous comprenez, n'est-ce pas?".

"Parfaitement", lui répondit-il d'une voix polie, puis il la laissa faire sans rien dire, sans broncher comme un prédateur attendant le bon moment pour frapper.

"Evidemment, vous pourriez aussi m'aider en m'apportant une limonade. Glacée. C'est qu'il fait très chaud et le cuir... Vraiment, mauvaise idée pour un fauteuil.".

Il pencha sa tête de côté esquissant une légère moue fasse à l'évidence. Soulevant ses larges bras il les laissa retomber le long de son corps, impuissant. Il aurait aimé lui dire qu'il n'était que la victime du budget alloué par le ministère pour les chaises de bureau et autres fournitures mais il se retint... inutile d'entrer dans les détails ennuyeux et fastidieux. Qu'en aurait-elle eu à faire ?

Inclinant la tête de façon gracieuse et digne, il la salua puis lui annonça qu'il allait lui apporter cela immédiatement. Tournant les talons il se dirigea vers une porte porte au fond de la pièce, là où l'on avait entassé le nécessaire pour les machines à café, les verres et les boissons diverses. Il faisait chaud en ce moment, le stock avait été renfloué.

Apophis prit calmement un verre et se mit en quête d'une bouteille de limonade bien fraîche. La trouvant il l'ouvrit et en versa le contenu qui restait dans le récipient. Coulant un regard discret à droite et à gauche, il se pencha légèrement vers le verre et cracha dedans.

Agitant le tout afin de brouiller les pistes, jetant un dernier regard furtif en direction de son bureau, il fut enfin prêt à revenir vers elle. D'un pas léger et rapide, il s'approcha donc de son bureau, rayonnant d'un tout nouveau sourire.

"Voici, madame, fit-il en lui posant le verre sur la table, j'espère qu'elle est à votre goût !".

Son sourire d'enfant espiègle s'élargit et il pencha la tête de côté dans l'attente qu'elle s'en saisisse et le boive...

Puis, il repoussa légèrement une pile de dossier sur le coin de son bureau et alla s'y asseoir plaçant ses jambes en amazone. Il lui jeta un bref regard amusé et se pencha alors davantage vers elle parlant tout bas sur le ton de la confidence.

"Dites, les dossiers que nous, Aurors, avons des audiences ne sont que des duplicatas. On ne nous fourni pas les originaux car ils doivent subsister pour permettre au juge et, surtout, aux avocats des différentes parties de pouvoir bâtir leur dossier !".

Il haussa les épaules négligemment souriant à l'évidence et termina par cette simple phrase :

"C'est la loi !".

Ses yeux brillèrent d'une étrange lueur métallique, le triomphe inondant ses traits juvéniles.
Ses yeux s'agrandirent, captivés par sa réussite grandissante. Il poursuivit :

"Donc nous savons vous et moi, madame, que vous avez les originaux et ainsi n'avez pas besoin des duplicatas !

En somme, personne ne m'attend pour tel ou tel dossier...".

Il posa sa grosse main sur le bureau face à elle, prenant appui afin de s'incliner un peu plus vers la jeune demoiselle. Il murmura alors d'une voix douce, tâchant de contrôler la jubilation qui montait peu à peu dans sa gorge.

"Par conséquent, madame, vous faites tout autant partie du Magenmagot que moi je suis ballerine !".

Ses yeux d'un bleu gris éclatant se plantèrent dans les siens verts émeraudes. Sans un mot il n'attendait plus que sa réaction à l'image d'un chat devant une souris prise au piège.

C'était surprenant à quel point elle se faisait-elle même penser à une araignée géante tissant autour d'elle de grosses toiles bien épaisses, à l'affût d'une mouche qui traînerait près d'elle - à l'affût d'un simplet comme Apophis. Elle était certaine de l'avoir pris au piège, il ne restait plus qu'à secouer de ses huit pattes quelques fils de sa toile pour en faire tomber les fruits...

Elle observa le petit manège de l'Auror sans mot dire, son sourire, son froncement de sourcils, son geste désolé. Mais quand il la salua pour partir, crut-elle, chercher sa limonade, Lola ne put s'empêcher d'entrouvrir la bouche de surprise. Mais que faisait-il...? N'avait-il pas sentit l'allusion ironique dans sa voix câlineuse?

