[Intrigue] Course poursuite !

Quentin Montgomery-Bones
Ernie MacMillan
Lucy de Guise
Linoah Heap
Myrielle Symphonie
Owen Woolahan
Anabelle Montgomery
Adrien Sallers
Heaven Gibson
Nikolaï Hristov
Roze Montgomery
Lara Collins

Ernie avait laissé échapper un grognement méprisant, quand Freja l'avait repris : "un sorcier de [son] rang" (et dans la bouche de la sorcière, l'expression sonnait comme une insulte) n'avait surtout pas de leçon à recevoir d'une connasse femme qui avait choisi de rejoindre une organisation, dont les principaux moyens d'action étaient la menace, l'intimidation et l'usage de sortilèges plus qu'équivoques. Contrairement à la plupart de ses compagnons d'infortune, le Poufsouffle tourna résolument le dos à Freja, tant pour lui signifier que rien de ce qu'elle pouvait avoir à dire ne l'intéressait, que pour éviter de perdre définitivement son sang-froid.

Depuis qu'il était entré en Ministère, Ernie avait eu, à maintes reprises, l'occasion de voir la realpolitik à l'oeuvre : son département était, de par sa nature, souvent obligé de frayer avec des dirigeants douteux, et de serrer des mains qui n'étaient pas toujours très nettes ("S'cusez-moi, M'sieur, je crois qu'il reste un peu de sang, là, sous l'ongle..."), mais ces petites compromissions faisaient partie du grand jeu diplomatique et, lui qui travaillait en priorité avec des régions du monde où, disons, la démocratie n'était qu'un lointain concept, les acceptait. Cette fois, pourtant, il se refusait à traiter avec Freja. Tout ce qu'elle représentait, tout ce qu'elle dégageait, le dégoûtait au plus profond de son être. En réalité, il se sentait à deux doigts de briser sa baguette, d'en jeter les morceaux en direction de Freja, et de hurler, par pure provocation, "Je suis un moldu, je suis un moldu !".

Fort heureusement, le léger malaise de Lucy le détourna de ses projets. Voyant la jeune femme chancelante, Ernie se précipita vers elle pour la soutenir. Il lui saisit le coude d'une main, tandis que, de l'autre, il agitait sa baguette dans les airs, pour qu'apparaisse une chaise à dossier droit, sur laquelle il fit asseoir le Serdaigle. Il avait agi sans réfléchir, et la magie avait opéré. Sans doute que la colère, qui écrasait à présent son désespoir, lui avait rendu, pour un temps, toutes ses capacités.
- ça va aller, Miss, chuchota-t-il, penché vers Lucy ne vous laissez pas impressionner par ce chantage odieux...

Il s'apprêtait à ajouter, pour tenter de la rassurer, qu'ils étaient plus nombreux et très bien soudés et donc en position de force, quand il réalisa soudain que le dernier verrou avait été levé.
Il se redressa d'un coup et échangea un regard consterné avec Quentin, qui se trouvait toujours près de lui.
Que faire ? Rester dans la boutique, c'était prendre le risque de voir des innocents périr - car Ernie ne doutait pas un instant que Freja fût capable de faire exploser les commerces alentours. Après tout, son groupe n'avait pas hésité à kidnapper des enfants, par le passé - mais sortir, c'était courir celui de se faire tirer comme des lapins par les complices de la sorcière : à travers la porte ouverte, le Poufsouffle apercevait, en effet, des formes, étendues sur le sol.

Merlin... Freja les avait manipulés d'un bout à l'autre. Ernie esquissa un sourire sans joie. Bien entendu, qu'il allait sortir. Il préférait mille fois mourir plutôt que de devoir sa vie au meurtre de ses concitoyens. Visiblement, Quentin était arrivé à la même conclusion que lui, car il emboîtait déjà le pas à Freja. Résigné, Ernie serra les dents. Il aida Lucy à se relever :
- Ne vous en faites pas, je reste avec vous, déclara-t-il, sans savoir, toutefois, si cette nouvelle était de nature à tranquilliser la jeune sorcière, d'autant plus qu'il ajouta : Sortez votre baguette, il se pourrait que nous en ayons besoin...

Puis, il quitta à son tour l'abri de chez Ollivander. Le spectacle qu'il découvrit alors lui coupa le souffle. Les sorciers postés sur les toits, les membres de la société civile du Ministère ligotés sur le sol, la peur ambiante... Tout ceci lui rappelait d'autres heures sombres de leur histoire, et il ne put contenir un frisson d'appréhension : il s'attendait presque à voir Voldemort, revenu encore ?! d'entre les morts, apparaître devant eux. L'intervention de Quentin le ramena brusquement à la réalité. Terrifié à l'idée qu'un des suppôts de Satan Freja pût s'en prendre à son ami, le Poufsouffle réagit par pur instinct :
- Protego ! Lança-t-il, baguette pointée vers le tireur d'élite.

Quant aux nouvelles énigmes de la Menace... Il était trop préoccupé par ce qui se passait sur les toits pour y réfléchir. A peine reconnaissait-il que la deuxième était codée en morse. Mais il ne parlait pas le morse, des sales bêtes qui sentaient mauvais ne l'avait jamais appris, et n'était donc d'aucune aide au reste du groupe pour la décrypter. Il faudrait que d'autres s'en chargent.
- Vous maîtrisez le morse ? Demanda-t-il à Lucy

Linoah n'était peut-être pas très bavarde, en revanche, la jeune femme était très forte pour faire celle qu'on oublie dans un coin mais qui sortait de l'ombre quand il le fallait. Jusqu'à maintenant, elle avait osé s'adresser à la sorcière qui était à la tête de cette organisation. Bon d'accord, elle n'avait pas vraiment eu les renseignements qu'elle voulait, elle avait eu droit à une remarque charmante mais venant de ce genre de personne, ça ne toucha pas Linoah qui savait qu'elle valait bien plus que ce que prétendait la remarque de Freja. Une chose était certaine, elle ne se prenait pas pour une vieille chaussette, ça se voyait à sa façon de s'adresser aux autres sorciers présents. Ils étaient tous de différents milieu, de différentes maisons de Poudlard, de différents lien de sang... Pourtant, ils étaient tous ciblés dans cette attaque...