Un peu déroutée par l'attitude d'Apophis, Lola profita de son départ pour se réinstaller convenablement sur le fauteuil, jetant un regard distrait au tiroir resté ouvert du large bureau. Allez, elle n'allait pas se laisser démonter par un imbécile un peu trop confiant! Réorganisant sa coiffure du bout des doigts, Lola accueillit le "retour" d'Apophis d'un sourire faux et sonnant douloureusement hypocrite.

Elle marmonna un vague merci, partiellement inaudible, fixant l'Auror tandis que celui-ci s'asseyait sur la table, totalement à l'aise. Lola sentit à cet instant que quelque chose n'allait pas, que l'araignée qu'elle était - ou la menthe religieuse - allait bientôt être chassée à coup... A coup d'insectricide!

Chassant de sa tête ses métaphores ridicules, Lola écouta avec attention les remarques d'Apophis, haussant plus haut à chaque fois son sourcil gauche, sculpté à la perfection.

"Dites, les dossiers que nous, Aurors, avons des audiences ne sont que des duplicatas. On ne nous fourni pas les originaux car ils doivent subsister pour permettre au juge et, surtout, aux avocats des différentes parties de pouvoir bâtir leur dossier !".

"C'est la loi !".

Aïe. Elle avait oublié ce léger, léger petit détail insignifiant; ce n'était pas le cas de l'homme, manifestement. Pour se donner consistance, elle saisit le verre de limonade posé sur le bureau, lâchant au passage un neutre "C'est vrai..." en Auror qu'elle était.

"Donc nous savons vous et moi, madame, que vous avez les originaux et ainsi n'avez pas besoin des duplicatas !

En somme, personne ne m'attend pour tel ou tel dossier..." continua l'homme, intensifiant la sensation de gêne qui perçait chez l'Auror - elle sentit exploser sa timidité qu'elle avait vainement tenté de camoufler.

A présent que Sykes dominait la conversation, de toute façon, il fallait s'attendre à une baisse d'assurance chez la jeune femme...

Aussi, lorsqu'Apophis posa sur la table sa large main d'animal pour se pencher sur elle, souriant de satisfaction, elle fut pratiquement sûre à 100% que ses joues s'étaient rosées, que son regard s'était ouatté. Elle cligna des paupières plusieurs fois, donnant à son visage une note colérique, un peu dédaigneuse pour faire face à son incommodité. Résultat acceptable... Elle approcha le verre de ses lèvres.

[color=#000000]"Par conséquent, madame, vous faites tout autant partie du [color:9667=darkslateblue:9667]Magenmagot que moi je suis ballerine !".

La sentence était tombée. Zut, il était plus perspicace qu'il n'en avait l'air. Alors que le plastique du gobelet venait de frôler sa bouche, elle interrompit son geste, repoussa son bras. Ses yeux cernés de frustration et de maquillage fusillèrent quelques secondes Apophis, pour finalement se plisser brusquement quand elle sourit.

- " C'est vrai..." répéta-t-elle calmement en reposant le verre sur le bureau.

Elle soupira en haussant les épaules, roulant ses yeux verts comme si elle prononçait une évidence un peu blessante.

Lola s'étira en faisant onduler une mèche de ses cheveux flamboyants autour de son index, toujours un peu gênée par la proximité d'Apophis - qui l'avait, quelques instants plus tôt, amusé!

D'une voix faussement amusée, elle reprit:

- " C'est dommage, je vous voyais bien en tutu, pourtant. Bon, alors disons que si je ne suis pas du Magenmagot, je suis ici juste parce que je m'ennuyais..."

D'un geste un peu hésitant, elle reprit le gobelet sur le bureau; mais son regard resté fiché sur Apophis, accentuant son manque de concentration, lui fit mal évaluer la distance. Sa main se referma trop brusquement sur le verre qui bascula, renversant son contenu sur la table en salissant un paquet de feuille, le court de la limonade allant jusqu'au genou d'Apophis, toujours assis sur son bureau. Elle observa d'un regard inintéressé l'incident, puis dans un baillement, lâcha:

- " Vous êtes parti pour m'en rechercher un autre. Oh, et puis je n'aime pas la limonade. Plutôt du jus de raisin, s'il y a."

"C'est dommage, je vous voyais bien en tutu, pourtant. Bon, alors disons que si je ne suis pas du Magenmagot, je suis ici juste parce que je m'ennuyais..."

Il eut un petit sourire méprisant.

"Je ne doute pas que cela doit être l'un de vos fantasmes les plus enfouis... (il fit claquer sa langue) Peu m'importe que vous vous ennuyiez ou pas, si vous êtes ici ajourd'hui c'est pour une bonne raison : travailler. Alors retournez à vos affaires et laissez les miennes en...".

D'un geste, la jeune femme renversa le contenu du verre qu'elle tenait à la main. Le liquide poisseux se déversa sur tout le bureau, mouillant quelques uns de ses dossiers et, par la même occasion, son pantalon.

Ne souhaitant plus que l'étrangler il se retint, disant que trop de monde le verrait frapper une femme... Pourtant ce n'était pas l'envie qui lui manquait.

Tâchant de garder son calme, les lèvres pincées et le visage fermé, il sortit rapidement sa baguette de sa poche et incanta un "recurvite" rapide et sec.

La tache de limonade s'évanouit dans un souffle et les dossiers, le bureau mais surtout le pantalon de Sykes brillaient de netteté et de propreté. Lui offrant un dernier sourire satisfait, celui-ci se perdit quant à sa dernière déclaration -un peu comme un enfant sauvage à qui l'on viendrait de dire qu'il est privé de dessert.

"Vous êtes parti pour m'en rechercher un autre. Oh, et puis je n'aime pas la limonade. Plutôt du jus de raisin, s'il y a".

Apophis Sykes crut qu'il allait hurler. Son égo en prenait un certain coup tandis que cette misérable créature prenait ses aises à jouer les matrones dans SON fauteuil en cuir. Il serra les dents, laissant passer cet accès de rage mauvaise et déroutante, puis tâcha de se détendre.

Un jour, de toute manière, il aurait sa revanche. Ici ou ailleurs...

"Barrez-vous de mon fauteuil, souffla-t-il d'une vois étranglée par la colère, sortez tout de suite de là et retournez dans votre section !!".

Au même instant et tandis qu'il prononçait ses mots, la porte du bureau des Aurors s'ouvrit et un petit bonhomme chauve et voûté, portant une volumineuse liasse de lettre pénétra.

Attentif et aussi rapide qu'un félin, Apophis se retourna par réflexe et observa alors la porte qui venait d'entrer. Cette dernirèe le salua d'un signe de tête puis il fit de même, revenant alors à la jeune femme.

"Je vous garantis qu'avec moi vous allez déguerpir et vite fait...".

"Auror Apophis Sykes ?", demanda l'homme en avisant une enveloppe de papier craft.

Il leva la main d'un geste et sourit au vieux postier.

"C'est moi !".

Comme si l'on pouvait douter de cela. Enfin, l'on ne savait jamais... l'on avait souvent crut que son prénom appartenait à la gente féminine, rétorquant alors que cela faisait "plus grec" qu'Egyptien... Enfin...
Il se saisit alors de la lettre remerciant l'homme. Regardant le cachet d'où elle provenait -le ministère, bureau des Aurors, Rufus Scrimgeour- il la posa simplement sur son bureau, considérant qu'il n'avait pas à la lire devant cette pimbèche...

Le vieux postier salua la jeune femme d'un très joli sourire puis, sans pour autant lui demander, lui tendit son courrier.

"Pour vous, Auror Jalyn !" Fit-il presque timidement.

Puis, s'excusant d'avoir à leur fosser compagnie -ce discours s'adressait plus à la jeune femme qu'à lui manifestement...- il les salua tout en s'inclinant respectueusement puis passa aux autres bureaux des Aurors où il donna ou déposa le courrier d'un air tout guilleret.

Apophis coula à la jeune femme un regard des plus pénétrants. Un sourire de requin fendant son visage en deux. Il la tenait...

"Auror Jalyn ? Si je m'attendais seulement...".

Il se releva de son bureau, la toisant de toute sa hauteur.

"Laissez-moi deviner... Grisant de se retrouver au bureau des puissants, non ? Voila votre véritable raison ? Voir quel effet cela produirait ?".

Il eut un léger ricanement puis se saisit de son enveloppe. Elle était épaisse et lourde contrairement à celle de Jalyn, fine et blanche.

"C'est un signe qui ne trompe pas !, fit-il en soulevant la missive et en la lui montrant, vous ne trouvez pas ?".