Les hommes commençaient à s'agiter, Myrielle tenta elle aussi quelque chose, bref les esprits commençaient à s'échauffer et Line, bien que petite médicomage, ne voulait pas commencer à soigner les différents blessés alors que la sorcière leur avait bien dit de ne pas trop la chercher. De plus, après l'attaque que venait de tenter et qui avait d'ailleurs aboutie, Freja annonça que les sacrifices ne l'inquiétaient pas... Merveilleux, si en plus perdre des alliés ne la perturbait pas, comment faire pour la toucher ?

De toute évidence, elle voulait les forcer à trouver le moyen de débloquer le code, pour Line s'était du morse et ce fut confirmer en laissant traîner ses oreilles suite à la pique que venait de faire Freja à Lucie. Freja... mais oui justement ! Cinq lettres, le code indiquait 5 lettres, il n'y avait qu'un doute pour le prénom de la sorcière... Linoah pensa d'abord à un Y comme dans la mythologie scandinave, mais se rappelant un bouquin, elle savait qu'il pouvait s'écrire avec un J et un Y... Le temps de rassembler ses connaissances en morse -oui c'est très courant durant les études de médecine... non c'est surtout à force de voir son frère et Ezhno jouer aux jeux vidéos qu'elle avait retenu quelques brides d'informations, qui semblaient parfois inutiles, sauf aujourd'hui, faudrait qu'elle lui en parle d'ailleurs-

"Je sais que c'est pour bloquer le ministère, mais vu l'explosion, je ne sais pas qui se trouve dans les boutiques et je ne veux pas être responsable s'il se passe un accident parce que nous n'avons pas su les protéger... Je ne veux pas être responsable... Le code caché sous le morse c'est votre prénom, F-R-E-J-A..."

Elle s'arrêta alors, plutôt fière d'elle si c'était vraiment la réponse attendue pour enclencher le verrou, et surtout, l'ancienne aiglonne espérait que personne ne serait blessé en activant ce code mais comment en être sur ?

Anabelle n'avait quitté la boutique qu'à contrecoeur, non pas tant parce qu'elle redoutait ce qui les attendait à l'extérieur qu'en raison du profond sentiment de culpabilité qui l'étreignait, à l'idée de déserter les lieux. Ollivander lui en avait laissé la charge pour la journée, et voilà qu'elle trahissait sa confiance. Elle avait beau se répéter que les menaces de Freja ne lui laissaient pas le choix, elle se sentait aussi poisseuse qu'un capitaine en train d'abandonner son navire. Plus agrippée que jamais à la main d'Adrien, la jeune femme inspira profondément avant de passer la porte et, à peine fut-elle dans la rue qu'elle se retourna intinctivement, comme pour s'assurer que les boîtes de baguettes et le comptoir de bois sombre n'avaient pas disparu au moment même où elle était sortie.

Pourtant, si dévorante que pût être son angoisse pour la vieille bâtisse, elle fut très vite balayée par l'action d'éclat de Quentin. Son coeur manqua un battement quand elle compris qu'il venait d'attaquer de front l'un de leurs ennemis postés sur les toits environnants, et son sang se glaça dans ses veines.
- Non ! S'écria-t-elle d'une voix perçante.
Avant même d'avoir le temps de réaliser ce qu'elle faisait, elle avait lâché Adrien pour se précipiter sur son frère. Elle lui attrapa le bras et se plaça devant lui, comme si elle espérait par là le protéger d'une quelconque riposte. C'était ridicule : Quentin était plus grand qu'elle - donc une cible facile - et la Menace n'hésiterait de toute façon pas à la mettre hors d'état de nuire, elle aussi, si celui permettait d'atteindre le Serpentard, mais, Anabelle n'était pas en mesure de réfléchir de manière rationnelle : elle n'obéissait qu'à un pur réflexe animal, celui qui exigeait de protéger les siens. Elle avait la certitude que l'affront ne demeurerait pas impuni et elle ne laisserait pas Freja toucher à un seul cheveu de son frère. D'un geste souple, la Poufsouffle tira sa baguette de sa poche.

Précaution bien inutile, hélas ! Elle ne put qu'assister, impuissante à l'explosion de l'échoppe d'Ollivander.
Elle écarquilla les yeux d'horreur, et ouvrit la bouche, sans qu'aucun son n'en sortît. La boutique dans laquelle elle passait le plus clair de son temps, son lieu de travail, presque sa seconde maison, venait de disparaître devant elle, rayée de la carte comme... comme... comme un vulgaire déchet. La colère envahit Anabelle.
- Comment osez-vous ? Comment osez-vous ?! S'exclama-t-elle, fusillant Freja du regard. Elle tremblait de colère et du désir, mal contenu, de se jeter sur la jeune femme pour la rouer de coups. Et vous espérez que je collabore après ça ? Jamais ! Jamais !
Ana n'était pas d'une nature violente, mais, à cet instant précis, elle aurait pu tuer Freja.