Il déchira le haut de l'enveloppe et plongea sa main afin d'en sortir les quelques documents qu'il y trouva. Un dossier de carton fin et mince du nom de "Cypher" ainsi qu'une lettre explicative du ministère se trouva dans ses mains.

"Déguerpissez de ma chaise !! Lui lança-t-il dans un geste et d'une voix mauvaise, allez !!".

Attendant impatiemment que la jeune femme se pousse, il s'approcha d'elle d'un air particulièrement menaçant -son ombre gigantesque se profilant sur sa silhouette féminine.

Lola Jalyn avait souri pour accueillir la remarque douteuse d'Apophis, rééllement égayée par sa phrase aux accents sarcastiques. Mais ne dura pas toujours l'amusement, et quand elle renversa le contenu de son verre sur le pantalon de l'Auror, elle put constater un net durcissement dans l'expression des traits d'Apophis. Son sourire à elle ne disparut pas, mais c'était par pure fierté.

"Barrez-vous de mon fauteuil, sortez tout de suite de là et retournez dans votre section !!".

Lola bailla avec ostentation, reposa son menton dans sa paume tendue, observa l'Auror d'un regard franchement peu charitable.

"Je vous garantis qu'avec moi vous allez déguerpir et vite fait...".

- " Non." répondit-elle enfin, brusquement, se raidissant légèrement.

C'est à cet instant que le facteur arriva dans le bureau des Aurors (ou du moins à cet instant qu'elle le remarqua vraiment... en fait, il était là depuis un petit moment), armé de son tas de lettres qu'il distribuait déjà aux premiers élus. Le vieil homme travaillait dans cette section depuis quelques temps déjà, et Lola avait noué avec lui une relation amicale - bien qu'un peu crispée - avec lui, en raison de son humour typiquement... Typiquement... Typiquement lourd.

Mais à cet instant, elle aurait tout donné, tout, pour que ce vieillard incompétent AILLE AILLEURS DONNER SON COURRIER! En le voyant approcher, elle ferma pesamment les paupières, une envie de meurtre frappant à son esprit. Elle attendait une lettre aujourd'hui. Il n'allait pas manquer de lui confier. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé avant.....?

D'un air morne, elle le regarda donner son enveloppe à Apophis, puis priant silencieusement pour qu'il parte à présent mourir dans son coin, elle ne le vit pas tout de suite tendre vers lui sa missive. Zut.

- " Merci..." grogna-t-elle en le foudroyant de ses yeux verts électriques.

En effet, sa lettre à elle était légère, une ou deux feuilles, pas plus, et contenait certainement les derniers "crimes" d'un ado un peu perturbé qu'il fallait aller calmer. Elle eut un sourire acide en passant son doigt bagué sur la tranche blanche de l'enveloppe, glissant son regard froid sur Apophis. Oh, oui, il pouvait jubiler s'il le voulait... Quel honneur lui revenait à la démasquer ainsi?

Elle laissa partir le facteur sans même chercher à avoir son attention, faisant courir sa langue le long de la rangée supérieure de ses dents droites. Patiemment, elle écouta le triomphe d'Apophis à qui elle accorda un sourire mauvais. Un grand soupir fit remuer les mèches de ses cheveux qui ondulaient devant ses lèvres étroitement ouvertes. Apophis venait de terminer son discours en lui ordonnant une nouvelle fois de descendre de son fauteuil.

- " Non." répéta-t-elle d'un ton étouffant. "Il faut dire "s'il-vous-plaît"."

Son nez lisse et un peu large se plissa d'un air critique; elle rajouta en calant son dos contre le cuir collant de la place d'Apophis:

- " En l'occurence, pourquoi ne pas adjoindre des excuses pour votre ton plus que familier?"

Lola joignit devant elle ses mains fines et longues et déposa sa tête dessus, apparemment très à l'aise - apparemment. Son front blanc était lisse de toute ride, mais les quelques traces autour de sa bouche indiquaient un proche sourire qui n'osait pas tout à fait éclore. D'un geste un peu théâtral, elle pointa l'index en l'air, comme quelqu'un qui s'apprête à prononcer un long discours - ou comme une femme indignée qui veut faire des reproches.

- " J'ajouterai mon cher monsieur..." - d'un mouvement parfaitement répété, parfaitement stylisé, elle croisa ses jambes en faisant bruisser son pantalon de toile noire. - "... qu'il faudrait revoir votre pauvre sentiment de supériorité... Je dois vous dire que je me moque particulièrement de votre courrier - je vous rappelle que je m'ennuyais et que vous étiez la seule source de divertissement à 10 mètres alentour - c'est triste, n'est-ce pas, de s'ennuyer à ce point? - - et aussi de votre grade. Ce fauteuil, bien que confortable, oui, c'est sûr, ne m'emplit pas d'un sentiment de plus grand cachet, non, il me donne surtout l'impression d'être à la place d'un bel abruti arrogant doublé d'un primate à la limite de la compréhension humaine..."

Lola bailla une nouvelle fois en se grattant la nuque. Elle se pencha en avant, l'air très amusé - on se demandait vraiment pourquoi:

- " Vous savez, vous faites presque peur... Presque. Encore un effort. La menace était là, mais le ton n'était pas convaincant."

Apophis ne savait si c'était la réception de ce nouveau dossier ou encore le sourire que cette grue lui tendait pleine de fierté et d'orgueil, toujours est-il qu'il se sentait plus que jamais en colère. Tandis que la belle se perdait en arguments vains et en propos stériles, lui fulminait de rage, n'ayant qu'une seule envie : la mettre définitivement dehors.

Ah ? Il était une source de perpétuel divertissement ? Tiens donc ! eh bien au moins il était ravi de savoir qu'il faisait office de bête de foire pour une jeune femme pas plus dégourdie qu'une enfant de 5 ans.

A la phrase qu'elle lui dit sur le fait qu'il faisait "presque" peur, l'Auror articula un sourire effrayant, découvrant des dents grosses et blanches à l'image d'un molosse prêt à mordre. Il dit ensuite presque dans un souffle, penché vers elle :

"Ooohhh... alors ainsi je ne suis que "presque" menaçant ? Aahh bon...".

Son visage se tordit en une expression de profonde démence, ses yeux brillant d'une étrange satisfaction. Il était comme une bête fauve, les muscles tendus, son regard glauque vissé sur elle. Son souffle de plus en plus saccadé filtrait à travers ses dents serrées rendant sa respiration sifflante.

L'Auror était particulièrement effrayant ! Une aura malsaine se dégageait de son être tout entier.
Il était prêt à attaquer, à se jeter sur elle ! Il ne restait plus qu'à espérer que cette gazelle serait plus agile et rapide que cet énorme ours furieux !

D'un geste rapide et précis il plaqua sa grosse main contre la gorge de la jeune femme. Se rapprochant d'elle et de sa main libre il la força à se lever de son fauteuil, employant toute sa force afin de l'en déloger.

Bousculant tout ce qui se trouvait sur son passage, des dossiers et des classeurs tombant à grands fracas à ses pieds, il la traîna furieusement et contourna son bureau devant deux autres Aurors au regard pétrifié de terreur.

Sykes avait encore frappé !

Apophis n'aurait su décrire l'immense joie et la satisfaction grandisssante qui montait en lui ! C'était un plaisir tellement fort, tellement puissant que ses propres mots auraient été incapables de le décrire à la perfection. Enfin il retrouvait ses marques, enfin il regagnait en pouvoir et en domination !

Enfin il la possédait cette pimbèche, cette sa**pe, cette moins-que-rien, cette femme ! Oui parce que c'est ce qu'elle était : une femme ! La pire engeance que la Terre n'ait jamais portée ! Celle qui précipita l'homme dans la déchéance et le força à ne pas être dieu et j'en passe...

Quoiqu'il en soit cette maudite femelle lui avait tenu tête et il fallait, non, il se devait de la remettre dans le Droit Chemin ! En tant que mâle c'était une obligation ! Pour qui se prenait-elle à penser qu'elle était meilleure que lui ? Maudite créature !

Il se tourna face à ses deux collègues qui l'observaient sans bouger, les yeux agrandis de surprise et de peur. Ils ne faisaient aucun mouvement comme de crainte de provoquer sa colère, d'augmenter sa rage. Car Apophis, à cet instant même, était comme un taureau échapepr de son éclos : imprévisible, inssaisissable !

Il plaqua la jeune femme contre son torse, son bras gauche bloquant sa poitrine -qu'il sentait palpiter juste sous ses doigts crispés- puis agrippa sa gorge nue de son autre main, comme un chien lui sautant à la jugulaire. Il pressa davantage afin qu'elle ne puisse s'échapper, offrant alors un sourire des plus carnassiers à ses collègues médusés.

Il sentait qu'elle avait peur, oui, il le sentait et cela lui faisait un bien fou ! Le Ciel rendait grâce à sa puissance et à sa force en le faisant savourer ce moment tout particulier : se repaître de cette terreur froide qu'il provoquait à un être humain ! Quelle extase !

"Où est ton bureau, ma douce ?, souffla-t-il à son oreille en une voix désincarnée, montre le moi du doigt...".

Patiemment, la bouche collée contre son lobe, la tête reposée contre la sienne, il fermait les yeux, goûtant à ce moment d'intense plaisir. Il attendait sa réponse patiemment tout en espérant secrétement que sa voix serait saturée d'angoisse.

Un sourire jovial s'étala pernicieusement sur le visage frais et rosé de Lola, et elle fit un petit geste de la tête lorsqu'Apophis se pencha vers elle. Elle s'amusait de la situation sans savoir vraiment si elle le pouvait, et elle haussa les épaules comme pour dire "Essaie encore, mon pauvre ami!".

Certes, elle n'aurait pas du l'énerver à ce point mais l'attitude de cet Auror machiste était inqualifiable et totalement EXAGEREE!

Son visage, en une seconde à peine, devint neutre, puis perplexe, puis complètement effrayée. L'évolution de Sykes était la raison de son propre changement d'expression, mais celle de l'homme était bien plus impressionante.

La grosse main masculine appuya fortement sur sa pauvre gorge fragile, et sous la surprise, elle poussa un petit gémissement douloureux. Que faisait-il, mais qu'osait-il donc faire? Elle serra autour des poignets d'Apophis ses deux mains bruissantes de bijoux, mais rien n'y fit.

Lola eut à peine le temps de se sentir soulevée que déjà elle était basculée, ses pieds battant frénétiquement l'air à la recherche du sol. Elle sentit le fauteuil tomber dans un grand bruit métallique et les pattes de l'objet la firent trébucher alors que sa hanche claquait férocement contre le bureau en faisant tomber divers objets. Son épaule rencontra violemment quelque chose qui lui sembla être un lourd dossier au résonnement que son choc contre le sol produisit.

Un peu désorientée, Lola sentit sa poitrine s'écraser contre le torse d'Apophis, son dos marqué par l'étreinte douloureuse et son oreille sifflante sous un souffle humide. Ses bras plaqués entre elle et lui ne purent pas mêmer repousser Apophis qui déjà murmurait à son lobe, fier comme un paon stupide.

Lola pencha la tête en arrière pour fuir la poigne fatale de l'Auror contre son cou. Impossible d'attraper sa baguette... Impossible de fuir... A l'envers, elle vit les deux imbéciles qui ne levait pas le petit doigt en la regardant souffrir, étranglée et contorsionnée, et elle ne put s'empêcher de crier:

- " MAIS VENEZ M'AIDER, ESPECE DE CRETINS!"

Non, sa voix ne palpitait pas d'angoisse, mais plutôt de colère. Ah, il voulait savoir où se trouvait son bureau? Il le voulait vraiment?

Alors elle lui dirait.

Sa main se dégagea lentement tout en essayant de se poser sur sa baguette qui dépassait un peu de sa poche de pantalon.

Elle frotta à son tour sa tête contre celle d'Apophis, faisant crisser à leurs deux oreilles ses cheveux soyeux qui se déroulèrent jusque sous le nez d'Apophis. Sa voix susurante avoua lentement:

- " Dans ton cu*..."

Ses dents se refermèrent tout doucement sur le haut de l'oreille d'Apophis qu'elle mordilla.

" MAIS VENEZ M'AIDER, ESPECE DE CRETINS!"

A ces mots, Apophis Sykes ne put s'empêcher d'exploser de rire ; un rire mauvais, sauvage et déterminé. Il resserra son emprise sur Lola et fixa ses collègues d'un regard traversé de démence. Tout en les toisant d'un air de défi, il leur lança d'une voix aigue et enraillée :

"Allez-y ! Essayez toujours !!".

Les deux hommes tentèrent quand même de se rapprocher d'eux. L'un d'entre eux (un jeune homme brun avec une barbe de trois jours) avait les mains levées précautionneusement devant lui et s'approchait à petits pas du colosse et de sa prisonnière. Il souffla :

"Du calme, Sykes, du calme ! Lâche-là, tu veux ? Est-ce une façon de traîter une femme ?".

A nouveau Sykes éclata de rire, et ce dernier s'éleva crescendo dans les aigus, emplissant la pièce de sonorité grinçantes et terrifiantes. Le jeune homme s'arrêta d'un coup.

"Mais... mais je suis calme, Auror Stevenson ! Parfaitement calme ! Je veux juste que cette demoiselle *pour pas dire p*ta**n* me montre où se trouve son bureau pour l'en déloger du mien !".

Le jeune homme ne dit rien mais se fut à la jeune femme de répondre, chose à laquelle il ne s'attendait pas. Elle ne semblait pas avoir peur et bouillait d'une toute autre fièvre sous ses mains. Apophis en fut troublé, si troublé qu'il fronça les sourcils incrédule, ne sachant ce qu'elle préparait.

- " Dans ton cu*...", murmura-t-elle et, en d'autres circonstances, il lui aurait souri.

Mais là, Apophis n'avait vraiment pas envie d'être joyeux. Il sentit que la jeune femme lui mordillait doucement l'oreille et, brusquement, sa colère et ses pulsions destructrices s'arrêtèrent...

C'était un peu comme si l'on venait de lui lancer un seau d'eau froide en pleine figure. Ou pire ! Elle s'attaquait là à des sentiments occultes, enfouis en lui, réveillant des envies et des désirs bestiaux qu'il essayait pourtant de taire... parce qu'il était poli et gentleman.

Poli et gentleman ! Qui l'aurait cru alors qu'il retenait sauvagement en otage cette jeune femme ? Personne mis à part lui ! Personne, en réalité, ne savait d'où il venait, ce qu'il avait fait et pourquoi ? Personne ne le savait ! Mais elle, sans le savoir, venait de faire exploser juste sous ses yeux un secret qu'il tâchait pourtant de cacher : le fait qu'il était vide, ne ressentait plus rien d'autre que des émotions et impressions purement... animales !

Il resserra plus fermement la jeune femme contre lui tâchant de se contrôler au maximum. Son regard se fit plus aiguisé et ses yeux se plissèrent. A l'image d'un molosse prêt à mordre, ses lèvres se retroussèrent en un horrible sourire. Il déclara dans un souffle :

"Auror Jalyn, pour la dernière fois, où est votre bureau ?".

Il tremblait de tous ses membres, non de terreur mais d'avoir à contrôler ce qui le faisait fauve. Il en était malade et des goutelettes commençaient à poindre à son front tandis que sa voix, bien que mesurée, trahissait une trop grande tension.

"Allons, je ne vous lâcherai pas tant que vous ne m'aurez pas formulé une réponse correcte !".

Et ses mains se ressèrent tout contre elle. Il reprennait confiance en lui et la compressait de ses bras puissants, espérant par la même occasion lui arracher un sanglot, un gémissement, un cri. Quelque part, il la dominait et c'est ce qui lui faisait énormément plaisir...

Néanmoins, Apophis n'attendit pas la réponse de la jeune Auror -et même si elle lui en formula une, il ne l'entendit pas tant il s'en moquait. Cette gamine avait osé lui tenir tête et se moquer de lui, elle allait payer...

"Très bien...", dit-il d'une voix mauvaise, et il se saisit d'elle par la nuque, la poussant droit devant lui. Les autres Aurors, effrayés par son geste, se reculèrent de peur de n'être pris eux aussi dans l'oeil du cyclone.

D'un geste sec et rapide, il abattit le visage de la jeune femme sur un bureau face à lui -renversant, par la même occasion, dossiers, plumes et parchemins. Pressant sa tête contre le bois verni, il murmura d'une voix sourde :

"Est-ce celui-ci ?".

Un sourire satisfait commença à tendre ses lèvres, révélant ses grandes dents de loup. Ses cheveux blonds descendant sur son visage et le long de son cou, collés par la sueur lui donnaient quelques airs de bandit assoiffé de sang tandis que le regard qu'il lui tendait était tout sauf bienveillant...

Il reprit dans un souffle sinistre et plus pour se faire plaisir à lui-même que pour se faire entendre :

"Est-ce celui-ci ?".

Et il appuya davantage le visage de la douce enfant contre le bureau, l'écrasant comme il le fait avec ses cigarettes...

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